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Sujet: Antonio Pozzi - 1905 Ven 22 Nov 2013 - 15:30
Antonio Pozzi arrêté à Bâle le 27 décembre, est ramené à Belfort le 9 janvier 1905. Il essaie en vain de s’évader de la prison, mais lui et toute la bande sont transférés à la prison de Vesoul pour passer devant les Assises le 4 août 1905. L’avocat général demande la peine de mort contre les 3 principaux accusés qui ont déjà plusieurs condamnations à leur actif. M. Morel, l’avocat d’Antonio Pozzi, essaie d’obtenir les circonstances atténuantes en tâchant de démontrer qu’il n’y avait pas eu préméditation. M. de Beauséjour met en valeur que ce n’est pas Giovanni Biava qui a tué. Quant à l’avocat de Alfredo Galoni, il montre que Pozzi et Biava avaient tout intérêt à charger son client. La sentence tombe. Pozzi est condamné à mort et l’arrêt de la cour porte qu’il sera exécuté sur une place publique de Belfort, Biava aux travaux forcés à perpétuité, Galoni à 20 ans de travaux forcés, Mossini à quatre ans de prison, Miglieri et Berviglieri à deux ans de prison. Pozzi, qui a signé son pourvoi en cassation, est ramené à Belfort le 29 août et mis en cellule.
Anatole Deibler le « Monsieur de Paris » est le surnom du bourreau officiel de la III ème République jusqu’en 1937. L’exécuteur viendra à Belfort au mois d’octobre 1905 pour appliquer la sentence pénale à Antonio Pozzi, le grand Napolitain, il sera un de ces 395 guillotinés... Dans une geôle de la rue des Boucheries, un homme se morfond. Enchaîné, jour après jour, il attend l’aube fatale, tout en espérant jusqu’au dernier moment la grâce présidentielle. Emile Loubet a hésité plusieurs semaines avant de refuser de commuer sa peine, les journaux s’en sont même émus. Depuis qu’il est Président de la République, il gracie relativement souvent. Il n’y a eu aucune exécution en 1904. La malchance de Pozzi, c’est d’être italien immigré. C’est la cause probable du refus de la grâce, car il a commis son crime un an trop tôt. Le 18 février 1906, Armand Fallières succède à Emile Loubet. C’est un partisan de l’abolition de la peine de mort. En 1906, 1907 et 1908, il n’y aura aucune exécution.
Comme la date de l’exécution est toujours tenue secrète par le 1er bureau de la chancellerie, le « Monsieur de Paris » est un homme épié et surveillé à Paris. Les journalistes ont leurs informateurs. Suivant la gare parisienne où il prend ses réservations, ils en déduisent immédiatement sa destination.
Le jeudi 4 août dans son édition matinale, « le Petit Comtois » sera le premier à annoncer son départ pour Belfort. Anatole Deibler connaît parfaitement son travail, après avoir reçu la lettre du ministère de la justice avec la date et la ville où aura lieu l’exécution, il prévient ses aides, loue des chevaux et un cocher pour conduire son fourgon à la gare et retient un wagon plate-forme pour la voiture et une cabine de seconde classe pour lui et son équipe. Anatole Deibler et ses trois aides arrivent à Belfort par le train de 6 h 08, et descendent dans un hôtel proche de la gare. Ils déposent leurs bagages, et prennent un petit déjeuner. Anatole Deibler s’en va seul, accomplir les formalités d’usage. A la gare un employé l’a reconnu et aussitôt la nouvelle fait le tour de la ville : « Deibler est arrivé! l’exécution est pour demain. » La foule est dense aux abords de l’hôtel, tout le monde veut voir le bourreau qui s’engouffre dans une voiture de location et se fait conduire au palais de justice. Il est reçu par le procureur de la République avec qui il s’entretient des mesures à prendre concernant l’exécution du lendemain, le vendredi 6 octobre 1905 à 5 h 30 du matin. Il se rend ensuite au commissariat de police, à la prison et enfin à la mairie où la décision sera prise sur l’emplacement où sera installée la guillotine. Ce lieu existe toujours, les anciens Belfortains l’appelaient le square Pozzi. Cette petite place est située derrière le conseil général, face au square du souvenir.
Il rentre ensuite à son hôtel. Le train qui doit amener les bois de justice a du retard. Il devait arriver à 9 h 50, il ne sera là qu’à 13 h 30. Le wagon sur lequel est juché le fourgon est détaché du train et remisé près du quai aux bestiaux. Pendant toute la journée les curieux défilent, pour voir cette sorte de grande berline noire avec deux petites roues à l’avant et deux grandes roues à l’arrière. A l’intérieur tout le matériel appelé aussi les « Bois de justice » est méticuleusement rangé.
Les exécutions se font toujours à l’aube. Le montage de « La veuve » autre nom donné à la guillotine ou « la louisette » par les Parisiens n’est jamais installé à l’avance, son montage s’exécute au cours de la nuit avant l’aube fatidique. Il est 2 h 30 du matin, tout Belfort est en marche. Le mouvement a commencé vers minuit, un véritable flot humain converge vers le lieu de l’exécution. Les aides du bourreau se rendent à la gare, attellent deux chevaux au char de la mort et les emmènent au galop, ainsi que leur patron qu’ils ont pris en passant, vers le minuscule bout de terrain le long du quai Vauban. Le cordon de troupe formé de quatre compagnies d’infanterie des 35 ème, 42 ème, et 23 ème de ligne contiennent la foule et s’ouvre pour les laisser passer. Un peloton de dragons à cheval bloque toutes les rues avoisinantes. Cela représente plus de 1000 hommes en tout pour contenir cette foule impatiente, pensez donc 10 000 personnes! Estimation donnée par le journal la Frontière et L’Alsace, il n’y a pas eu d’exécution publique dans cette partie du Haut- Rhin demeurée française depuis le guillotiné de Sermamagny à Grosmagny en 1855….! Sous Napoléon III. Certains jubilent à l’idée de voir une nouvelle exécution d’un assassin à Belfort. Les aides de l’exécuteur sortent les diverses pièces de la lugubre carriole avec tous les accessoires, et le montage peut commencer. Peu avant quatre heures, l’assemblage est terminé. Le bourreau, qui a déjà vérifié avec son niveau le parfait équilibre de l’ensemble, fait jouer une dernière fois le couteau dans la rainure. Tout est parfait !
