Retour sur Emile Friant.
Des interrogations demeurent donc pour les trois tableaux différents de cette exécution capitale, d’Emile Friant, (titrée
L’Expiation,
L’Exécution capitale, ou
La Peine capitale) :
Tableau
1. Orangé (Multicoupe, page 1, 8 Nov 2010, Louison, page 2, 24 Avr 2012)`
Tableau
2. Ennneigé, avec la présence de flocons sur les vêtements de l’équipe d’exécution. Ce serait le tableau présenté par Emile Friant au
Salon de la Société nationale des Beaux-Arts, à Paris, en 1908 (konvoi / Adelayde, page 1, 8 Nov 2010. 25 Avr 2010 et, page 2, Adelayde 23 Avr 2012). Dimensions : 166 x 176,cm
Tableau
3. Sans flocons de neige sur les vêtements de l’équipe d’exécution. Il est parfois présenté comme appartenant à
Art Gallery, à Hamilton, par le site https://artifexinopere.com/?p=3891 par exemple, ce qui ferait deux tableaux de Friant appartenant à Art Gallery !
Pour celui colorisé en orange (de Multicoupe), il pourrait s’agir du travail d’un copiste, avec modification demandée par le client. Les copistes de tableaux peuvent peindre très habilement n’importe quel sujet. Et il est possible de les commercialiser à partir du moment où ils tombent dans le domaine public et qu’ils soient à des dimensions différentes de l’original. Sur le net, on trouve des sites de copie qui proposent ce tableau en version orangée.
La
Réunion des Musées Nationaux détient une plaque photographique
monochrome sur verre, provenant d’un photographe de Paris
François Antoine Vizzavona (1876-1961), intitulée
La peine capitale. Sur ce tableau, on remarque la présence de flocons de neige sur les vêtements de l’équipe d’exécution.C’est le tableau présenté par Emile Friant 1908 au
Salon de la Société nationale des Beaux-Arts, à Paris, en 1908.
Le tableau est identique au tableau détenu par Art Gallery, à Hamilton. On peut donc en déduire que le tableau exposé en 1908 Salon de la Société nationale des Beaux-Arts, à Paris, est celui exposé aujourd’hui à Art Gallery à Hamilton (Canada).
Le
23 octobre 1997 a été mis en vente le tableau ci-dessous, intitulé
L'Expiation Tableau
3. On constate
l’absence de flocons de neige sur les vêtements de l’équipe d’exécution. Pas de renseignements sur sa provenance et son acquéreur. Ce tableau demeure une énigme.
Dimensions : 166,4 x 166,4cm. Le
Musée des Beaux-Arts, de Nancy ne le possède pas, lors d’une exposition nancéenne consacrée à Emile Friant
L’Exécution capitale était représentée par une grande photographie.
L’Expiation, mis en vente en 1997.
Si l’on voit dans
La peine capitale l’exécution de Harsch, en 1908 - par la présence de la neige, par exemple - d’autres exécutions nancéiennes antérieures ont peut-être aussi été mêlées dans la réalisation du tableau. Des témoignages de proches du peintre mentionnent que le tableau était en préparation
depuis plusieurs années, et l’intérêt du peintre pour les exécutions capitales date de bien avant l’exécution de Harsch. En témoignent, les dessins concernant les condamnés
Louis Dauga,
l’assassin à la pèlerine, exécuté en 1890, et
Jean Meunier, en 1897 (pour ce dernier voir le topic de Monsieur Bill (du 03/12/2008) :
https://guillotine.1fr1.net/t815-jean-dauga-l-assassin-a-la-pelerine-1890?highlight=DAUGA et pour Meunier, Adélayde (du 26/11/ 2011) :
https://guillotine.1fr1.net/t2281-eugene-meunier-douanier-assassin-voleur-et-incendiaire-1891?highlight=MEUNIERIl existerait aussi une tableau de Friant intitulée
Le repas du condamnédatant de 1900. Pas de détails sur lui.
