Bonjour,
Voici un article sur Théotine Prunier, Le Petit Journal du 15 novembre 1879.
Théotine Prunier, qui a tué une vielle femme et violé son cadavre, a été exécuté le 13 novembre 1879 a Beauvais.
Voir l’excellent site :
http://guillotine.voila.net/Condamnations.html
histoires criminelles du Tarn :
http://books.google.fr/books?id=bjPxoc21iKoC&pg=PA100&lpg=PA100&dq=th%C3%A9otime+prunier&source=bl&ots=lH7XV_kA2C&sig=n6aE-TGp2JZHNsalOqmJSRdvynA&hl=fr&sa=X&ei=HzVaT6CgH8an8gPMreXoDg&ved=0CDQQ6AEwAQ#v=onepage&q=th%C3%A9otime%20prunier&f=false
Execution a Beauvais
Prunier a été exécuté hier matin a Beauvais, ainsi que nous l'avions sommairement annoncé ; le corps n'ayant pas été réclamé par la famille, plusieurs somites médicale de province et de Paris ont été autorisées à faire , aussitôt après l’exécution, des expériences sur la possibilité de la continuité des fonctions vitales, après la décollation, et à procéder à l'autopsie.
Avant tout récit, hatons-nous de dire, pour l'honneur de l'humanité, que l'autopsie a laissé la conviction aux médecins, que l’adhérence des méninges au cerveau avait causé chez ce criminel un état exceptionnel maladif et morbide.
Le crime qu'il avait commis dépasse les limites de l'horrible et ne peut se raconter sommairement ; il avait promis de mettre à exécution son projet criminel, sa victime désignée était a la fête du pays.
Prunier tourna sa brutalité sur la mère, sa patronne ; furieux de sa résistance, il l'assomma à coups de bêche, et sur le cadavre se livra aux derniers outrages. Le cadavre, il le jeta à l'eau et le repêcha ensuite pour renouveler ses actes de bestialité.
Depuis plus de quinze jours on j’attendais à Beauvais à une ou plusieurs exécutions ; chaque nuit la foule stationnait sur la place du Marché-Franc.
Dans la soirée du mardi, malgré les soins pris pour la cacher, l'arrivée de l’exécuteur des hautes œuvres, a été rapidement connue ; plusieurs milliers de personnes ont passé la nuit sur la place.
Dans la même soirée arrivait la nouvelle officielle de la commutation de la peine de mort prononcée contre Martin et Isnard, également détenus à la prison de Beauvais. A chacun de ceux-ci on annonçait que deux condamnés sur les trois avaient été commués, sans indiquer le nom de l'autre ; cela pour éviter qu'aucune indiscrétion ne put être commise vis-à-vis de Prunier par l'un des condamnés à mort.
Hier matin, a cinq heures, on les réveillait tous trois pour assister à la messe spéciale célébrée par Mgr Hasley et M. l’aumônier Claverie ; toute communication était interdite entre eux.
Le bruit des cloches célébrant la messe », se mêlant au bruit de derniers coups de marteau des aides du bourreau, a profondément émotionné la foule, parmi laquelle régnait un profond silence.
C'est à l'issue de cette cérémonie que M. Demange, gardien-chef, accompagné de l’aumônier, de M . le greffier Marange et de l'avocat de Prunier, M. Charles Gossin, a annoncé au condamné que le moment fatal était arrivé.
« Il faut vous préparer à subir l'expiation » dit le gardien-chef.
Prunier ne répond pas un seul mot et suis sans soutien ceux qui le conduisent dans la long dédale de corridors et d'escaliers qui mène à la salle du greffe où a lieu la toilette.
Jusqu'à la fin l'attitude de Prunier a été ferme ; étant donné son crime, tous ceux qui ont assisté à beaucoup d’exécutions capitale s'imaginaient, d 'après les précédents, qu'il mourait affaissé, inconscient, comme Welker, Louchard etc. Il n'en a rein été.
Avant de se livrer au bourreau, Prunier a témoigné le désir de serre la main au gardien-chef ;
il l'a remercié de ses bons traitements.
« Et vous aussi, ma bonne mère, a-t-il ajouté, en s'adressant à la religieuse présente , laissez-moi vous remercier ».
On lui offre quelques réconfortants ; il choisit un verre de rhum.
Il grelotte pendant qu'on lui lie les mains, quoiqu'il soit couvert du chaud uniforme de la prison ; sur son désir, on l'approche du poêle.
Il se plaint ensuite faiblement de ce que ses liens lui font mal aux épaules.
Avant de monter dans la voiture des bois de justice, qui a été choisie pour la transport, il demande à son avocat une cigarette dont il tire quelques bouffées, mais qu'il rejette bientôt, ses ligatures l’empêchant de porter la main a la bouche.
Pendant ce temps, la foule devenait de plus en plus considérable sur la place. Le service d'ordre avait été fort bien organisé par M. le commissaire de police Pleindoux et un détachement du 51° de ligne, qui formait un carré de 50 mètres autour de l’échafaud.
Entourée de gendarme a cheval, la voiture dans laquelle l’aumônier a pris place à coté de Prunier, quitte la rue Verte à sept heures moins dix minutes.
La montée de la rue Neuve est rapide, aussi le cortège avance-t-il lentement et l’exécuteur et ses aides marche a pied.
La voiture se range tout à coté de l’échafaud, on place rapidement l'escalier de quatre marches que le condamné descend sans faiblesse apparente.
Au pied de l’échelle, il frôle la planche, l’exécuteur ne peut même pas se reculer.
On s’attendait en ce moment la à voir saisir immédiatement le condamné, comme cela se pratique d'habitude.
Une véritable angoisse étreint la foule, quand on voit qu'il n'en est rien.
Aucun mouvement ne se produit dans le groupe formé de l’exécuteur, du condamné et du prêtre. Ce dernier parle seul pendant que Prunier porte successivement à plusieurs reprises ses regard sur la foule et sur le couperet.
En regardant la foule ses yeux n'expriment que de l’étonnement ; mais, lorsqu'il fixe le triangle d'acier, on voit sur ses traits une horrible épouvante.
Trois minutes après le couperet tombais.
Dans le cimetière, une table avait été préparée pour les examens médicaux ; MM. Les docteurs Eyvrad, Decaisne, Lesage, Chevalier, Lesguillon et Rocher avaient préparé les appareils électriques ; toutes les expériences ont démontré une fois d plus que la vie ne subsiste dans aucun organe après la décapitation.