J'ai une question qui me trotte en tête depuis assez longtemps, et toutes ces années de recherches ne m'ont jamais permis de comprendre...
Elle me revient en tête alors que je regarde "Faites entrer l'accusé".
Elle tient en deux mots : "Pourquoi ?" et "Comment ?"
A la base, ce ne sont pas mes propres interrogations, mais celles des membres des familles des victimes.
Régulièrement, lors de procès, on entend dire ceux-ci dire aux journalistes qui les interviewent :
"Nous voulons savoir."
Mais savoir quoi, au fond ?
Savoir pourquoi c'est leur parent qui a été victime plutôt qu'une autre ?
Savoir les circonstances exactes de sa mort, les coups, les effusions de sang ?
Si elle a pleuré, si elle a supplié, si elle a appelé sa mère en comprenant l'inéluctable ?
D'ailleurs, quand les gens obtiennent satisfaction durant une audience, il n'est pas rare de voir l'un d'entre eux quitter la salle, au bord de l'évanouissement, en larmes...
Je les trouve alors d'une sottise qui ne provoque en moi aucun élan de compassion.
Pourquoi ce besoin de souffrir ?
On retrouve à peu de choses près la même situation lors d'un accident : un besoin inconditionnel de désigner un responsable, que ce soit quand un balcon s'effondre, quand une tempête fait s'effondrer un arbre, quand un bus est heurté par un train ou quand un avion s'écrase.
Et après ?
Qu'est-ce que ça change ?
En toute franchise, je pense que si un membre de ma famille était victime d'un meurtre, je n'aurais pas envie d'être renseigné sur ce genre de détails.
Je serais déjà suffisamment endeuillé pour ne pas souhaiter en rajouter à ma peine.
Je considère depuis longtemps ce monde comme injuste - d'où en grande partie cette passion pour la justice, surtout dans ce qu'elle a d'impitoyable -, mais j'ai aussi appris à être fataliste, et à considérer qu'on n'y peut rien, et qu'on se fatigue en vain à chercher systématiquement un coupable, à comprendre les raisons qui ont conduit à une pareille situation, etc.
C'est aussi une des raisons pour laquelle je n'ai pas la foi.
Je n'ai aucune envie de m'adresser à une entité imaginaire pour le supplier de me révéler pourquoi nous sommes ici bas pour pâtir de la volonté de la nature et de la volonté d'autrui.
Cela n'est encore une fois que ma propre opinion, et en aucun cas l'expression de la Vérité.
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"Les humains, pour la plupart, ne se doutent de rien, sans envie ni besoin de savoir, ça leur va comme ça, ils croient avoir de l'emprise sur les choses.
- Mh... pourquoi en avoir fait un secret ? Ils peuvent comprendre, ils sont intelligents...
- Une personne, sûrement, mais en foule, on est cons, on panique comme une horde d'animaux, et tu le sais."