Anatole Deibler et ses aides prennent le train au matin du
vendredi 3 mai pour l’exécution de Polidor qui se déroulera le 4 mai au petit matin, à Coutances (Manche - 50).
__________________
Journal
La Lanterne, du 04-05-1912.
LA GUILLOTINE EN PROVINCE Hier soir, les bois de justice ont été transportés de leur hangar de la rue de la Folie- Regnault à la gare des Batignolles où ils ont été chargés sur un truc à destination de Cherbourg, où doit avoir lieu l'exécution capitale du nommé
Auguste Polidor ; condamné le 11 mars 1911 (
1912) par les assises de Coutances pour assassinat et vol.
L'exécuteur et ses aides quitteront Paris aujourd'hui par l'express de 7 heures 21, l’exécution devant probablement avoir lieu samedi ou lundi.
__________________
Quotidien
L’aurore, du
04-05-1912.(source : gallica.bnf.fr)
La Guillotine à Coutances Ce matin a lieu à Coutances l'exécution d'un nommé Polidor, condamné à mort par la cour d'assises de la Manche.
C'est le 11 mars dernier que la peine capitale a été prononcée contre le chemineau Pierre-Auguste Polidor, âgé de 48 ans, assassin d'une nonagénaire, la veuve Aubrais, qui vivait seule à Digulleville, petite commune de l'arrondissement de Cherbourg.
Polidor, surnnommé dans le pays le « Coq gris » était un dangereux repris de justice.
Le 21 janvier dernier, il s'était introduit par effraction chez la veuve Aubrais qu'il avait trouvée au lit et l'avait frappée, avec un mauvais couteau, si violemment, que la carotide fut coupée et la tête mutilée. Mais il ne trouva rien chez sa victime que huit oeufs qu'il goba pour « se remettre le coeur » selon son expression. Puis il prit la fuite. Polidor a prétendu ne se souvenir de rien.
Le curé de Saint-Nicolas, de Coutances, qui a visité à la prison le condamné à mort déclare que l'attitude du condamné est excellente.
______________
Quotidien
Le Matin, du 05-05-1912
Polidor a été exécuté Coutances, 4 mai. —
Dépêche particulière du « Matin » — Ce matin, Polidor, âgé de quarante-sept ans, qui, en janvier dernier, à Dugulleville, assasina pour la voler une nonagénaire Mme veuve Aubrais, a payé sa dette à la société.
A 3 h. 30, les magistrats, accompagnés de l'aumônier, l'abbé Bouillon, et de l'avocat du condamné, Me Dupont. pénètrent dans la cellule du condamné. Celui-ci dort profondément,
M. Choisy, procureur de la République, !e réveille et lui annonce la fatale nouvelle, Polidor se dresse, ne répond pas et s'habille fébrilement
Le condamné, sur sa demande, entend ensuite la messe et communie. Puis il est conduit dans le bureau du gardien chef, où il boit un verre de rhum, et la funèbre toilette commence. L'assassin de la nonagénaire tend ses mains aux entraves.
A 4 h. 16, la porte de la prison s'ouvre à deux battants, et Polidor, soutenu par les aides, parait. Dans sa barbe très noire, sa face ressort blanche comme la cire. Un rictus affreux contracte ses traits, Une dernière fois, il embrasse avidement le christ.
Les aides le jettent sur la bascule.Un éclair un coup sourd, Polidor n'est plus.
__________________
Quotidien
Le Gaulois, du 05-05-1912.
Exécution capitale Coutances. L'assassin Polydor, qui fut condamné à mort par la cour d'assises de la Manche,
le 11 mars dernier, pour avoir assassiné à Digullevjlle une vieille femme de quatre-vingt-douze ans, Mme veuve Aubrais, a été exécuté ce matin à quatre heures vingt. Son crime ne lui avait rapporté que huit œufs, car il n'avait pas trouvé d'argent chez sa victime et avait dû se contenter de dévaliser le poulailler.
La guillotine avait été dressée à dix mètres de la prison. Polydor fut réveillé à trois heures et demie et montra un grand courage. Il s'attendait d'ailleurs, depuis quelques jours, à son exécution.
Le condamné demanda à entendre la messe, communia, puis fut livré au bourreau.
Le vénérable abbé Bouillon, curé de Saint-Nicolas de Coutances, le précéda dans sa marche au supplice, s'efforçant de lui masquer la .guillotine. Polidor embrassa le crucifix que le prêtre lui montrait. Mais rapidement les aides s'emparèrent de lui et, quelques secondes après, le couperet, tombait Une foule nombreuse assistait à cette exécution.
Paul Bartel _________________
Dossiers de recours en grâce de condamnés à mort (1900-1916)(Archives nationales - Site de Paris)
POLIDOR (parfois orthographié Polydor dans des journaux).
COQ-GRIS (dit)
Pierre Auguste
Né le 17 mars 1864.
Profession : journalier
Date de le condamnation : 11/03/1912
Motif de la condamnation : assassinat suivi de vol commis le 27 janvier 1912 au village de la Roche près Diguleville sur la personne de la veuve AUBRAIS âgée de 92 ans .
Aucune indication sur la date du rejet de grâce.