Peine de mort au Japon

10 avril 2008.

Quatre condamnés à mort pour meurtre ont été pendus jeudi à l'aube au Japon, a annoncé le ministère de la Justice.

Chacun des quatre hommes avait été condamné à mort pour un ou plusieurs meurtres.

L'un d'entre eux, Kaoru Akinaga, 61 ans, avait été condamné pour avoir tué deux personnes, dont une vieille dame de 82 ans avec qui il avait un conflit de propriété. Il avait plus tard écrit des poèmes traditionnels tanka depuis sa cellule, où il exprimait ses remords et décrivait la vie d'un homme attendant la mort.

Ces pendaisons portent à sept le nombre d'exécutions au Japon depuis le début de l'année, et à vingt depuis le 25 décembre 2006.

Le pays avait alors rompu un moratoire de facto de quinze mois, appliqué en raison des convictions abolitionnistes du ministre de la Justice de l'époque, Seiken Sugiura.

L'actuel ministre de la Justice, Kunio Hatoyama, a fait part plusieurs fois de son intention de poursuivre ces exécutions d'une "façon méthodique".

Un responsable d'Amnesty International Japon, Makoto Teranaka, a dénoncé auprès de l'AFP des exécutions organisées "en secret, une fois de plus".

Les condamnés à mort ne sont prévenus de leur exécution que juste avant et les autorités attendent qu'elles aient été accomplies pour les annoncer publiquement.

"A ce rythme, nous ne pouvons nous empêcher de penser qu'il y aura énormément d'exécutions cette année, ce qui va complètement à l'encontre de la tendance mondiale à l'abolition de la peine de mort et une honte pour le Japon", a-t-il ajouté.

Le Japon est le seul des grands pays industriels, outre les Etats-Unis, à pratiquer la peine de mort.

Source : France 24
http://www.france24.com/fr/20080410-quatre-pendaisons-japon-peine-mort-condamnation-pendus

Le Japon n'est plus ce qu'il fut autrefois.

Les bourreaux étaient spécialisés dans les tests de coupe, l'art de bien couper.

E^tre en mauvaise posture se dit en japonais e^tre sur le Dodan, i.e. le monticule de sable sur lequel on coupait le condamné...

http://www.tf.uni-kiel.de/matwis/amat/mw1_ge/kap_4/illustr/i4_1_1.html

http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20100728-deux-executions-capitales-japon

Nouvelle un peu inattendue dans la mesure où la MAM japonaise, avocate et militante d Amnesty, affichait naguère son aversion pour la peine capitale.

Elle aurait dû démissionner. Quelle compromission ! Quel reniement !

mercattore a écrit:

Elle aurait dû démissionner. Quelle compromission ! Quel reniement !

En complément de mon post précédent

http://www.eliecilicie.net/japon.htm

Sur le fond , je partage le sentiment de Mercattore.Peut-être sont-ce des considérations électoralistes qui ont motivé son choix. La coalition progressiste au pouvoir actuellement à Tokyo est en voie d'explosion !

Et en plus elle a assisté à l'exécution!

"Bonjour. Je suis opposée à la peine de mort, mais j'ai donné mon accord pour votre exécution à laquelle je vais assister."

A ma connaissance c'est le seul pays où un ministre en exercice assiste aux exécutions, dans le cadre de ses fonctions.

Dans un sens, cela me parait normal. Comme cela il sait ce qu'il signe.

Les "convictions" à géométrie variable de cette dame, son opportunisme lui font perdre toute crédibilité politique. A mon sens, elle s'est tiré une balle dans le pied.

http://www.larevuedesressources.org/spip.php?article1202

Très bel article de fond qui permet de mieux saisir la vision nippone de la peine capitale dans une une perspective historique et culturelle

Intéressant. Merci Bill.

Quelques articles sur la peine de mort après la réforme du code pénal japonais, réforme qui a vu l'instauration des jurys populaires qui doivent désormais statuer sur des peines capitales :

http://www.dombosco.fr/article-japon-un-jury-prononce-la-peine-de-mort-61138511.html

http://www.dombosco.fr/article-japon-un-mineur-condamne-a-mort-62009395.html

http://www.dombosco.fr/article-japon-troisieme-peine-de-mort-en-delibere-61207203.html

http://www.dombosco.fr/article-japon-la-mort-demandee-en-appel-64656123.html

Tomihiro Kato, qui avait tué sept personnes et blessé une douzaine d'autres dans une rue commerçante de Tokyo en juin 2008 après avoir appris qu'il allait perdre son travail et son logement, a été condamné à mort à Tokyo. Voir l'article.

