Le sous directeur de la Sûreté, M.
Jouin est donc tué par
Bonnot au 1er étage de l'appartement du commerçant
Antoine Gauzy qui tient également au rez-de-chaussée de ce petit immeuble (
(63 rue de Paris) un magasin de tissus, au " Hall Populaire d'Ivry " (la rue de Paris est devenue l'avenue
Maurice Thorez). Gauzy est arrêté et emmené à la sûreté de Paris.
Antoine Gauzy.Malmené par la foule à Ivry, lors de son arrestation,
il se fera de nouveau "arrangé" par M. Guichard, chef de la Sûreté,
dès son arrivée à Paris.
LA FUITE DE BONNOT APRÈS LE MEUTRE DE M. JOUIN.Sur le petit plan ci-dessus, on peut voir le trajet parcouru par
Bonnot après sa descente par la fenêtre de l'appartement de la voisine d'Antoine Gauzy, sa réception sur le toit et dans une cour.
— Crapahutant à travers les petits jardins qui bordent
l'allée centrale fléchée , il franchit ensuite le mur fermant l'extrémité de cette allée et rejoint le
sentier des Bossettes (devenue la rue
René Villars). Traversant des jardins, brisant des clotûres, il court à perdre haleine à travers le Petit-Ivry. Remontant vers l'est il est aperçu par Mme Lepert,
sente des Vignes (devenue la rue
Antoine Thomas), et rejoint la rue
Marceau où son passage est signalé. Son but est de rejoindre Paris, clairement visible avec ses hautes fortifications édifiées sous Louis-Philippe.
Est
Nord — Sud
OuestOn peut voir ici sur la carte actuelle ci-dessus, le cheminement de la fuite de
Bonnot. L'emplacement de l'immeuble où habite Gauzy est localisé par
4 petits ronds, en face du débouché de la rue
Barbès (en bas de la carte et à sa gauche).
Bonnot progresse vers
l'est , mais sans cohérence, traversant ou longeant selon les obstacles, le
sentier des Bossettes, (rue
René Villars) , le
sentier des Grands Gords (rue
Louis Bertrand), la
sente des Vignes (rue
Antoine Thomas) , pour aboutir rue
Marceau, voie plus importante qu'il peut suivre en direction des fortifications de Paris.
Étonnamment, 100 ans après ces faits, le secteur par lequel Bonnot s'est enfui est toujours en partie végétalisé, malgré l'urbanisation.— Le franchissement des fortifications étant impossible, il ne reste pour
Bonnot que leur contournement par les voies du chemin de fer Orléans-Paris, mais des obstacles empêchent d'y accéder et le passage d'un homme seul, présente l'inconvénient de le faire facilement repérer. Le meilleur passage pour
Bonnot est donc l'une des portes de Paris où se trouve [b] l'octroi (douane), organisme chargé de contrôler les marchandises entrant dans Paris. En fait, c'est le passage le plus sûr. Se trouvant sans bagages (à part son pétard)
Bonnot a peu de risques de se voir contrôler par les agents de l'octroi, surtout si d'autres personnes à pied franchissent l'entrée en même temps que lui. La porte la plus proche est celle de
Vitry , qui donne accès au
XIIIème arrondissement.
La Porte de Vitry, à l'époque de Bonnot. Une des entrées de communication entre Paris et la commune d'Ivry. A l'extrême droite, on distingue des agents de l'octroi. Vue prise intra-muros. C'est logiquement par cette porte que
Bonnot a du passer pour entrer dans Paris où l'on perd sa trace jusqu'au
dimanche 28 avril, à Choisy-le-Roi, chez le garagiste Dubois.
— Après son passage par la Porte-de-Vitry,
Bonnot peut accéder au populeux quartier «
Maison-Blanche », et par la rue de Patay parvenir au quartier de « la Gare », très populeux, où l'on peut passer facilement inaperçu. Il a donc pu emprunter ce trajet ou, mais en allant plus à l'ouest, donc avec l'inconvénient de ne pas pénétrer tout de suite dans Paris, longer le boulevard militaire (devenu, en partie, le bd Masséna) jusqu'à la porte d'Italie et de là prendre l'avenue d'Italie, voie très fréquentée menant à la place d'Italie qui dessert de nombreuses avenues, partant dans toutes les directions. Mais le trajet le plus rationnel, le plus logique, qu'ai pu emprunter
Bonnot parait être celui du « droit devant », c'est à dire par la rue de Patay.
L'entrée permettant l'accès à Paris est localisé sur cette carte actuelle par
6 petits ronds, à l'extrémité de l'avenue de
la Porte-de-Vitry. En face (au nord), la rue de Patay, qui s'ouvre devant
Bonnot. A gauche (à l'ouest), la route qui mène à la Porte-d'Italie.
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Les fortifications de Paris édifiées sous Louis-Philippe (1845). La hauteur des remparts est d'environ 10 mètres. Leur démolition commença en 1919 et dura de nombreuses années. Extra-muros, toute construction y était interdite sur une profondeur de 250 mètres. Vues prises extra-muros.
Les diverses fortifications de Paris. En vert, celles édifiées sous Louis-Philippe et existantes encore à l'époque de
Bonnot.
Porte-d'Italie. L'octroi, à l'époque de Bonnot. Une des entrées de communication entre Paris (XIIIIème) et les communes d'Ivry et du Kremlin-Bicêtre. Pour l'octroi, c'est l'un des accès les plus importants du sud de Paris en trafic de marchandises, avec la Porte-d'Orléans. Ultérieurement, elle donnera accès à la mémorable nationale 7. Vue prise extra-muros.
Choisy-le-Roi. Dimanche, 28 avril. Le garagiste Dubois est abattu.
Choisy-le-Roi. Dimanche 28 avril. Le garage de Dubois, refuge de
Bonnot.
C'est la fin pour celui-ci.
* Bernard Thomas dans son livre
« La bande à Bonnot» (à la fin du procès de la bande, le verdict est prononcé) :
«
Gauzy, le soldeur d'Ivry, parce que M. Jouin est mort chez lui et qu'il a hébergé Bonnot est condamné à dix-huit mois. Il ne vivra pas vieux. Remis en liberté le 8 juillet 1913, il ouvre un nouveau magasin de soldes avenue d'Ivry. Quelques jours plus tard, il croisera un nommé Mazoyer, ex-inspecteur de la Sûreté, chassé de la police pour détournement de fonds et devenu indic, qui lui demandera de travailler pour lui. Gauzy se mettra en colère et traitera l'ex-inspecteur de «mouchard» et de «casserole». On a beau avoir été vidé de la « maison », ce sont des choses qu'on ne supporte pas. Gauzy, sous les yeux de son frère prendra trois balles dans le ventre et en mourra. »* Le hic est que Antoine Gauzy est décédé à l'âge de 83 ans, en 1963, soit cinquante ans après cette pseudo mort. Dans le même livre de Bernard Thomas, sur Anatole Deibler :
«
Exécuteur des hautes-oeuvres, de père en fils, successeur de Louis-Stanislas, exerça son métier du 14 janvier 1899 au 2 février 1936...