La Veuve au bagne

2012-04-20 par Adelayde

http://www.languefrancaise.net/docs/uploads/Argot/Alhoy1845/jules-noel-ill-alhoy-les-bagnes-1845-0T7C1_0006_une_execution_au_bagne.jpg

Non localisé. 1845. Dessin d'après nature, mais pour la Veuve humm, humm...ça craint.

Bonjour
Est-ce que cette scene ne se passerait pas sur le continent, et dans un grand port en particulier? Ca me rappelle une BD citee sur le forum ou il y avait une sce identique, sauf que la victime etait une femme. Je crois que le lieu etait en Bretagne.
Quelqu'un a une idee?
La veuve de cette gravure me rappelle celle dessinee dans "l'Ane mort" que Mercattore doit connaitre. J'ai du dire ici que j'avais un exmplaire d'epoque de ce curieux et macabre bouquin.

Henri a écrit:

Bonjour
Est-ce que cette scene ne se passerait pas sur le continent, et dans un grand port en particulier? Ca me rappelle une BD citee sur le forum ou il y avait une sce identique, sauf que la victime etait une femme. Je crois que le lieu etait en Bretagne.
Quelqu'un a une idee?
La veuve de cette gravure me rappelle celle dessinee dans "l'Ane mort" que Mercattore doit connaitre. J'ai du dire ici que j'avais un exmplaire d'epoque de ce curieux et macabre bouquin.

bonjour henri,
le bagne de brest:
http://www.letelegramme.com/ig/dossiers/bagne/1858-la-fermeture-du-bagne-de-brest-28-09-2008-185078.php

Par Archange - 28/11/2011

« Quiconque a assisté à l'une de ces exécutions du bagne, en a conservé un effrayant souvenir. Qu'on se figure une guillotine élevée au milieu d'une estrade, un bourreau et un forçat remplissant l'office de valet autour de l'instrument ensuite, toute la hideuse population du bagne rangée en haie, et chaque tête de ce mauvais bétail comme immobile sous le fusil d'un garde qui la maintient en respect.

Tout ce qui est bonnet vert (*perpétuité) a droit aux meilleures places dans la fête mortuaire; ces condamnés sont au premier rang, ils l'occupent en dignitaires, tête nue et rase, à genoux sur la pierre froide, tenant la chaîne à la main et le regard fixé sur le poli du couteau, dont le tranchant scintille aux feu du soleil méridional. Arrive bientôt la victime dévouée an bourreau, celle qui s'était elle-même vendue au prix d'une autre tête, pourvu que ce fût celle du chef qui commande ou l'un de ses agents. Ce forçat marche appuyé sur les bras d'un prêtre; sa bière le suit, accompagnée d'une confrérie de pénitents à cagoule grise.

Tout cela est bien triste, mais le patient ne l'est pas; il est grave, solennel, quelque peu démoli, plutôt par épuisement de la force nerveuse que par tout ce qu'il voit ou ce qu'il entend. Il marche lentement, et arrivé a l'enfer du bagne, où sont les damnés sans miséricorde de ce monde, ses yeux cherchent parmi ceux qui se courbent à genoux sous la guillotine, ses bons amis, ceux avec qui il vivait de sympathie et d'amour; car enfin on aime toujours quelque chose en prison. Pour les uns, c'est une araignée qui file sa toile dans un coin; pour le condamné, c'est celui dont la vie et les passions ont été les siennes. Nous avons vu un forçat, du haut de son piédestal de mort, appeler par son nom un sien ami et lui adresser cordialement et sans affectation, un véritable adieu de cœur. Les forçats à l'heure suprême, sont au moins neuf fois sur dix des hommes qui meurent véritablement religieux. A l'heure où l'âme n'habite plus qu'un cadavre, ont-ils la révélation de Dieu et d'une autre vie ? Nous le croyons ».

H. Lauvergne Les forçats considérés sous le rapport physiologique moral et intellectuel, chez J-B Baillière, Paris, 1841.
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Le 31 décembre 1838, les bagnes de France renfermaient 8130 forçats.
Sur ce nombre, 1856 étaient condamnés à la peine des travaux forcés à perpétuité et 6274 à la peine des travaux forcés à temps.
7693 de ces condamnés étaient d'origine française.
Sur ces 7693 condamnés, 2772 étaient nés dans les villes et 4921 dans les campagnes.

