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Forum consacré à l'étude historique et culturelle de la guillotine et des sujets connexes
 
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 Docteur Couty de la Pommerais - 1864

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Adelayde
Javier
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Charles-Henri Sanson
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MessageSujet: Docteur Couty de la Pommerais - 1864   Docteur Couty de la Pommerais - 1864 EmptyJeu 21 Mai 2009 - 19:31

http://www.lefigaro.fr/actualite/2007/07/21/01001-20070721ARTFIG90896-les_empoisonneurs.php

Lien mort


http://www.trutv.com/library/crime/criminal_mind/forensics/toxicology/9.html
http://www.archive.org/details/couradhomoepath00pommgoog
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Javier
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MessageSujet: Re: Docteur Couty de la Pommerais - 1864   Docteur Couty de la Pommerais - 1864 EmptyVen 16 Avr 2010 - 12:10

EXÉCUTION DE COUTY DE LA POMMERAIS

Il n'y a aucune référence à la présence du Dr. Velpeau, cité dans la page du premier lien ci-dessus, sur l'échafaud. Dans "Le Constitutionnel" non plus. S'agit-il seulement d'une légende?

Docteur Couty de la Pommerais - 1864 Pommerais
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MessageSujet: Re: Docteur Couty de la Pommerais - 1864   Docteur Couty de la Pommerais - 1864 EmptyVen 30 Juil 2010 - 11:49

D'après le lien qui suit, Velpeau n'a pas assisté à l'exécution de la Pommerais.
Cependant, il est mentionné dans une revue médicale, que je ne retrouve pas, que Velpeau a bien assisté à plusieurs exécutions, mais sans préciser qu'il avait assisté à celle de la Pommerais.
Le plus vraisemblable est que cette histoire est due à l'imagination très fertile de Villiers.


http://www.maitrise-orthop.com/viewPage.do?id=1005

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MessageSujet: Re: Docteur Couty de la Pommerais - 1864   Docteur Couty de la Pommerais - 1864 EmptyVen 30 Juil 2010 - 13:43

Intéressant article en anglais sur le Dr de la Pommerais. Son exécution est relatée par Georges Alfred Towsend, un journaliste anglais ou américain qui était de passage à Paris. Ce site présente également des archives sur d'autres criminels :

http://www.executedtoday.com/2009/06/09/1864-doctor-edmond-desire-couty-de-la-pommerais-poisoner/
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MessageSujet: Re: Docteur Couty de la Pommerais - 1864   Docteur Couty de la Pommerais - 1864 EmptySam 31 Juil 2010 - 8:32

mercattore a écrit:
Intéressant article en anglais sur le Dr de la Pommerais. Son exécution est relatée par Georges Alfred Towsend, un journaliste anglais ou américain qui était de passage à Paris. Ce site présente également des archives sur d'autres criminels :

http://www.executedtoday.com/2009/06/09/1864-doctor-edmond-desire-couty-de-la-pommerais-poisoner/
Mercattore...petit cachottier, je vous croyais réfractaire aux langues étrangères... Laughing
Merci pour cet intéressant document !
Bonne journée !
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Adelayde
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Adelayde


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MessageSujet: Re: Docteur Couty de la Pommerais - 1864   Docteur Couty de la Pommerais - 1864 EmptyMar 7 Sep 2010 - 22:27

http://lettres.ac-rouen.fr/francais/dernier/villiers.htm

« Villiers de L'Isle-Adam, raconte Léon Bloy, avait la passion de courir le guilledou des exécutions capitales, et les messieurs de la guillotine le considéraient comme un amateur éclairé... »

Le secret de l'échafaud - 1883

À Monsieur Edmond de Goncourt.