Voilà deux ans que les jurys populaires ont été introduits dans le code pénal japonais pour les procès criminels. Ce système a été très critiqué au Japon parce qu'on craignait que les jurés soient plus sévères (notamment vis-à-vis de la peine de mort) que les magistrats professionnels. Il a été écrit à plusieurs reprises que 80% des Japonais approuvaient la peine de mort.

La cour suprême japonaise vient de publier des statistiques : sur ces deux années, il n'y a eu "que" cinq condamnations à mort (les cinq condamnés ont fait appel). C'est moins que la moyenne des vingt dernières années (4 condamnations par an en moyenne, à ne pas confondre avec le nombre d'exécutions). Comme quoi approuver la peine de mort ne signifie pas nécessairement vouloir la généraliser.


(ceci dit, des articles sont passés dans la presse nippone sur le stress ressenti par les Japonais qui ont participé aux jurys, mais c'est une autre histoire !)

Un violeur en série et accessoirement meurtrier sauvage a été condamné à mort au Japon. C'est la 8e peine capitale prononcée par un jury populaire.

La victime était Yukari Ogino, une étudiante en université qui travaillait trois nuits par semaine dans un cabaret pour adultes du quartier Ueno à Tokyo. La veille de son assassinat, elle avait été poursuivie par un client assidu, et était allée dormir chez des amis. Après le crime, le cabaret avait retiré sa photo de son site web où l'on pouvait lire qu'elle appréciait les clients pressants et au comportement viril. L'affaire avait fait un certain bruit dans la presse nippone à l'époque des faits (octobre 2009).

En fin de compte, le meurtrier arrêté n'avait rien à voir avec le cabaret. Il a été condamné à mort pour la cruauté de son crime. Tatsumi Tateyama avait tué sa victime de plusieurs coups de couteau pour lui dérober de l'argent et sa carte bleue, avant de se débarrasser de l'arme du crime dans la poubelle d'une gare. Il s'était constitué prisonnier et avait avoué son crime après qu'un reportage TV avait diffusé une séquence vidéo le montrant en train d'utiliser la carte bleue de sa victime. La séquence avait été prise par une caméra de surveillance et la police l'avait faite diffuser dans l'espoir d'identifier le criminel, ce qui fut fait.

Merci Arnold pour la qualité et la densité des informations que vous mettez à notre disposition s'agissant de la peine de mort dans le monde. Toutes mes félicitations les plus sincères et chaleureuses et excellente année à tous les membres du forum.

Arnold a écrit:

Le nombre de condamnés à mort au Japon en attente de leur exécution avait déjà atteint un record (120) en 2010, il l'a battu en 2011 (219). [...]

Il fallait lire 129 et non pas 219.

Bonne année aussi aux vivants qui peuvent encore lire ce forum.
Et aux exécutés, que souhaiter ?

Pour eux on ne peut que prier (si l'on est croyant)...

Bill a écrit:

Merci Arnold pour la qualité et la densité des informations que vous mettez à notre disposition s'agissant de la peine de mort dans le monde. Toutes mes félicitations les plus sincères et chaleureuses et excellente année à tous les membres du forum.

Excellente année à vous également Bill, ravie de vous lire à nouveau

La trève du tsunami est finie : trois hommes ont été pendus au Japon.

Le ministre de la justice, qui avait fait part de sa réticence à signer les ordres d'exécution, s'est exécuté en invoquant l'opinion publique sensée être favorable à la peine de mort au Japon.

Arnold a écrit:

La trève du tsunami est finie : trois hommes ont été pendus au Japon.

Le ministre de la justice, qui avait fait part de sa réticence à signer les ordres d'exécution, s'est exécuté en invoquant l'opinion publique sensée être favorable à la peine de mort au Japon.

Le ministère japonais de la justice a rendu publiques les identités des trois pendus, tous auteurs d'homicides multiples.

Le ministre Toshio Ogawa s'est fendu d'une conférence de presse de 10mn dans laquelle il a invoqué l'opinion publique, favorable à la peine de mort, pour justifier le fait qu'il ait signé les ordres d'exécution.

