Laëtitia Toureaux - Le Crime du Métro, 16 mai 1937

Curieux, le camée de sa mère a disparu, le sien n'a pas....
Bien sûr, beaucoup de gens qui vont au cimetière ne connaissent pas cette histoire.

Merci pour vos photos

Filomatic a écrit:

Images de Laetitia Toureaux, et a droite, le couteau Laguiole qui la tué.

Si je me souviens bien, ça provient du Musée de la Police à Paris, me semble t-il.

Oui, oui

Vu ce document publié sur youtube en avril dernier :

C'est très triste de ne savoir rien apres de 81 ans.....et seulement spéculer

On est bien d'accord et c'est d'autant plus vrai que je me demande même si la police avait bénéficié des moyens d'aujourd'hui, serait-elle parvenue à une élucidation pour le moins satisfaisante de cette affaire ? J'en doute.

Je pense que oui quand même , ADN etc .. étant fraîche

J'ai lu que l'affaire rouvrira vers 2038
Pendant ce temps, mettez une fleur dans la tombe de la pauvre Laëtitia.

Filomatic a écrit:

J'ai lu que l'affaire rouvrira vers 2038

Intérêt de la démarche après autant de temps ???

Filomatic a écrit:

J'ai lu que l'affaire rouvrira vers 2038
Pendant ce temps, mettez une fleur dans la tombe de la pauvre Laëtitia.

Ca, je l'ai déjà fait. Sinon, le meurtre est évoqué dans le tome 2 de cette superbe BD parue en fin d'année pour le tome 1 et le 22 janvier dernier pour le tome 2. Le tome 3 paraîtra en juin 2020. Les auteurs semblent pencher pour un crime politique.

Je suis tombé sur un documentaire datant de 1996 qui semblerait accréditer la thèse du crime politique (aux alentours des 30'), thèse à laquelle avec le temps je me range avec une certaine conviction. La belle Läetitia aurait donc été trop bavarde et donc la Cagoule aurait décidé de "faire le ménage" non pas le 13 mai mais le 16 via le bras armé de son exécuteur Jean Filiol.



Sinon pour info, tome 3 (à droite) paru en juin dernier :

Cet après-midi, sur France Inter, a été interviewé, Christian Di Scipio l'auteur du livre Le Crime du Métro, auteur qui avait pris soin de m'avertir hier soir. Voici le podcast :

https://www.franceinter.fr/emissions/affaires-sensibles/affaires-sensibles-16-avril-2021

La chambre verrouillée déverrouillée

La préoccupation de résoudre le meurtre de Laetitia Toureaux s'est à juste titre concentrée sur qui était responsable - et nous savons probablement qui c'est.
Mais l'autre question a toujours été comment ? Comment aurait-elle pu entrer vivante dans le train et mourir au moment où le train a atteint l'arrêt suivant,
sans que personne ne soit vu entrer ou sortir du wagon fermé. La réponse à cette question est, comme celle de savoir qui l'a tuée, la plus évidente de toutes.
Celui qui a été spéculé dans les journaux dans les jours qui ont suivi sa mort. Revenant une dernière fois au thème du mystère du meurtre, une citation
de Sherlock Holmes me vient à l'esprit.

Lorsque vous avez éliminé tout ce qui est impossible, alors tout ce qui reste, aussi improbable soit-il, doit être la vérité.

L'aventure du soldat blanchi, Sir Arthur Conan Doyle

Il existe trois scénarios dans lesquels Laetitia Toureaux aurait pu être assassinée :

a) pendant que le train circulait entre les gares
b) à la gare Porte Dorée, où le train est arrivé
c) à la gare Porte de Charenton, d'où partait le train

Prenons-les tour à tour.

Elle ne pouvait pas avoir été assassinée pendant le voyage en train parce que a) le train roulait trop vite pour qu'une personne saute et survive, alors qu'il était
en mouvement, et b) les portes intérieures étaient verrouillées et - encore une fois, personne vu quelqu'un entrer ou sortir en première classe.
Nous devons exclure cette option.


Et la Porte Dorée ? Le comportement du dentiste de l'armée (qui est parti précipitamment et a mis des jours à se présenter à la police) était suspect mais,
finalement, il n'y avait rien de plus que cela. Six personnes - deux groupes de trois, inconnus les uns des autres - sont montées dans la voiture de première
classe à la station Porte Dorée et toutes ont convenu que Laetitia s'y trouvait blessée et seule, et que personne n'était descendu de la voiture à son entrée.
Il y a trop de monde pour être réduit, et nous devons donc mettre cette option de côté.