Les exécutions récentes me remettent en mémoire l’extraordinaire histoire que voici :
— Ce soir-là, 5 juin 1864, sur les sept heures, le docteur Edmond-Désiré Couty de la Pommerais, récemment transféré de la Conciergerie à la Roquette, était assis, revêtu de la camisole de force, dans la cellule des condamnés à mort.
Taciturne, il s’accoudait au dossier de sa chaise, les yeux fixes. Sur la table, une chandelle éclairait la pâleur de sa
face froide. À deux pas, un gardien, debout, adossé au mur, l’observait, bras croisés.
Presque toujours les détenus sont contraints à un labeur quotidien sur le salaire duquel l’administration prélève d’abord, en cas de décès, le prix de leur linceul, qu’elle ne fournit pas. — Seuls, les condamnés à mort n’ont aucune tâche à remplir.
Le prisonnier était de ceux qui ne jouent pas aux cartes : on ne lisait, dans son regard, ni peur ni espoir.
Trente-quatre ans ; brun ; de moyenne taille, fort bien prise à la vérité ; les tempes, depuis peu grisonnantes ; l’oeil nerveux, à demi-couvert ; un front de raisonneur ; la voix mate et brève, les mains saturniennes ; la physionomie compassée des gens étroitement diserts ; les manières d’une distinction étudiée ; — tel il apparaissait.
(L’on se souvient qu’aux assises de la Seine, le plaidoyer, cependant très serré, cette fois, de Me Lachaud, n’ayant pas anéanti, dans la conscience des jurés, le triple effet produit par les débats, les conclusions du docteur Tardieu et le réquisitoire de M. Oscar de Vallée, M. de la Pommerais, convaincu d’avoir administré, dans un but cupide et avec préméditation, des doses mortelles de digitaline à une dame de ses amies — madame de Pauw — avait entendu prononcer contre lui, en application des articles 301 et 302 du code pénal, la sentence capitale.)
Ce soir-là, 5 juin, il ignorait encore le rejet du pourvoi en cassation, ainsi que le refus de toute audience de grâce sollicitée par ses proches. À peine son défenseur, plus heureux, avait-il été distraitement écouté de l’Empereur. Le vénérable abbé Crozes qui, avant chaque exécution, s’épuisait en supplications aux Tuileries, était revenu sans réponse. — Commuer la peine de mort, en de telles circonstances, n’était-ce pas implicitement, l’abolir ? — L’affaire était d’exemple. À l’estime du Parquet, le rejet du recours ne faisant plus question et devant être notifié d’un instant à l’autre, M. Hendreich venait d’être requis d’avoir à prendre livraison du condamné le 9 au matin à cinq heures.
— Soudain un bruit de crosses de fusils sonna sur le dallage du couloir ; la serrure grinça lourdement ; la porte s’ouvrit ; les baïonnettes brillèrent dans la pénombre ; le directeur de la Roquette, M. Beauquesne, parut sur le seuil, accompagné d’un visiteur.
M. de La Pommerais, ayant relevé la tète, reconnut, d’un coup d’oeil, en ce visiteur, l’illustre chirurgien Armand Velpeau.
Sur un signe de qui de droit, le gardien sortit. M. Beauquesne, après une muette présentation, s’étant retiré lui-même, les deux collègues se trouvèrent seuls, tout à coup, debout en face l’un de l’autre et les yeux sur les yeux.
La Pommerais, en silence, indiqua au docteur sa propre chaise, puis alla s’asseoir sur cette couchette dont les dormeurs, pour la plupart, sont bientôt réveillés de la vie en un sursaut. — Comme on y voyait mal, le grand clinicien se rapprocha du... malade, pour l’observer mieux et pouvoir causer à voix basse.
Velpeau, cette année-là, entrait dans la soixantaine. À l’apogée de son renom, héritier du fauteuil de Larrey à l’Institut, premier professeur de clinique chirurgicale de Paris, et, par ses ouvrages, tous d'une rigueur de déduction si nette et si vive, l’une des lumières de la science pathologique actuelle, l’émérite praticien s’imposait déjà comme l’une des sommités du siècle.
Après un froid moment de silence :
— Monsieur, dit-il, entre médecins, on doit s’épargner d’inutiles condoléances. D’ailleurs, une affection de la prostate (dont, certes, je dois périr sous deux ans, ou deux ans et demi) me classe aussi, à quelques mois d'échéance de plus, dans la catégorie des condamnés à mort. Venons donc au fait, sans préambules.
