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| Inhumation, tombes, sépultures des suppliciés | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Re: Inhumation, tombes, sépultures des suppliciés Mer 8 Aoû 2012 - 17:21 | |
| Une question que je n'ai pas vue sur le forum: Les suppliciés étaient-ils déliés lors de la mise en biére ? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Inhumation, tombes, sépultures des suppliciés Mer 8 Aoû 2012 - 19:16 | |
| - Panoramix a écrit:
- Une question que je n'ai pas vue sur le forum: Les suppliciés étaient-ils déliés lors de la mise en biére ?
D'après le témoignage bien connu de M° Albert Naud, la réponse est : NON. Bonne soirée ! |
| | | Adelayde Admin
Nombre de messages : 5716 Localisation : Pays d'Arles Date d'inscription : 02/03/2009
| Sujet: Re: Inhumation, tombes, sépultures des suppliciés Mar 4 Sep 2012 - 17:49 | |
| _________________ "L’art est le cordon ombilical qui nous rattache au divin" - Nikolaus Harnoncourt (Note du forum:Adelayde, notre administratrice, est décédée le 1er mars 2018 ) | |
| | | Adelayde Admin
Nombre de messages : 5716 Localisation : Pays d'Arles Date d'inscription : 02/03/2009
| Sujet: Re: Inhumation, tombes, sépultures des suppliciés Mar 4 Sep 2012 - 17:52 | |
| _________________ "L’art est le cordon ombilical qui nous rattache au divin" - Nikolaus Harnoncourt (Note du forum:Adelayde, notre administratrice, est décédée le 1er mars 2018 ) | |
| | | Adelayde Admin
Nombre de messages : 5716 Localisation : Pays d'Arles Date d'inscription : 02/03/2009
| Sujet: Re: Inhumation, tombes, sépultures des suppliciés Mar 4 Sep 2012 - 18:22 | |
| ‘’Tombes-sepultures.com’’, un site d’une extraordinaire richesse à visiter sans modération ! Mille mercis à Marie-Christine Pénin, webmaster du site qui, pour une meilleure lisibilité, m’a fait parvenir cette image originale et m’a accordé l’autorisation de la reproduire sur le forum.
---------- Autorisation délivrée par la Préfecture du département de la Seine à la mère de Félix Marius Gounaud, exécuté le 24 janvier 1923, pour la ré-inhumation du corps de son fils au cimetière d'Ivry.
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S’agissant d’un document d'archives inédit, sa copie - à des fins commerciales ou non-commerciales (intégration dans un ouvrage, sur un site, un forum, un blog etc.) - est formellement interdite.
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| | | piotr Charles-Henri Sanson
Nombre de messages : 2984 Localisation : Poland Emploi : MD-but I'm not working in prison ;-) Date d'inscription : 07/02/2006
| Sujet: Re: Inhumation, tombes, sépultures des suppliciés Sam 15 Sep 2012 - 6:57 | |
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| | | Adelayde Admin
Nombre de messages : 5716 Localisation : Pays d'Arles Date d'inscription : 02/03/2009
| Sujet: Re: Inhumation, tombes, sépultures des suppliciés Sam 15 Sep 2012 - 13:20 | |
| C'est une très belle découverte, Piotr. _________________ "L’art est le cordon ombilical qui nous rattache au divin" - Nikolaus Harnoncourt (Note du forum:Adelayde, notre administratrice, est décédée le 1er mars 2018 ) | |
| | | Adelayde Admin
Nombre de messages : 5716 Localisation : Pays d'Arles Date d'inscription : 02/03/2009
| Sujet: Inhumation Petiot Sam 15 Sep 2012 - 15:41 | |
| ‘’Tombes-sepultures.com’’, un site d’une extraordinaire richesse à visiter sans modération ! Mille mercis à Marie-Christine Pénin, webmaster du site qui, pour une meilleure lisibilité, m’a fait parvenir ces images originales et m’accordé l’autorisation de les reproduire sur le forum.
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Réquisition - Préparation de la tombe de Petiot la veille de l’exécution
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Attestation d'inhumation
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| | | Adelayde Admin
Nombre de messages : 5716 Localisation : Pays d'Arles Date d'inscription : 02/03/2009
| Sujet: Inhumation de Gorguloff Sam 6 Oct 2012 - 15:20 | |
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Cette photo a été prise lors de l’inhumation de Gorguloff au carré des suppliciés du cimetière d’Ivry.