Cela nous laisse avec une attaque à la Porte Charenton. Regardons de plus près ce qui s'y est passé.

Laetitia Toureaux est montée à bord du métro à la station Porte de Charenton en direction de l'ouest dans le centre de Paris. En 1937, la Porte de Charenton est
le premier arrêt sur la ligne, ce qui est significatif compte tenu du moment du crime. Un train arrivant à un terminus passe plus de temps sur le quai : d'une part
pour permettre aux passagers de descendre, et d'autre part pour partir à l'heure prévue. En pratique, cela signifie que les passagers, une fois embarqués, ont une
attente plus longue que dans une gare régulière avant que le train ne décolle. Ce temps supplémentaire pourrait bien être la clé pour déverrouiller le mystère de
la pièce verrouillée.

Considérez la situation. Lorsque Laetitia est arrivée sur le quai ce dimanche soir 16 mai, plus de 100 personnes attendaient le train.
(Rappelez-vous, le lendemain était un jour férié, donc les gens sortaient pour une soirée en ville, y compris Laetitia.) Si certains pourraient dire que cela signifiait
qu'il y avait 100 témoins, nous pouvons également dire qu'il y avait foule dans qu'un tueur pourrait passer inaperçu. Laetitia attendait sur le quai le train ; à mesure
qu'il arrivait et qu'il était vidé de ses passagers, les personnes qui attendaient se pressaient, impatientes d'embarquer, résolues à trouver une place. Seule Laetitia est
montée dans la voiture de première classe ; elle est entrée à 18 h 25, s'est assise et a attendu le départ du train. Lorsqu'il l'a fait, enfin, à 18h 27, il est probable que
Laetitia était déjà mourante.

Cette fenêtre de temps - les 90 à 120 secondes pendant lesquelles le train tournait au ralenti sur le quai - aurait été suffisante pour que le tueur agisse. Il l'a suivie en
première classe - sans être vue, puisque les autres passagers étaient concentrés sur l'embarquement - et l'a attaquée par derrière. Le tueur ne l'a poignardée qu'une
seule fois - un seul coup efficace qui lui a coupé la jugulaire - ce qui n'aurait pris que quelques secondes. Il aurait alors pu descendre du train et soit sortir de la gare,
soit monter dans un autre wagon. Il était peu probable qu'il y ait eu des taches de sang visibles sur ses vêtements puisqu'il s'agissait d'un seul coup de couteau et que
le couteau était resté dans la plaie, enrayant le flux sanguin. Lorsque l'ingénieur du train - qui a ensuite fourni une déclaration de témoin disant que Laetitia était vivante
et seule au départ du train Porte de Charenton - a vu Laetitia assise bien droite sur son siège, il n'aurait pas réalisé qu'elle était déjà en train de mourir. Le couteau était
sur le côté droit de son cou, caché à sa vue. La lame avait coupé sa moelle épinière, la paralysant sur place, la laissant incapable de bouger, de faire des gestes ou de crier
à l'aide. Son dernier mouvement - tomber de son siège sur le plancher de la voiture - était involontaire, à la suite de l'application des freins alors que le train s'arrêtait dans
la gare suivante.

C'est le scénario que je considère comme le plus réaliste, le seul qui laisse suffisamment de temps à un tueur – Jean Filiol – pour entrer, commettre le crime et s'échapper.
Vraisemblablement, Filiol et Tenaille avaient suivi les mouvements de Laetitia ce jour-là ; ils l'avaient suivie de chez elle jusqu'à la maison de sa mère où elle déjeunait
le dimanche avec sa famille, ils l'avaient suivie jusqu'au bal musette où elle avait dansé avec son frère et ses amis, ils l'ont vue partir, monter dans le bus, et ils l'ont suivi
en voiture jusqu'à la station de métro Porte de Charenton. Là, Laetitia est descendue du bus, avec l'intention de poursuivre son voyage vers le centre de Paris où elle devait
retrouver sa sœur et son beau-frère lors d'un dîner de fête pour les immigrés italiens. Filiol descendit de voiture, acheta un billet, passa le tourniquet et descendit les marches
sur le quai, regardant et attendant, prêt à frapper.

Excellente analyse, Filomatic, à laquelle je souscris à 100%.