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Forum consacré à l'étude historique et culturelle de la guillotine et des sujets connexes
 
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 Le banditisme au fil des temps

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Adelayde
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MessageSujet: Le banditisme au fil des temps   Le banditisme au fil des temps EmptyVen 1 Fév 2013 - 15:53


BRIGANDS D'AUTREFOIS, BANDITS D'AUJOURD'HUI
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De Cartouche et Mandrin aux dévaliseurs modernes


Les exploits désormais célèbres des bandits masqués qui, dans la nuit du 24 au 25 juillet, ont assailli les voyageurs du rapide Paris-Marseille, ne sont peut-être rien en comparaison des actes de banditisme qui bouleversèrent le monde au temps fameux des bandes de Cartouche et de Mandrin. Les voleurs et les escarpes de cette époque alliaient une sorte de grandeur épique à leur astuce, et leurs gestes criminels ou anarchistes étaient guidés par une forte psychologie. C'était, si l'on peut dire, des malfaiteurs de haute allure Tandis que ceux d'aujourd'hui…

Cartouche a été, en vérité, le plus magnifique des brigands. Et quand je dis magnifique, j'entends, sans ironie, que le banditisme de Cartouche n'était, de l'avis unanime de ses contemporains, ni sans noblesse ni sans charité. Si étrange que cela puisse paraître ce voleur était miséricordieux. Écoutez ces deux anecdotes authentiques :

Un jour, Cartouche rencontre un bon vieux paysan avec sa vieille tout en pleurs : leur vache vient de mourir. Et le brigand tout ému leur donne aussitôt de quoi acheter non seulement une vache nouvelle, mais un petit veau par-dessus le marché.

Une autre fois, c'était pendant une nuit de décembre, Cartouche s'était introduit par le toit dans une maison où il espérait faire ample récolte. Il tombe dans une mansarde où se trouve une jeune et jolie fille, travaillant sans feu à la lueur vacillante d'une chandelle. Touché de tant de vertu, Cartouche, nous dit-on, s'empresse de s'en retourner par où il était venu, non sans laisser trois mille livres sur la cheminée pour servir de dot à la jeune ouvrière qui, de cette visite inattendue, était presque morte de peur.
Quoi qu'il en soit, toute cette charité, tous ces élans généreux n'eurent pas pour résultat d'amender le caractère de Cartouche qui devint un des bandits les plus justement redoutables. Sa célébrité était énorme, si énorme que. au lendemain de son exécution, on raconta son histoire tragique, détail par détail, dans un livre intitulé « Histoire de la vie et du procès du fameux Louis-Dominique Cartouche ». Un des historiens de ce héros à rebours affirme que le livre, de 1721 à nos jours, atteignit plus de 40.000 éditions.

Ce qu'il convient de remarquer et ce qui fait l'espèce de supériorité de Cartouche dans l'exécution de ses prouesses, c'est en quelque sorte cette aptitude d'organisation, cet esprit de méthode qui lui étaient particuliers. Il eut l'habileté de rassembler autour de lui des intelligences et des énergies, d'avoir des complices qu'il considérait comme ses collaborateurs, mais qui étaient surtout ses élèves et ses soldats, dressés sous ses ordres.

Là est le point capital. La plupart des bandits actuels qui commettent deux ou trois « coups » au plus agissent de complicité avec des malfaiteurs de hasard. Cartouche, lui, les formait,, avec une patience rare et un amour réel de son métier odieux. On raconte que dans les repaires où il faisait « l'éducation » de ses disciples, il avait suspendu à un plafond un mannequin dont les poches étaient bondées de clochettes et de grelots. Les exercices imposés aux élèves consistaient à simuler une agression sur le mannequin et à le dépouiller de son portefeuille sans que les grelots et les clochettes fissent entendre la moindre résonance. Il avait, nous dit un de ses biographes « des agents dans toutes les classes de la société et sur les points les plus reculés du territoire ». Autour de lui se groupaient ses lieutenants : Duchâtelet, dit « Le Lorrain », qui était soldat et qui appartenait à une famille de gentilshommes ; Duplessis d'Entraigues, gentilhomme également ; Rozy, dit « Le Chevalier » ; Le Croqueur Balagny, dit « Le Capucin », dont les parents appartenaient à la meilleure bourgeoisie parisienne puis, Louis Mercant, étudiant en droit, enfin l'un des personnages les plus importants de la Compagnie, Pellissier, chirurgien.

