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Sujet: Re: Pourquoi "La Veuve" ? Sam 29 Juil 2017 - 20:12
la soeur d'Alice Sapritch ???
Adelayde Admin
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Sujet: Re: Pourquoi "La Veuve" ? Sam 29 Juil 2017 - 21:11
Bien vu, tu es très physionomiste, testou !
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trody Exécuteur cantonal
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Sujet: Re: Pourquoi "La Veuve" ? Dim 5 Avr 2020 - 18:14
La veuve, je m'en souviens il y a quelques années en arrière au moins dix années j'ai visité la veuve à paris, dans un musé dans une galerie la mémoire me fait défaut, j'aimerais savoir si elle est toujours exposé quelque part à paris ou en île de France, j'aimerais lui rendre visite ! merci !
itto Exécuteur cantonal
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Sujet: Re: Pourquoi "La Veuve" ? Dim 5 Avr 2020 - 21:07
Sauf erreur de ma part,c'était au musée d'orsay;ancienne gare....
trody Exécuteur cantonal
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Sujet: Re: Pourquoi "La Veuve" ? Dim 5 Avr 2020 - 21:13
En effet ! Merci Monsieur itto ce fut au musée d’Orsay mais je ne sais pas si elle est toujours exposé soit la bas ou ailleurs paris !
Nemo Fondateur
Nombre de messages : 2002 Age : 42 Date d'inscription : 27/01/2006
La guillotine a été présentée à Orsay dans le cadre d'une exposition temporaire.
Elle a depuis été confiée au MUCEM à Marseille, qui l'expose de façon cyclique, histoire de varier les articles présentés.
En septembre dernier, elle a été prêtée à l'Administration pénitentiaire pour être montée dans la prison des Baumettes avant que celle-ci ne soit démolie, dans le cadre de visites guidées. Elle s'y trouve encore, normalement jusqu'en juin, après quoi elle retournera à l'entrepôt du MUCEM, avant d'être redressée dans la salle d'expo pour quelques années, et ainsi de suite...
Je suis allé la voir et la prendre en photo deux fois ces derniers mois. Voici le compte-rendu que j'avais fait en décembre dernier.
Nemo a écrit:
J'ai été prévenu de ce projet concernant la guillotine courant août, il me semble, par l'intermédiaire d'un employé de l'ENAP que je connais depuis une quinzaine d'années : en fait, ils cherchaient à la base une notice de montage de la guillotine. Faute d'en connaître une - et doutant de son existence -, je les ai renvoyés vers Michaël Nielsen, qui, pour construire ses maquettes, devait certainement disposer de ses propres plans à ce sujet.
J'en ai profité pour demander s'il me serait possible d'assister au montage des bois, et il en a parlé à un des directeurs de l'Administration pénitentiaire en Provence, lequel est entré en contact avec moi. Il n'y voyait aucun inconvénient, et même, au vu de ma connaissance du sujet et de la machine, il fut un temps envisagé que je vienne aider à son montage... Je ne vous cache pas que c'était une situation plutôt exceptionnelle... Mais au final refusée, pour des raisons de sécurité et d'assurances : seuls les employés du MUCEM auraient la liberté de procéder à l'assemblage.
Je suis descendu début septembre, à la période où les Baumettes devaient réceptionner les bois, mais ce fut un acte manqué. Les assurances n'ayant pas encore donné leur feu vert, la guillotine restait au musée pour l'instant. J'ai donc voué mon temps à consulter les archives d'outremer, à aller interviewer un des derniers avocats ayant assisté à l'exécution d'un de ses clients et, l'occasion faisant le larron, participer à l'anniversaire d'une grande amie habitant la région... Un séjour d'une semaine somme toute fort agréable et enrichissant.
Ceci dit, la proposition tenait toujours, mais ayant eu un automne assez chargé, je voyais se rapprocher dangereusement la date butoir des visites (même si pour tout dire, c'était pour moi plus une limite psychologique, car la chose importait peu grâce à mes contacts sur place).
Donc, voici dix jours, lundi 25, j'ai appelé le directeur, afin de savoir si je pouvais venir en fin de semaine à Marseille. Il m'a confirmé que le jeudi à venir lui conviendrait pour m'accueillir. Par chance, dans la foulée, j'ai pu réserver un aller-retour en train pour une somme vraiment minime à trois jours de mon déplacement ; et c'est épuisé qu'au petit matin du 28, (je travaille la nuit et me couche souvent à l'heure où les gens se lèvent), je suis allé prendre le TGV pour Marseille.
Le temps de déjeuner sur le pouce et de prendre les transports en commun, je suis arrivé devant la prison vers 13h30, et j'ai appelé le directeur, qui s'est excusé : un détenu s'étant évadé de la prison de Toulon la veille, il était parti dans le Var, (désarroi, j'ai cru l'espace d'un instant que je resterais devant la porte close) mais il avait laissé des instructions à un de ses collaborateurs. Le temps qu'il l'appelle, et cinq minutes plus tard, j'entrais dans l'ancienne maison d'arrêt. Le jeudi faisant relâche en matière de visite, j'étais le seul "étranger" présent. Nous étions quasiment seuls, mon guide et moi, nous n'avons croisé que trois techniciens durant toute ma présence sur place. Après un portique de sécurité ne servant plus, nous avons débouché dans la cour d'honneur, face au bâtiment administratif.
