Le montage de la Veuve

Tout de même, cette question qui me taraude l'esprit depuis fort longtemps :

Je parcours ce site depuis plus de trois ans et j'en viens à cette question, à savoir :

Ces Messieurs du Petit Matin, :

Comment montaient -ils par boulons- de surcroît- la machine en pleine nuit, car nombre d'exécutions ont eu lieu , non seulement l'hiver, mais toujours tôt le Petit Matin ? 4h; 5h...

Avec quelle lueur l'hiver? Il n'y avait pas toujours des préposés pour allumer les flambeaux des villes (fussent -elles petites), fin XIXème, début XXème. (invention Londonienne puis repris par Paris).

Ceci m'intrigue. Certes dès l'aube sur le parvis, mais avec quelle lueur?

Enfin comment monter cette machine en pleine nuit d'hiver? Heindenreich, Roch et Deibler ? Comment ont-ils procédé par quelle "lumières"? Fusse t'il par toute discrétion ?

Oh je pense qu'il y avait toujours des becs de gaz à proximité. Et sinon les aides devaient vraisemblablement avoir des lanternes (à pétrole).

Pour le montage "pratique" Fernand Meyssonnier en donne une explication dans son livre, agrémentée de photos de reconstitution (il avait monté la guillotine de son musée en prenant en photo chaque phase du montage).

Je pense que les aides devaient parfaitement maîtriser le montage et étaient donc capable de le faire dans de mauvaises conditions de luminosité.

C'est vrai Carnifex finalement la bécane était souvent proche de l'entrée d'une prison ou au milieu d'une place : tout endroit lumineux ou éclairé. Ca se tient

Ça devait quand même être bruyant, je pense qu'une bonne partie de la prison devait savoir ce qui se préparait...
Encore plus, après 1939, quand les exécutions ont eu lieu dans l'enceinte même des prisons.

Pas aussi bruyant que vous semblez le penser : c'est un assemblage et un vissage. A la limite quelques coups de marteau pour placer les cales sous la base, mais c'est tout.

Bonjour,

Combien de temps était nécessaire en moyenne pour monter la Veuve (et ensuite la démonter....) ?

Certes, Nemo mais je me suis aussi souvent poser la question :
Comment ne pouvait-il pas y avoir d'émeutes lorsque même fusse-t-elle montée dans l'enceinte, aucun détenu ne remarquait rien.
Par exemple, aux Baumettes, dans quel recoin se trouvait -elle ? Même si l'on plaçait un dais, il signifie bien quelque chose !
Quid des autres prisons( Angers par exemple).
Mais à Paris c'était en sous- sol non ?

@ Ignace : une veuve(modele berger) devait se monter (à la lecture des nombreux comptes rendus) en plus ou moins une demi-heure selon s'il pleut, neige...

Pour Angers la veuve fut monté en dehors de l'enceinte de la prison (il y eut une exécution publique, la dernière, vers 1909 ou quelque chose comme ça) puis très certainement dans la cour situé juste après l'entrée, laquelle cour comporte des recoins permettant de ne pas être dans le champ de vision des cellules.

Vous êtes angevin?

Il faudra que j'ajoute des captures d'écran de prisons françaises via Google Maps pour vous indiquer exactement où se trouvait la guillotine lors des exécutions.

Celle-ci fonctionnait presque immanquablement dans une cour proche de l'entrée et loin des quartiers de détention. Elle n'y était acheminée qu'en fin de journée depuis la gare, hors du regard des détenus, et montée au petit matin. Apparemment, tout était fait pour que les détenus n'en sachent rien.

Il n'est pas certain qu'il y eut un dais lors des exécutions aux Baumettes, car la cour semblait assez isolée et discrète. Pour Angers, la dernière exécution remontant à 1949, on ne prenait pas encore cette précaution (plutôt à compter des années 60).
Quant à Paris, c'est dans la cour d'honneur de la Santé (l'entrée principale en résumé) que la Veuve était montée.

Non Carnifex, plutôt de la ville où Anatole officia pour la tête de François Damoiseau

Effectivement Nemo en 1949 c'est Germaine Leloy qui fut exécutée dans la cour la prison d'Angers.
Cette ville me revint à l'esprit puisque ce cas déjà affiché sur ce site présente si je me souviens bien une photo aérienne de la prison d'Angers.
Des captures d'écrans me semble une bonne idée pour tenter de situer les emplacements exacts du montage.

Ok, je vais voir pour ce genre de documents.

Guillaume, au passage, je vous corrige la faute pour la seconde fois : c'est CARNIFEX (qui veut dire bourreau en latin) et non CARNIFLEX (rien à voir avec sa souplesse).

Merci Nemo.

Pour Angers voici une vue extérieure:



Du temps des exécutions publiques la guillotine devait vraisemblablement être à droite ou à gauche de l'entrée.

Anecdote macabre: actuellement, sur la gauche se trouve une benne de collecte des ordures. Si les exécutions eurent lieu à gauche...

Voici une vue aérienne:



Les deux tours que vous voyez sur la 1ère photo (entrée principale) sont en bas de la photo aérienne.

Juste derrière cette entrée (où se trouve le poste de garde) il existe une cour.

Cette cour bénéficie d'un accès direct sur l'extérieur (par où passent les fourgons cellulaires).

Je pense que la guillotine fut installée dans cette cour, juste devant l'entrée du bâtiment central (on va dire: à gauche de la voiture blanche)

Ainsi positionnée les cellules n'avaient pas de vue directe sur la veuve.