Mille mercis à Marie-Christine Pénin, webmaster de l’extraordinaire site ‘’Tombes-sepultures.com’’ qui m’a fait parvenir ces images et m'aimablement m’accordé l’autorisation de les reproduire sur le forum.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Inhumation, tombes, sépultures des suppliciés Mar 20 Nov 2012 - 17:45 | |
| - piotr a écrit:
Le Petit Parisien, du 2 novembre 1892 Source : gallica.bnf.fr AU CIMETIÈRE D'IVRY Le nombre des visiteurs qui se sont rendus au cimetière parisien d'Ivry a été de près de vingt-cinq mille. Les curieux ont surtout stationné au coin dit « des suppliciés » où ont été enterrés les assassins Prado (23-12-1888), Vodable (01-07-1890), Geomay (22-05-1889), Eyraud (03-02-1891), Berland (27-07-1891), Doré (27-07-1891) et Anastay , exécutés sur la place de la Roquette. On sait que la loi interdit sur ces tombes les ornements funéraires, cependant l'administration a toléré que quelques-unes d'entre elles fussent entretenues. Au premier plan, celle de Vodable, l'assassin de la rue Basfroi, frappe d'abord la vue : elle est entourée d'une grille en bois noir et sur la croix qui l'orne on lit au-dessus de deux mains « enlacées » ce simple mot "ami". A droite de Vodable est inhumé Berland et à sa gauche Eyraud, l'assassin de l'huissier Gouffé. Derrière ces tombes sont les sépultures de Doré et de Geomay, sur lesquelles on ne voit que des initiales. Sur celle de Doré, des mains inconnues ont déposé deux bouquets de chrysanthèmes. La tombe de Geomay semble oubliée et les herbes commencent à la recouvrir. Rien ne désigne à l'attention du public les emplacements où se trouvent Berland, Eyraud, Prado et Anastay. Sur le document de Piotr, on voit que Peugnez, le dernier guillotiné de la place de la Roquette, en 1899, est en première ligne. La carte postale doit dater des toutes premières années de 1900, avant la reprise des exécutions parisiennes, celle du parricide Duchemin, en 1909, le long de la prison de la Santé, bd Arago (XIVème). |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Inhumation, tombes, sépultures des suppliciés Sam 5 Jan 2013 - 21:15 | |
| Petit récapitulatif des lieux d'inhumation des guillotinés de Paris au XIXème et XXème siècles : Cimetière de Clamart (disparu). Louis Adolphe Hervier (1818-1879). La rue Poliveau (Paris Vème aujourd'hui), le desservait. Il a reçu les corps de suppliciés de la place de Grève (place de l'hôtel de Ville). Cimetière du Montparnasse (cimetière du sud)). 3 bd Edgard Quinet (Paris XIVème). Ouvert en 1824. A l'origine, situé sur le territoire de la commune de Montrouge, et à partir de 1860 sur celui de Paris. Il a reçu les corps de suppliciés de la place de Grève (place l'Hôtel-de-Ville), de la barrière Saint-Jacques ( en totalité) et de la place de la Roquette. Au fil du temps, avec les agrandissements successifs du cimetière, le carré des suppliciés changea plusieurs fois d'emplacement. Le corps de la seule femme guillotinée place de la Roquette a été conduit dans ce cimetière : Houy Marie-Madeleine (épouse Pichon), condamnée à mort le 15-11-1851, par la cour d'assises de la Seine, pour crime de parricide. Exécutée par Jean-François Heidenreich, le 22-01-1852. 3 bd Edgar Quinet.Après l'ouverture d'un cimetière parisien (dit Ivry ancien) à Ivry-sur-Seine, l'inhumation des corps de suppliciés fut interrompu à Montparnasse et se fit dans ce cimetière : Ouvert en 1861.— 32 avenue de Verdun. Il a reçu les corps de suppliciés de la place de la Roquette Les inhumations se firent ensuite au deuxième cimetière parisien d'Ivry-sur-Seine (dit nouveau). Ouvert en 1874.— 44 avenue de Verdun. Il a reçu les corps de suppliciés de la place de la Roquette (jusqu'en 1899), du bd Arago (en totalité, 1909-1939), de la prison de la Santé (en totalité, 1940-1972). ° ° ° ° ° ° ° ° ° ° ° ° ° ° ° ° Trajets des corps des condamnés guillotinés pour les deux cimetières parisiens d'Ivry-sur-Seine.
Exécutions place de le Roquette : 1°) Après l'exécution, le fourgon mortuaire, escorté, gagnait la place de la Bastille, franchissait la Seine par le pont d'Austertitz, remontait le bd de l'hôpital jusqu'à la place d'Italie. Il s'engageait ensuite dans l'avenue de Choisy, passait la porte de Choisy par l'octroi, et continuait tout droit par l'avenue de Verdun jusqu'au cimetière parisien d'Ivry Ancien. Ivry Ancien.— 32 avenue de Verdun ( voir entrée 1 sur le plan final). 2°) Quand les inhumations se firent au cimetière parisien d'Ivry nouveau le trajet fut le même, mais le fourgon dut aller un peu plus loin sur l'avenue de Verdun ( voir entrée 2 sur le plan final). Ivry Nouveau.— 44 avenue de Verdun ( voir entrée 2 sur le plan final). 3°) Le trajet fut modifié quand la guillotine fut dressée bd Arago (XIVème) à partir de 1909. Le fourgon remonta alors l'avenue des Gobelins pour rejoindre la place d'Italie, suivit l'avenue d'Italie pour franchir la Porte-d'Italie par l'octroi et continuer tout droit par l'avenue de Fontainebleau (commune du Kremlin-Bicêtre) jusqu'à la hauteur de l'avenue du Repos qu'il prenait à gauche de cette avenue. L'avenue du Repos l'amenait à une nouvelle entrée du cimetière ( entrée 3 sur le plan final) qui desservait immédiatement l'allée menant au carré des suppliciés. Ivry Nouveau.