Septembre 2021

Ah oui?

ça c'est du teasing!

Il faut bien tenter les lecteurs...

J'ai vraiment hâte que vous découvriez le livre sur la guillotine...

Et nous de l'avoir entre les mains

Il faut être honnête : les spécialistes habitués du forum y trouveront de nombreuses informations qui leur seront tout à fait familières, mais d'autres beaucoup moins - je n'en dis pas davantage, histoire de garder la surprise.
Je touche du bois, mais je doute tout de même qu'on puisse dire ce livre, comme cela a été dit d'un ouvrage concurrent : "Rien de neuf sous le capot."

Tu as déjà traité les criminels, puis un bourreau, le complément logique était la Veuve Le fameux triangle si je puis dire

À l'approche du quarantième anniversaire de l'abolition de la peine de mort en septembre, ne faut-il pas s'attendre à une flopée d'ouvrages sur la guillotine?

Titange

Curieusement, si je me fie à quelques recherches faites dans des librairies online, presque aucun. Nous sommes à cinq mois de la rentrée littéraire de septembre, et nulle mention n'est faite d'un livre sur la guillotine à paraître - si ce n'est le mien.

J'en suis très étonné.

Peut-être existera-t-il une foule d'ouvrages auto-édités, mais je n'en suis même pas convaincu : le confinement n'a sûrement pas aidé les chercheurs qui auraient voulu travailler sur le sujet.

Un auteur québécois, André Bertrand, l'a fait, un énorme pavé de 760 pages, paru mi-février.

A part cela, en mars, un nouveau livre est sorti sur l'affaire Ranucci.

Némo, c'est  toujours chez DE Borée, alors.
Je vois que vous aviez édité en 2020 L'Eventreur du Palais-Royal.
En avez vous "parlé" sur le site ?

Bonjour Mercattore,

Je ne crois pas en avoir parlé, non : la sortie ayant eu lieu en pleine période de Covid, je n'ai pas fait autant de publicité que j'aurais souhaité pour ce volume, qui est pourtant sans doute mon préféré - le plus violent - de la série des Léandre Lafforgue.

Je continue à travailler avec De Borée, mais je commence néanmoins à chercher d'autres éditeurs pour des ouvrages sur des faits divers, la grande époque des "Grandes Affaires criminelles" étant désormais derrière nous.

Bonsoir Sylvain,

Le livre contiendra t-il des documents d'archives inédits ?

Images ou informations ?

Je parlais plus d'images en fait. De documents peu connus, comme par exemple le pv d'exécution d'un certain Nicolas Jacques Pelletier.

Ah, le pv de Pelletier, il a déjà été trouvé, je l'ai déjà vu sur Internet, mais il ne fait pas partie des documents images du livre. Il n'y aura, je le crains, pas autant d'images que je l'aurais souhaité... Mais c'est toujours ainsi : soit du texte débordant, soit des images à foison.

A la base, l'ouvrage devait être un beau livre, bien plus riche en images qu'en texte, mais le texte que j'ai remis faisait presque deux fois la taille requise, alors l'éditeur a décidé de changer la présentation finale.

Je n'ai pas encore reçu la maquette pour validation et correction, donc, j'ignore le nombre de photos qui y resteront...

Mais même s'il y en a de moins connues que d'autres, elles ne constitueront pas l'essentiel du résultat.

Dommage !

Un vrai jeu d'équilibriste en fait

Hélas !

Difficile de faire LE livre que tu veux vraiment sans t'auto-publier... ou bien sans rédiger une encyclopédie invendable car trop volumineuse et donc trop chère !

Voici un bref résumé de l'histoire de la guillotine en Allemagne au XXe siècle, de la République de Weimar au Troisième Reich.

Avec son assentiment je le tire du 200 ans de guillotine qu'André Bertrand a publié chez Amazon en février dernier au terme d'une vingtaine d'années de lectures et de recherches auxquelles il m'est arrivé de collaborer à l'occasion, une rétrospective qui concerne d'abord et avant tout la France mais qui renferme aussi quelques dizaines de pages sur d'autres pays d'Europe comme l'Allemagne, l'Italie et la Suisse.

