Gaëtane Monsieur de Paris
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| Sujet: Gaston Duveau Jeu 28 Avr 2011 - 10:10 | |
| Le 11 avril 1922, à Verneil-le-Chétif, alors que ses parents Eugène, 52 ans et Marie Desnos, 47 ans, refusent qu'il épouse Pauline Hiolin, fille de ferme à la réputation légère, Gaston DUVEAU, 23 ans, les abat avec le fusil de chasse qu'ils lui ont offert.
Avant de leur dérober 21 200 francs en billets de banque et espèces, un louis d'or et des titres au porteur, il les achève à coups de pincette.
Le parricide obtient la grâce du Président de la République, le 28 avril 1923.
Source : Palmarès de Sylvain Larue
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Adelayde Admin
Nombre de messages : 5716 Localisation : Pays d'Arles Date d'inscription : 02/03/2009
| Sujet: Gaston DUVEAU Ven 29 Avr 2011 - 15:58 | |
| Meurtrier de son père et de sa mère
Gaston Duveau, l'auteur du crime odieux de Verneuil-le-Chétif, comparaît devant les Assises de la Sarthe. Le jury de la Sarthe va avoir à juger, aujourd'hui, un jeune misérable, Gaston Duveau, âgé de 22 ans, coupable d'avoir, à Verneuil-le-Chétif, assassiné son père et sa mère dans des circonstances particulièrement cyniques. Les époux Duveau, qui jouissaient d'une certaine fortune, habitaient au hameau des Pesnières une propriété assez confortable. Ils avaient la considération de tous les habitants du village. Leur fils, au contraire, était plutôt mal considère. D'un naturel paresseux et sournois, orgueilleux et hâbleur par dessus le marché, il menait joyeuse et libre vie, ses parents n'osant rien lui refuser. En avril dernier, il vint passer quelques jours à la maison familiale. Un matin, il annonça dans le voisinage que ses parents étaient partis en voyage et pria des personnes de confiance de soigner les animaux. De fait, lorsqu'à plusieurs reprises, M. Desnos, père de Mme Duveau, se rendit aux Pesnières, il fut surpris de trouver les volets clos et les portes fermées à clef. Cela lui parut étrange et comme une mauvaise odeur se dégageait de l'habitation, il pressentit un malheur et avertit la gendarmerie.
La découverte du crime Un juge de paix mandé pénétra dans la maison. L'air y était irrespirable et de multitudes de mouches s'envolaient de toutes parts. Dans leur chambre, les époux Duveau, leurs cadavres plutôt, étaient couchés, côte à côte, sur leur lit. Ils portaient l'un et l'autre à la tête des blessures affreuses paraissant provenir de coups de feu. Il y avait crime, de toute évidence, et comme le lit ne présentait aucune trace de désordre, aucun indice de lutte, on établit que les deux victimes avaient été tuées en plein sommeil. Dans la même chambre ensanglantée où gisaient les cadavres, le magistrat trouva une paire de pincettes à feu, qui, toutes maculées de sang avaient du servir au crime. La déplorable réputation du fils Duveau fit porter immédiatement sur lui les soupçons. On l'arrêta à Tours où il avait rejoint sa maîtresse, la fille Hiolin, laquelle l'attendait là depuis quelque temps. Interrogé, le misérable ne fit aucune difficulté pour avouer. Il déclara avoir tué son père et sa mère dans la nuit du 12 au 13 avril à la suite de dissentiments profonds.
