L'emplacement de La Veuve

Juste une petite question aux spécialistes,

A l'angle bien connu que forment la rue de Roquette et la rue de la Croix-Faubin, la guillotine avait élu domicile pour les condamnés ayant eux même élu domicile dans l'une ou l'autre des prisons de la Roquette.

Figure à cet endroit, encore aujourd'hui - et une plaque est là pour le rappeller - l'emplacement de la Veuve. Des sortes de réceptacles devaient permettre de caler le fondement de la machine pile-poil du premier coup.

En observant ces emplacements, je trouve "l'empattement" de la guillotine considérable comparé à l'importance du socle constitué des croisillons que nous connaissons bien.

Ou alors, s'agit-il de l'emplacement de l'échafaud quand il y en avait encore un ?

Merci de m'éclairer sur ce point.

Marini

Une précision :

- La Petite Roquette était destinée aux délinquants mineurs, et parfois très jeunes pour mendicité, vagabondage etc.

- La Grande roquette recevait les délinquants majeurs.

En ce qui concerne Les cinq dalles, je pense qu'effectivement elles étaient destinées à installer l'échafaud, mais des spécialistes pourront infirmer ou confirmer ce post.

Bonjour à toute l'équipe !
Le "Patron" me corrigera si je dis des bêtises, mais ces 5 pierres servaient à monter "la machine", et non pas l'échafaud.Lorsque les exécutions furent tranférées au Bld Arago, un fonctionnaire zélé les avait fait déposer pour envoi au Musée Carnavalet.Ledit fonctionnaire s'étant fait sommer de les remettre où il les avait trouvées, il " s'exécuta"
mais un peu n'importe comment, ce qui explique leur disposition incompatible avec le socle de la "bécane".Au plan dimensionel, les photos du livre de F.Meyssonier montrant le montage sont très instructives à ce sujet.
Bonne soirée

Pierrepoint,


Merci de ton explication. Mais le type qui a reposé les pierres avait-il à ce point la mémoire courte ? Curieux, quand même. On ne joue pas avec çà et encore moins avec nos nerfs !!


Marini

Marini,
Voir "Le Patron" à ce sujet...C'est lui la référence.J'en parle d'autant plus à l'aise que ton serviteur et notre ami Cosmos ont eu droit à un briefing personnalisé par ledit "Patron" lors de la promenade historique du mois d'Octobre 2007 sur les lieux en question.
Bonne soirée.

Bonjour,

On sait que les différents lieux d'exécutions à Paris ont été désignés par des textes de lois. Pour le rond-point de la barrière Saint-Jacques, ce fut par arrêté du préfet de la Seine le 20 janvier 1832. Lorsqu'elles sont été déplacées devant la Grande Roquette, c'était également par un nouvel arrêté du 29 novembre 1851. Mais pour le boulevard Arago, quelqu'un a-t-il une date ?

Bonsoir, Dédé !
Si j'en crois J. Delarue, la décision aurait été prise en Juin 1898.
Le journal "Le Matin" en fait état dans son édition du 27/06/1898.
Le conseil municipal du XIII° Arrondissement avait protesté auprès du Préfet de Police de Paris dès le 20/06/1898.
Bonne soirée.

Les emplacements de la Veuve, d’un façon plus générale.

Le code de procédure pénale de 1810 indiquait dans son article 26 : « l’exécution se fera sur l’une des places du lieu qui sera indiqué par l’arrêt de condamnation.
De tradition, bien ancrée, l’exécution se faisait sur le lieu où avait été commis le crime. Dans les codes postérieurs on demanda à la cour de fixer elle-même le lieu de l’exécution. Celui-ci devient alors souvent le chef-lieu de la cour d’assises.  

— Emmanuel Taïeb (1) écrit  : « Mais ce n’est pas sans résistance, et les cours d’assises continuent de préférer la ville du crime à la ville où il a été perpétré. En 1868, une circulaire du Directeur des affaires criminelles et des grâces, rattaché au ministère de la justice est adressée aux  procureurs généraux. Elle précise que « le législateur de 1820 pensait néanmoins que l’exécution au chef-lieu de la cour d’assises serait de règle générale. Cependant je remarque que depuis quelques années, les cour prescrivent le plus souvent l’exécution dans le canton où a été commis le crime ».
                                                                                                       
La circulaire précise que le choix du lieu du crime comme lieu d’exécution doit être réservé aux « exécutions exceptionnelles » dans les cas où : « les motifs les plus graves exigeraient qu’un pareil exemple fut donné à des populations corrompues »où le respect de loi parait devoir être inculqué par le spectacle même de l’expiation ».
La note s’achève en rappelant qu’il « n’appartient pas aux magistrats mais à l’autorité municipale  et, en cas de résistance, au préfet de choisir la place publique où l’exécution devra avoir lieu. »

On verra par la suite les exécutions se dérouler à proximité d’une prison. Mais il y a parfois des exceptions… curieuses. Emmanuel Taïeb cite ce cas : « En 1909, le procureur de la République, soutenu par le procureur général, demande au maire de Montbrison que l’exécution d’Henri Riboulet (2) se déroule devant la prison, comme pour l’exécution de Ravachol en 1892. Or, d’après les journaux le maire de Montbrison impose la place Saint-Jean parce qu’il cède aux injonctions des cafetiers environnants, qui espèrent des retombées de l’exécution.

(1)La guillotine au secret. Les exécutions publiques en France, 1870-1939, Belin, 1911, Paris.

(2) Riboulet : voir : https://guillotine.1fr1.net/t646-henri-riboulet-1909

mercattore a écrit:

Les emplacements de la Veuve, d’un façon plus générale.

On verra par la suite les exécutions se dérouler à proximité d’une prison. Mais il y a parfois des exceptions… curieuses. Emmanuel Taïeb cite ce cas : « En 1909, le procureur de la République, soutenu par le procureur général, demande au maire de Montbrison que l’exécution d’Henri Riboulet (2) se déroule devant la prison, comme pour l’exécution de Ravachol en 1892. Or, d’après les journaux le maire de Montbrison impose la place Saint-Jean parce qu’il cède aux injonctions des cafetiers environnants, qui espèrent des retombées de l’exécution.

Business is business...  

Un buziness répugnant quand même...

foudurail a écrit:

Un buziness répugnant quand même...

C'est certain...   

Monument d´emplacement de la guillotine sous la Révolution ( Bédoin ) Vaucluse.

glaçant...

« À l’angle du boulevard Arago et de la rue de la Santé, au pied du cinquième marronnier en remontant le boulevard »





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