Sauf indication contraire, toutes les citations et les statistiques qui suivent proviennent de deux ouvrages de Richard J. Evans, Rituals of Retribution. Capital Punishment in Germany, 1600-1987, émané des presses de l'université d'Oxford en 1996, et Le Troisième Reich, paru chez Flammarion en 2009.




                                                            Roland Freisler                                
                                                       


En Allemagne où les exécutions se déroulent à huis clos à l'intérieur des prisons depuis les années 1850 et où l'usage de la guillotine s'est généralisé dans le courant du XIXe siècle bien que la hache soit encore parfois utilisée jusque dans les années 1930, on assiste sous la République de Weimar à une décroissance de la peine capitale qui aboutit à une abolition de facto en 1929 au moment où Erich Koch-Weser occupe le poste de ministre de la Justice : 89 condamnations à mort et 10 exécutions en 1919, 113 et 36 en 1920, 149 et 28 en 1921, 124 et 26 en 1922, 75 et 15 en 1923, 112 et 23 en 1924, 95 et 16 en 1925, 89 et 14 en 1926, 64 et 6 en 1927, 46 et 2 en 1928 et 39 et zéro en 1929. 

Durant la première moitié de cette décennie donne libre cours à ses pulsions homosexuelles sadiques Fritz Haarmann, «le boucher de Hanovre» qui vend les débris de ses jeunes victimes de 13 à 22 ans comme des pièces de charcuterie sur le marché noir avant d'être décapité le 15 avril 1925 et encensé avec insolence sous le nom de «Hartmann», l'homme de coeur, par les surréalistes André Breton et Paul Éluard dans le manuscrit de leur Immaculée Conception en 1930 - en 1973 Ulli Lommel et Kurt Raab ont relaté sa saga d'indicateur de police véreux dans leur film La Tendresse des loups.


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Rarement un film s'est-il inscrit avec autant de pertinence dans la trame historique de son pays d'origine que le M le maudit de Fritz Lang dans la transition de l'Allemagne de 1931 entre la démocratie vacillante de la République de Weimar et la dictature nazie sur le point de s'imposer avec l'accession d'Aldolf Hitler à la chancellerie du Troisième Reich en janvier 1933, et l'on ne peut même s'empêcher d'entrevoir dans le personnage du Schränker du film, sorte de chef de police parallèle qui réussit avant la police officielle à capturer le tueur M le maudit et à le livrer à la vindicte d'un jury populaire improvisé dans le bâtiment désaffectée d'une ancienne distillerie, le principal conseiller d'Hitler en matière de justice jusqu'à leur ruine commune en 1945, Roland Freisler, tour à tour secrétaire d'État à la Justice de 1934 à 1942 puis, de 1942 à sa mort sous les bombes le 3 février 1945, président du Volksgerichtshof, le «Tribunal du peuple» créé le 24 avril 1934, un Freisler en redingote de cuir noire et dont la main gantée de noir, quand elle ne manie pas une canne menaçante, se pose avec autorité sur la carte de Berlin dont les moindres recoins lui semblent connus grâce à ses informateurs dans les bas-fonds.

Les prédations du maudit réel Peter Kürten, «le vampire de Düsseldorf» arrêté en mai 1930, et l'incendie du Reichstag allumé dans la nuit du 27 au 28 février 1933 par le sympathisant communiste lunatique Marinus van der Lubbe, ont été à leur arrivée au pouvoir les crimes les plus fréquemment invoqués par les nazis pour se justifier d'instaurer une justice aussi répressive que pouvait être devenue clémente celle de la République de Weimar : seulement 43 condamnations à mort et une exécution en 1930, 49 et 4 en 1931 et 52 et 3 en 1932 mais 78 et 64 en 1933, 102 et 79 en 1934, 98 et 94 en 1935, 76 et 68 en 1936 et pour comble un excédent des exécutions sur les condamnations dans les années qui précèdent la Deuxième Guerre, 86 et 106 en 1937, 85 et 117 en 1938 et 139 et 219 en 1939 parce que «le nouveau régime a décidé de mettre à exécution les condamnations à mort qui avaient été prononcées à la fin de la république de Weimar mais n'avaient pas été appliquées en raison des incertitudes de la situation politique au début des années trente». 