Le récit de l'assassin Interrogé par la suite plus complètement, Gaston Duveau fit du crime un récit qui peut se résumer ainsi : « Nous étions, mes parents et moi, en désaccord et depuis huit jours les discussions se succédaient. Ce soir-là, la situation s'aggrava et la discussion prit un caractère aigu car j'avais appris à mes parents que ma maîtresse était enceinte et que je voulais me marier avec elle. Au milieu de la nuit, étant toujours surexcité, je me levai avec l'intention bien arrêtée de me débarrasser de mes parents. Je pris un fusil de chasse accroché au mur de la chambre et, à la lueur d'une lampe laissée en veilleuse, je visai à la tête mon père, puis ma mère. Puis, toujours en proie à la colère, je saisis une paire de pincettes et, malgré qu'il ait été tué sur le coup, je continuai à en frapper rageusement la tête de mon père. »
Le cynisme d'un bandit Son coup fait, le misérable s'empara de tout ce qu'il trouva comme argent, soit 1 100 ou 1 200 francs ainsi que d'une liasse de titres et il rejoignit sa maîtresse après avoir pris les précautions que nous avons indiquées, pour laisser croire à un brusque départ de ses parents pour un long voyage. Le fusil avec lequel ont été tués les époux Duveau, est un fusil de chasse chargé avec du plomb numéro 6 qui a fait balle. La plus grande partie des deux charges a été retrouvée dans les crânes des victimes, les deux coups avant été tirés à très courte distance. Pendant les semaines qui suivirent le crime et tandis que les cadavres de son père et de sa mère gisaient, ensanglantés, affreux, sur leur lit et qu'une insupportable odeur commençait a emplir la maison, Gaston Duveau revint aux Pesnières afin de mieux fouiller les meubles et de mettre la main sur tout l'argent qui pouvait rester, sur les valeurs et les bijoux de ses parents. Une nuit, en compagnie de jeunes gens qu'il avait invités, il alla dans la cave boire jusqu'à l'ivresse. D'autres soirs, on le vit au bal ou dans les lieux de plaisir, soit à Mavet ou dans la région, soit à Tours, en compagnie de la fille Hiolin. Depuis son arrestation, le jeune Duveau n'a pas manifesté le moindre remords. On a voulu le représenter comme fou et on l'a soumis à l'examen d'un aliéniste. Celui-ci lui a trouvé, évidemment, quelques tares, mais a conclu à une responsabilité très légèrement atténuée. Tel est le criminel que les jurés de la Sarthe vont voir comparaître devant eux cet après-midi. Les débats dureront probablement deux jours.
L’Ouest-Éclair, n°7 661 du 25 septembre 1922
Le parricide Duveau est condamné à mort
Le Mans, 26 septembre (De notre rédaction mancelle). L'audience s'ouvre à 1 heure 30. Le président demande d'abord à Gaston Duveau si, à la suite de l'audience d'hier, et la nuit lui ayant permis de réfléchir, il a quelque chose à dire. - Non, répond l'accusé ; rien de particulier. « J'aimais beaucoup mes parents et je ne comprends pas comment j'ai pu commettre sur eux un crime dont le souvenir me poursuivra toute la vie ! » M. Raymond, substitut du procureur de la République, commence alors son réquisitoire. Il flétrit ce crime odieux d'un fils qui, dans la nuit sombre, assassine froidement son père et sa mère endormis dans leur lit, et stigmatise le cynisme de l'assassin, qui revient les jours suivants dans la maison du crime pour les dévaliser ou pour y faire la « bombe ». Il indique les circonstances qui établirent nettement la préméditation, la volonté de se débarrasser de ses malheureux parents, et il élimine tout ce qui, dans l'examen mental de Duveau, pourrait laisser s’infiltrer dans l'esprit des jurés la pensée d'une responsabilité atténuée, même légèrement. En terminant, le distingué magistrat réclame contre l'odieux parricide le châtiment suprême. Il est 15 heures. L'audience est suspendue.