— Alors, selon vous, docteur, ma situation judiciaire est… désespérée ? interrompit La Pommerais.
— On le craint, répondit simplement Velpeau.
— Mon heure est-elle fixée ?
— Je l’ignore ; mais, comme rien n’est arrêté, encore, à votre égard, vous pouvez à coup sûr, compter sur quelques jours.
La Pommerais passa, sur son front livide, la manche de sa camisole de force.
Soit. Merci. Je serai prêt : je l’étais déjà ; — désormais, le plus tôt sera le mieux !
— Votre recours n’étant pas rejeté, quant à présent du moins, reprit Velpeau, la proposition que je vais vous faire n’est que conditionnelle. Si le salut vous arrive, tant mieux !… Sinon...
Le grand chirurgien s’arrêta.
— Sinon ?… demanda La Pommerais.
Velpeau, sans répondre, prit dans se poche une petite trousse, l’ouvrit, en tira la lancette et, fendant la camisole au poignet gauche, appuya le médium sur le pouls du jeune condamné.
— Monsieur de la Pommerais, dit-il, votre pouls me révèle un sang-froid, une fermeté rares. La démarche que j’accomplis auprès de vous (et qui doit être tenue secrète) a pour objet une sorte d’offre qui, même adressée à un médecin de votre énergie, à un esprit trempé aux convictions positives de notre Science et bien dégagé de toutes frayeurs fantastiques de la Mort, pourrait sembler d’une extravagance ou d’une dérision criminelles. Mais, nous savons, je pense, qui nous sommes ; vous la prendrez donc en attentive considération, quelque troublante qu’elle vous paraisse de prime abord.
— Mon attention vous est acquise, monsieur, répondit La Pommerais.
— Vous êtes loin d’ignorer, reprit Velpeau, que l’une des plus intéressantes questions de la physiologie moderne est de savoir si quelque lueur de mémoire, de réflexion, de sensibilité réelle persiste dans le cerveau de l’homme après la section de la tête ?
À cette ouverture inattendue, le condamné tressaillit ; puis, se remettant :
— Lorsque vous êtes entré, docteur, répondit-il, j’étais, tout justement, fort préoccupé de ce problème, doublement intéressant pour moi, d’ailleurs.
— Vous êtes au courant des travaux écrits sur cette question, depuis ceux de Sœmmering, de Sue, de Sédillot et de Bichat, jusqu’à ceux des modernes ?
— Et j’ai même assisté, jadis, à l’un de vos cours de dissection sur les restes d’un supplicié.
— Ah !... Passons, alors. — Avez-vous des notions exactes, au point de vue chirurgical, sur la guillotine ?
La Pommerais, ayant bien regardé Velpeau, répondit froidement :
— Non, monsieur.
— J’ai scrupuleusement étudié l’appareil aujourd’hui même, continua sans s’émouvoir, le docteur Velpeau : — c’est, je l’atteste, un instrument parfait.
Le couteau-glaive agissant, à la fois, comme coin, comme faux et comme masse, intersecte, en biseau, le cou du patient en un tiers de seconde. Le décapité, sous le heurt de cette atteinte fulgurante, ne peut donc pas plus ressentir de douleur qu’un soldat n’en éprouve, sur le champ de bataille, de son bras emporté dans le vent d’un boulet. La sensation, faute de temps, est nulle et obscure.
— Il y a peut-être l’arrière-douleur ; il reste l’à vif de deux plaies ! — N’est-ce pas Julia Fontenelle qui, donnant ses motifs, demande si cette vitesse même n’a pas de conséquences plus douloureuses que l’exécution au damas ou à la hache ?
— Il a suffi de Bérard pour faire justice de cette rêverie ! répondit Velpeau.
Pour moi, j’ai la conviction, basée sur cent expériences et sur mes observations particulières, que l’ablation instantanée de la tête produit, au moment même, chez l’individu détronqué, l’évanouissement anesthésique le plus absolu.