—1 avenue du Repos ( voir entrée 3 sur le plan final). Dans le cimetière parisien d'Ivry nouveau les corps de deux femmes guillotinées ont été conduits : Georgette List (épouse Monneron), condamnée à mort le 01-10-1941, par la cour d'assises de la Seine, pour crime d'infanticide. Exécutée dans la cour de la Petite-Roquette par Henri Desfourneaux, le 06-02-1942. A remarquer, les trois mois écoulés entre la date de condamnation et la date d'exécution. Marie-Louise Lampérière (épouse Giraud), condamnée à mort le 08-06-1943, par la section de Paris du tribunal d'État, pour pratique d'avortements clandestins sur autrui. Exécutée dans la cour de la prison de la Petite-Roquette par Henri Desfourneaux, le 30-07-1943. Le corps n'a pas été demandé par la famille. * Tribunal d'État. Crée par le régime de Vichy, le 7 septembre 1941. Les jugements rendus par les sections de ce tribunal n'étaient susceptibles d'aucun recours ou pourvoi en cassation et pouvaient être exécutés immédiatement. |
| | | CARNIFEX Monsieur de Paris
Nombre de messages : 1845 Age : 53 Localisation : Angers(Maine et Loire) Emploi : Justice Date d'inscription : 20/02/2006
| Sujet: Re: Inhumation, tombes, sépultures des suppliciés Sam 5 Jan 2013 - 21:25 | |
| Pfouhh! Quelle enquête, Mercattore! Félicitation! _________________ Potius mori quam foedari
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| | | Adelayde Admin
Nombre de messages : 5716 Localisation : Pays d'Arles Date d'inscription : 02/03/2009
| Sujet: Le Coin des Réprouvés Dim 6 Jan 2013 - 14:07 | |
| Le Coin des Réprouvés
Dans certains cimetières, il existe un coin où l'on ne s'aventure qu'en tremblant ; l'herbe y pousse haute et drue, disputant aux ronces cette terre sous laquelle dorment pour l'éternité des êtres qu'aucune inscription, aucune épitaphe ne rappelle au souvenir des vivants. C'est là qu'on inhumait autrefois les hérétiques lorsqu'ils n'avaient point connu les caresses de la flamme des bûchers et que leurs cendres n'avaient point été éparpillées au vent ; aujourd'hui, c'est en cet endroit maudit qu'on enfouit les suppliciés.
Dimanche dernier, la curiosité nous entraîna jusqu'au cimetière d'Ivry-Nouveau, tout là-bas, sur la route de Choisy, où l'on conduit les restes des assassins dont le fil de l'existence a été brusquement tranché par le couperet de la guillotine, depuis que le légendaire « Champ-de-Navets », enclos dans le cimetière d’Ivry-Ancien, a été consacré à des sépultures plus honorables. Dans l'angle de la lointaine nécropole, où il nous arriva plusieurs fois d'accompagner le sinistre équipage de M. de Paris les matins d’exécutions capitales, le sol était uni, soigneusement sablé ; pas le moindre renflement ne révélait la place où furent confiées à la terre les sanglantes dépouilles des criminels décapités en ces treize dernières années. Nous ne retrouvâmes même pas les noms et les dates tracés au charbon ou à la craie sur la muraille voisine et qui seuls apprenaient aux visiteurs que là gisent Eyraud, Anastay, Vaillant, Carrara, Peugnez et combien d'autres... Ces inscriptions avaient été effacées par ordre supérieur, nous a-t-on dit, car il est des morts dont il est défendu de se souvenir.
Et nous nous reportions par la pensée à la froide matinée du 28 décembre 1888, alors que nous attendions, devant ce carré de terrain où l'on avait creusé une fosse, l’arrivée du fourgon que nous avions vu partir de la place de la Roquette, encadré de gendarmes, et que notre fiacre avait devancé au cimetière. C'était Prado qui devait inaugurer - s'il est permis de s'exprimer ainsi - le nouveau« coin » des suppliciés. Pranzini, l'assassin précédemment exécuté, avait clos la longue série des criminels inhumés dans l'ancien cimetière d'Ivry. Bientôt le bruit d'un galop de chevaux se fit entendre, et le sombre véhicule de M. DeibIer s'arrêta un peu en avant du trou que dominait de sa silhouette cassée un fossoyeur appuyé flegmatiquement sur sa pelle. Une bière en sapin, un pauvre cercueil fait de quelques planches mal ajustées avait été déposé parallèlement à la bordure du trottoir. Des gens, qui s'efforçaient de se défendre par des ricanements contre l'émotion qui les étreignait, étaient juchés sur la crête du mur pour assister à ces funérailles clandestines. Silencieusement et non sans une certaine solennité d'allures les aides de l'exécuteur des hautes œuvres dont l'un, en redingote et chapeau haut de forme, ressemblait beaucoup plus à un procureur qu'à un valet de bourreau, descendirent du fourgon le panier contenant les restes du supplicié. Le cadavre fut allongé dans le cercueil et nous éprouvâmes à ce moment l'impression que c'était un enfant qu'on avait guillotiné une heure auparavant, tellement ce corps sans tête paraissait minuscule. La chemise de soie, le pantalon noir, les souliers vernis, tout ce luxe de vêtements ajoutait nous ne savons quoi de ridiculement macabre à l'étrangeté poignante du spectacle. Et la tête ! quelle chose misérable et falote ! Qu'on s'imagine une boule pas plus grosse que le poing, blanche, poudrée aux yeux et aux lèvres de sciure de bois, ayant presque perdu, par suite de la décollation, l'apparence d'un chef humain. Quand on voulut la replacer sur les épaules de Prado, - c'est une erreur de croire qu'on enterre les guillotinés avec leur tête entre les jambes - on s'aperçut qu'on n'avait pas laissé suffisamment de place entre le tronc et le chevet de la bière et l'on dut tirer légèrement le cadavre par les pieds pour que la toute petite tête pût être ajustée à l'endroit qu'elle occupait avant d'avoir été coupée.