A 4h 30, l’équipe remonte en voiture et se rend à la prison où on lui remet le prisonnier. Le procureur annonce à Pozzi que son pourvoi est rejeté, à cette annonce il dit avec ironie : « Certes, je m’y attendais, mais ça ne fait rien. C’est désagréable d’être dérangé comme cela de bonne heure. ». Puis, il rajoute au procureur : « Puisque je vais mourir, j’ai une révélation à vous faire. Je connais le crime mieux que vous, n’est-ce pas, puisque j’y étais ? Eh bien, vous avez commis une erreur en condamnant Breveglieri comme mon complice. Il est innocent, vous en trouverez la preuve là-dedans. » Il lui donne une lettre, et demande qu’on envoie ses vêtements ainsi qu’une seconde lettre à sa mère. « Maintenant que vous connaissez mes dernières volontés, nous allons nous occuper du petit voyage ! » Après s’être entretenu avec l’aumônier il se confessa. Habillé, après la communion, on lui demande s’il veut se restaurer : « Parbleu, quelle question !
Je ne me suis peut-être jamais senti aussi bon appétit ! » Regardant le greffe, il dévore trois côtelettes en mordant à même la viande, vide une bouteille de vin, et trois petits verres de rhum. En mangeant , il rit : « Il n’y a rien de tel pour activer la digestion ! Messieurs, je bois pour la dernière fois à votre santé ! « Comme il veut discuter avec Deibler, ce dernier ne partage pas ses intentions et fait presser le mouvement vers le greffe. Pozzi rajoute au greffe : « Avant de m’en aller, j’allume ma dernière cigarette et,comme je ne suis pas un ingrat, je voudrais bien que l’on donnât un pourboire de ma part à mon gardien, qui a été très gentil pour moi. La preuve, c’est que si je l’avais voulu, j’aurais pu me suicider, j’avais une ficelle dans ma poche. Mais cela aurait certainement fait avoir des ennuis à ce brave garçon et j’ai évité qu’il ait des désagréments à cause de moi. » Deibler fouille la poche, trouve la ficelle en question, et dit , exaspéré : « Assez de discours comme cela ! En route ! ».
Les aides procèdent à sa dernière toilette vers 5 h, ils échancrent le haut de sa chemise et l’emmènent en fourgon auprès de la guillotine. Plus de 10 000 personnes sont présentes depuis 2 h du matin, sur la petite place du Champ de Foire située à 200 mètres de la prison, qui deviendra après 1920 le square du Souvenir, crient: « A mort l’assassin de Chaux ! A mort Pozzi ! ». La voiture de Deibler, où se trouve Pozzi , marche au pas en sortant de prison. M. le capitaine de gendarmerie se place devant la voiture, accompagné d’une escorte qui l’entoure. Les magistrats devancent la voiture. La foule crie alors de plus belle : « A mort Pozzi ». Pozzi, descend du fourgon, arrêté vers de la guillotine, il regarde avec colère cette foule qui hurle, mais Pozzi, cynique, crie à pleins poumons : « M….à vous tous ! c’est tout ce que vous méritez ! »
Les aides de Deibler le poussent, il arrive vers la guillotine, en moins de temps qu’il n’en faut pour le raconter, la tête de l’assassin tombe sous le couteau de la guillotine. Justice était faite, il est 5 h 30. Le corps du supplicié roule dans le panier. Un aide y jette la tête. le panier est immédiatement fermé et chargé sur la voiture qui part au cimetière escortée par les gendarmes. Un grand silence. Une pénible impression. La foule se disperse. Parmi elle beaucoup de gens de Chaux venus à pied dans la nuit. Ils accompagnent un homme en habits de deuil, coiffé d’un chapeau noir à large bord, le père Phelpin qui est venu assister à l’exécution dit : « Ah, que je suis content ! Ma pauvre femme est donc vengée ! ». C’était le 6 octobre 1905...
La seule photo prise de la guillotine installée le 6 octobre 1905 à Belfort, située à l’angle de l’avenue Foch et de l’avenue Sarrail. Remarquez, au fond à droite, la foule venue en nombre, assister à ce spectacle macabre. ( archives C.G.)
Sources : Les Affiches d'Angers (AD49). l’Alsace du 8 octobre 1905. Info Sochaux N°22. Photo de la guillotine de Christophe Grudler, dans Belfort au fil du temps.
multicoupe Aide confirmé
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Sujet: L'exécution de POZZI Ven 22 Nov 2013 - 15:32
La description des évènements par le journaliste est sans doute très imagée...
Adelayde Admin
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Sujet: Re: Antonio Pozzi - 1905 Ven 22 Nov 2013 - 17:57
Les faits
Antonio Pozzi - 38 ans, maçon italien. Dans la nuit du 14 au 15 décembre 1904, agresse les époux Phelpin, buralistes à Chaux, et tue de deux coups de couteau Mme Phelpin avant de dérober 1.000 francs. Condamné par les assises de la Haute-Saône. Son complice Breveglieri est condamné à perpétuité.
Condamnation : 5 août 1905,
Exécution : 6 octobre 1905.