La seule syncope, sur-le-champ, provoquée par la perte des quatre ou cinq litres de sang qui font éruption hors des vaisseaux — (et, souvent, avec une force de projection circulaire d’un mètre de diamètre) — suffirait à rassurer les plus timorés à cet égard. Quant aux tressauts inconscients de la machine charnelle, trop soudainement arrêtée en son processus, ils ne constituent pas plus un indice de souffrance que... le pantèlement d’une jambe coupée, par exemple, dont les muscles et les nerfs se contractent, mais dont on ne souffre plus. Je dis que la fièvre nerveuse de l’incertitude, la solennité des apprêts fatals et le sursaut du matinal réveil sont le plus clair de la prétendue souffrance, ici. L’amputation ne pouvant être qu’imperceptible, la réelle douleur n’est qu’imaginaire. Quoi ! tel coup violent sur la tête non seulement n’est pas ressenti, mais ne laisse aucune conscience de son choc, — telle simple lésion des vertèbres entraîne l’insensibilité ataxique — et l’enlèvement même de la tête, la scission de l’épine dorsale, l’interruption des rapports organiques entre le coeur et le cerveau, ne suffiraient pas à paralyser, au plus intime de l’être humain, toute sensation, même vague, de douleur ? Impossible ! Inadmissible ! Et vous le savez comme moi.
— Je l’espère, du moins, plus que vous, monsieur ! répondit La Pommerais. Aussi, n’est-ce pas, en réalité, quelque grosse et rapide souffrance physique (à peine conçue dans le désarroi sensoriel et bien vite étouffée par l’envahissante ascendance de la Mort), n’est-ce point cela, dis-je, que je redoute. C’est autre chose.
— Voulez-vous essayer de formuler ? dit Velpeau.
— Écoutez, murmura La Pommerais après un silence, en définitive, les organes de la mémoire et de la volonté, (s’ils sont circonscrits, chez l’Homme, dans les mêmes lobes où nous les avons constatés chez… le chien, par exemple), — ces organes, dis-je, sont respectés par le passage du couteau !
Nous avons relevé trop d’équivoques précédentes, aussi inquiétantes qu'incompréhensibles, pour que je me laisse aisément persuader de l’inconscience immédiate d’un décapité. D’après les légendes, combien de têtes, interpellées, ont tourné leur regard vers l’appelant ? — Mémoire des nerfs ? Mouvements réflexes ? Vains mots !
Rappelez-vous la tête de ce matelot qui, à la clinique de Brest, une heure et quart après décollation, coupait en deux, d’un mouvement des mâchoires — peut-être volontaire — un crayon placé entre elles !... Pour ne choisir que cet exemple, entre mille, la question réelle serait donc de savoir, ici, si c’est, ou non, le moi de cet homme, qui, après la cessation de l’hématose, impressionna les muscles de sa tête exsangue.
— Le moi n’est que dans l’ensemble, dit Velpeau
— La moelle épinière prolonge le cervelet, répondit M. de La Pommerais. Dès lors, où serait l’ensemble sensitif ? Qui pourra le révéler ? — Avant huit jours, je l’aurai, certes, appris !... et oublié.
— Il tient, peut-être, à vous que l’Humanité soit fixée, à ce sujet, une fois pour toutes, répondit lentement Velpeau, les yeux sur ceux de son interlocuteur. — Et, parlons franc, c’est pour cela que je suis ici.
Je suis délégué auprès de vous par une commission de nos plus éminents collègues de la Faculté de Paris, et voici mon laisser-passer de l’Empereur. Il contient des pouvoirs suffisamment étendus pour frapper d’un sursis, au besoin, l’ordre même de votre exécution.
— Expliquez-vous… je ne vous comprends plus, répondit La Pommerais, interdit.
— Monsieur de La Pommerais, au nom de la Science qui nous est toujours chère et qui ne compte plus, parmi nous, le nombre de ses martyrs magnanimes, je viens — (dans l’hypothèse, pour moi plus que douteuse, où quelque expérience, convenue entre nous, serait praticable) — réclamer de tout votre être la plus grande somme d’énergie et d’intrépidité que l’on puisse attendre de l’espèce humaine, Si votre recours en grâce est rejeté, vous vous trouvez, étant médecin, un sujet compétent lui-même dans la suprême opération qu’il doit subir. Votre concours serait donc inestimable dans une tentative de... communication, ici. — Certes, quelque bonne volonté dont vous puissiez vous proposer de faire preuve, tout semble attester d’avance le résultat le plus négatif ; — mais, enfin, avec vous, — (toujours dans l’hypothèse où cette expérience ne serait pas absurde en principe), — elle offre une chance sur dix mille d’éclairer miraculeusement, pour ainsi dire, la physiologie moderne. L’occasion doit être, dès lors, saisie et, dans le cas d’un signe d’intelligence victorieusement échangé après l’exécution, vous laisseriez un nom dont la gloire scientifique effacerait à jamais le souvenir de votre défaillance sociale.