Un an et demi plus tard, - il faut bien donner des informations aux lecteurs, même sur les événements les plus pénibles - le devoir professionnel nous appelait dans ce même coin lugubre du cimetière d'Ivry. Cette fois, c'était Eyraud, le complice de Gabrielle Bompard dans l'assassinat de l'huissier Gouffé, qu'on allait mettre en terre dans le carré des réprouvés. Nous éprouvâmes la même impression de dégoût, à laquelle se mêlait un sentiment de pitié, quand on sortit du vaste panier ce cadavre décapité, le torse enserré par des cordes disposées de façon à ramener les avant-bras derrière le dos et à croiser les mains à la hauteur des reins dans une ligature dernière. L'absence de tête et cette disposition des bras produisent le plus singulier effet ; ce n'est qu'en regardant les pieds qu'il est possible de se rendre compte si l'homme n'est pas à l'envers. Dans leur précipitation à terminer leur besogner les aides du bourreau négligèrent de s'assurer de la position du corps d'Eyraud qu'ils étendirent dans le cercueil, couché sur le ventre. Au dernier moment, un assistant fit remarquer l'erreur commise mais l'un des auxiliaires de M. Deibler eut aussitôt un petit geste qui signifiait évidemment que cela n'avait nulle importance. Et c'est ainsi qu'Eyraud partit pour l'autre monde, avec sa tête sur les épaules mais tournée du mauvais côté.
On a déjà raconté la scène ultra-macabre qui se produisit le matin de la double inhumation de Berland et de Doré, deux des auteurs du crime de Courbevoie. Bien qu'y ayant assisté, nous ne la décrirons pas par le menu, car elle eut un caractère particulièrement horrible. Il est tout à fait exact qu'au moment de restituer sa tête à chacun des suppliciés, il y eut de la part des valets de M. de Paris une hésitation qui dura plusieurs minutes et impressionna terriblement les personnes présentes. Il n'y a guère qu'une vingtaine d'années que les restes des condamnés à mort exécutés à Paris sont honorés d'une bière ; auparavant, le panier était apporté au bord de la fosse, on le faisait basculer et l'on versait tout son contenu dans le trou béant sans autre cérémonie. Cela se passe encore ainsi dans un grand nombre de villes de province quand les corps n'ont pas été réclamés pour servir à des travaux anatomiques. Nous nous souvenons encore d'une discussion très aigre, ma foi, qui eut lieu au cimetière d'Ivry, à propos des restes de Prado, entre le représentant de la Faculté de médecine et le chef de la sûreté d'alors, délégué spécialement par le préfet de police pour assister à l'inhumation du supplicié. Le chirurgien voulait absolument emporter le corps sous prétexte qu'il n'avait pas été réclamé par la famille. - Mais Prado s'est réclamé lui-même ! s'écria le chef de la sûreté que faut-il donc de plus ? Force fut au fourgon de l'École de médecine, qui était venu se ranger à côté de celui de Deibler, de faire demi-tour. L'infortuné Pranzini n'avait pas eu cette chance après sa mort : les meilleures portions de sa peau, préparées par un habile gainier, avaient servi à confectionner des porte-cartes, lesquels, d'ailleurs, furent brûlés dans la cheminée d'un juge d'instruction, dès que le procureur de la République eut appris quel usage on avait fait de l'épiderme de l'assassin de Marie Regnault. Un procès-verbal de cette originale incinération fut même dressé.
Depuis Peugnez, aucun criminel n'a été exécuté à Paris. Sait-on combien de personnes il est nécessaire de prévenir quand le procureur général, après le refus de la grâce par le Président de la République, a arrêté la date de l'expiation pour un condamné à mort ? Exactement dix-neuf. Tout d'abord le bourreau, qui vient chercher l'ordre d'exécution au parquet général ; ensuite le préfet de police, qui informe lui-même le colonel de la garde républicaine, le commandant de la gendarmerie départementale et le directeur de la police municipale ; puis le procureur de la République ; le juge d'instruction qui devra recueillir les aveux in extremis du patient, s'il veut bien en faire ; un greffier de la cour d'appel chargé de dresser, concurremment avec le maire de l'arrondissement où a lieu l'exécution, l'acte de décès du supplicié ; le chef de la sûreté ; le directeur de la prison où le condamné est détenu ; l'aumônier ; le commissaire de police du quartier et l'officier de paix de l'arrondissement ; la Faculté de médecine si les parents du criminel n'ont point réclamé ses restes ; l'administration des pompes funèbres qui fournit le cercueil ; le service de la voirie municipale, qui faisait autrefois sabler la place de la Roquette pour faciliter les évolutions de la cavalerie et prévenait le cantonnier chargé d'ouvrir la borne-fontaine voisine de l'emplacement où s'élevait l'échafaud, afin de permettre au bourreau de laver les pièces de sa machine ; le commissaire de police d'Ivry, qui doit assister à l'inhumation, et le conservateur du cimetière.
Nous oublions quelqu'un qui est particulièrement intéressé dans une exécution capitale et qu'on n'informe qu'à la dernière minute, c'est le condamné lui-même.