En outre, il s'agit précisément de l'accès par où passent les détenus pour rejoindre leur cellule. Cet accès passe par le greffe, là où le condamné passait une ultime fois avant d'être "libéré".

Merci Nemo pour cette photo aérienne. D'autres suivront pour trouver l'emplacement de bascule.

A ce propos, j'en suis désolé de l'introduction abusif du L. Que notre ami Carnifex me pardonne. Point De L anymore.
Mais Nemo lisez le message précédent le 25 mars 2013 à 20h52 , il est écrit CARNIFEX...
Bien à vous

Quelques indications sur le montage de la bécane dans cet extrait d'un film de Claude Lelouch :

https://www.youtube.com/watch?v=IOX0sj03DaQ

brossman a écrit:

Quelques indications sur le montage de la bécane dans cet extrait d'un film de Claude Lelouch :

https://www.youtube.com/watch?v=IOX0sj03DaQ

Une scène effrayante de réalisme, plus que celle de "deux hommes dans la ville".

Guillaume a écrit:

Merci Nemo pour cette photo aérienne. D'autres suivront pour trouver l'emplacement de bascule.

A ce propos, j'en suis désolé de l'introduction abusif du L. Que notre ami Carnifex me pardonne. Point De L anymore.
Mais Nemo lisez le message précédent le 25 mars 2013 à 20h52 , il est écrit CARNIFEX...
Bien à vous

Tout à fait, Guillaume, mais c'est parce que j'avais déjà corrigé la faute. Je vous prie de m'excuser si je vous ai semblé blessant.

Il est difficile toutefois de savoir exactement où était positionnée la machine (à Angers et ailleurs) car les témoignages de presse sont rarement d'une absolue précision. Ils disent parfois "à gauche" ou bien "à droite" de la porte d'entrée, mais est-ce à sous-entendre en y entrant (comme le spectateur de l'exécution) ou en sortant (comme le patient) ?
Je confirme néanmoins que c'est bien au sortir du greffe, directement face à la porte du premier bâtiment, que la Veuve fut montée pour les exécutions en privé. Simple question de commodité.

Montfaucon a écrit:

brossman a écrit:

Quelques indications sur le montage de la bécane dans cet extrait d'un film de Claude Lelouch :

https://www.youtube.com/watch?v=IOX0sj03DaQ

Une scène effrayante de réalisme, plus que celle de "deux hommes dans la ville".

Bonjour,
Il me semble, mais j'écris sous le contrôle bienveillant des "Maîtres es Guillotine" qu'André Obretch ait plus ou moins participé comme "conseiller technique" au montage de la Veuve dans le film de Claude Lelouch. Ceci expliquerait en effet ce réalisme presque documentaire de la scène.
Est-ce exact ?

Bonjour,

cela aurait pu se faire, mais ne fut pas le cas.

Les versions divergent : Albert Naud, grand avocat pénaliste, lui-même conseiller technique sur ce long-métrage, et qui joue dans le film le rôle de l'avocat de la défense, affirme qu'Obrecht était intéressé par la proposition, mais qu'une série de coups de téléphone manqués l'a empêché de faire partie du film... au grand soulagement de Naud, d'autant que Lelouch caressait l'intention de lui faire jouer aussi son propre rôle (et l'avocat n'aurait pas accepté de côtoyer le vrai bourreau sur le tournage).

Jean Ker, lui, est plus catégorique : Obrecht n'aurait pas apprécié le ton de la lettre de Claude Pinoteau, l'assistant de Lelouch : "Le bourreau n'est pas à vendre, messieurs, encore moins à louer."

Il est vrai que la scène de montage est assez réaliste, mais elle comporte des erreurs. On peut être sûr que si Obrecht avait géré le tout, le mouton n'eût pas été placé dans la glissière ainsi, par exemple. Et du reste, malgré la ressemblance de la machine - assurément la copie cinématographique la plus proche de la réalité -, je ne suis pas sûr que Lelouch ait pu avoir accès aux locaux de la Santé pour la reproduire. On dirait plus qu'il s'est inspiré de photos pour cela.

Bonjour à toute l'équipe !!!
Se faire "griller" sur le poteau par Nemo, quel honneur
J'allais répondre la même chose...Alors je vais me consoler avec un petit rajoutis, extrait du livre d'Albert Naud : ce dernier pensait " à juste titre " - ce sont ses propres termes - que l'exécuteur n'avait pas donné suite pour une deuxième raison, à savoir qu'il n'avait pas voulu demander l'accord préalable de la Chancellerie, sachant qu' il lui serait bien évidemment refusé
Maintenant, est-ce exact Nous ne le saurons jamais...
Bonne journée !

brossman a écrit:

Quelques indications sur le montage de la bécane dans cet extrait d'un film de Claude Lelouch :
https://www.youtube.com/watch?v=IOX0sj03DaQ

Une scène saisissante de réalisme.

Merci à tous pour cet éclairage

Et moi je reste stupéfait face à cette photo prise quelques minutes après l'exécution de Petiot. J'ai toujours eu l'impression que nous étions sur une terrasse à l'arrière d'une maison de campagne... Les "portes fenêtres" derrières expliquent cette ambiguité de réalisme !!

Sinistre, la maison de campagne...

Certes Carnifex mais à regarder plusieurs fois, avec les gendarmes en arrière , et en faction... Pour moi c'est une exécution en maison de campagne... Bon je plaisante, je peux?...

Fin rapide et peut-être enviable... Un petit déjeuner avec l'ami Banania (je n'aime pas Ricoré) puis exécution en moins de dix secondes sur le seuil d'une maison de campagne !