Une pente de béton permettait depuis quelques années aux handicapés d'accéder au reste de la prison, mais je sais que sous cette pente se trouvaient trois marches. C'est au pied de ces marches que Desfourneaux, puis Obrecht montèrent à sept reprises (pour onze condamnés) les bois. Desfourneaux les positionnait parallèlement au mur, comme pour Weidmann, histoire que les condamnés ne les voient pas tout de suite en franchissant la porte. Obrecht, lui, les fit dresser directement face à l'entrée, comme à la Santé sur les photos de Petiot, pour gagner une ou deux secondes de plus.
Mon guide, au discours fort instructif, m'a donc fait traverser un long couloir, où sont exposés dans des vitrines des objets nés de l'ingéniosité des détenus. Un batteur de cuisine de fortune, créé à partir d'un ventilateur, des "shanks", ces redoutables couteaux artisanaux faits de bric et de broc, etc. Au bout du couloir, dans ce qui fut jusqu'à l'an dernier le quartier maison d'arrêt, une pièce protégée de barreaux, 10 m² environ. Et dedans, la bécane. Ma troisième visite à la Veuve, ma seconde à celle-ci, en particulier. Je l'avais vue au Mucem. Comparée à celle que conservait Fernand Meyssonnier, elle est en meilleur état, ou du moins plus polie, plus brillante.
Difficile d'imaginer qu'un instrument pareil puisse avoir dépassé le siècle d'existence. Mon guide enlève le cadenas, et me voici dans la pièce, privilégié par rapport aux visiteurs qui doivent se contenter de l'observer depuis le couloir... J'ai prévu mon smartphone chargé, mon meilleur appareil photo avec plusieurs cartes mémoires au cas où, un mètre déroulant de 5 mètres pour procéder à des mesures, comme je l'avais fait sur la machine de Meyssonnier il y a treize ans déjà... Pendant une bonne heure, je prends photos des parties de la machine, du panier, je fais jouer la planche à bascule, je grimpe à l'échelle pour connaître la hauteur de la machine (faute de pouvoir tenir le ruban correctement, le chiffre imprécis mais concordant, entre 4m30 et 4m32, celle de Meyssonnier faisait 4m26), je continue à discuter avec mon guide.
Puis il me propose de poursuivre en me rendant à l'ancien quartier des condamnés à mort.
Nous empruntons donc un escalier qui nous conduit dans une large galerie souterraine, située directement en dessous du premier couloir. Mis à part quelques lucarnes vitrées qui permettent au jour de passer, c'est un tunnel chichement éclairé, encombré de meubles cassés, d'électroménager inutilisable et autres détritus. Je souligne bêtement que ce ne doit pas faire partie de la visite habituelle... La prison étant construite à flanc de colline, le sol est très nettement en pente ascendante. Au bout, nous tournons sur la gauche, et grimpons un escalier de fer sonore, qui conduit, sur notre gauche, à une salle non éclairée au sol recouvert d'un bon centimètre d'eau, que nous traversons. Tuyau percé ou toit laissant pénétrer la pluie ? Je n'ai pas posé la question. Un croisement de corridors plus loin, et voici une autre salle, assez vaste, aux murs peints de fresques du genre de celles qu'on trouve dans les collèges et les lycées, peintes par les élèves. Nous voilà au quartier d'isolement. J'imagine que cette pièce était la salle de permanence des surveillants. Trois ou quatre marches... C'est ici. Quelques mètres plus loin, c'était autrefois les cellules où l'on enfermait (parfois trois mois consécutifs) les détenus posant problème, les violents, les agressifs, les réfractaires. Depuis, me confie mon guide, c'était devenu l'école de la prison. Une lueur d'espoir pour ceux qui ont foi en leur réinsertion... Assez étonnante, cette évolution qui fait du quartier des fortes têtes un lieu de culture et d'instruction...
Les quatre premières cellules, elles, de part et d'autre du couloir central, forment le quartier de la mort. Surtout les deux premières. Apparemment, on enfermait dans les deux premières les condamnés véritablement en instance d'être suppliciés. J'ai du mal à penser qu'on puisse procéder à ce genre de déménagement sans que cela n'avertisse le condamné que son heure se rapproche... Les pièces sont vides, ou presque.