Réveillé depuis longtemps à l'arrivée des officiels. A l'annonce, dit avec ironie : "Certes, je m'y attendais, mais ça ne fait rien. C'est désagréable d'être dérangé comme cela de bonne heure." Puis, il rajoute au procureur : "Puisque je vais mourir, j'ai une révélation à vous faire. Je connais le crime mieux que vous, n'est-ce pas, puisque j'y étais ? Eh bien, vous avez commis une erreur en condamnant Breveglieri comme mon complice. Il est innocent, vous en trouverez la preuve là-dedans." Il lui donne une lettre, et demande qu'on envoie ses vêtements ainsi qu'une seconde lettre à sa mère. "Maintenant que vous connaissez mes dernières volontés, nous allons nous occuper du "petit voyage" !" Habillé, après la communion, on lui demande s'il veut se restaurer : "Parbleu, quelle question ! Je ne me suis peut-être jamais senti aussi bon appétit !" Au greffe, dévore trois côtelettes en mordant à même la viande, vide une bouteille de vin et trois petits verres de rhum. En mangeant, il rit : "Il n'y a rien de tel pour activer la digestion ! Messieurs, je vois pour la dernière fois à vos santés !" Comme il veut discuter avec Deibler, ce dernier ne partage pas ses intentions et fait presser le mouvement vers le greffe. Au greffe, Pozzi rajoute : "Avant de m'en aller, comme je ne suis pas un ingrat, je voudrais bien que l'on donnât un pourboire de ma part à mon gardien, qui a été très gentil pour moi. La preuve, c'est que si je l'avais voulu, j'aurais pu me suicider. J'avais une ficelle dans ma poche. Mais cela aurait certainement fait avoir des ennuis à ce brave garçon et j'ai évité qu'il ait des désagréments à cause de moi." Deibler fouille la poche, trouve la ficelle en question, et dit, exaspéré : " Assez de discours comme cela ! En route !" Plus de 2.000 personnes présentes place du Champ-de-Foire, à 200 mètres de la prison, qui poussent des cris d'animaux ou des cris de mort. A dix mètres de la machine, Pozzi descend du fourgon, regarde avec colère la foule indigne et hurle de tous ses poumons : "m**de à vous tous ! C'est tout ce que vous méritez !" M.Phelpin, époux de la victime, assiste à l'exécution et dit : "Ah, que je suis content ! Ma pauvre femme est donc vengée !"
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Nemo Fondateur
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Sujet: Re: Antonio Pozzi - 1905 Ven 22 Nov 2013 - 20:37
C'est un article de presse publié récemment ?
Certaines expressions reprennent mot pour mot le palmarès !
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Sujet: Re: Antonio Pozzi - 1905 Ven 22 Nov 2013 - 22:33
Nemo a écrit:
C'est un article de presse publié récemment ?
Certaines expressions reprennent mot pour mot le palmarès !
Je m'étais fait la même réflexion... Bonne soirée !!!
Adelayde Admin
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Sujet: Re: Antonio Pozzi - 1905 Ven 22 Nov 2013 - 22:58
Nemo a écrit:
C'est un article de presse publié récemment ?
Certaines expressions reprennent mot pour mot le palmarès !
Je l'ai également remarqué, Nemo ; c'est pourquoi j'ai posté le palmarès.
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Sujet: Re: Antonio Pozzi - 1905 Ven 22 Nov 2013 - 23:11
L'article de multicoupe a été publié au bulletin municipal "Info Chaux", n° 22 - juillet 2011, p. 10 :
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Sujet: Antonio POZZI 1905 Sam 23 Nov 2013 - 14:59
Bonjour à tous,
Tout à coup ce matin en vous lisant j'ai l'impression d'avoir fait une grosse bétiise, voir un crime de l’èse majesté. Cet article trouvé tout à fait par hasard m' a amusé par la description des derniers moments de Pozzi décrits comme étant assez truculents ( imagination journalistique ) et la photo de la guillotine que je n'avais jamais vue sur aucun site ou document. Y a t-il plagiat du site de Sylvain Larue? J'en serais désolé mais à voir les réactions sur cet article des " Monsieur de Paris " il y a un problème.
Adelayde Admin
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Sujet: Re: Antonio Pozzi - 1905 Sam 23 Nov 2013 - 19:01
Ni bêtise, ni crime de lèse-majesté, multicoupe, l'article est excellent.
Son auteur s'est largement inspiré du Palmarès de Nemo, c'est ce qui nous a interrogés.
Bien cordialement.
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Nemo Fondateur
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Sujet: Re: Antonio Pozzi - 1905 Sam 23 Nov 2013 - 19:17
Juste de la surprise, pas d'offense. Ce n'est pas la première fois que je vois qu'on récupère telles quelles les informations du site guillotine - ce qui est plus grave quand il s'agit d'un livre publié et disponible à la Fnac (si, si...)
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Invité Invité
Sujet: Re: Antonio Pozzi - 1905 Sam 23 Nov 2013 - 19:19
Adelayde a écrit:
Ni bêtise, ni crime de lèse-majesté, multicoupe, l'article est excellent.
Son auteur s'est largement inspiré du Palmarès de Nemo, c'est ce qui nous a interrogés.
Bien cordialement.
Bonsoir à toute l'équipe !!! Si je puis me permettre de compléter ( modestement ) les déclarations de notre administrateuse unique et préférée, ce n'est pas la première fois que le Forum sert de source d'inspiration...A Nemo de nous dire, s'il le souhaite, d'où proviennent les renseignements qu'il a indiqués au Palmarès sur ce sujet...j'écris sous son contrôle virtuel, mais il y a 99,99% de chances que sa source soit la presse locale de l'époque...dans ces conditions, il ne peut y avoir de plagiat, surtout que multicoupe n'a fait que reproduire un article paru précédemment dans un bulletin municipal.C'est ce dernier qui aurait dû faire référence au Palmarès Bonne soirée !
Adelayde Admin
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Sujet: Re: Antonio Pozzi - 1905 Dim 24 Nov 2013 - 16:56
LE CRIME DE CHAUX -------=------- COUR D'ASSISES DE LA HAUTE-SAONE ----=---- Assassinat d'une Receveuse-buraliste. - Le Récit du Crime. - Les Coupables et leurs Complices. (De notre correspondant particulier)
Vesoul, 4 août.