Un sondage avait montré que 85,6% des Japonais considéraient le maintien de la peine capitale comme "inévitable".

En somme, c'est toujours l' "autre" qui fait que le Japon continue à appliquer la peine de mort.

A noter cependant : contrairement à ce qui avait été dit, la réforme judiciaire de 2009 qui a mis en place les jurys populaires dans les cours d'assises n'a pas fait augmenter le nombre de condamnations à mort. Il faut dire que pour que cela ait été le cas, il aurait fallu que le nombre de crimes passibles de la peine capitale ait augmenté.

Je rejoins un petit peu ce qu'a indiqué Titus Pibrac sur le dodan.

Autrefois, dans le japon médiéval, les katanas, sabres des samouraïs, au sortir de la forge et d'un premier polissage, étaient ''testés" de différentes manières, afin de vérifier le succès de la trempe sélective, conférant à la fois la beauté et la dureté (donc l'efficacité) de la lame.

Pour celà, on procédait de différentes façons: soit on donnait la lame à un samouraï ayant reçu l'ordre de se mettre en route ou bon lui semblait et de tailler en pièce le premier malandrin venu. Cette façon macabre était appelée ''trancher à la croisée des chemins''.

Les jeunes samouraïs pouvient également se faire remettre des condamnés à mort pour s'entrainer, que ce soit de vulgaires criminels ou de simples ashigarus (soldats pauvres, suvents issus d'une milice rurale) capturés suite à une batailles et étant trop pauvres pour être rançonnés.

Le dodan, quant à lui, est un simple tas de sable fin filtré des plus infimes cailloux, pour ne pas risques une ébréchure de la lame, entouré de quatre poteaux de bambou destinés à maintenir le condamné.Les phase du test allaient de la coupedu poignet à la séparation du tronc en deux verticalement.

Chose assez rare, une femme vient d'être condamnée à mort au Japon.

Il s'agit de Kanae Kijima, alias "la Veuve Noire", qui avait tué trois hommes en 2009 pour ne pas leur rembourser l'argent qu'elle leur avait emprunté pour mener grand train.

L'homicide multiple est passible de la peine de mort au Japon.

+ + =

Au Japon, un condamné à mort refuse de signer une pétition contre la peine capitale.

Il s'agit de Masaru Okunishi, 86 ans, qui a été condamné à mort en 1961 pour avoir tué cinq personnes e en avoir intoxiqué douze autres avec du vin empoisonné lors d’un repas qui avait eu lieu à Narabi dans la préfectrure de Mie le 28 mars 1961.

Selon un tiers qui lui a rendu visite, il a refusé de signer une pétition réclamant l’abolition de la peine de mort.

Le vendredi 25 mai, alors qu'on venait d'apprendre l'échec de sa septième demande en révision de son procès, Shozo Ono a raconté la rencontre, qui remonte déjà à quelques années. Après un silence, Masaru Okunishi avait répondu à Kawamura : « Je pense que ceux qui ont commis des crimes méritent la peine de mort. Moi, je n’ai rien fait. Je ne crois pas qu’il faille abolir la peine de mort. »

Kawamura avait également suggéré à Okunishi de demander à bénéficier d’une grâce en demandant officiellement pardon. Le condamné avait répondu dans le même sens : « Les gens qui ont commis des crimes peuvent demander grâce. Mais vu que je n’ai rien fait, je n’ai pas besoin d’être pardonné. »

Toute sa vie, Masaru Okunishi a ainsi refusé tout ce qui pourrait suggérer qu’il reconnaît sa culpabilité, qu’il a toujours niée.

Shozo Ino, qui connaît bien le condamné, explique : « Du point de vue d’un condamné à mort, faire un de ces deux gestes (signer la pétition et demander pardon) aurait pu lui rendre service. Mais Okunishi a probablement refusé de le faire parce qu’il reste fidèle à ses idées. Il n’est pas homme à bâtir des stratégies. »

Le tout est de rester fidèle à ses principes et de ne pas en changer au gré de ses intérêts...

Son attitude amène à se poser des questions sur sa culpabilité.

Par ailleurs je note qu'il est condamné à mort depuis...1961!

En clair il a la double peine: perpétuité et condamnation à mort.

Ou alors, c'est que l'on a un doute sur sa culpabilité. Comme on dit toujours: quand il y a un doute il n'y a pas de doute ->acquitté.