D'une moyenne de 13 décapitations par année entre 1919 et 1932 à une moyenne de 106 entre 1933 et 1939 alors que le nombre de crimes capitaux augmente par décrets successifs à une quarantaine et que la hache traditionnelle, jugée trop lente, est retirée aux bourreaux qui à compter du 14 octobre 1936 sont priés de ne plus recourir qu'à la guillotine afin de suffire à leur besogne croissante : ce sont les vétérans Carl Gröpler et Alwin Engelhardt qui sont remerciés de leurs services au bout de quelques mois et qui ont guillotiné l'un Haarmann et Kürten, le 2 juillet 1931, et l'autre Lubbe, le 20 janvier 1934, et surtout le trio de Friedrich Hehr, Ernst Reindel et Johann Reichhart qui, installés respectivement à Hanovre, Berlin et Munich, sillonnent bientôt sans relâche le nord, le centre et le sud du pays - l'une des toutes dernières décapitations manuelles notables a été pratiquée le 18 février 1935 sur les espionnes Benita von Falkenhayn et Renate von Natzmer par un Gröpler devenu fana et multipliant les «Heil Hitler!» durant ses prestations.


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Les Allemands qui entrent dans Paris le 14 juin 1940 reprochent à Henri Desfourneaux d'avoir guillotiné le 7, à la Santé, leur «cinéaste» Fritz Erler, conjointement avec l'assassin de droit commun Marcel Garnotel, et quelques-uns le menacent de représailles farfelues auxquelles il n'ose croire.

Homme de main de l'espionne Carmen Mory dépêchée en France par la Gestapo pour harceler le député social-démocrate sarrois Max Braun qui meublait son exil en publiant trois fois par semaine les Nouvelles d'Allemagne retranscrites des Deutsche Informationen du Sopade, ce Fritz Erler avait été arrêté en novembre 1938 et condamné à mort le 28 avril 1940 en même temps qu'elle qui fut graciée par Albert Lebrun parce que son président du Conseil Paul Reynaud espérait sans doute la reconvertir en agent double au service de l'Hexagone.

C'est peu de dire que cet espoir fut déçu : après s'être dépensée avec ferveur pour le fascisme ici et là en Europe, cette Helvète surdouée, fille de médecin anticonformiste, polyglotte à l'aise paraît-il dans une demi-douzaine de langues et pendant un certain temps correspondante à Berlin du Manchester Guardian, catapultée en octobre 1943 comme «prisonnière» au camp de concentration pour femmes de Ravensbrück, y seconda si bien la cerbère Johanna Langefeld et son supérieur Fritz Suhren qu'elle fut surnommée «l'ange noir de Ravensbrück» et n'échappa que par le suicide, le 9 avril 1947, à l'humiliation de la pendaison à laquelle un tribunal l'avait vouée à Hambourg le 3 février précédent.






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Le 29 janvier 1941, le décès du ministre de la Justice allemand Franz Gürtner, en poste depuis 1932, rompt la dernière digue protégeant de l'arbitraire les ressortissants du pays et ceux des pays voisins envahis les uns après les autres jusqu'à Königsberg en Prusse-Orientale. 

Bien qu'il en ait, Franz Schlegelberger, le successeur de Gürtner, ne peut empêcher que les condamnations à mort explosent de 250 en 1940 à 1,292 en 1941 et qu'elles soient aux trois quarts suivies d’effet non plus dans les préaux visibles des prisons mais dans des mouroirs aménagés à l'intérieur de celles-ci et où le huis clos est restreint à quatre personnes, soit le directeur de l’établissement, un procureur, un médecin et un aumônier. 