Pozzi et Biava, les auteurs du crime de Chaux (Haut-Rhin), ont comparu, aujourd'hui, devant la cour d'assises de la Haute-Saône. Rappelons brièvement cette affaire, dont le Petit Parisien a relaté, en son temps, tous les détails
Dans la nuit du 14 au 15 décembre 1904, Mme Cottey, demeurant à Chaux, était réveillée par des cris qui paraissaient venir de l'estaminet voisin, tenu par M. Phelpin, receveur-buraliste. Ayant donné l'alarme, elle pénétra, avec plusieurs personnes, dans l'auberge, où tout semblait avoir été bouleversé. Bientôt Mme Phelpin était trouvée dans sa chambre, le corps recouvert d'un édredon. Elle baignait dans une mare de sang et avait la gorge tranchée. Son mari gisait à côté d'elle, la figure pleine d'ecchymoses et le cou marqué par une large blessure. On s'empressa autour des deux victimes, mais Mme Phelpin rendait bientôt le dernier soupir, tandis que son mari, revenu à lui, faisait le récit du crime.
M. Phelpin raconta que, vers une heure du matin, sa femme et lui avaient été réveillés par la présence, au pied de leur lit, de deux individus. Sa femme, s'étant levée précipitamment et s'étant mise à crier au secours, avait été frappée de deux coups de couteau par un homme gros et brun, tandis que l'autre malfaiteur, petit et blond, le maintenait lui-même, le terrassait et lui plaçait son couteau sur la gorge, puis l'obligeait à lui donner tout ce qu'il possédait, 1,000 fr. environ.
Une enquête fut aussitôt ouverte. Plusieurs rôdeurs arrêtés furent relâchés, aucune charge n'ayant pu être relevée contre eux. Des dépenses exagérées faites par des individus sans aveu hébergés par la famille Beaujeu, à Belfort, ne tardaient pas à attirer l'attention de la police. Un certain nombre d'arrestations furent opérées et les nommés Biava et Miglierini, dont les réponses paraissaient suspectes, furent incarcérés. En même temps, un nommé Charles Rodari se présentait devant le juge d'instruction et lui déclarait que Biava lui avait parlé, deux jours avant le crime, du projet qu'il avait formé de dévaliser Phelpin. Après avoir essayé de nier encore, Biava entrait bientôt dans la voie des aveux.
A la suite de l'interrogatoire de Biava, un mandat d'arrêt fut lancé contre un nommé Antoine Pozzi, qui, le 26 décembre 1904, était arrêté à Bâle. Pozzi fut transféré à Belfort et confronté avec son complice. A son tour, il finit par faire des aveux. Depuis longtemps, les deux bandits se connaissaient et avaient accompli divers vols. Après le crime, ils étaient allés à l'auberge Galoni et avaient partagé une partie du vol avec Galoni et trois individus nommés Miglierini, Breveglieri et Mossini, qui sont poursuivis pour complicité par recel. Les débats de l'affaire dureront deux jours.
Le Petit Parisien, n° 10 508 du 5 août 1905
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CONDAMNATION A MORT
Ainsi que nous l'avons annoncé, Pozzi et Biava, les auteurs du crime de Chaux, ont comparu hier devant la cour d'assises de la Haute-Saône. L'audience a été consacrée il l'interrogatoire des accusés et à l'audition de quarante-quatre témoins. La déposition de M. Phelpin, qui a failli être assassiné avec sa femme, a été émouvante. Pozzi et Biava ont renouvelé leurs aveux. Tout l'intérêt s'est porté sur Galoni, l'aubergiste, dont la complicité a été établie par divers témoins. Après le réquisitoire de M. Roux, substitut, et les plaidoiries, le jury délibère et revient avec un verdict affirmatif. Il accorde des circonstances atténuantes à Miglierini, Mossini et Breveglieri, mais il les refuse aux autres accusés. Pozzi est condamné à mort. Biava est condamné aux travaux forcés à perpétuité, Galoni à 20 ans de travaux forcés, Mossini à 4 ans de prison, Miglierini et Breveglieri à 2 ans de prison.
Le Petit Parisien, n° 10 509 du 6 août 1905
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Nemo Fondateur
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Sujet: Re: Antonio Pozzi - 1905 Dim 24 Nov 2013 - 22:57
En effet, c'est bien via la presse écrite que je récupère les informations concernant les exécutions capitales. En général, je récupère ces détails dans plusieurs journaux différents, et j'en fais un mélange personnel - je m'abstiens toujours de me contenter d'un simple copier-coller, préférant mettre le tout à ma sauce. C'est pour cela que voir des détails donnés sans rien changer du texte original me surprend.
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Sujet: Re: Antonio Pozzi - 1905 Lun 25 Nov 2013 - 11:53
L'Exécution de Pozzi Départ des Bois de Justice pour Belfort. L'Assassin de Mme Phelphin. L'Heure de l'Expiation.
De nouveau, hier soir, la porte du hangar de la rue de la Folie-Regnault, s'est ouverte pour laisser passer le lugubre fourgon de M. Deibler, dans lequel avaient été chargés les bois de justice. Le fourgon s'est dirigé vers la gare de l'Est et la guillotine est partie par le train de minuit vingt-cinq, pour Belfort, où elle arrivera, cet après-midi, à une heure trente-trois. C'est donc demain, dès l'aube, que sera exécuté l’Italien Pozzi, l'assassin de Mme Phelphin, la femme du buraliste de Chaux.
Pozzi attendait depuis fort longtemps la décision de la justice, après un examen approfondi du dossier qui lui avait été transmis, la commission des grâces avait cru devoir rejeter récemment le pourvoi ce Pozzi, et M. Loubet s'est rangé à son avis, l'atrocité du crime commis rendant impossible toute mesure de pitié. Le condamné n'avait d'ailleurs conservé aucun espoir. Ces jours derniers, comme M. l'abbé Raymond, l'aumônier de la prison, l'invitait à se résigner à son sort : - Que voulez-vous, monsieur l'aumônier, répondit-il. C'est bien malheureux, mais j'ai mérité ce qui m'arrive. Je mourrai avec courage. Vous le verrez par vous-même, puisque vous serez là quand on ma coupera le cou.
Depuis quelque temps, chaque nuit, la foule se portait vers le lieu fixé pour l'exécution. Pozzi avait entendu les cris poussés au dehors : - Les gens sont bien cruels de trouver du plaisir à me voir mourir, avait-il dit amèrement.