Complétons ce court aperçu par ce portrait de Cartouche que traça le greffier Gueulette : « Il était de première force, à l'épée, au bâton, au pistolet. Il se grimait à ravir, faisait de son corps et de sa figure tout ce qu'il voulait. Quoique sans éducation, il avait de la politesse et des sentiments !» »

Mandrin était un brigand d'un autre genre, mais particulièrement redoutable aussi. C'était surtout un contrebandier, d'une farouche témérité. « Torrent impétueux, nul rempart, ne l'arrête », avait déclaré quelqu'un qui l'avait approché. Mais chose curieuse, cet irrégulier, aventurier sans scrupule, ne souffrit jamais dans ses bandes aucun assassin.

Dès le mois de juillet 1789, les bandes se multiplient. « Les années III-V de la République, écrit un greffier qui fut mêlé aux plus grands procès criminels de ce temps, sont marqués par les plus horribles forfaits. » La bande des Chauffeurs fut une des plus impitoyables, des plus, sombres dans la dévastation et l'homicide. « Les chauffeurs, dit M. Funck-Brentano, avaient des repaires dans les forêts, retraites connues d'eux seuls mais qui n'étaient pour eux que des lieux de refuge, des abris momentanés.
C'est là qu'ils se retiraient après une expédition pour le partage du butin. Leurs sociétés ne comprenaient presque exclusivement que des gens de la classe populaire ; c'étaient des marchands forains, des cabaretiers, des valets de ferme, des bûcherons, un gendarme qui tient un estaminet, etc. » Rien de génial ne distingue les pillages auxquels ils se livrent.
Leurs assassinats sont impitoyables. Pas de pitié. La plate horreur, l'homicide déchaîné. Ils faisaient rôtir au feu les jambes des malheureux dont ils envahissaient les demeures pour les contraindre à révéler la cachette où se trouvait leur argent. Pour hâter l'opération et aviver les douleurs, ils arrosaient parfois les jambes d'eau-de-vie. D'autres fois, ils piquaient la plante des pieds à coups de canif ou de fourchette et approchaient ensuite de la plaie un fer rougi au feu.
Là bande Dorgères, à la même époque, a dépassé toutes les bandes similaires en audace et en folie meurtrière. Pendant près d'un demi-siècle, cette horde remplit d'épouvante les chaumières et les fermes, les demeures bourgeoises et les châteaux du Loiret, de l'Eure-et-Loir, et de la partie occidentale du département de Seine-et-Oise. Les bandits Dorgères tuaient, pillaient, incendiaient, assommaient leurs victimes, les précipitaient dans les caves, les étripaient vivantes.

Une mention spéciale doit être, dans cette énumération, accordée au fameux brigand du Rhin Schinderhannes. Les pays où il exerçait ses déprédations faisaient alors partie de l'Empire formé par Napoléon. Il s'attaquait surtout aux maquignons, aux brocanteurs, aux porte-balles. Il ne voulut jamais avoir autour de lui de troupes nombreuses ; ses lieutenants étaient Beuzel et Seindecker (ce dernier était le plus intelligent des deux et le conseiller écouté du chef) puis Dalheimer, Prick, Blum, etc. Il se tenait en communication constante avec les diverses sociétés de détrousseurs qui sillonnaient ces régions, entre autres avec le fameux Picard, chef de la bande des Pays-Bas.

Il faudrait plus de place que je n'en ai à ma disposition pour décrire dans leur détail curieux les bandes innombrables qui peuplent l'histoire de toutes les pègres. J'ai voulu seulement donner une idée de ce que le passé a vu défiler de bandits aussi funestes que ceux qui ont, ces jours-ci, causé tant d'émoi.
Il n'en est pas moins vrai que si l'astuce et le génie des brigands n'ont pas augmenté, leurs agressions se multiplient chaque jour. Pourvus de moyens pratiques, ils agissent avec les armes que leur offre le progrès. A la fin de 1912, le 21 décembre, les journaux apprenaient qu'en plein Paris des individus, au nombre de quatre, armés de révolvers, avaient assailli, au coin d'une rue, un garçon de recettes de la Société Générale, l'avaient grièvement blessé et s'étaient emparés de sa sacoche contenant 320.000 francs de titres et 5.000 francs d'espèces. Ils étaient arrivés et repartis en automobile.

