Le recours en grâce était un dossier qui comportait :
- un récapitulatif des faits ayant entraîné la condamnation,
- l'avis du président de la cour d'assises ayant jugé le condamné
- l'avis du procureur de la République,
- l'avis de l'avocat général ayant requis la mort durant le procès.
Dans ces documents, les magistrats fournissaient leur opinion quant au condamné à mort : ils pouvaient reconnaître que la peine avait été prononcée de façon symbolique et que l'assassin méritait, à leurs yeux, de bénéficier d'une clémence, ou bien que la peine était amplement méritée et se devait d'être mise à exécution.
Il y avait aussi un document signé de la main des jurés : plus il comportait de signatures de leur part, plus il avait de chances d'être efficace, puisqu'il confirmait que même le jury populaire considérait que la peine avait été rendue pour l'exemple, et qu'il était inutile d'aller jusqu'au supplice.
Enfin, il pouvait comporter une lettre de la main du condamné, même si cela ne pouvait influer que rarement sur la décision finale.
Le document de grâce présidentielle, sous la Ve République, était un document unique.
Il s'agissait d'un document à peu près de format A3, plié en deux. Sur la première page, était écrit "Recours en grâce".
Sur la page intérieure gauche, se trouvait l'équivalent de ce document-ci : c'était la mort ;
sur la page droite, c'était un autre texte, celui qui sauvait le condamné.
Evidemment, on avait, avant de le remettre au président, complété les blancs à la machine à écrire, et il lui suffisait au chef de l'Etat de signer et de dater l'une de ces feuilles pour valider sa décision...
Voilà !
_________________
"Les humains, pour la plupart, ne se doutent de rien, sans envie ni besoin de savoir, ça leur va comme ça, ils croient avoir de l'emprise sur les choses.
- Mh... pourquoi en avoir fait un secret ? Ils peuvent comprendre, ils sont intelligents...
- Une personne, sûrement, mais en foule, on est cons, on panique comme une horde d'animaux, et tu le sais."