— Ah ! murmura La Pommerais devenu blafard, mais avec un résolu sourire, — ah ! — je commence à comprendre !... — Au fait, les supplices ont déjà révélé le phénomène de la digestion, nous dit Michelot. Et... de quelle nature serait votre expérience ?... Secousses galvaniques ?... Incitations du ciliaire ?... Injections de sang artériel ?... Peu concluant, tout cela !
— Il va sans dire qu’aussitôt après la triste cérémonie, vos restes s’en iront reposer en paix dans la terre et qu’aucun de nos scalpels ne vous touchera, reprit Velpeau. — Non !... Mais au tomber du couteau, je serai là, moi, debout, en face de vous, contre la machine. Aussi vite que possible, votre tête passera des mains de l’exécuteur entre les miennes. Et alors l’expérience ne pouvant être sérieuse et concluante qu’en raison de sa simplicité même — je vous crierai, très distinctement, à l’oreille : — « Monsieur Couty de La Pommerais, en souvenir de nos conventions pendant la vie, pouvez-vous, en ce moment, abaisser, trois fois de suite, la paupière de votre oeil droit en maintenant l’autre oeil tout grand ouvert ? » — Si, à ce moment, quelles que soient les autres contractions du faciès, vous pouvez, par ce triple clin d’oeil, m’avertir que vous m'avez entendu et compris, et me le prouver en impressionnant ainsi, par un acte de mémoire et de volonté permanentes, votre muscle palpébral, votre nerf zygomatique et votre conjonctive — en dominant toute l’horreur, toute la houle des autres impressions de votre être — ce fait suffira pour illuminer la Science, révolutionner nos convictions. Et je saurai, n’en doutez pas, le notifier de manière à ce que, dans l’avenir, vous laissiez moins la mémoire d’un criminel que celle d’un héros.
À ces insolites paroles, M. de La Pommerais parut frappé d’un saisissement si profond que, les pupilles dilatées et fixées sur le chirurgien, il demeura, pendant une minute, silencieux et comme pétrifié. — Puis, sans mot dire, il se leva, fit quelques pas, très pensif, et, bientôt, secouant tristement la tète :
— L’horrible violence du coup me jettera hors de moi-même. Réaliser ceci me paraît au-dessus de tout vouloir, de tout effort humain ! dit-il. D’ailleurs, on dit que les chances de vitalité ne sont pas les mêmes pour tous les guillotinés. Cependant... revenez, monsieur, le matin de l’exécution. Je vous répondrai si je me prête, ou non, à cette tentative à la fois effroyable, révoltante et illusoire. — Si c’est non, je compte sur votre discrétion, n’est-ce pas, pour laisser ma tête saigner tranquillement ses dernières vitalités dans le seau d’étain qui la recevra.
— À bientôt donc, M. de La Pommerais ? dit Velpeau en se levant aussi. — Réfléchissez.
Tous deux se saluèrent.
L’instant d’après, le docteur Velpeau quittait la cellule : le gardien rentrait, et le condamné s'étendait, résigné, sur son lit de camp pour dormir ou songer.
Quatre jours après, vers cinq heures et demie du matin, M. Beauquesne, l’abbé Crozes, M. Claude et M. Potier, greffier de la Cour impériale, entrèrent dans la cellule. — Réveillé, M. de La Pommerais, à la nouvelle de l’heure fatale, se dressa sur son séant fort pâle, et s’habilla vite. — Puis, il causa dix minutes avec l’abbé Crozes, dont il avait déjà bien accueilli les visites : on sait que le saint prêtre était doué de cette onction d’inspiré qui rend vaillante la dernière heure. Ensuite, voyant survenir le docteur Velpeau :
— J’ai travaillé, dit-il. Voyez !
Et, pendant la lecture de l’arrêt, il tint close sa paupière droite en regardant le chirurgien fixement de son oeil gauche tout grand ouvert.
Velpeau s’inclina profondément, puis, se tournant vers M. Hendreich, qui entrait avec ses aides, il échangea, très vite, avec l’exécuteur, un signe d’intelligence.