Une forme nouvelle du banditisme était née : le crime en automobile. En moins de trois mois, ce furent, à l'aide de voitures volées, les attentats manqués ou exécutés de Nîmes et d'Alais (Affaire d'Arnay-le-Duc), de la place du Havre et de Pontoise, de Montgeron et de Chantilly. Enfin, le 24 avril, c'était l'assassinat de Jouin à Ivry. A citer pour mémoire le crime de Thiais et les cambriolages de Romainville et de Maisons-Alfort qui procèdent des vieilles méthodes et manquent de caractère et d'allure.

Il est à remarquer que les exploits les plus fameux sont toujours le résultat d'une organisation. Ce n'est donc que par l'organisation qu'on peut capturer les bandits. Puisque leur seule force, dans les temps actuels, est faite de moyens que leur fournissent le progrès et la science, nous devons donc de notre côté faire appel au progrès et à la science pour nous en délivrer. L'organisation policière ne doit pas négliger de se servir de toutes les inventions modernes qui peuvent utilement coopérer à l'œuvre d'assainissement et de justice. Mais il importe aussi, comme l'a fait remarquer M. Émile Pichon, membre de la Société générale des Prisons, dans son beau livre « Un peu de l'âme des bandits », de mettre de la cohésion et de l'harmonie entre les divers services de l'organisation policière.

Maurice Hamel.

Le Figaro - Supplément littéraire du dimanche 1er Août 1921

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MessageSujet: Bandits d'autrefois et d'aujourd'hui   Le banditisme au fil des temps EmptyJeu 14 Fév 2013 - 17:38


Bandits d'autrefois et d'aujourd'hui

Au temps du Directoire. - Le banditisme né de l'anarchie. - Le mépris de la mort. -L'espoir d'un réveil d'énergie.

Les tragiques exploits de la bande des voleurs d'automobiles ont fait évoquer un peu partout, depuis huit jours, les souvenirs des grands brigandages d'autrefois. On a rappelé les noms de Mandrin et de Cartouche, on s'est remémoré les méfaits de ces bandes de « chauffeurs », et de dévaliseurs de diligences qui, dans les dernières années du Directoire, semèrent la terreur sur les routes de France, et dont l'exploit le plus fameux, l'attaque du courrier de Lyon, se passa à moins d'un kilomètre de l'endroit où l'autre jour eut lieu l'agression à main armée contre l'automobile du colonel de Rougé.
A la vérité, les brigandages d'aujourd'hui dépassent en audace, en folle témérité tous les actes de ces ancêtres du banditisme. Mandrin était un chef de contrebandiers plutôt qu'un chef de brigands. Il commandait à une petite armée, et n'avait pas l'extraordinaire esprit de décision des bandits d'aujourd'hui.
Cartouche, lui aussi, avait une bande nombreuse. Ses hommes, généralement, n'attaquaient pas le jour ; le plus souvent, ils se contentaient de dévaliser et ne jouaient du pistolet qu'à la dernière extrémité, en cas de résistance.

Nos bandits actuels, au contraire, commencent par tuer. De ce fait, leurs procédés sont assez semblables à ceux des bandes qui écumaient les routes à l'époque du Directoire.
Et ce n'est point là le seul point de comparaison qu'il y ait entre les brigandages d'alors et ceux d'aujourd'hui.
Lisez, au début du grand ouvrage d'Albert Vandal, sur l'Avènement de Bonaparte, les pages dans lesquelles l'historien célèbre décrit l'état matériel et moral de la France à la veille de cet événement, vous aurez maintes occasions de faire des rapprochements entre ce temps-là et celui-ci.
Point de mouvements séditieux ; l'ensemble du pays est docile, mais cette docilité est plutôt de l'inertie, troublée, d'ailleurs, par mille alarmes, assaillie sans cesse par les vexations, par les violences des partis extrêmes. « Bien que le Directoire se pose en gouvernement de défense sociale, il ne sait empêcher les francs terroristes, les hommes de sang et de pillage, d'opprimer en beaucoup d'endroits et de terroriser les habitants... Alors même que les anarchistes de gauche, les « sans-culottes », les « bonnets rouges », semblent momentanément contenus, on les sent toujours là, et l'on frémit à l'idée d'un retour offensif. Au fond d'un grand nombre de cités et de bourgades, des groupes haineux conspirent la révolution intégrale, l'abolition universelle, le babouvisme en action, et cette vase humaine se remue sourdement ».