Le 20 août 1942, le remplacement de Schlegelberger par un Otto Thierack qui parallèlement aux guillotinades pousse aux pendaisons, voire, à partir de novembre, aux fusillades, inaugure ce que Richard J. Evans compare à une nouvelle Terreur de 1794 à l'échelle macroscopique de l'Europe : «Mass executions such as those of Robespierre and over a hundred of his followers, carried out in a mere two days, presaged the (...) mass slaughter of the Nazi regime one and a half centuries later» : de 4,457 peines capitales en 1942 à 5,336 en 1943 et 4,264 en 1944 avant qu'elles ne se résorbent à 297 au moment où le Troisième Reich s'effondre en 1945 pour un total de 15,896 depuis 1940, ayant conduit à environ 12,000 exécutions découlant très largement de motifs extrajudiciaires et de crimes mineurs - ainsi seulement 250 des 5,336 peines de 1943 sont encourues pour «homicide» tandis que 1,334 le sont pour «pillage» et 1,745 pour «trahison». 

Payé à l'acte en sus de son annuité de «3,000 Reichmarks», le bourreau Johann Reichhart a délaissé le train pour une puissante limousine à bord de laquelle il voudrait rouler à la vitesse élevée de 100 kilomètres à l'heure, à la hauteur de son zèle, mais se voit forcé de renouer avec le rail après que la permission lui en ait été refusée : «Pressure of business, as well as increased income, was reflected in a request sent in September 1941 by the executioner Johann Reichhart to the Reich Ministry of Transport asking for exemption from the speed limit on Germany's roads. The need to travel rapidly from one place of execution to another, he wrote, had obliged him to buy a 2,5 litre Fiat Ardita Sport Limousine, which he wanted to be allowed to drive at 100 kilometres an hour - very fast by the average standards of the day (...) The Ministry refused his request». 

La maladresse de certains finit quelquefois par leur coûter cher : «In 1941 Hehr's assistant Ludwig Overbeck, who had only been working with the execution team for a year, shifted his grip at the wrong moment while holding the head of the condemned man in place, and had his left thumb sliced off by the falling blade. The wound turned septic, and Overbeck's left arm was amputated. Even this failed to save him, and he died a few weeks later from blood poisoning». 

En insultant à l'intelligence des nazis, leur détracteur Claude Lanzmann leur bricole dans ses mémoires une veuve imparfaite : «au contraire de la française, étroite, haute, spectaculaire, propice aux drapés esthétiques et à littérature (...), la guillotine allemande (...) est mastoc, trapue, carrée, elle tient aisément dans une pièce au plafond bas; sa lame, qui n'a pas le temps de prendre de la vitesse, est d'une pesanteur énorme et je ne suis pas certain qu'elle soit (...) biseautée. Son efficience est dans son seul poids» (Le Lièvre de Patagonie, Éditions Gallimard, 2009, p. 19). 

Le 7 et le 8 septembre 1943 il se produit à la prison de Plötzensee à Berlin, à moitié détruite par des bombardements alliés, une affreuse hécatombe de 194 détenus dont on craint l'évasion et qui sont pendus par groupes de six ou huit à la fois dans un bâtiment annexe, un «outhouse» érigé à la hâte pour servir de théâtre aux nouveaux désenchevauchurements du régime et qui est devenu, à présent, un musée; de cette horrible besogne s'acquitte à la place d'Ernst Reindel qui, abruti de dettes, s'est éclipsé en douce, le Wilhem Röttger qui compose désormais avec Reichhart et Hehr, et les recrues Johann Mühl à Cologne et Alfred Roselieb à Halle-sur-Saale, le quintette des bourreaux fascistes domiciliés en Allemagne, auquel s'en rajoutent cinq autres dans les territoires occupés, Karl Henschke à Königsberg, Gottlob Bordt et August Köster à Poznan et Breslau en Pologne, Fritz Witzka à Vienne et Alois Weiss qui d'avril 1943 à avril 1944 expédie plus d'un millier de victimes à Prague dans une salle de la prison de Pankrác qui a elle aussi été convertie en musée par après et qui renferme sa guillotine repêchée dans la rivière Vltava en mai 1945.