La toilette fut rapide : l’on remarqua que le phénomène des cheveux blanchissant à vue d’oeil sous les ciseaux ne se produisit pas. — Une lettre d’adieu de sa femme, lue à voix basse par l’aumônier, mouilla ses yeux de pleurs que le prêtre essuya pieusement avec le morceau ramassé de l’échancrure de la chemise. Une fois debout et sa redingote jetée sur les épaules, on dut desserrer ses entraves aux poignets. Puis il refusa le verre d’eau-de-vie et l’escorte se mit en marche dans le couloir. À l’arrivée au portail, rencontrant, sur le seuil, son collègue :
— À tout à l’heure ! lui dit-il très bas, — et adieu.
Soudain les vastes battants de fer s’entr’ouvrirent et roulèrent devant lui.
Le vent du matin entra dans la prison ; il faisait petit jour : la grande place, au loin s’étendait, cernée d’un double cordon de cavalerie ; — en face, à dix pas, en un demi-cercle de gendarmes à cheval, dont les sabres, tirés à son apparition, bruirent, surgissait l’échafaud. — À quelque distance parmi des envoyés de la presse, on se découvrait.
Là-bas, derrière les arbres, on entendait les houleuses rumeurs de la foule, énervée par la nuit. Sur les toits des guinguettes, aux fenêtres, quelques filles fripées, livides, en soieries voyantes, — d’aucunes tenant encore une bouteille de champagne — se penchaient en compagnie de tristes habits noirs. — Dans l’air matinal, sur la place, des hirondelles volaient, de-ci de-là
Seule, emplissant l’espace et bornant la ciel, la guillotine semblait prolonger sur l’horizon l’ombre de ses deux bras levés, entre lesquels bien loin là-haut, dans le bleuissement de l’aube, on voyait scintiller la dernière étoile.
À ce funéraire aspect, le condamné frémit, puis marcha résolument, vers l'échappée… Il monta les degrés d’abord. Maintenant le couteau triangulaire brillait sur le noir châssis, voilant l’étoile. Devant la planche fatale, après le crucifix, il baisa cette messagère boucle de ses propres cheveux ramassée pendant la toilette, par l'abbé Crozes, qui lui en toucha les lèvres : — « Pour elle !… » dit-il.
Les cinq personnages se détachaient, en silhouettes, sur l’échafaud : le silence, en cet instant, se fit si profond que le bruit d’une branche cassée, au loin, sous le poids d’un curieux, parvint, avec le cri et quelques vagues et hideux rires, jusqu’au groupe tragique. Alors, comme l’heure sonnait dont il ne devait pas entendre le dernier coup, M. de La Pommerais aperçut, en face, de l’autre côté, son étrange expérimentateur, qui, une main sur la plate-forme, le considérait !… Il se recueillit une seconde et ferma les yeux.
Brusquement, la bascule joua, le carcan s’abattit, le bouton céda, la lueur du couteau passa. Un choc terrible secoua la plate-forme ; les chevaux se cabrèrent à l’odeur magnétique du sang et l’écho du bruit vibrait encore, que, déjà le chef sanglant de la victime palpitait entre les mains impassibles du chirurgien de la Pitié, lui rougissant à flots les doigts, les manchettes et les vêtements.
C’était une face sombre, horriblement blanche, aux yeux rouverts et comme distraits, aux sourcils tordue, au rictus crispé : les dents s’entrechoquaient ; le menton, à l’extrémité du maxillaire inférieur, avait été intéressé.
Velpeau se pencha vite sur cette tête et articula, dans l’oreille droite, la question convenue. Si affermi que fût cet homme, le résultat le fit tressaillir d’une sorte de frayeur froide : la paupière de l’oeil droit s’abaissait, l’oeil gauche, distendu, le regardait.
— Au nom de Dieu même et de notre être, encore deux fois ce signe ! cria-t-il un peu éperdu.
Les cils se disjoignirent, comme sous un effort interne ; mais la paupière ne se releva plus. Le visage, de seconde en seconde, devenait rigide, glacé, immobile. C’était fini.
Le docteur Velpeau rendit la tête morte à M. Hendreich qui, rouvrant le panier, la plaça, selon l’usage, entre les jambes du tronc déjà inerte.
Le grand chirurgien baigna ses mains dans l’un des seaux destinés au lavage, déjà commencé, de la machine. Autour de lui la foule s’écoulait, soucieuse, sans le reconnaître. Il s’essuya, toujours en silence.
Puis, à pas lents, le front pensif et grave ! — il rejoignit sa voiture demeurée à l’angle de la prison. Comme il y montait, il aperçut le fourgon de justice qui s’éloignait au grand trot vers Montparnasse.[/justify]

