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| Sujet: Auguste Mathey - Coutances - 1894 Mer 18 Juil 2012 - 18:03 | |
| Exécution d'Auguste Mathey, 19 ans, condamné le 12 décembre 1893 à la peine capitale, pour assassinat et viol, par la cour d'assises de Coutances.
Quotidien Le Gaulois, du 14 février 1894. Source : gallica.bnf.fr
COUTANCES
Ce matin a eu lieu l'exécution de Mathey, le criminel âgé de dix-neuf ans, qui, au mois d'octobre dernier assassina la veuve Clément, une vieille femme de Blosville, âgée de quatre-vingt-trois ans. Après l'avoir tuée, tout couvert de sang, il lui fit subir les derniers outrages.
Ce matin, à six heures un quart, lorsque le substitut du procureur de la république, accompagné du juge d'instruction, du greffier, de Me Chevalier, avocat, et de l'aumônier qui devait l'assister jusqu'au lieu du supplice, est venu lui annoncer le rejet de son recours en grâce, Mathey, qui s'attendait à son sort, était déjà habillé et marchait dans sa cellule. Il s'est laissé conduire, sans dire un mot, à la chapelle de la prison, où il a communié après avoir entendu la messe. Il n'a pas dit une seule parole pendant que Deibler procédait à la toilette mais, lorsqu'il a fallu partir pour gagner le lieu de l'exécution, distant de quatre-vingts mètres environ, le criminel, complètement anéanti, a du être hissé dans le fourgon des bois de justice, et amené à deux pas de la guillotine. Les aides l'ont porté sur la bascule comme une masse inerte. Il était sept heures lorsque Deibler a fait tomber le couteau. Les restes de Mathey ont été inhumés dans le cimetière de Coutances.
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14 février 1894 Le Petit Parisien
Exécution capitale à Coutances (De notre correspondant particulier)
Coutances, 13 février.
Mathey, l'assassin de la veuve Clément, de Blosville, a été exécuté ce matin, à sept heures cinq minutes précises. Dès hier midi, le fourgon contenant les bois arrivait en gare de Coutances, ainsi que Deibler et ses aides. Cette arrivée avait produit une grande sensation dans la ville de Coutances, où, depuis il n'y avait pas eu d'exécution depuis 1861. Deibler et ses aides sont descendus à l'Hôtel de France. Ce matin, dès quatre heures, le fourgon était amené sur le lieu de l'exécution qui porte le nom significatif de place de la Guillotine, à cinquante mètres de la porte de la prison. A cinq heures et demie, la machine était complétement montée.
A six heures, M. le substitut Marie, remplaçant M.le procureur Dudouy, qui avait requis la peine de mort contre Mathey, pénétrait dans la cellule accompagné de MM. de Saint-Thomas, juge d'instruction, du greffier Leveinard, de l'abbé Fleury, aumônier de la prison et du greffier en chef. Ce dernier a réveillé Mathey en lui annonçant que son pourvoi était rejeté et lui recommandant d'avoir du courage. Mathey à ces mots n'a rien répondu. Il est resté complètement indifférent. Il était inerte et comme frappé de stupeur. Après que Mathey eut entendu la messe et communié, l'exécuteur des hautes-œuvres a procédé à la toilette du condamné.
A sept heures précises, Mathey sortait de la prison, on a du employer le fourgon pour le conduire au supplice. C'est plutôt une masse inerte qu'un homme que les aides ont mis sur la bascule. En moins de temps qu'on ne pourrait le dire, la lunette était assujettie, le couperet tombait et justice était faite. Le corps a été aussitôt enlevé et conduit au cimetière où il a été inhumé, malgré la demande du service médical de Coutances et des docteurs Thomas et Ygouf, de Saint-Lô, munis d'une autorisation du procureur général.
Le maire de Coutances n'a pas voulu accepter la responsabilité de laisser faire l'autopsie. L'exécution de Mathey était prévue depuis longtemps, aussi toute la population de Coutances et des environs était-elle accourue. Pour cette exécution, le service d'ordre était assuré par cent cinquante hommes du 136 ème de ligne venu de Saint-Lô, la veille au soir, et par les brigades de gendarmerie à pied et à cheval de l'arrondissement. Aucun incident ne s'est produit.
Pour Coutances, lire également :
* Pierrepoint : https://guillotine.1fr1.net/t2187-appel-a-temoin-coutances-et-la-peine-capitale
* Sylvain Larue : Palmarès des exécutions capitales : (1871-1977) - http://guillotine.voila.net/Palmares1871_1977.html (relation de l'exécution de Mathey, 13 février 1894).
Parution mai 2012.
Coutances. Classée seulement septième ville de la Manche pour le nombre d'habitants (environ 10 000), Coutances abrite cependant la cour d'assises de ce département. Il existe au greffe de son tribunal de grande instance un couteau de guillotine mentionné « couteau de la guillotine de Coutances et sa gaine ». Ce couperet est inscrit sur la liste des... monuments historiques de la Manche depuis 1994. Je l'avais déjà signalé sur le forum - il y a deux ou trois ans, peut-être — mais je ne sais plus où ?
Cette ville a beaucoup souffert (270 morts et nombreuses destructions d'immeubles) des bombardements aériens anglo-américain qui ont suivi le débarquement du 6 juin 1944. Interview très intéressante de l'historien anglais, Anthony Beevor : http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20090604.BIB3536/d-day-le-martyre-de-la-normandie.html
Maison d'arrêt de Coutances. Très ancienne prison (1828). Aujourd'hui surpeuplée. En 2009, 2010, une moyenne de quatre-vingt détenus y séjournaient, pour une capacité de quarante places. En 2000, un reportage de FR3 indiquait que certaines cellules hébergeaient jusqu'à quatorze détenus sur une superficie de…20m2 : http://www.ina.fr/economie-et-societe/justice-et-faits-divers/video/CAC00036913/visite-de-la-prison-de-coutances.fr.html Quatre douches seulement pour tout l'établissement (depuis, les douches ont été installées dans chaque cellule). De nombreux médias s'étaient fait l'écho de cette situation à Coutances. Une nouvelle prison (537 places) sera construite à Saint-Lô (préfecture), en 2016. De ce fait, l'avenir de la maison d'arrêt de Coutances demeure incertain.
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