Comme dans la galerie, on y trouve un vieux frigo, un bureau défoncé, ce genre de choses. Mon guide me signale un détail côté porte que je ne remarque - ni ne comprends, au départ -. Un détail assez affreux... Avec cette partie trapézoïdale, la pièce a peu ou prou la forme d'un cercueil, comme pour préparer mentalement son occupant à son destin de mort en sursis. Un cercueil de 9 mètres carrés, éclairé par un fenestron tout en largeur, creusé juste en dessous du plafond. Et encore, ils ont depuis belle lurette retiré la grille qui, autrefois, coupait la pièce en deux, laissant aux gardiens un espace réduit (suffisant pour une tablette et une chaise) afin de conserver les occupants sous surveillance permanente... Ce n'est pas la première cellule de condamné à mort que je vois (la seconde, car j'ai pu voir celle de Moulins), mais la première dans laquelle j'entre, et c'est quand même une sensation étrange. Je ne dis pas que les écrivains ne devraient écrire que sur les sujets qu'ils ont touché du doigt, mais je sais désormais que si je rédige, comme j'en ai l'intention, un livre faisant mention du couloir de la mort de Marseille, j'aurai les photos et mes souvenirs pour illustrer aussi précisément que possible mon propos...
Nous faisons demi-tour, et c'est là un moment encore très particulier, car si j'ai emprunté le même chemin à l'aller, c'est sans prêter tellement attention au parcours exact. Et là, en rebroussant chemin, nous allons faire le trajet que trois hommes, dans les années 1970, ont fait : les derniers mètres avant l'échafaud. Nous retournons vers la pièce inondée et l'escalier bruyant de notre arrivée. Il se trouve dans l'obscurité d'un autre escalier - de béton, celui-ci - et leur palier commun était l'entrée de l'ancienne chapelle des Baumettes. De lieu consacré, il n'en existe plus depuis belle lurette, la surpopulation carcérale ayant conduit à faire des travaux pour transformer le lieu de culte en cellules et donner naissance à un quartier pénitentiaire supplémentaire.
L'escalier jaune grince sous mes pieds, je manque trébucher à la dernière marche non éclairée, et nous revoici dans le souterrain. Me vient en mémoire les récits de Gilles Perrault et de Jean-Yves Le Naour. C'était bien cette galerie, au sol recouvert de tapis, qu'empruntaient les cortèges funèbres au matin des exécutions, à l'aller comme au retour. C'est long... très long. En marchant d'un pas moyennement rapide, sans cérémonie ni arrêt, voilà trois bonnes minutes que nous parcourons ce couloir. Puis mon guide me désigne une porte, sur ma gauche. Elle donne sur des cuisines, désormais désaffectées, sans électricité. C'était là.
Nous sommes juste derrière le bâtiment administratif. Deux cours intérieures, dépourvues de toute utilité de part et d'autre de la galerie. Deux cours identiques. Il me fait accéder à celle de droite (celle donnant côté nord). Celle-ci n'a jamais vu se dresser les bois, mais permet de se faire une idée précise de l'endroit où moururent trois des six derniers suppliciés de France. Pas de préau, il n'y a que le ciel au-dessus de nos têtes. La cour survivante est dissimulée, petite, une impasse située à trois mètres en contrebas du corridor principal... C'est indéniable, même pour qui n'a guère de compassion envers les criminels : c'est la preuve qu'on exécutait les peines de mort avec honte, aussi en catimini que possible. Avant de quitter cette courette, je montre à mon guide des photos des hommes qui ont été enfermés dans ces lieux, les graciés comme les suppliciés.
La cour réelle a donc été murée, plafonnée, et transformée sans doute dans les années 1980 en cuisines. Une dalle, qu'éclaire mon guide avec son téléphone, marque l'emplacement de la guillotine au souvenir des gardiens, lesquels se sont chargés de le transmettre à leurs collègues novices petit à petit.
Puis nous remontons dans la prison proprement dite, et nous reprenons le chemin qui ramène à l'extérieur. C'est là aussi le parcours du condamné à mort, celui d'avant 1970, à l'époque où les Baumettes étaient assez isolées et où aucun immeuble alentour ne permettait d'avoir une vue sur la cour d'honneur les matins de supplice. Je n'ai pas suffisamment prêté attention aux détails, cette fois, accaparé par la discussion avec mon guide et un technicien intéressé... Dans l'entrée principale, je remets à mon guide deux exemplaires de mon livre sur Desfourneaux, l'un pour lui, l'autre pour son supérieur, puis je prends congé et après un dernier salut, me retrouve sur le trottoir du boulevard de Sormiou. La porte se referme avec un claquement de métal dans mon dos.
A l'arrêt de bus, j'appelle le directeur pour le remercier et lui faire un bref compte-rendu de la visite. Je lui promets de profiter d'une nouvelle visite en Provence début 2020 pour le rencontrer et parler histoire pénitentiaire.
Trois heures à attendre avant mon train. Je rejoins le centre-ville.
Il fait beau en ce crépuscule de novembre à Marseille.
_________________ "Les humains, pour la plupart, ne se doutent de rien, sans envie ni besoin de savoir, ça leur va comme ça, ils croient avoir de l'emprise sur les choses. - Mh... pourquoi en avoir fait un secret ? Ils peuvent comprendre, ils sont intelligents... - Une personne, sûrement, mais en foule, on est cons, on panique comme une horde d'animaux, et tu le sais."