Les éléments d'anarchie pullulent. D'un bout à l'autre de la France, on n'entend parler que de brigands, de diligences arrêtées, de courriers dévalisés. Un voyage en France est une périlleuse aventure. Au moment où l'on s'y attend le moins, au détour de la route, des fusils braqués luisent, de sataniques figures surgissent de la broussaille. Le postillon et le conducteur sont abattus. Les brigands fouillent la voiture ; au moindre geste de résistance les voyageurs reçoivent une balle dans la tête. Le moins qui puisse leur arriver est d'être dépouillés de leurs vêtements, de leur argent, et de rester nus sur la place, assommés de coups.
« Selon les régions, les bandes sont plus ou moins nombreuses, varient leurs procédés, opèrent à pied ou à cheval ; parfois, quatre à cinq hommes seulement, vivant d'ordinaire au milieu de la population paisible et paraissant exercer un métier, mais s'associant de temps à autre pour le coup à tenter ; ailleurs, de véritables troupes armées de bons fusils, de munitions, et tenant continuellement la campagne. » Certaines bandes, comme la fameuse bande des « chauffeurs » d'Orgères, ne comptent pas moins de cent cinquante affiliés, sans compter les indicateurs et les receleurs.
Aucune route n'est sûre, pas même aux abords de la capitale. Au début du Consulat on arrêtait encore une diligence à Charenton.

***
Contre ce désordre persistant, que faisaient les autorités ?... Rien ou presque rien.
Des doctrines révolutionnaires, les politiciens du Directoire n'avaient gardé que les principes d'un absurde humanitarisme. De ce fait, toute énergie répressive se trouvait entravée. La gendarmerie, mal organisée, était occupée à mille besognes administratives et détournée constamment de son but. La police n'existait pas plus dans les villes qu'à la campagne. Les juges n'étaient le plus souvent que les instruments des factions locales.

La Révolution avait multiplié les fonctions dans des proportions inouïes, afin de satisfaire toutes les cupidités qui s'agitaient autour d'elle, mais sans se préoccuper de la valeur des fonctionnaires ; de sorte qu'il y avait une foule d'administrateurs et pas d'administration.
Déjà l'État s'arrogeait ce rôle de Providence que lui assignent nos modernes socialistes. Non content de rester dans son rôle qui est d'assurer les grands services publics et de pourvoir à la défense nationale, il prétendait élever les enfants, soigner les malades, assister les indigents, recueillir les orphelins, protéger les travailleurs ; il succombait sous le faix des devoirs qu'il s'était à lui-même imposés ; et, à force de vouloir tout faire, il en arrivait à ne faire rien de bon.

« Au désordre révolutionnaire ; dit encore Albert Vandal, se joignait, sur tous les points où portait l'action publique, la plus dure et méticuleuse tyrannie. Quiconque ne se mettait pas en révolte armée contre les lois ou ne leur échappait point par subterfuge, devait en supporter l'atrocité.. Les révolutionnaires en jouissance restaient essentiellement pénétrés de l'esprit jacobin, c'est-à-dire de la manie persécutrice. La liberté n'existait que pour eux ; ils la refusaient aux autres, tout en leur ordonnant de l'adorer à genoux ; ils avaient divinisé le mot et proscrit la chose... »
On conçoit qu'au milieu de l'anarchie née de telles méthodes et de telles pratiques, les bandits aient eu beau jeu. Eux seuls, dans l'inertie ambiante, dans l'abandon général semblaient avoir monopolisé toute l'énergie de la race.
Chaque jour, sur quelque point du territoire, se produisaient des attaques à main armée, des forfaits d'une audace inouïe. En plein jour, en plein Paris, on assaillait les passants. Toute la Beauce, toute la plaine du Berry, toute la plaine du Perche étaient terrorisées par la bande des « chauffeurs » d'Orgères.
Les brigands envahissaient les fermes, sabre et pistolet au poing, massacraient sans merci.
C'étaient, comme les auteurs des récents attentats de la rue Ordener, de la rue du Havre, de Montgeron, de Chantilly, de hardis gredins qui jouaient le tout pour le tout, attaquaient et se défendaient avec une fureur de sauvages.