Ils étaient répartis de la manière suivante, d'après la nature des crimes qui les avaient amenés au bagne :

- Assassinat 188
- Association de malfaiteurs 140
- Banqueroute frauduleuse 6
- Bigamie 10
- Coups et blessures graves 133
- Crimes commis par fonctionnaires publics 3
- Délit politique 7
- Désertion après grâce 3
- Empoisonnement 58
- Extorsion de titres avec violence 18
- Fabrication de fausse monnaie 25
- Faux 225
- Faux témoignage 6
- Incendie 148
- Menaces par écrit et sous condition 7
- Meurtre 1147
- Parricide 37
- Pillage en bande 6
- Rébellion 13
- Vente d'effets militaires 2
- Viol d'attentat à la pudeur avec violences 326
- Vol 5350
- Condamnés ayant commis plusieurs de ces crimes sus mentionnés 137

Tranches d'âge :
De 16 à 20 ans ......168 (2%)
De 20 à 30 ans......1883 (23%)
De 31 à 40 ans......2765 (34%).
De 41 à 50 ans......1895 (24%).
De 51 à 60 ans......1023 (13%).
De 61 à 69 ans......396 (5%).

Sur les[/font] 6274 condamnés aux travaux forcés à temps :
3860 ne savaient ni lire, ni écrire (62%).
1649 ne savaient lire et écrire qu'imparfaitement.
651 savaient bien lire et écrire (10%).
84 avaient reçu une éducation supérieure à l'école primaire (1,3%).


Sur les 1856 condamnés à perpétuité:
1179476 ne savaient lire et écrire qu'imparfaitement.
184 savaient bien lire et écrire (10%).
17 avaient reçu une éducation supérieure à l'école primaire (1,5%).[/b">

(D'aprés les tableaux de J-B Baillière).
__________________________________________

A cette époque, trois bagnes étaient en fonctionnement à :

Brest (Finistère)
Rochefort (Charente-Maritime)
Toulon (Var)

Le bagne de Lorient (Morbihan), était réservé aux militaires.

* Les condamnés à temps portaient un bonnet rouge.



Par Archange - 28/11/2011

Condamné à temps - Garde-chiourme - Condamné à perpétuité, en 1845.




Par Archange - 28/11/2011

La grâce : déferrage d'un bagnard.





Par Archange - 28/11/2011

Inhumation d'un bagnard au cimetière de Brest. .

Merci pour ce document tres interessant.

Il est remaquable que les personnes entre 21 et 30 ans ne commettaient aucun crime passible du Bagne

Pardon, Boisdejustice, je n'ai pas bien compris votre commentaire. Un coup de chaleur, sans doute.

mercattore a écrit:

Pardon, Boisdejustice, je n'ai pas bien compris votre commentaire. Un coup de chaleur, sans doute.

Boisdejustice fait allusion au fait que, dans votre article Mercatore, dans le paragraphe "Tranches d'âge" la ligne "21 à 30 ans" a été oubliée.
Ce qui, par ailleurs, n'enlève rien à ce travail d'un réel intérêt.

Ah, Ok, merci , Jourdan. La ligne a sauté à la retranscription, car j'ai du arranger le texte original qui n'était guère compatible pour une mise en page sur le site. Je vais repêcher l'oubli.

Voila, c'est fait. Heureusement que vous avez l'oeil car j'avais relu le post, mais l'oubi m'avait échappé.

Mercattore: J'apprecie toujours votre recherche et en particulier ce document interessant. Veuillez excuser ma petite plaisanterie.

Puisque les pourcentages se somment deja 100% sans y ajouter un nouveau groupe je pense que la premiere tranche d'age doit etre de 16 ans a 30 ans et non 20 ans.

Boisdejustice, il est bien imprimé de 16 à 20ans sur le livre = 168, puis de 20 à 30 ans etc.

Oui, bien-sur.
Vous avez aussi ajuste le pourcentage des 16 a 20 ans de 23% a 2% et les nombres collent bien donc ignorez mon message precedent.