La plaidoirie A la reprise, M° Montigny présente éloquemment la défense de Duveau. Après s'être incliné devant la mémoire des victimes, il excuse l'attitude peu sympathique qui fut celle de son client pendant les mois qui suivirent le crime, et qu'il garde encore aujourd'hui devant ses juges. Puis il en arrive énumérer tous les drames qui ensanglantèrent la famille de Gaston Duveau. Ces suicides, ces drames, dénotent des cerveaux plus ou moins déséquilibrés et le défendeur en conclut que l'hérédité, cette fatalité du sang que le génie avait déjà soupçonnée avant que la science ne l'ait affirmée, a laissé des tares mentales chez Gaston Duveau. Le défenseur parle ensuite de Pauline Hiolin qui fut peut-être légère à ses quinze ans, mais qui, dès qu'elle connut Gaston Duveau, amenda sa conduite. « Tous deux s'aimaient éperdument, un témoin l’a dit ». Aussi, quand Pauline Hiolin devint enceinte, Gaston Duveau était décidé à l'épouser. Il implora le consentement de ses parents auxquels il dit : « Elle va avoir un enfant de moi, il faut que je l'épouse, je l'épouserai ». « Le désaccord qui a surgi entre ses parents et lui n'a pas d'autre cause, dit le défenseur. Le refus de ses parents le désespère et l'affole dans la tourmente des pensées qui l'assiègent, il perd tout sentiment de la réalité. Au milieu de la nuit, en pleine fièvre une idée folle lui traverse l'esprit comme un éclair rouge : il se lève, décroche son fusil et tire. Le crime, hélas est accompli. « C'est un crime sans préméditation, sans mobile intelligent, un crime contraire aux intérêts mêmes de l'accusé, contraire à toute sa vie. Le paludisme dont Gaston Duveau est atteint, l'hérédité terrible qui pèse sur lui, peuvent seuls expliquer cet instant d'égarement qui ne mérite pas une sévérité inexorable. » A la question suprême que le président lui pose, l'accusé répond : « Je regrette profondément mes parents. Ils ont tout fait pour moi et je ne puis comprendre comment j'ai pu agir ainsi. »
La condamnation Il est 18 heures lorsque le jury se retire. Après une demi-heure de délibération, il revient avec un verdict affirmatif. Mais un oubli du chef du jury dans la rédaction de la feuille de réponse oblige les jurés à retourner dans la chambre des délibérations. Le défenseur en profite pour indiquer au jury que son verdict n'est pas définitif ; la peine n'étant pas prononcée, il peut modifier sa réponse il est libre encore de décider de la vie ou de la mort. Une demi-heure s'écoule. Le jury rentre dans le prétoire avec le même verdict. En conséquence, la Cour condamne Gaston Duveau à la peine de mort et dit que le présent arrêt sera exécuté sur l'une des places publiques du Mans. Avant le prononcé du jugement, l'avocat présente un recours en grâce que neuf jurés signent.
L’Ouest-Éclair, n° 7 663 du 27 septembre 1922
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Gaëtane Monsieur de Paris
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Adelayde Admin
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| Sujet: Gaston DUVEAU Dim 19 Juin 2011 - 16:51 | |
| J'ai eu du mal à trouver le dénouement de cette affaire
Le parricide Gaston Duveau s'est évadé du bagne
On annonce que Gaston Duveau qui, à Verneuil-le-Chétif, tua à coups de fusil, dans la nuit du 12 au 13 avril 1922, son père et sa mère dans des conditions particulièrement tragiques, se serait évadé de la Guyane ou il subissait la peine des travaux forcés à perpétuité. Duveau avait été condamné à mort le 26 septembre 1922 par la Cour d’assises de la Sarthe. Le jugement fut cassé le 14 novembre suivant, et la Cour d'assises de la Mayenne, devant laquelle avait été renvoyée l'affaire, condamna une seconde fois le double parricide à mort. Duveau, qui n'avait que 25 ans, bénéficia de la clémence présidentielle. Sa peine fut commuée en celle des travaux forcés a perpétuité. On suppose que l'évadé s'est réfugié en Amérique du Sud.
Ouest-France, 17 mars 1927http://ouestfrance.cd-script.fr/opdf/1927/03/17/85/1927-03-17_85_04.pdf | |
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Gaëtane Monsieur de Paris
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| Sujet: Re: Gaston Duveau Dim 19 Juin 2011 - 21:36 | |
| Encore un grand merci, Adelayde, pour vos recherches assidues sur Gaston DUVEAU | |
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