                    La guillotine de Plötzensee en mai 1945   


Après qu'on leur ait annoncé la date de leur décapitation servent de cobayes à l'anatomiste Hermann Stieve dans ses études sur le rôle inhibiteur du stress sur la fécondité féminine un minimum de 164 opposantes à Hitler dont Marianne Baum (18 août 1942), Pelagia Scheffczyk (5 octobre 1943), Véra Obolensky (4 août 1944), Elfriede Scholz, soeur d'Erich Maria Remarque passé en Suisse et aux États-Unis après que son roman À l'Ouest, rien de nouveau, sur la Première Guerre, ait été interdit comme étant «démoralisant», et pour qui Roland Freisler, au Tribunal du peuple, a eu cette gentillesse: «Ich Bruder ist uns entwischt, aber Sue werden uns nicht entwischent! Votre frère est hors de notre portée mais vous, en revanche, ne nous échapperez pas!» (16 décembre 1943), et les membres de «l'Orchestre rouge» soviétophile Mildred Harnack (16 février 1943), Hilde Coppi, Liane Berkowitz, Cato Bontjes van Beek et Libertas Schulze-Boysen (5 août 1943). 

À en juger par le numéro de son interprète André Hennicke dans le Sophie Scholl du réalisateur Marc Rothemund, Roland Freisler n'est plus qu'une hystérique caricature de lui-même lorsqu'il se déplace de Berlin à Munich pour sermonner la célèbre dissidente, son frère Hans et leur ami Christoph Probst avant qu'il ne soient confiés à Johann Reichhart le 22 février 1943 pour avoir diffusé des tracts appelant à une honorable capitulation de l'Allemagne à la suite de sa cuisante défaite à Stalingrad - inoubliables Julia Jentsch et Alexander Held dans le rôle-titre et celui de son interrogateur Robert Mohr et splendide palette de couleurs évoluant du noir au bleu et au blanc à mesure que l'action s'arrache des turpitudes humaines pour s'approcher de l’Au-delà.





                                    Amazon - ISBN 9798709790117 - 762 pages

Intéressant : ces deux ouvrages - celui de M.Bertrand et le mien - surfent donc sur la même vague !

Petit bémol : l'affaire Erler. Toute la documentation officielle que j'ai accumulée à ce propos (actes de décès et dossier de procédure criminelle aux archives militaires) démontrent que l'espion allemand a bel et bien été passé par les armes au Fort d'Ivry et pas guillotiné à la Santé. Si Desfourneaux n'a jamais fait acte de contestation envers l'Occupant, il faut donc croire que cela ne dépendait que de son tempérament craintif et non d'éventuelles représailles des forces d'occupation...

Vous avez raison à propos d'Erler qui a été fusillé au matin du 7 comme le mentionnent Le Petit Journal, le Paris-Soir et Le Figaro du lendemain en ravalant avec une belle unanimité Carmen Mory, graciée, au rôle secondaire de sa «complice».

Sur sa page 2 du 8, à côté de son «Fritz Erler a été fusillé», Le Figaro y va même d'un «Garnotel a été guillotiné» qui dissipe toute équivoque possible quant à leur exécution commune.

Reste à identifier la source de ce malencontreux jumelage au sein de la confrérie de nos «spécialistes», mais j'imagine que vous avez votre petite idée là-dessus aussi ?

Je ne veux pas trop m'avancer, mais après avoir par acquit de conscience procédé à une nouvelle vérification dans ma documentation, je pense qu'on doit cette rumeur à Me Albert Naud.

