1833-1871…

Voici la première page d’un de mes registres manuscrits.
Dans celui-ci, environ deux cents noms : les derniers exécuteurs de France de 1833 à 1871.
Sur tous, à cette date, seuls sept ont une identité incomplète : date de naissance manquante, date de décès, parfois les deux…

Il existe d’autres manques, nombre d’exécutions accomplies (surtout, évidemment, pour ceux qui étaient en activité avant 1826), et sans les travaux des époux Demorest et de Nicolas Ghersi, cela m’aurait pris des années. Mais en tout cas, pour la période précitée, c’est sans doute la base de données la plus complète qui soit.

Beau travail, Sylvain Et merci à ceux qui nous ont précédé


Les exécuteurs de Cours d'Appel au moment du décret de 1870 sont désormais tous identifiés ?

Oui, sans le moindre doute.
Mais ça figurera dans le "Nicolas Roch".

ok, patience donc

Nemo a écrit:

Sur tous, à cette date, seuls sept ont une identité incomplète : date de naissance manquante, date de décès, parfois les deux…
.

Est-il possible d'avoir des infos sur ces 7 bougres qui te résistent ?

1. Joseph Nicolas Fauconnier - né à Paris vers 1780 : toutes les archives d'état-civil de la capitale manquant, j'ignore sa date exacte et je pense que nul ne pourra jamais la retrouver.

2. François Joseph Desmorest : natif de Nice, marié en 1824 à Montbrison, prédécesseur de Roch à Lons-le-Saunier, et révoqué pour escroquerie et immoralité, j'ignore où et quand il est décédé.

3. Idem, lieu et date du décès, pour Alexandre Joseph Herman, fils du bourreau de Privas, très brièvement nommé à vingt ans aide à Coutances en 1835.

4. Le cas de Jean-Jacques Ehrhart est le plus problématique de tous. Je suis tombé sur un homme portant ce nom, né la bonne année (1792), mais j'ignore si c'est bien mon bonhomme. Je suppose que oui, mais c'est un "bingre" absolu, sans le moindre lien de famille ni de mariage avec les dynasties patibulaires, ce qui ne facilite pas les choses ; et si j'ai trouvé des informations précises le concernant (fils d'un artiste peintre, ancien grognard blessé à la main sur le Rhin en 1813), toutes les dates d'état-civil manquent ! Il a été aide à Troyes jusqu'en 1833 : or, pas de dossier d'exécuteurs aux archives de l'Aube. Nommé à Carpentras de 1838 à 1843, idem, pas d'archives le concernant ; à Laval (1843-1853), il est bien mentionné, mais sans détail sur son état-civil. C'est semble-t-il durant cette période qu'il s'est marié, mais là encore, si j'ai le nom de son épouse, Victoire Arnaud, rien concernant la date et le lieu de leurs noces, d'autant qu'ils n'ont pas eu d'enfants ! Enfin, il a terminé sa carrière de 1853 à 1862 à Aix, avant de démissionner pour raison d'âge... et j'ignore où il est allé s'installer par la suite : le dossier des exécuteurs aux archives des Bouches-du-Rhône est riche, mais il ne comprend aucune mention de ce qu'il advint de lui par la suite - et son épouse également !

5. Henry Reine m'énerve tout particulièrement : dernier bourreau de Rouen, il est venu s'installer après sa réforme de 1871 à Saint-Gratien (95), et en 1879, il vivait à Boulogne-Billancourt. Sur l'acte de mariage de sa fille, fin 1883, il est dit décédé. Donc, ça laisse une fenêtre assez courte pour sa mort, entre 1879 et 1883, mais nulle trace de son trépas à Boulogne et dans les villes voisines, ni à Saint-Gratien, et j'avoue que passer en revue toutes les communes de la Seine et de la Seine-et-Oise me gêne un peu... même si je vais peut-être finir par m'y résoudre !

6. Antoine Garoux... j'ai probablement retrouvé sa date de naissance, et je sais qu'il est reparti vivre dans sa commune natale - Sainte-Fortunade, en Corrèze - une fois sorti des hautes oeuvres et qu'il y résidait au début du Second Empire, mais sa mort ? Introuvable sur place, ainsi qu'à Tulle !

7. Antoine Roch, le dernier adjoint de Riom, me fait un coup similaire à Reine. Il est parti s'installer sur Paris, j'ai même son adresse... en 1894, il devient veuf, et en 1898, lors du mariage d'un de ses enfants, il est mentionné décédé. Mais nulle trace dans les tables décennales parisiennes couvrant ces quatre années !!!

Et j'y passe du temps, encore et encore !!!

Il est très difficile de passer derrière toi, tant j'imagine que tu as fait le maximum. Cependant, si tu as besoin d'aide pour rechercher dans l'état-civil de certaines communes et t'alléger un peu, je suis volontaire.

