Sujet: Jean-Jacques Liabeuf - 1910 Mar 13 Nov 2007 - 13:18
Liabeuf fut condamné à mort pour le meurtre d'un policier. Les bras cerclés de bracelets, munis de pointes de fer, il avait blessé plusieurs policiers qui voulaient le saisir et un tua un, avec son révolver, lors de son arrestation. ______________________________________________________________________
2 juillet * - « Il est trois heures et demie. Le ramage des oiseaux s'accentue. le contraste du joyeux réveil de la nature avec les dernières heures d'un homme, fût-il un tueur, impressionne. Liabeuf, était-il le vagabond spécial, cet infâme violeur ? Beaucoup, sous l'effet de sa farouche défense, se sont mis à douter.
Sur les lieux de l'exécution, des manifestants, montés par le numéro spécial de la Guerre Sociale qui a fait de Liabeuf un héros, arrivent en masse. On voit des filles, beaucoup de filles en cheveux, riant, caquetant, ne voyant dans cette réunion sinistre qu'une partie de plaisir. Liabeuf apparait : ses yeux brillent comme deux charbons. Pendant qu'on l'entraîne, il répète sans cesse : « C'est abominable, je ne suis pas un souteneur, je ne suis pas un sou...» puis un « Aah », un râle de fureur effroyable, un cri de bête fauve qu'interrompt le bruit sourd du couteau tranchant la tête. »
* Liabeuf a été exécuté devant le mur de la prison de la Santé, 14ème arrdt, au matin du 1er juillet 1910, par Emile Deibler. ______________________________________________________________________
Né le 11 janvier 1886. Cordonnier. Condamné à la peine de mort par les assises de la Seine le 04-05-1910. Motifs : coups à agent de la force publique dans l'exercice de ses fonctions, les dits coups ayant été portés Le 08-01-1910 avec intention de donner la mort et l'ayant entraîné. Demande de grâce rejetée le 29-06-1910.
Dernière édition par mercattore le Lun 21 Déc 2009 - 0:23, édité 3 fois
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Sujet: Liabeuf (suite ) Mar 13 Nov 2007 - 13:34
Le poète Robert Desnos avait assisté à l'arrestation de Liabeuf, dans la rue Aubry-le-boucher. Il avait dix ans. Trente ans plus tard il écrira un texte-poème en argot, en souvenir de Liabeuf et de la rue Aubry-le-boucher, qui sera publié pendant la guerre sous un pseudonyme, poème intitulé « Rue Aubry-le-boucher ».
Liabeuf a été inhumé au cimetière parisie d'Ivry-sur-Seine », dans le caré des suppliciés.
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Sujet: Re: Jean-Jacques Liabeuf - 1910 Mar 13 Nov 2007 - 13:43
J'ai écris Emile ! M....., je me suis trompé. Mille excuses pour ANATOLE et pour vous tous. Un coup de fatigue, peut être.
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Sujet: Re: Jean-Jacques Liabeuf - 1910 Mer 29 Oct 2008 - 22:42
A LA CAILLE
Rue Aubry-le-Boucher on peut te foutre en l’air, Bouziller tes tapins, tes tôles et tes crèches Où se faisaient trancher des sœurs comaco blèches Portant bavette en deuil sous des nichons riders.
On peut te maquiller de béton et de fer On peut virer ton blaze et dégommer ta dèche Ton casier judiciaire aura toujours en flèche Liabeuf qui fit risette un matin à Deibler.
À Sorgue, aux Innocents, les esgourdes m’en tintent. Son fantôme poursuit les flics. Il les esquinte. Par vanne ils l’ont donné, sapé, guillotiné
Mais il décarre, malgré eux. Il court la belle, Laissant en rade indics, roussins et hirondelles, Que de sa lame Aubry tatoue au raisiné.
Robert Desnos.
* A la caille = en colère.
Pibrac Bourreau de village
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La photo provient de l'execution de Octave David en 1909 a Valence.
Elle a ete representee comme provenant de diverses executions de Bethunes a Grenoble entre 1900 et 1929. Si on recherche les archives photos de Ullstein Bild par exemple on la trouve avec plusieurs descriptions incorrectes, Grenoble 1926, Grenoble 1929, Debut du siecle en France, execution des freres Pollet a Bethunes etc. Je me suis fait avoir plusieurs fois par de tels informations bidons par les sites de photos numerisees: Leurs informations ne valent pas un clou.
Pibrac Bourreau de village
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Le 2 juillet 1910, à Paris, Jean-Jacques Liabeuf, est guillotiné. Né le 11 janvier 1886 à Saint-Étienne, ce jeune ouvrier cordonnier au chômage commet quelques larcins qui lui valent une interdiction de séjour dans sa ville natale. Il s’installe à Paris et s’engage comme cordonnier dans le quartier des Halles. Hiver 1910, il est injustement condamné pour proxénétisme par des ripoux de la Brigade des mœurs. Nouvelle interdiction de séjour, à Paris cette fois, et trois mois de prison ferme. À sa sortie de prison, il décide de se venger de cet affront. Le 8 janvier 1910, armé d’un pistolet et de deux tranchets de cordonnier, protégé par des brassards hérissés de pointes acérées, il tue un policier, en blesse un second à la gorge et en envoie six autres à l’hôpital avant d’être arrêté. L’émotion est immense. La presse bourgeoise réclame la tête du tueur de flics. Le socialiste révolutionnaire et antimilitariste Gustave Hervé prend alors sa défense dans le journal La Guerre sociale. Son article « Doit-on le tuer ? » fait scandale et lui vaut d’être condamné à son tour à quatre ans de prison lors d’un procès retentissant. Hervé rappelle que c’est avant tout la corruption policière et la répression inique qui sont à l’origine du crime de Liabeuf. Initiée par les anarchistes, l’agitation gagne alors toute la gauche. La condamnation à mort de Liabeuf le 7 mai, provoque une énorme manifestation. Pourtant, le combat contre la peine de mort est difficile à mener, l’opinion publique y étant majoritairement favorable. L’exécution de Liabeuf dans la nuit du 1er au 2 juillet 1910 se fait dans un climat d’insurrection, un agent est tué et des centaines de manifestants blessés dans les affrontements avec la police. Victime de l’arbitraire policier et d’une justice de classe, Liabeuf n’aura de cesse de crier : « Je ne suis pas un souteneur » jusque sous le couperet d’une guillotine qui continuera de tomber pendant plus de soixante ans encore.