Joseph Lauer, faux argent et meurtre intentionnel -1935
Lorsque Joseph Lauer arrive à Niort ce jeudi matin 21 mars 1935, le natif de l’Aube veut profiter du jour de marché pour écouler les pièces de vingt francs qu’il fabrique depuis des semaines
dans son atelier de faussaire à l’Orbrie, près de Fontenay-le-Comte.
L’homme de 44 ans prend un risque considérable car son casier judiciaire est déjà garni de deux condamnations à dix ans de prison.
Lauer écoule 26 pièces de sa fausse monnaie et récupère 479 francs d’argent propre.
Mais l’alerte est donnée par des commerçants et Lauer est appréhendé en douceur, rue Ricard, par Louis Charrier, un policier en faction. Alors que l’agent marche à côté du faux-monnayeur au niveau de la place du Temple, ce dernier parvient à s’échapper.
Une course-poursuite s’engage. Lauer sort un pistolet et tire. Louis Charrier est touché au poignet et au bras, puis au thorax.
Il s’écroule dans le caniveau, devant une pharmacie. Le propriétaire de l’officine lui sauvera la vie. La chasse à l’homme reprend de plus belle, l’agent Roger Archambault prend le relais de son collègue.
Lauer tire, Archambault aussi. Dans les rues de Niort, c’est la panique. Les passants hurlent.
Joseph Gisson, un manœuvre qui sort de chez lui, rue du 24-Février, entreprend d’arrêter le fuyard. Il reçoit une balle mortelle à bout portant, mais son acte héroïque a freiné la course de Lauer qui finit par être appréhendé par Roger Archambaud.
Reconnu coupable d’émission de fausse monnaie, de coups et blessures à agents et d’homicide volontaire, il est condamné à mort le 27 septembre 1935, après trois jours de procès.
Josep Lasuer dans les assises.
L'exécution
C’est donc devant la prison de Niort, sur la place du Sanitat, que se déroule l’exécution de Joseph Lauer. Depuis sa condamnation à la peine de mort le 27 septembre 1935 pour le meurtre de Joseph Gisson, le natif de Troyes ne se fait guère d’illusion sur son sort.
Lorsque le président de la République, Albert Lebrun, rejette sa demande de grâce, la rumeur bruisse à Niort que son exécution est pour bientôt. Les curieux se pressent à la gare pour guetter l’arrivée de la « Veuve ».
Elle entre en gare le dimanche 15 décembre à 15 h. Cette fois, c’est certain, l’évènement est proche.
Un dernier verre d’eau-de-vie
Le mardi 17 décembre, alors que le jour n’est pas encore levé, Anatole Deibler, l’exécuteur des hautes œuvres, fait installer la guillotine sur la place du Sanitat, à trois mètres de la porte de la prison.
Le bourreau était déjà de la dernière exécution à Niort, quarante et un ans plus tôt. À l’époque, il était l’assistant de son père, Louis. Aujourd’hui, c’est un vieil homme de 72 ans.
À 7 h du matin, deux magistrats et ses trois défenseurs pénètrent dans la cellule du condamné. Lauer comprend que c’est fini. Il plaisante, repousse la cigarette et la confession du prêtre, mais accepte un petit verre d’eau-de-vie.
Quelques instants plus tard, la porte de la prison s’ouvre. La foule, dans un premier temps bloquée par des barrages rue du Sanitat, de l’Abreuvoir et Duguesclin, a pu se rapprocher de la guillotine.
La sœur et le beau-frère de Joseph Gisson sont là, au premier rang, près des agents Archambault et Charrier, victimes de la course folle de Lauer.
Le condamné apparaît dans la nuit. Quelques instants plus tard, sa tête tombe dans le panier au pied de la guillotine. La place et les balcons loués à prix d’or se vident.
Deibler et ses hommes peuvent ranger leur matériel. Ils ne reviendront plus à Niort.
Source: https://www.lanouvellerepublique.fr/
Porte de la Maison d'Arrêt de Niort, où l'exécution de Lauer a eu lieu, aujourd'hui.