Il faut espérer que, dans l'avenir, la guillotine accomplira son œuvre sanglante derrière la muraille d'une prison et qu'il ne sera plus nécessaire de déranger un aussi grand nombre de magistrats et de fonctionnaires pour aller voir mourir un homme !
Jean Frollo - Le Petit Parisien, n° 9 505 du 6 novembre 1902
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| | | Adelayde Admin
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| Sujet: Le cimetière de Clamart Dim 6 Jan 2013 - 15:15 | |
| Le cimetière de Clamart
Contrairement à ce que laisse penser son nom, le cimetière dit de Clamart est bien à l’intérieur de Paris. Il se trouvait en 1646 proche des jardins et de l’hôtel de Clamart qui appartenaient aux seigneurs du village de Clamart, d’où le nom. Une croix portant le nom de Clamart était d’ailleurs dressée sur la place proche.
On y enterra d’abord des criminels – ou du moins des personnes jugées telles – sans croix ni marque d’aucune sorte, afin que les familles ne puissent venir se recueillir sur leurs tombes.
Au XVIIIème siècle, on y enterra – comme le souligne Mercier – ceux qui mouraient à l’Hôtel-Dieu et, pendant la Révolution, de nombreux guillotinés y furent également inhumés.
On cessa d’y enterrer les morts en 1793 et il fut complètement désaffecté en 1814, remplacé en 1833 par un amphithéâtre de dissection des hôpitaux de Paris, ce qui pérennisait les dissections auxquelles se livraient déjà secrètement les étudiants en médecine avant sa fermeture.http://www.nicolaslefloch.fr/Lieux/Clamart.html _________________ "L’art est le cordon ombilical qui nous rattache au divin" - Nikolaus Harnoncourt (Note du forum:Adelayde, notre administratrice, est décédée le 1er mars 2018 ) | |
| | | Adelayde Admin
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| Sujet: Le cimetière de la Madeleine Mer 23 Jan 2013 - 15:47 | |
| Le cimetière de la Madeleine
Le cimetière de la Madeleine est un ancien cimetière parisien situé dans l'actuel huitième arrondissement de Paris. Il a servi, pendant la Révolution française, à déposer les corps des personnes guillotinées place de la Révolution (actuelle place de la Concorde). En 2012, le site est le square Louis-XVI dans lequel a été bâti la Chapelle expiatoire.
Il était un des quatre cimetières du Paris de la Révolution à avoir reçu des corps suppliciés par la guillotine
Liste des personnalités inhumées
- Louis XVI († 21 janvier 1793). Ses restes sont transportés du cimetière de la Madeleine à la basilique Saint-Denis le 21 janvier 1815 ;
- Marie-Antoinette (16 octobre 1793). Ses restes sont transportés à la basilique Saint-Denis le 21 janvier 1815 ;
- Charlotte Corday (18 juillet 1793) ;
- Vingt-deux Girondins guillotinés le 10 Brumaire an II : Charles-Louis Antiboul ; Jacques Boilleau ; Jean-Baptiste Boyer-Fonfrède ; Jacques-Pierre Brissot ; Jean-Louis Carra ; Gaspard-Séverin Duchastel ; Jean-François Ducos ; Charles Éléonor Dufriche-Valazé ; Jean Duprat ; Claude Fauchet ; Jean-François Martin Gardien ; Armand Gensonné ; Jacques Lacaze ; Marc David Lasource ; Claude Romain Lauze de Perret ; Pierre Lehardy ; Benoît Lesterpt-Beauvais ; Jacques Pierre Agricol Mainvielle ; Charles-Alexis Brûlart, marquis de Sillery ; Pierre-Victurnien Vergniaud ; Louis-François-Sébastien Viger.
- Madame Roland (8 novembre 1793) ;
- La comtesse Jeanne du Barry (favorite de Louis XV, décédée le 8 décembre 1793) ;
- Olympe de Gouges (3 novembre 1793) ;
- Les gardes suisses tombés au palais des Tuileries le 10 août 1792 ;
- Antoine Charles Augustin d'Allonville tué au palais des Tuileries le 10 août 1792 ;
- Antoine-Nicolas Collier, général Comte de la Marlière, condamné à mort par le tribunal révolutionnaire le 26 novembre 1793 (6 Frimaire an II) ;
Le cimetière après 1793
Pierre-Louis-Olivier Descloseaux, un riverain du cimetière de la Madeleine, acheta le lopin de terre. Ayant été témoin des inhumations qui y furent faites, et ayant dresse la liste des 1 343 personnes guillotinées de 1792 à 1794, il avait circonscrit l'endroit exact où reposaient les corps et entouré le carré d'une charmille avec des saules pleureurs et des cyprès, dans le souci de sauvegarder les dépouilles du couple royal et des autres victimes qui y étaient inhumées.