Quoi qu'il en soit, même si je sais que tu aimerais tous les avoir, 7 sur le nombre total d'exécuteurs de la période est un manque plus que raisonnable. Et dis toi que tu es à l'heure actuelle celui qui aura le plus contribué à compléter ce puzzle des hautes-oeuvres. Et à çe titre, un grand merci s'impose 

Plus que six.
Je viens de retrouver le décès de Reine !

Nemo a écrit:

Plus que six.
Je viens de retrouver le décès de Reine, le dernier bourreau de Rouen !

Y a pas à dire, t'es un boss

Il est décédé sur quelle commune du coup ?

Vanves.

Et une épine en moins

Tu vas te concentrer sur lequel des 6 autres maintenant ?

L'autre francilien, Antoine Roch, peut-être ?

Bon...

Il est des situations où on est obligé de faire appel à son simple raisonnement et bon sens pour tirer des conclusions logiques, faute d'avoir des preuves formelles.

Mais je pense avoir complété la fiche civile de deux autres exécuteurs.

Deux Antoine : MM. Roch et Garroux.

Pour le premier, c'est une question géographique. L'homme a vécu ses dernières années avenue de Clichy, dans le 18e arrondissement. Or, nul Roch ne figure dans l'état-civil de décès parisien à la période où je sais qu'il est défunt (entre la mort de son épouse en 1894 et le mariage de son fils en 1898), que ce soit dans le 18e arrondissement ou ailleurs.
Mais je viens de tomber sur un acte de décès concernant un "Antoine Roche", survenu en 1896 dans des conditions sans doute particulières, car mis à part son nom, l'acte ne comporte aucun détail : ni adresse, ni âge, ni origine, rien, les déclarants ignorant tout de lui... Et ce Roche est décédé dans le 18e arrondissement, à 600 mètres de son domicile (il y a bien une adresse mentionnée comme lieu de décès, mais est-il mort dans la rue devant ce lieu ? Serait-il - c'est une hypothèse - mort chez quelqu'un ou bien chez quelqu'une ?)
Rien pour l'instant ne me permet de confirmer plus catégoriquement la chose, mais je me fie quand même à mon flair.

En ce qui concerne le second, c'est une question d'erreur d'état-civil qui m'avait fait survoler son cas. Le nom de l'épouse correspond bien à celui de notre exécuteur, même si le prénom diffère un peu (Suzanne sur l'acte de mariage, Anne sur le décès), mais lors de la déclaration, l'âge du défunt a été estimé à "environ 75 ans" (il en avait 70).

Ce ne sont pas les seuls sur lesquels j'ai dû tirer des conclusions raisonnables, ceci dit (ils sont rares, une dizaine au pire).

Je considère donc qu'il en reste quatre... et même trois, puisque je sais que l'un d'eux, Fauconnier, restera définitivement incomplet faute de documentation formelle à son sujet.

Quelle journée !
Un de plus - ou de moins, ça dépend - : je sais le décès d'Alexandre Joseph Herman, nommé aide à Coutances mais qui visiblement refusa d'y aller et d'exercer.

Hé bin....Mes ficelles de caleçon . Au tour
de Desmorest ?

Alors là, c'est bien le hic niveau difficulté concernant les deux derniers...
Desmorest est le prédécesseur de Roch à Lons-le-Saunier, mais il a été révoqué, et donc ne bénéficie plus d'un secours financier.
J'aurais tendance à penser qu'il ait pu partir s'installer soit auprès de son père à Noyon, soit - plus probablement - à Paris pour se perdre dans la foule et l'anonymat...
A creuser.

Pierre DEMETTRE et François Joseph DEMETTRE (père et fils) sont tous deux décédés en 1868 à deux semaines d'intervalle. Pierre est désigné dans son acte de décès comme exécuteur en chef, et François Joseph en tant qu'adjoint. Les postes ont été laissés vacants, et c'est à priori l'exécuteur parisien HEIDENREICH qui fut chargé des mises à mort dans le Nord-Pas de Calais, certainement aidé de son confrère d'Amiens Nicolas ROCH.

Tout à fait. Mais ce n’est pas Heidenreich qui a eu ce « rôle » mais Roch. Pour une question de géographie….

Exact, où avais-je la tête

Ainsi donc, ce pourrait être lui dont on distingue la silhouette sur l'échafaud d'Arras en 1869 ?

Quel dommage que nous ne disposions que de descriptions physiques concernant ROCH et HEIDENREICH

Heidenreich est présent à Arras, ainsi qu’un de ses deux aides, pour servir d’assistants à Roch, qui lui non plus n’a plus d’aide depuis l’année précédente !

Non !

Mystère que j’entretiens quelque temps sur cette page!
Je te dirai ça en Mp.

Entendu, avec plaisir. Je me suis fié au Dictionnaire des Demorest, qui c'est vrai n'est pas exempt d'erreurs/imprécisions.