Dernièrement, il formula un suprême désir. Il demanda à être photographié, afin que sa mère et sa sœur, restées au pays, puissent conserver un souvenir de lui. On avait accédé à sa demande et son portrait fut, deux jours plus tard, envoyé en Italie, par les soins de M. Aupècle, substitut du procureur dé la République Sa mère lui accusa réception de cet envoi en lui disant que « tous les gens du village étaient venus voir son portrait, mais que personne ne pouvait croire que ce fût lui, si gentil autrefois, qui avait assassiné ». La brave vieille terminait sa lettre en exhortant son malheureux fils à avoir du courage.
Le Petit Parisien, n° 10 569 du 5 octobre 1905
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L'Assassin de Mme Phelpin paie sa dette à la Société Sur la Place du Champ-de-Foire, à Belfort. Les Curieux sont en Nombre considé- rable. Pozzi prend une Attitude fanfaronne. Un Imitateur de Languille. La dernière Injure d'un Condamné à Mort. Le Couperet met fin à ses Démonstrations
(DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL)
Belfort, 6 octobre.
L'Italien Antonio Pozzi, qui, dans la nuit du 14 au 15 décembre de I’année dernière, égorgea Mme Phelpin, la femme du receveur buraliste de Chaux dans les circonstances atroces que nous avons récemment rappelées, a expié ce matin son abominable forfait.
Comme Languille, dont il vit tomber la tête sous le couperet, à Orléans, au mois de juin dernier, Pozzi a affecté le plus grand dédain pour le supplice auquel on le conduisait. Par ses gestes, son allure et ses paroles, il a tenu à montrer qu'il n'était pas un lâche. Cependant, la pâleur de son visage était extrême et sa voix sonnait faux. Il y a eu de sa part plus d'affectation que de réel courage.
J'ai retrouvé chez lui la même fanfaronnade que chez le condamné à mort d'Orléans et la même absence de tout repentir du crime commis, crime dont la vision sanglante devrait pourtant, en ces minutes suprêmes, hanter le cerveau de celui qui l'a conçu. Sa dernière parole a été une grossièreté.
Depuis une semaine - vous le savez - les amateurs d'exécutions capitales se donnaient rendez-vous, chaque nuit, les uns autour de la prison, bâtiment humide et noir occupant à lui seul tout un côté de la rue des Boucheries, les autres aux abords d'un immense terrain qu'on appelle le Champ-de- Foire. Les Curieux La nouvelle tant attendue ayant reçu, la veile au soir, une confirmation absolue par l'arrivée à Belfort des bois de justice, de M. DeibIer et de ses aides, plus de 2 000 personnes se trouvèrent réunies, dès onze heures du soir, autour du Champ-de-Foire, formant un vaste cercle aux multiples anneaux, fermé d'un côté par le mur de la caserne du génie, de l'autre par les remparts, murailles de 150 mètres de long élevées sur un talus gazonné en bordure de la route des Abattoirs.
Ce terrain, qui présente une légère déclivité, est un observatoire excellent aussi fut-il pris d'assaut en quelques minutes par les premiers arrivés, qui s'y étagèrent en rangs pressés. Un peu avant minuit, un millier d’hommes de troupes de la garnison de Belfort viennent refouler les curieux, dont le nombre s'accroît d'instant en instant, et prendre position aux endroits qui leur ont été assignés. Il y a des détachements du génie, des 35° et 42° de ligne, du dragons, du 4° d'artillerie, placés sous les ordres du colonel Duplessis.
Cavaliers et fantassins vont rester ainsi jusqu'à cinq heures et demie à patauger dans une boue qui colle aux semelles des chaussures, tant le sol est détrempé par les averses intermittentes.
A deux heures, le fourgon renfermant les pièces de la sinistre machine fait son apparition. M. DeibIer, qui est assis sur la banquette de devant, à côté du cocher, saute vivement à terre, aussitôt rejoint par ses aides.
Les cinq hommes examinent les lieux, cherchent l'endroit le plus favorable pour dresser la guillotine.
Essayez, là ? dit DeibIer en traçant du bout de son parapluie un grand rectangle, à environ 20 mètres du mur de la caserne. L'indication était bonne, et le montage commence alors, à la lueur jaunâtre d'un réverbère unique et d'une énorme lanterne d'écurie ,que les aides se repassent à tour de rôle.
Il ne faut pas moins.de deux heures pour mettre debout la guillotine, dont les deux bras se dressent maintenant dans la nuit. DeibIer donne le coup d'œil du maître, reprend sa place à côté du cocher, et le fourgon s'éloigne dans la direction de la prison. Le bourreau va prendre livraison du condamné. Le Réveil du Condamne Depuis un quart d'heure, MM. Krug-Bass, procureur de la République ; Aupècle et Roux, substituts ; Patron et Husson, juges d'instruction, et M° Marx, avocat, attendaient l'arrivée du bourreau pour procéder à la formalité toujours si impressionnante du réveil.
La porte de la cellule est à peine entrebaillée que Pozzi, réveillé depuis longtemps déjà, l'oreille tendue aux bruits de l'extérieur se dresse sur son lit. D'un air hébété, il regarde s'avancer le procureur de la République qui, après lui avoir annoncé le rejet de son recours en grâce, l'exhorte au courage. - Oui, mon ami, soyez fort dans cette terrible et suprême épreuve, ajouta l'aumônier da la prison, l'abbé Raymond, en aidant le condamné à se lever.
Pozzi, dont les lèvres blêmies étaient jusqu'à présent demeurées closes, parle alors avec volubilité, comme pour se rattraper de son silence de tout l'heure. - Certes, dit-il ironiquement, je m'y attendais, mais ça ne fait rien, c'est désagréable d'être dérangé comme cela de bonne heure…
Puis, s'adressant au procureur : - Puisque je vais mourir, j'ai une révélation à vous faire. Je connais le crime mieux que vous, n'est-ce pas, puisque j'y étais ? Eh bien! vous avez commis une erreur en condamnait Breveglieri comme mon complice. Il est innocent. Vous en trouverez la preuve là-dedans.
Et le condamné tendit à M. Krug-Basse une lettre à son adresse.
Je désire, ajouta-t-il, que mes vêtements soient envoyés à ma mère, en Italie. Voici également une missive pour elle. Je vous prie de la lui faire parvenir.