Ce cimetière est désaffecté en mars 1794. Sous la Restauration, Louis XVIII fait ériger à cet emplacement la chapelle expiatoire, réalisée par Pierre-François-Léonard Fontaine. En 1844, les squelettes sont transférés à l'Ossuaire de l'Ouest et puis en 1859 aux Catacombes de Paris.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cimeti%C3%A8re_de_la_Madeleine_________________ "L’art est le cordon ombilical qui nous rattache au divin" - Nikolaus Harnoncourt (Note du forum:Adelayde, notre administratrice, est décédée le 1er mars 2018 ) | |
| | | Adelayde Admin
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| Sujet: Le petit cimetière de Picpus Mer 23 Jan 2013 - 15:49 | |
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| | | Adelayde Admin
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| Sujet: Cimetière Sainte-Marguerite Mer 23 Jan 2013 - 15:54 | |
| Le cimetière Sainte-Marguerite
Le cimetière Sainte-Marguerite, sous la Révolution se trouvait entre Paris et le village de Charonne, au niveau du 36 rue Saint-Bernard, à côté de l’église Sainte-Marguerite dans le 11ème arrondissement. Ce cimetière fut affecté aux inhumations des guillotinés de la place de la Bastille entre le 9 juin et le 12 juin 1794 puis des premières victimes de la place du Trône Renversé (place de la Nation aujourd'hui) avant que leurs corps ne soient envoyés au cimetière de Picpus. On pense aussi que c'est dans ce cimetière qu'a été inhumé le corps de « l'enfant du Temple » (Louis XVII)
Les 73 personnes guillotinées place de la Bastille et celles qui furent décapitées à la barrière du Trône en attendant l’ouverture du cimetière de Picpus, furent mises dans les fosses communes de Sainte Marguerite.http://fr.wikipedia.org/wiki/Cimeti%C3%A8re_Sainte-Marguerite _________________ "L’art est le cordon ombilical qui nous rattache au divin" - Nikolaus Harnoncourt (Note du forum:Adelayde, notre administratrice, est décédée le 1er mars 2018 ) | |
| | | Adelayde Admin
Nombre de messages : 5716 Localisation : Pays d'Arles Date d'inscription : 02/03/2009
| Sujet: Cimetière des Errancis Mer 23 Jan 2013 - 15:56 | |
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Le cimetière des ErrancisLe cimetière des Errancis doit son nom à un lieu-dit qui signifiait « les estropiés ». Il était alors situé à la campagne sur un terrain qui longeait à l’extérieur le Mur des Fermiers généraux, dans le périmètre qui s’étend de nos jours du carrefour des rues des Rochers et de Monceau à la station de métro de Villiers. C’est un des cimetières de la période révolutionnaire.
On y enterra entre juillet 1793 et mai 1795 :
- Philipe de Bourbon, duc d’Orléans (Philippe- Egalité) ; - Georges Danton ; - Camille Desmoulins et son épouse Lucile ; - Philippe-François-Nazaire Fabre, dit « Fabre d’Eglantine » ; - Chrétien-Guillaume de Lamoignon de Malesherbes ; - Antoine Lavoisier ; - Madame Elisabeth ; - Maximilien de Robespierre ; - Augustin de Robespierre ; - Couthon Georges ; - Louis-Antoine de Saint-Just ; - Le cordonnier Antoine Simon.
Ce cimetière a entièrement disparu lors du percement du boulevard Malesherbes. Tous les ossements furent ramassés et transportés pêle-mêle aux catacombes de Paris où ils se trouvent encore sans doute. Il est vrai qu’un monument où seraient inhumés les derniers protagonistes de la Terreur serait sans doute un lieu de commémoration quelque peu gênant, même de nos jours.
http://www.appl-lachaise.net/appl/article.php3?id_article=336 Le cimetière des Errancis fut ouvert le 24 mars 1794, sur décision de la Mairie de Paris, suite à la fermeture de celui de la Madeleine. Le nouveau cimetière occupait le terrain vague accolé au mur des Fermiers-Généraux, près de la « Folie de Chartres », le parc Monceau actuel. Le carré du cimetière que l'on voit sur l'ancien plan (1835) se situer entre le boulevard de Monceaux, la rue du Rocher et l'avenue de Valois, correspondrait aujourd'hui en majeure partie à l'actuel boulevard de Courcelles au niveau du métro Villiers.
Une plaque, au coin de la rue de Monceau et rue du Rocher, marquant l'emplacement de l'entrée, rappelle l'existence de ce cimetière où furent enterrés les 1119 personnes guillotinées place de la Révolution entre le 24 mars 1794, date d'ouverture du cimetière, et le 9 mai 1794, lorsque la guillotine a été déplacée à la barrière du Trône, y compris les 106 victimes du Thermidor et Fouquier-Tinville exécuté le 7 mai 1795.
Le soir du 10 thermidor, la guillotine étant revenue place de la Révolution, c'est ici, au cimetière des Errancis, que furent ensevelis Robespierre, Saint-Just et leurs camarades de malheur. Barras prétend dans ses mémoires avoir ordonné de les enterrer au cimetière de la Madeleine, puis, la nuit, transporter secrètement les corps au cimetière des Errancis. Même si l'on accorde foi à ses allégations douteuses, le résultat est le même: Robespierre et ses amis ont été inhumés aux Errancis. D'après certaines sources, le lieu supposé de leur fosse commune se situerait au niveau de l'actuel n°23 du boulevard de Courcelles (bâtiment du garage Renault).
Après thermidor, et jusqu'au 23 avril 1797, date de sa fermeture, le cimetière fut affecté aux inhumations de la population des quatre premiers arrondissements de la rive droite. Mais les morts ne s'y reposèrent point en paix... Aussitôt après la fermeture, un bal s’installa sur son emplacement. Puis, à la Restauration, Louis XVIII fouilla consciencieusement les tombes en espérant (en vain) retrouver la dépouille de Mme Élisabeth, sa sœur. Puis, entre 1844 et 1859, les travaux d'Haussmann ont commencé, et avec eux, la construction du boulevard de Courcelles. Nouvelles fouilles en 1848, cette fois-ci - pour retrouver les restes des révolutionnaires. Rien n'a été retrouvé. On transporta donc aux Catacombes tous les ossements exhumés. Et on construisit à l'emplacement du cimetière les beaux immeubles de l'actuel XVIIème arrondissement...