Quand on prit la bande d'Orgères, vingt-trois de ses affiliés furent, le même jour, exécutés sur la place publique de Chartres, La plupart allèrent à la guillotine en ricanant.
Une autre bande qui avait arrêté la diligence de Lyon à Genève, fut surprise par les gendarmes. Trois bandits furent incontinent passés par les armes. Quatre, condamnés à mort.
Le jour de l'exécution, quand on ouvrit la porte du cachot où ils étaient enfermés, on les trouva armés de coutelas, entièrement dégagés de leurs chaînes, quoique leurs fers eussent été visités peu d'heures auparavant.
Le geôlier et les gardiens s'enfuirent à ce spectacle, poursuivis dans la cour du préau par ces quatre forcenés presque nus. Mais le détachement qui devait amener les quatre condamnées au lieu du supplice était là sous les armes. Les scélérats, couchés en joue, furent traqués dans un coin de la cour, Alors se passa une scène hideuse, qui peint au vif l'horrible courage et l'affreux mépris de la mort qui inspiraient ces hommes. Un d'eux commença une danse obscène, et, tâtant la place de son cœur, s'enfonça une arme dans la poitrine. Il tomba foudroyé. Un autre se perça de plusieurs coups, et, comme il ne mourait pas, un gendarme compatissant l'acheva d'un coup de mousqueton. Les deux autres s'étaient également frappés : on les dompta et en les conduisit au lieu du supplice. Le plus jeune de ces bandits s'était scié les artères avec un mauvais couteau ; un coup de feu lui avait cassé l'épaule, et il s'était plongé le couteau dans l'estomac, en l'agitant avec frénésie et criant :
- Ah ça ! je ne peux donc pas mourir ! J'ai donc l'âme, chevillée dans le corps !
On les conduisit, ruisselants de sang, vomissant des blasphèmes, jusqu'à l'escalier de la guillotine, qu'ils montèrent en chantant le « Ça ira ! »

***
Voilà quels étaient ces brigands, dignes précurseurs des bandits de Montgeron et de Chantilly.
Il fallut, pour vaincre cette immense organisation de brigandage, une énergie dont le Directoire eût été incapable de donner l'exemple.
Mais la France eut de tout temps de telles ressources de vise, d'honnêteté et de force que l’œuvre s'accomplit avec une étonnante rapidité. Il est vrai qu'un gouvernement digne de ce nom avait remplacé l'anarchie.

En moins de deux ans, la police fut réorganisée complètement ainsi que la magistrature ; l'administration débarrassée des éléments qui la corrompaient. Partout l'ordre régna. Partout la fermeté fit place à la faiblesse.
Les luttes politiques furent pacifiées ; la répression fut décrétée, terrible, impitoyable. La police, la gendarmerie, l'armée elle même, soutenues, aidées par les populations, se lancèrent à la poursuite des bandits. Ceux-ci furent traqués, cernés, fusillés sur place, sans quartier.
Tout cela, je le répète, en moins de deux ans... En moins de deux ans, par la volonté du gouvernement, par l'activité de la justice et du gouvernement, la France fut débarrassée de toutes les bandes de brigands qui la souillaient et la terrorisaient.

Ah ! si nous pouvions espérer, chez les pouvoirs publics actuels, pareil réveil d'énergie.

Ernest LAUT - Le Petit Journal illustré, 7 avril 1912

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MessageSujet: Bandits d’aujourd’hui et brigands d’autrefois   Le banditisme au fil des temps EmptyMer 27 Fév 2013 - 20:45


Bandits d’aujourd’hui ET Brigands d’autrefois



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Le Littoral, n° 11 456 du3 juin 1912

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