Maintenant que vous connaissez mes dernières volontés, nous allons nous occuper de ce « petit voyage » !
Dès qu'il fut habillé, Pozzi fut conduit à la chapelle et communia. Le procureur lui a alors demandé s'il voulait prendre quelque chose.
- Parbleu répondit-il d'un ton goguenard, quelle question ! Je ne me suis peut- être jamais senti aussi bon appétit ! Effectivement, Pozzi se fit servir rapidement trois côtelettes, qu'il dévora en mordant à même et qu'il arrosa d'un litre de vin et de trois petits verres de rhum. - Il n’y a rien de tel pour activer la digestion, fit-il observer en riant.
Et, levant son verre, il ajouta : - Messieurs, je bois pour la dernière fois à vos santés !
Il voulut alors engager un colloque avec Deibler, mais celui-ci, que ce verbiage agaçait, et qui n'avait pas de temps à perdre, le fit lever de table et l'entraîna au greffe pour procéder à la toilette. La Toilette En quelques minutes, le col de la chemise fut largement échancré. Une corde attacha solidement, les mains ramenées derrière le dos, les pieds furent entravés à une distance suffisante pour permettre la marche. Avant de m'en ailer, dit Pozzi, comme je ne suis pas un ingrat, je voudrais bien que l'on donnât un pourboire de ma part à mon gardien, qui a été très gentil pour moi. La preuve, c'est que si je l'avais voulu j'aurais pu me suicider j'avais une ficelle dans ma poche. Mais cela aurait certainement fait avoir des ennuis à ce brave garçon, et j'ai évité qu'il ait des désagréments à cause de moi.
Deibler fouilla dans une des poches du pantalon du condamné et y trouva, en effet, la corde en question. L'exécuteur des hautes œuvres dit alors : - Assez de discours, comme cela ! En route !
Une distance de deux cents mètres à peine sépare la prison du Champ de Foire. Le fourgon y arriva en quelques secondes. Alors, les innombrables curieux manifestèrent leurs sentiments sous des formes extrêmement variées. Les uns firent entendre des cris d'animaux, d'autres entonnèrent des refrains répugnants. La plupart, trépignant sur place, poussèrent des cris de mort. L’Exécution Soutenu par deux aides, Pozzi apparait sur la place, à dix mètres à peine de la guillotine. Un rictus affreux crispe ses lèvres. Il se raidit sous les outrages qui bourdonnent à ses oreilles. D'un mouvement brusque, il se retourne et, de toutes les forces qui lui restent, lance le mot de Cambronne. - C'est tout ce que vous méritez ! ajoute-t-il avec colère.
Aussitôt, il est projeté sur la bascule, le couperet tombe, tout est fini.
Au premier rang des assistants, un vieillard qui s'appuie sur le bras d'un jeune homme prononce ces paroles : - Ah ! que je suis content ! Ma pauvre femme est donc vengée !
C'est M. Phelpin qui échappa par miracle aux mains des assassins.
A six heures, le corps du supplicié était placé dans un cercueil fait de planches en bois blanc et l'inhumation avait lieu sans incident dans un coin reculé du cimetière de Brasse.
Paul GREZ - Le Petit Parisien, n° 10 571 du 7 octobre 1905
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"L’art est le cordon ombilical qui nous rattache au divin" - Nikolaus Harnoncourt
(Note du forum:Adelayde, notre administratrice, est décédée le 1er mars 2018 )
Invité Invité
Sujet: POZZI II - LE RETOUR !!! Lun 25 Nov 2013 - 12:33
Notre Administrateuse Nationale se surpasse grandement On en redemande Merci, Mâme Adelayde Bonne journée à toute l'équipe ! P.S. : l'envoyé spécial aurait dû se relire...Pozzi aurait vu guillotiner Languille ??? Nemo, au secours
Adelayde Admin
Nombre de messages : 5716 Localisation : Pays d'Arles Date d'inscription : 02/03/2009
Sujet: Re: Antonio Pozzi - 1905 Lun 25 Nov 2013 - 13:37
Bien vu, Pierrepoint : Difficile pour Antonio Pozzi, arrêté à Bâle le 26 décembre 1904, d’assister à l'exécution d'Henri Languille le 28 juin 1905...
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multicoupe Aide confirmé
Nombre de messages : 37 Age : 67 Localisation : METZ Date d'inscription : 17/10/2010
Sujet: affaire Pozzi 1905 Lun 25 Nov 2013 - 17:30
Merci à tous pour ces précisions (Alelayde). Nous connaitrons donc un peu mieux Antonio Pozzi. J'en profite également pour saluer Sylvain Larue que je vois parfois dans certaines émissions sur Planète Justice.
Filomatic Monsieur de Paris
Nombre de messages : 1123 Age : 64 Localisation : 102 Dijon-Longvic Emploi : Spécialiste Cascadeur. Date d'inscription : 06/07/2012
Sujet: Re: Antonio Pozzi - 1905 Dim 27 Avr 2014 - 21:06
Les affiches du 1905.
05 Août 1905.
06 Octobre 1905.
pier Monsieur de Paris
Nombre de messages : 642 Age : 42 Localisation : Bretagne Emploi : Commerce Date d'inscription : 27/03/2014
Sujet: Re: Antonio Pozzi - 1905 Mar 6 Mai 2014 - 10:07
Article du samedi 7 octobre 1905 dans l'Ouest-Eclair.
piotr Charles-Henri Sanson
Nombre de messages : 2989 Localisation : Poland Emploi : MD-but I'm not working in prison ;-) Date d'inscription : 07/02/2006
Sujet: Re: Antonio Pozzi - 1905 Mer 23 Juil 2014 - 21:36
Adelayde a écrit:
L'Exécution de Pozzi Départ des Bois de Justice pour Belfort. L'Assassin de Mme Phelphin. L'Heure de l'Expiation.