Saint-Just avait prévu ce destin lorsqu'il avait écrit, peu avant sa fin, cette magnifique prophétie devenue son épitaphe: «Je méprise la poussière qui me compose, [...] mais je défie qu'on m'arrache cette vie indépendante que je me suis donnée dans les siècles et dans les cieux». Ainsi fut-il. Ses cendres se sont dérobés à la postérité ingrate, et nul ne pourra jamais ni fleurir sa tombe, ni la fouler aux pieds. Sa vie éternelle dans les cieux dépasse l'entendement des simples mortels. Il ne nous reste ainsi que sa mémoire. Tant que son souvenir sera présent dans nos coeurs, tant durera sa vie dans les siècles.
Immeuble portant la plaque N°23, boulevard de Courcelleshttp://www.antoine-saint-just.fr/lieux/errancis.html _________________ "L’art est le cordon ombilical qui nous rattache au divin" - Nikolaus Harnoncourt (Note du forum:Adelayde, notre administratrice, est décédée le 1er mars 2018 ) | |
| | | piotr Charles-Henri Sanson
Nombre de messages : 2984 Localisation : Poland Emploi : MD-but I'm not working in prison ;-) Date d'inscription : 07/02/2006
| Sujet: PICPUS.... Sam 23 Fév 2013 - 22:38 | |
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| | | Titus_Pibrac Monsieur de Paris
Nombre de messages : 652 Age : 58 Localisation : Italie, Venise Emploi : Ingénieur Date d'inscription : 23/05/2008
| Sujet: Re: Inhumation, tombes, sépultures des suppliciés Sam 2 Mar 2013 - 0:20 | |
| Vous noterez que César Borgia (fils du pape Alexandre III, cousin d'un saint, père de Louise Borgia et ancêtre des Bourbon-Busset) fut lui aussi enterré sous une route en Navarre à titre de punition.
Et Richard III Plantagenet récemment découvert sous un parking ... | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Inhumation, tombes, sépultures des suppliciés Jeu 13 Juin 2013 - 22:00 | |
| Le journaliste Marcel Montaron assista à l'exécution et à l'inhumation de Gorguloff. Il écrivit ensuite un long article dans le Magazine DÉTECTIVE, intitulé Le carré des Suppliciés. En voici la première partie.
LE CARRÉ DES SUPPLICIÉS
Gorguloff était apparu, livide, à la porte du fourgon, saisi par les aides, et l'on avait été ainsi brusquement plongé dans une pénombre qui n'était pas la nuit mais qui n'était pas tout à fait le jour. Il semblait bien, à certains, pourtant, que Gorguloff, avec son cou de taureau, ses épaules de colosse, s'ajustait mal à la machine de mort au gabarit égal pour tous, et qu'on avait dû, pour mieux lui trancher la tête, le pousser, l'appuyer contre la lunette, lui maintenir la tête par les oreilles. Cruelles secondes pendant lesquelles le bourreau avait, pour la première fois, senti sa main trembler.
Allait-il, pour une de ses dernières exécutions, et quelle exécution celle d'un régicide — rater son ouvrage ? On apprit plus tard qu'il était entré chez lui très pâle et que les locataires aux aguets l'avaient entendu dire à Mme Deibler : — J'ai les poignets brisés !
- Au cimetière d'Ivry -
Près de la grande malle d'osier, on a placé le frêle cercueil en sapin et la livraison du supplicié commence. C'est d'abord le corps sans tête que l'on soulève du panier pour le placer dans le cercueil. Les pieds sont encore ligotés. Mais, d'un coup de canif les fossoyeurs ont coupé la corde qui maintenait les bras derrière le dos. En hâte, on a remis à l'un des pieds l'escarpin qui en avait glissé, sans doute au moment de la chute.
Le colosse repose maintenant dans l'étroit cercueil, si étroit qu'il ne doit pas y avoir de place pour la tête, cette tête de cire, zébrée de traits de sang, et qu'un fossoyeur apporte dans ses mains. Tête de musée du crime de fête foraine, presque irréelle avec ses légers cheveux noirs frisés, si ce n'était cette chair du coup déchiquetée et sanglante. Une légende, vivace encore dans l'esprit de beaucoup de gens, veut que la tête du condamné à mort soit placée, dans le cercueil, entre les jambes du supplicié. Il n'en est rien. Ce n'est pas, en tous cas, ce que j'ai vu faire pour Gorguloff, dont la tête fut replacée sur le cou tranché, comme les morceaux d'un puzzle tragique.
On entend maintenant les coups de marteau des fossoyeurs revissant le couvercle et le crissement des pas sur le gravier. Tout est-il prêt ? Non, les fossoyeurs vont chercher le panier et viennent en vider la sciure coagulée dans la fosse. La sciure est si rouge et si collée qu'elle ressemble à un lambeau de chair oublié dans la malle tragique. C'est maintenant l'inhumation — le dernier acte de la mise à mort de l'assassin. Maintenu par de longues lanières de cuir, le cercueil de Gorguloff glisse dans la fosse et les spectateurs se recouvrent. Car le prêtre qui tout à l'heure accompagnait le condamné à l'échafaud n'est pas là. Ni le procureur qui lui annonçait qu'il devait se préparer à mourir. Ni le bourreau dont la main s'énervait tandis qu'on ajustait l'homme sur la bascule. Il n'y a là qu'un commissaire, que quelques gardiens en uniforme, et que M. le Conservateur du cimetière qui, d'un crayon administratif, ajoute un nom et une date sur le petit carnet dont la liste s'allonge à chaque exécution.