Bonjour.
Merci de ce document, Tito. Ca ressemble de fait au batiment de la gravure. Concernant cette derniere, tout le monde a note la guillotine tres fantaisiste de cette image, la bascule entre autre, qui fonctionne par magie probablement, et l'absence de chapiteau. Mais un autre detail
m'intrigue: l'echafaud/estrade. On en trouve un tres similaire dans la gravure de l'execution de Troppman. Y aurait-il quelque fond de verite dans ce dessin? Serait-il posible que pour le bagne, on ait construit un echafaud reduit? On voit cela aussi dans le film "Papillon", si je me souviens bien.

Les bagnes maritimes n'avaient pas un échafaud identique à celui utilisé pour les exécutions classiques, mais dans la ligne de celui présenté sur la gravure, beaucoup plus simple à installer.

Effectivement, dans le film Papillon l'échafaud se présente lui aussi sous un aspect simplifié.


Par Archange - 28/11/2011

Quant à celui sur lequel a été exécuté Troppmann, il parait anormal qu'il n'était pas du modèle classique, l'exécuteur étant tenu de respecter l'installation réglementaire. Une exception aurait-elle été possible ? Les meilleurs spécialistes de ce site doivent avoir la réponse.

La réglementation concernant la construction des échafauds était assez floue.
On faisait en fonction des moyens du bord.
Je viens précisément de terminer un article sur la guillotine de Draguignan qui devrait paraître à la fin de l'année dans une revue savante du Var. J'y raconte que dans les années 1840, lors d'une exécution au bagne de Toulon, l'échafaud était constitué d'une simple plate forme posée sur des tonneaux.
Dans de telles conditions, l'exécuteur dû s'y reprendre à deux fois pour trancher la tête du condamné. Il est vrai qu'il était lui même passablement ivre.

Oui, mais pour Paris, plus structuré, je ne crois pas que n'importe quel échafaud était utilisé. La fantaisie sur ce point me parait plutôt malvenue. Enfin, on verra...

Jourdan coupe tête a écrit:

La réglementation concernant la construction des échafauds était assez floue.
On faisait en fonction des moyens du bord.
Je viens précisément de terminer un article sur la guillotine de Draguignan qui devrait paraître à la fin de l'année dans une revue savante du Var. J'y raconte que dans les années 1840, lors d'une exécution au bagne de Toulon, l'échafaud était constitué d'une simple plate forme posée sur des tonneaux.

Vides?

Jourdan coupe tête a écrit:

Dans de telles conditions, l'exécuteur dû s'y reprendre à deux fois pour trancher la tête du condamné. Il est vrai qu'il était lui même passablement ivre.

On lui a dit que les tonneaux tiennent mieux en place quand ils sont pleins?

NUNC EST BIBENDUM...

Ou alors le condamné aurait affirmer ne pas être coupable...

Superbe trouvaille niavlys1980! Je ne crois pas l'avoir vu auparavant.

Elle est sur mon site - en resolution moins nette - depuis deux ans. J'avais achete un journal date de 1939 qui avait cette photo et quelques autres sur la veuve en Guyane. Il s'agit d'un montage pour une serie de photos et un "simulacre" d'execution comme l'explique l'article. La guillotine est montee derriere le TMS sur une petite place juste en dehors du camp de transportation. Il semble que c'est l'endroit ou avaient lieu les executions des CAM pour crimes commis hors du bagne, apres liberation.

J'ai trouve la meme photo que Niavlys hier sur le site Spaarnestad Photo. Puisque la photo n'est pas copiable et qu'on ne peut la voir en haute resolution qu'en zoomant sur un detail j'ai copie une trentaine de details que j'ai recolle ensemble pour reconstruire la photo. Amusant si Niavlys a fait la meme chose que moi...

Beaucoup plus fute que moi...

Je confirme, je l'ai fait également.

En regardant sur le lien que vous donnez, niavlys1980 on trouve cette photo (qui n'a pas de rapport avec le bagne, mais c'est pas grave):



Je ne sais pas qui est cette grand-mère mais elle a de drôles de jeux...

En quelque sorte, elle continue de jouer à la poupée.

Une Tatie Danielle ?