De nouveau, hier soir, la porte du hangar de la rue de la Folie-Regnault, s'est ouverte pour laisser passer le lugubre fourgon de M. Deibler, dans lequel avaient été chargés les bois de justice. Le fourgon s'est dirigé vers la gare de l'Est et la guillotine est partie par le train de minuit vingt-cinq, pour Belfort, où elle arrivera, cet après-midi, à une heure trente-trois. C'est donc demain, dès l'aube, que sera exécuté l’Italien Pozzi, l'assassin de Mme Phelphin, la femme du buraliste de Chaux.
Pozzi attendait depuis fort longtemps la décision de la justice, après un examen approfondi du dossier qui lui avait été transmis, la commission des grâces avait cru devoir rejeter récemment le pourvoi ce Pozzi, et M. Loubet s'est rangé à son avis, l'atrocité du crime commis rendant impossible toute mesure de pitié. Le condamné n'avait d'ailleurs conservé aucun espoir. Ces jours derniers, comme M. l'abbé Raymond, l'aumônier de la prison, l'invitait à se résigner à son sort : - Que voulez-vous, monsieur l'aumônier, répondit-il. C'est bien malheureux, mais j'ai mérité ce qui m'arrive. Je mourrai avec courage. Vous le verrez par vous-même, puisque vous serez là quand on ma coupera le cou.
Depuis quelque temps, chaque nuit, la foule se portait vers le lieu fixé pour l'exécution. Pozzi avait entendu les cris poussés au dehors : - Les gens sont bien cruels de trouver du plaisir à me voir mourir, avait-il dit amèrement.
Dernièrement, il formula un suprême désir. Il demanda à être photographié, afin que sa mère et sa sœur, restées au pays, puissent conserver un souvenir de lui. On avait accédé à sa demande et son portrait fut, deux jours plus tard, envoyé en Italie, par les soins de M. Aupècle, substitut du procureur dé la République Sa mère lui accusa réception de cet envoi en lui disant que « tous les gens du village étaient venus voir son portrait, mais que personne ne pouvait croire que ce fût lui, si gentil autrefois, qui avait assassiné ». La brave vieille terminait sa lettre en exhortant son malheureux fils à avoir du courage.
Le Petit Parisien, n° 10 569 du 5 octobre 1905
-----=-----=----
L'Assassin de Mme Phelpin paie sa dette à la Société Sur la Place du Champ-de-Foire, à Belfort. Les Curieux sont en Nombre considé- rable. Pozzi prend une Attitude fanfaronne. Un Imitateur de Languille. La dernière Injure d'un Condamné à Mort. Le Couperet met fin à ses Démonstrations
(DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL)
Belfort, 6 octobre.
L'Italien Antonio Pozzi, qui, dans la nuit du 14 au 15 décembre de I’année dernière, égorgea Mme Phelpin, la femme du receveur buraliste de Chaux dans les circonstances atroces que nous avons récemment rappelées, a expié ce matin son abominable forfait.
Comme Languille, dont il vit tomber la tête sous le couperet, à Orléans, au mois de juin dernier, Pozzi a affecté le plus grand dédain pour le supplice auquel on le conduisait. Par ses gestes, son allure et ses paroles, il a tenu à montrer qu'il n'était pas un lâche. Cependant, la pâleur de son visage était extrême et sa voix sonnait faux. Il y a eu de sa part plus d'affectation que de réel courage.
J'ai retrouvé chez lui la même fanfaronnade que chez le condamné à mort d'Orléans et la même absence de tout repentir du crime commis, crime dont la vision sanglante devrait pourtant, en ces minutes suprêmes, hanter le cerveau de celui qui l'a conçu. Sa dernière parole a été une grossièreté.
Depuis une semaine - vous le savez - les amateurs d'exécutions capitales se donnaient rendez-vous, chaque nuit, les uns autour de la prison, bâtiment humide et noir occupant à lui seul tout un côté de la rue des Boucheries, les autres aux abords d'un immense terrain qu'on appelle le Champ-de- Foire. Les Curieux La nouvelle tant attendue ayant reçu, la veile au soir, une confirmation absolue par l'arrivée à Belfort des bois de justice, de M. DeibIer et de ses aides, plus de 2 000 personnes se trouvèrent réunies, dès onze heures du soir, autour du Champ-de-Foire, formant un vaste cercle aux multiples anneaux, fermé d'un côté par le mur de la caserne du génie, de l'autre par les remparts, murailles de 150 mètres de long élevées sur un talus gazonné en bordure de la route des Abattoirs.
Ce terrain, qui présente une légère déclivité, est un observatoire excellent aussi fut-il pris d'assaut en quelques minutes par les premiers arrivés, qui s'y étagèrent en rangs pressés. Un peu avant minuit, un millier d’hommes de troupes de la garnison de Belfort viennent refouler les curieux, dont le nombre s'accroît d'instant en instant, et prendre position aux endroits qui leur ont été assignés. Il y a des détachements du génie, des 35° et 42° de ligne, du dragons, du 4° d'artillerie, placés sous les ordres du colonel Duplessis.
Cavaliers et fantassins vont rester ainsi jusqu'à cinq heures et demie à patauger dans une boue qui colle aux semelles des chaussures, tant le sol est détrempé par les averses intermittentes.
A deux heures, le fourgon renfermant les pièces de la sinistre machine fait son apparition. M. DeibIer, qui est assis sur la banquette de devant, à côté du cocher, saute vivement à terre, aussitôt rejoint par ses aides.
Les cinq hommes examinent les lieux, cherchent l'endroit le plus favorable pour dresser la guillotine.
Essayez, là ? dit DeibIer en traçant du bout de son parapluie un grand rectangle, à environ 20 mètres du mur de la caserne. L'indication était bonne, et le montage commence alors, à la lueur jaunâtre d'un réverbère unique et d'une énorme lanterne d'écurie ,que les aides se repassent à tour de rôle.
Il ne faut pas moins.de deux heures pour mettre debout la guillotine, dont les deux bras se dressent maintenant dans la nuit. DeibIer donne le coup d'œil du maître, reprend sa place à côté du cocher, et le fourgon s'éloigne dans la direction de la prison. Le bourreau va prendre livraison du condamné. Le Réveil du Condamne Depuis un quart d'heure, MM. Krug-Bass, procureur de la République ; Aupècle et Roux, substituts ; Patron et Husson, juges d'instruction, et M° Marx, avocat, attendaient l'arrivée du bourreau pour procéder à la formalité toujours si impressionnante du réveil.