Il semble bien qu'avant la publication de Tu ne tueras pas (première édition en 1959), jamais cette histoire n'avait été publiée dans un ouvrage (je mets toutefois un bémol, faute d'avoir les preuves sous la main : il me semble me souvenir que lors d'une série d'articles sur la peine de mort un peu plus tôt dans les années 1950, France-Soir avait évoqué la chose, mais également de mémoire, c'était dans un article où... Me Albert Naud confiait ses souvenirs sur son combat contre le châtiment suprême !).

Il faut dire que Tu ne tueras pas avait pour but avoué de rendre la peine capitale parfaitement détestable aux yeux des gens, en insistant sur l'horreur du châtiment en lui-même - et de la guillotine en particulier.
Mais est-il besoin de multiplier mensonges, rumeurs et approximations pour cela ?
Personne ne songerait à remettre en question le caractère ultra-violent et sanglant de la peine de mort à la française.
Plein de dates erronées, plein de on-dit, l'exécution des condamnés de la Section spéciale en plein jour, les neuf têtes des résistants du 1er mai 1944 à la Santé, je ne vais pas tous les citer, ce serait un peu long.
De plus, bien des erreurs concernent la période où Jules Desfourneaux était exécuteur en chef, et cela se comprend : après tout, c'est encore lui qui, en 1950, avait décapité Michel Watrin, le client de Naud. Jamais l'avocat, avant ce jour, n'avait vu la guillotine - des fusillés, oui - et ce fut sans le moindre doute un traumatisme profond... et la naissance d'une haine sans bornes envers le bourreau. Alors, pour dépeindre Desfourneaux sous son jour le plus veule, il n'a pas hésité à en faire des tonnes, quitte à inventer cette association (qu'il date du 4 juin, au passage).
Me Naud étant qui il était, et personne n'étant alors véritablement un spécialiste de la peine de mort en mesure de contredire ses propos, "Tu ne tueras pas" a réussi à marquer les esprits et les écrits postérieurs sur le sujet : toutes ces erreurs ont été reprises, parfois légèrement corrigées au mieux, par Marcel Montarron, Jean Ker...

Je voudrais demander quel est l'argument de ce livre de jolie titre et cover ' Les écuries de Diomède '

Merci beaucoup

Je vous fournis la 4e de couverture pas encore définitivement validée :

1857. Sous les encouragements de la foule, sur les pelouses vertes et bien entretenues du nouvel Hippodrome inauguré en grande pompe, les chevaux issus des meilleurs élevages s’élancent sous les yeux de prestigieux spectateurs, dont l’Empereur Napoléon III et son épouse.

Mais en coulisses, derrière les tribunes bondées, guet-apens et trafics s’organisent ; monde dangereux où intrus et fouineurs ne sont assurément pas les bienvenus.

Pourquoi tant de mystère autour d’une enquête, en apparence simple, confiée à un policier déchu ?

Pourquoi cette scène de crime qu’on cherche à tout prix à garder secrète ?

Et que faire face à une affaire comportant trop de pistes ?

Ces questions et bien d’autres, Léandre Lafforgue, alias « Le Goupil », aura tout loisir de se les poser quand, aux côtés de son amie, l’agent Pantecroët, il sera chargé d’aller incognito se jeter dans la gueule du loup afin d’y dénicher les nombreux secrets des écuries de Diomède…

Merci, donc c'est roman de fiction, ou roman historique ?

C'est le sixième volume d'une série policière sur fond historique. Personnage principal inventé, fréquentant de véritables et authentiques personnalités du Second empire.

Les nommés Devitre, Cachard et Desbrosses ayant vus leur jugement du 15 avril 1792 cassé le 8 juin, l'exécution début juin mentionnée par un ouvrage concurrent, d'après un aperçu, est bien entendu une erreur. On la retrouve également dans l'ouvrage de J. Delarue, si je ne m'abuse.