L’exécuteur et les deux aides du tableau seraient trois amis d’Emile Friant, tous peintres. Louis Guenot (1864-1948), Jean-Mathias Schiff (1870-1939) et Michel Auguste Colle (1872-1948). Louis Guenot a été le plus proche de ses amis. Etonnement, cet artiste est l’inventeur mondial du premier camouflage créé pour des militaires, lors de la guerre de 14-18. En atteste, les souvenirs d’Albert Conte, dernier élève de Louis Guenot pendant plusieurs années.
Guenot peignit des décors pour le
Théâtre du peuple, à Bussang, dans les Vosges. Créé par Maurice Pottecher, ce théâtre existe toujours. Frédéric, neveu de Maurice, monta sur les planches du théâtre pendant plusieurs années. Il deviendra le grand chroniqueur judiciaire que l’on a connu.
Au début des années 2000, un évènement se produisit aux Etats-Unis. Un tableau d’Emile Friant, mis en vente aux enchères par la prestigieuse maison Sotheby’s, à New-York, a été adjugé 508000$. Estimation de ce tableau,
Ombres portées (1891), 60000-80000$.
Il est visible aujourd’hui au musée d’Orsay.
En 2018, Sotheby’s a mis en vente 18 oeuvres de Friant, inédites sur le marché de l’art (collection particulière). Des acheteurs européens, américains, canadiens étaient présents. Le tableau
La discussion politique[b (1899), estimé 30000-5000€, mise à prix à 20000€, donna un résultat de 212500€ ! (frais d’acheteur inclus). Les américains ont probablement fait monter les enchères, appréciant fortement la technique naturaliste de Friant. Un autre tableau
Le Repas frugal, estimé 30000-5000€, donna un résultat de 178750€ ! (frais d’acheteur inclus).
Le repas frugal (1894). Ce tableau représenterait la famille
Ledergerber, une humble famille L’une des filles, Eugénie, 19ans, ouvrière en chaussures, est la compagne de Friant. Le peintre a 31ans.
Sotheby’s décrit la scène en quelques lignes, dont celles-ci : «
Emile Friant connait bien la famille qu’il a représenté, c’est celle d’Eugénie Lederberger, sa compagne jusqu’à la fin de sa vie. Elle est au premier plan vêtue d’une blouse rouge et l’on reconnait sa petite sœur Jeanne, dans la fillette assise au fond. »
Variante. Extrait d’un site sur la ville de Nancy et comportant un article, bien illustré et bien détaillé, sur Emile Friant. La description de la scène du
Repas frugal est identique à celle de Sotheby’s, sauf la fin de ce passage : «
Elle est au premier plan [Eugénie] vêtue d'une blouse rouge et l'on reconnaît sa petite sœur Jeanne, dans la fillette assise sur ses genoux.Il y a là, quelque chose qui cloche. En 1894, la famille Lederberger est composée ainsi : La mère, Anne-Marie, 56ans, le père, Laurent, 59ans, et les 4 enfants (dont 3 filles) :
- Antoine, 29ans. Marié en 1888.
- Marie, 26ans. Mariée en 1888.
- Eugénie, 19ans.
Anna. Aucun renseignements sur cette dernière.
Donc, pas de Jeanne ! Qui est donc la petite fille assise sur les genoux d’Eugénie ? Anna ? Ou bien la petite soeur, assise au fond, présentée comme Jeanne, est-elle Anna ? D’autre part, le jeune âge de la petite fille et de la fille assise au fond, pose problème par rapport à l’âge des parents. Alors ?
Eugénie serait décédée en 1970, mais pas de confirmation officielle jusqu’à présent, soit près de quarante ans après la mort d’Emile Friant (1932). Pas de confirmation qu’elle a été la compagne du peintre jusqu’à sa mort. D’autres sources mentionnent
pendant quelques années.