Villiers de l'Isle-Adam - L'amour suprême - Le Figaro, 23 octobre 1883
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CARNIFEX
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MessageSujet: Re: Docteur Couty de la Pommerais - 1864   Docteur Couty de la Pommerais - 1864 EmptyMer 8 Sep 2010 - 13:12

Cette histoire a déjà été citée sur le forum et revient épisodiquement.

Il semble bien qu'il ne s'agisse que d'une légende née des méandres fertiles d'un journaliste en mal de sensationnel.

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MessageSujet: Re: Docteur Couty de la Pommerais - 1864   Docteur Couty de la Pommerais - 1864 EmptySam 9 Fév 2013 - 11:54

Docteur Couty de la Pommerais - 1864 Cutu_p11
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MessageSujet: Re: Docteur Couty de la Pommerais - 1864   Docteur Couty de la Pommerais - 1864 EmptySam 9 Fév 2013 - 13:36

Une très belle photo, Piotr ! Docteur Couty de la Pommerais - 1864 348277

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(Note du forum:Adelayde, notre administratrice, est décédée le 1er mars 2018 Docteur Couty de la Pommerais - 1864 741545 )
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MessageSujet: Re: Docteur Couty de la Pommerais - 1864   Docteur Couty de la Pommerais - 1864 EmptyMar 12 Fév 2013 - 20:05

Cette histoire du docteur Velpeau et de La Pommerais est reprise dans "Même le mal se fait bien" de Michel Folco, quand le docteur Charles - Karolus - Pibrac, fils de Charlemagne, rencontre Heidenreich et Pibrac le Vème lors de son séjour à Paris. M. De Paris lui propose alors d'assister le professeur Velpeau lors de l'exécution d'un autre médecin, inspiré de La Pommeras. Velpeau sera absent pour maladie et déléguera Pibrac pour faire ses observations Very Happy
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CARNIFEX
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MessageSujet: Re: Docteur Couty de la Pommerais - 1864   Docteur Couty de la Pommerais - 1864 EmptyMar 12 Fév 2013 - 21:07

J'aimerais bien que FOLCO sorte un nouveau roman. J'apprécie beaucoup le travail de Folco en amont qui se traduit par une histoire tellement riche en détails plausibles qu'on la croirait vrai.

C'est sans doute ce qui explique qu'il lui faut toujours plusieurs années pour sortir un roman.

Par contre le dernier opus est celui que j'ai un peu moins aimé.

(Fin du HS)

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Titus_Pibrac
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MessageSujet: Re: Docteur Couty de la Pommerais - 1864   Docteur Couty de la Pommerais - 1864 EmptyMar 12 Fév 2013 - 22:08

J'ai pas trop apprécié son dernier opus non plus.
Trop lié à un seul personnage, qui plus est, non de fiction.
Beaucoup moins drôle que les 4 précédents (Dieu et nous seuls pouvons, Un loup est un loup, En avant comme avant, Même le mal se fait bien).

Avec un peu de chance, on aura le nouveau promis par l'auteur, avec beaucoup plus de Pibrac, dont le retour de Saturnin, cette année ou l'an prochain Smile.
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Charles-Henri Sanson
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MessageSujet: Re: Docteur Couty de la Pommerais - 1864   Docteur Couty de la Pommerais - 1864 EmptySam 28 Sep 2013 - 7:00

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MessageSujet: Re: Docteur Couty de la Pommerais - 1864   Docteur Couty de la Pommerais - 1864 EmptyLun 30 Déc 2013 - 21:21

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MessageSujet: Re: Docteur Couty de la Pommerais - 1864   Docteur Couty de la Pommerais - 1864 EmptyJeu 5 Mai 2016 - 22:03

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MessageSujet: Re: Docteur Couty de la Pommerais - 1864   Docteur Couty de la Pommerais - 1864 EmptyJeu 15 Sep 2022 - 19:23

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MessageSujet: Re: Docteur Couty de la Pommerais - 1864   Docteur Couty de la Pommerais - 1864 EmptyJeu 15 Sep 2022 - 20:10

Photo qui me laisse perplexe

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MessageSujet: Re: Docteur Couty de la Pommerais - 1864   Docteur Couty de la Pommerais - 1864 EmptySam 17 Sep 2022 - 13:30

Pourquoi donc?

Personnellement on dirait la photo d'un enfant barbu, tellement le visage est juvénile et surtout le ratio taille du visage par rapport au corps est plus proche d'un enfant que d'un adulte.

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MessageSujet: Re: Docteur Couty de la Pommerais - 1864   Docteur Couty de la Pommerais - 1864 EmptySam 17 Sep 2022 - 13:33

L'impression d'un montage avec..la tête scratch

Filomatic aime ce message

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MessageSujet: Re: Docteur Couty de la Pommerais - 1864   Docteur Couty de la Pommerais - 1864 EmptySam 17 Sep 2022 - 23:19

Oui, je pense aussi, un montage.
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MessageSujet: Re: Docteur Couty de la Pommerais - 1864   Docteur Couty de la Pommerais - 1864 Empty

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