La porte de la cellule est à peine entrebaillée que Pozzi, réveillé depuis longtemps déjà, l'oreille tendue aux bruits de l'extérieur se dresse sur son lit. D'un air hébété, il regarde s'avancer le procureur de la République qui, après lui avoir annoncé le rejet de son recours en grâce, l'exhorte au courage. - Oui, mon ami, soyez fort dans cette terrible et suprême épreuve, ajouta l'aumônier da la prison, l'abbé Raymond, en aidant le condamné à se lever.
Pozzi, dont les lèvres blêmies étaient jusqu'à présent demeurées closes, parle alors avec volubilité, comme pour se rattraper de son silence de tout l'heure. - Certes, dit-il ironiquement, je m'y attendais, mais ça ne fait rien, c'est désagréable d'être dérangé comme cela de bonne heure…
Puis, s'adressant au procureur : - Puisque je vais mourir, j'ai une révélation à vous faire. Je connais le crime mieux que vous, n'est-ce pas, puisque j'y étais ? Eh bien! vous avez commis une erreur en condamnait Breveglieri comme mon complice. Il est innocent. Vous en trouverez la preuve là-dedans.
Et le condamné tendit à M. Krug-Basse une lettre à son adresse.
Je désire, ajouta-t-il, que mes vêtements soient envoyés à ma mère, en Italie. Voici également une missive pour elle. Je vous prie de la lui faire parvenir.
Maintenant que vous connaissez mes dernières volontés, nous allons nous occuper de ce « petit voyage » !
Dès qu'il fut habillé, Pozzi fut conduit à la chapelle et communia. Le procureur lui a alors demandé s'il voulait prendre quelque chose.
- Parbleu répondit-il d'un ton goguenard, quelle question ! Je ne me suis peut- être jamais senti aussi bon appétit ! Effectivement, Pozzi se fit servir rapidement trois côtelettes, qu'il dévora en mordant à même et qu'il arrosa d'un litre de vin et de trois petits verres de rhum. - Il n’y a rien de tel pour activer la digestion, fit-il observer en riant.
Et, levant son verre, il ajouta : - Messieurs, je bois pour la dernière fois à vos santés !
Il voulut alors engager un colloque avec Deibler, mais celui-ci, que ce verbiage agaçait, et qui n'avait pas de temps à perdre, le fit lever de table et l'entraîna au greffe pour procéder à la toilette. La Toilette En quelques minutes, le col de la chemise fut largement échancré. Une corde attacha solidement, les mains ramenées derrière le dos, les pieds furent entravés à une distance suffisante pour permettre la marche. Avant de m'en ailer, dit Pozzi, comme je ne suis pas un ingrat, je voudrais bien que l'on donnât un pourboire de ma part à mon gardien, qui a été très gentil pour moi. La preuve, c'est que si je l'avais voulu j'aurais pu me suicider j'avais une ficelle dans ma poche. Mais cela aurait certainement fait avoir des ennuis à ce brave garçon, et j'ai évité qu'il ait des désagréments à cause de moi.
Deibler fouilla dans une des poches du pantalon du condamné et y trouva, en effet, la corde en question. L'exécuteur des hautes œuvres dit alors : - Assez de discours, comme cela ! En route !
Une distance de deux cents mètres à peine sépare la prison du Champ de Foire. Le fourgon y arriva en quelques secondes. Alors, les innombrables curieux manifestèrent leurs sentiments sous des formes extrêmement variées. Les uns firent entendre des cris d'animaux, d'autres entonnèrent des refrains répugnants. La plupart, trépignant sur place, poussèrent des cris de mort. L’Exécution Soutenu par deux aides, Pozzi apparait sur la place, à dix mètres à peine de la guillotine. Un rictus affreux crispe ses lèvres. Il se raidit sous les outrages qui bourdonnent à ses oreilles. D'un mouvement brusque, il se retourne et, de toutes les forces qui lui restent, lance le mot de Cambronne. - C'est tout ce que vous méritez ! ajoute-t-il avec colère.
Aussitôt, il est projeté sur la bascule, le couperet tombe, tout est fini.
Au premier rang des assistants, un vieillard qui s'appuie sur le bras d'un jeune homme prononce ces paroles : - Ah ! que je suis content ! Ma pauvre femme est donc vengée !
C'est M. Phelpin qui échappa par miracle aux mains des assassins.
A six heures, le corps du supplicié était placé dans un cercueil fait de planches en bois blanc et l'inhumation avait lieu sans incident dans un coin reculé du cimetière de Brasse.
Paul GREZ - Le Petit Parisien, n° 10 571 du 7 octobre 1905
Belfort-L’ancien "square Pozzi" rebaptisé Square des anciens combattants d’Afrique du Nord.
piotr Charles-Henri Sanson
Nombre de messages : 2989 Localisation : Poland Emploi : MD-but I'm not working in prison ;-) Date d'inscription : 07/02/2006
Sujet: apres execution... Sam 4 Juil 2020 - 7:53
itto aime ce message
Nemo Fondateur
Nombre de messages : 2003 Age : 42 Date d'inscription : 27/01/2006
Sujet: Re: Antonio Pozzi - 1905 Sam 4 Juil 2020 - 22:36
Great picture : where did you find it ?
_________________ "Les humains, pour la plupart, ne se doutent de rien, sans envie ni besoin de savoir, ça leur va comme ça, ils croient avoir de l'emprise sur les choses. - Mh... pourquoi en avoir fait un secret ? Ils peuvent comprendre, ils sont intelligents... - Une personne, sûrement, mais en foule, on est cons, on panique comme une horde d'animaux, et tu le sais."
piotr Charles-Henri Sanson
Nombre de messages : 2989 Localisation : Poland Emploi : MD-but I'm not working in prison ;-) Date d'inscription : 07/02/2006
Sujet: Re: Antonio Pozzi - 1905 Sam 4 Juil 2020 - 23:51