Déja, les fossoyeurs, à grands coups de pelle, rebouchent la fosse. Il ne faut que quelques instants pour que tout soit comblé, tassé, resablé, qu'il ne reste rien de la tombe maudite où l'on a couché l'homme qui a tué. Repassez le soir même. Vous ne verrez à nouveau qu'un espace nu, où s'allongent les ombres des tombes voisines et qu'un gardien qui, si vous approchez trop près de l'espace sablé, vous fait signe de passer votre chemin.
C'est la dernière garde devant le condamné. Le mort n'appartiendra à la famille que le jour où celle-ci le fera exhumer pour le conduire dans quelque autre cimetière dans une fosse particulière. Et encore n'a-t-elle le droit d'inscrire sur sa croix que ses initiales. Si le supplicié n'est pas réclamé par sa famille, la Faculté de médecine viendra en prendre livraison. L'homme en deux morceaux ira à Clamart : on ne videra dans la fosse d'Ivry que le fond du panier d'osier…un peu de sciure et un peu de sang…
Ainsi Gauchet, l'assassin du bijoutier de l'Avenue Mozart, a été exhumé du cimetière d'Ivry, pour être enterrée à Thiais, la fosse où il avait été couchée fut rebouchée, puis à nouveau ouverte la veille du matin où devait être exécuté Boyer. Boyer gracié — gracié en raison du Président de la République, tué par Gorguloff — la fosse fut recomblée.
Et c'est dans cette même fosse qu'est enterrée provisoirement Gorguloff, jusqu'à ce que sa femme le fasse exhumer. Tel est le secret du carré des suppliciés. Les condamnés à mort n'y font qu'un court séjour et ceux qui ne sont réclamés ni par leur famille, ni par la Faculté de médecine, sont si peu nombreux que l'étroit espace sablé est toujours assez grand pour recevoir les nouveaux suppliciés. |
| | | mitchou34 Bourreau départemental
Nombre de messages : 301 Age : 69 Date d'inscription : 14/12/2013
| Sujet: guillotine et cimetières Mar 4 Mar 2014 - 17:26 | |
| Peut-on encore trouver des tombeaux et sépultures de victimes de guillotinés dans nos bons vieux cimetières de France?C'est une question que je me pose en pensant que cela doit être jouable.Et surtout,est-ce que quelques uns de nos brillants limiers du forum s'y sont déjà attelés? Je crois que cela pourrait être une démarche ardue mais intéressante.Je me souviens néanmoins avoir vu sur le forum le cliché d' une plaque funéraire avec les portraits de la famille Richaud et de leur domestique Amaudric,tous massacrés par J-B Ughetto et son complice en 1928 dans la tuerie dite de Valensole. Cette photo m'avait positivement impressionné.Qu'on se le dise. | |
| | | Benny Monsieur de Paris
Nombre de messages : 532 Age : 53 Localisation : Yvelines Date d'inscription : 06/04/2011
| Sujet: Re: Inhumation, tombes, sépultures des suppliciés Mar 4 Mar 2014 - 19:22 | |
| Oui, on en trouve. Il y en a plusieurs photos dans ce forum : Bontemps, Ranucci... | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Inhumation, tombes, sépultures des suppliciés Mar 4 Mar 2014 - 19:47 | |
| - mitchou34 a écrit:
- Peut-on encore trouver des tombeaux et sépultures de victimes de guillotinés dans nos bons vieux cimetières de France?C'est une question que je me pose en pensant que cela doit être jouable.Et surtout,est-ce que quelques uns de nos brillants limiers du forum s'y sont déjà attelés?
Je crois que cela pourrait être une démarche ardue mais intéressante.Je me souviens néanmoins avoir vu sur le forum le cliché d' une plaque funéraire avec les portraits de la famille Richaud et de leur domestique Amaudric,tous massacrés par J-B Ughetto et son complice en 1928 dans la tuerie dite de Valensole. Cette photo m'avait positivement impressionné.Qu'on se le dise. Bonsoir, mitchou34 Je vous suggère d'envoyer un MP à notre confrère du forum philandru, il est charmant et est une sommité universellement reconnue en matière de cimetières...il me semble être l'homme de la situation Bonne soirée ! |
| | | mitchou34 Bourreau départemental
Nombre de messages : 301 Age : 69 Date d'inscription : 14/12/2013
| Sujet: guillotine et cimetières Mar 4 Mar 2014 - 20:27 | |
| Merci Pierrepoint,j'espère que Philandru,notre éminent expert es cimetières vous entendra. Pour répondre à Benny,je précise que mon propos concerne les sépultures des victimes de guillotinés et non celles des guillotinés.Bref,et pour imager mon sujet,est-il encore possible de retrouver les tombes des victimes de Delanoé,Gabillard,des frères Pollet,des chauffeurs de la Drome,de Grand,de Verdière etc...etc... | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Inhumation, tombes, sépultures des suppliciés | |
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| | | | Inhumation, tombes, sépultures des suppliciés | |
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