Dernière exécution publique à Orléans.
Quotidien
Le Petit Parisien, du 25-05-1910
LE SATYRE DE COULLONS Orléans, 25 mai.
Vendredi matin aura lieu, sur une place publique de notre ville, l’exécution de Sylvain jeune garçon de ferme de dix-neuf ans, qui, le 11 novembre 1909 assassina à Coullons la fille de ses maîtres, Maria Gitton, âgée de seize ans.
Rappelons brièvement le crime que ce jeune bandit va expier.
Sylvain Laroche renvoyé par ses patrons le 1er novembre était parti, proférant contre eux de terribles menaces, qu'il ne devait pas tarder à mettre à exécution.
Laroche ne s'éloigna pas guettant le moment propice pour mettre son projet à exécution.
Au courant des habitudes de la ferme, il savait que tous les mercredis les époux Gitton se rendaient au marché d'Aubigny, laissant à la maison leur fille Marie qui, en leur absence, vaquait aux soins du ménage et surveillait ses jeunes frères et sœurs.
Le jeune bandit sachant que la jeune fille devait se rendre au grenier à foin pour donner manger au bétail, s'introduisit sans être vu dans la ferme et gagna le grenier où il se cacha.
Lorsque survint la pauvre Marie le bandit se rua sur elle, et malgré son énergique résistance, il la violenta et l'étrangla. Devant la cour d'assises du Loiret, où il comparut le 27 janvier dernier, Sylvain Laroche prétendit que la passion l'avait égaré. Cette excuse ne fut pas admise par les jurés qui se montrèrent impitoyables et la cour condamna le jeune satyre à la peine de mort.
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Archives nationales - Grâces des condamnés à mort (1900-1916) :
LAROCHE
Sylvain-Pierre
Né : le 16 septembre 1890
Profession : domestique à Coullans (
Coullons)
Date de la condamnation : 27/01/1910
Motif de la condamnation : assassinat et tentative de viol commis le 10 novembre 1909 près de la ferme dite “La Petite Brosse“ sur la personne de Marie GITTON âgée de 16 ans
Juridiction : Orléans
Date de rejet : 20/05/1910
Remarques : le condamné a été exécuté le 27 mai 1910 à Orléans
BB/24/2012 dossier n°: 866 S10______________________
Quotidien
Le Petit Parisien, du 28-05-1910.
LA GUILLOTINE A ORLEANS
Le satyre de Coullons
est mort courageusement ________________________
Orléans, 27 mai
Sylvain Laroche, le satyre de Coullons, qui, dans les circonstances que rappelait avant-hier le Petit Parisien, assassina la fille de ses maîtres, a été exécuté ce matin à Orléans, à l'endroit précis où, le 27 juin 1906, fut guillotiné l'assassin Languille
(place du Bel-Air) Pour
Henri Languille voir :
https://guillotine.1fr1.net/t440p30-henri-languille-1905Pour éviter le renouvellement des pénibles incidents qui marquèrent cette dernière exécution, le préfet du Loiret et le procureur général avaient pris de sévères mesures. M. Jouffroy, commandant de gendarmerie, et M. Balthazar, commissaire central, avaient d'ailleurs à leur disposition 300 fantassins, 200 artilleurs à pied et à cheval, 50 gendarmes et de nombreux agents. En dehors des membres de la presse et de quelques rares privilégiés, la foule fut reléguée très loin et ne put rien voir de l'exécution.
A trois heures, la lugubre machine est montée. MM. Godefroy, préfet ; Pige, substitut du procureur général du général ; Colonieu, avocat général ; Beaudoin, président du tribunal,
Balthazard ; commissaire central ; Guil!aume Jeangeau et Dejean, greffiers, pénètrent dans la prison, en compagnie de l'abbé Sevin et de l'avocat du condamné, Me Séjouné.
Le réveil Dans sa cellule Laroche dort profondément. Réveillé par les gardiens, il paraît ne pas comprendre ce qu'on lui veut. Le substitut Pige lui dit aussitôt :
— Votre grâce a été rejetée. La condamnation à mort qui a été prononcée contre vous va recevoir son exécution. Ayez du courage.
—
On tâchera d'en avoir murmure Laroche, qui se dresse sur son séant, se lève et s'habille en silence.
Après s'être entretenu quelques instants avec son avocat et l'aumônier, le condamné
assiste à la messe. Dans la chapelle, les yeux rivés au sol, le condamné garde une immobilité absolue.
A trois heures et demie, Laroche réintègre sa cellule. Il boit un verre de rhum et un gardien l'aide à changer le costume de la prison contre les vêtements qu'il portait au moment de son arrestation. Puis le condamné est amené au greffe, où les aides en prennent livraison. Il boit un deuxième verre de rhum tandis qu'on lui ligote les mains et les jambes et que Deibler échancre le col de sa chemise.
Le condamne est hissé dans le fourgon et les magistrats sortent, suivis par le funèbre véhicule. Le cortège parcourt lentement les cent mètres qui séparent la porte de la prison de la guillotine. Le fourgon s’arrête à un mètre du panier et, dans l'encadrement de la portière apparaissent successivement l'aumônier et Laroche, effroyablement pâle, mais qui descend avec assez de courage.
L’expiationOn dirige le condamné vers la machine,mais ses jambes fléchissent. Tout à coup, apercevant l'acier bleuâtre du couperet, il est pris d'un tremblement convulsif et se jette en arrière dans un violent mouvement de recul mais les trois aides le précipitent violemment sur la bascule, et Ion entend Laroche qui s'écrie dans un râle
—
Au revoir pour toujours. Le dernier mot est à peine prononcé, que le couperet tombe avec un bruit sourd ! L’oeuvre de justice est consommée.
Le panier renfermant les restes du supplicié est placé dans le fourgon qui, escorté de douze gendarmes à cheval, s'éloigne rapidement vers le cimetière. Parmi les rares privilégiés qui se trouvaient auprès de la guillotine était le fermier Frédéric Gitton, père de la victime, arrivé de Coullons en automobile pour assister au châtiment de l'assassin de sa fille. L'exécution terminée, nous lui avons demandé de nous faire part de ses impressions.
—
Le misérable, me dit-il, n'a pas tant souffert qu'il a fait souffrir ma pauvre fille, ça ne m'a pas gêné de lui voir couper le cou car il l'a mérité. Ma femme sera bien contente.