Gian-Maria Spaggiari - 1891

Originaire de Montpellier,j'habite cependant à Albertville depuis 25 ans et je me suis tout naturellement intéressé au
cas d'un certain G-M Spaggiari,sujet italien,raccourci par Louis Deibler à Chambery un matin de mai 1891.Cet individu,avait été condamné à mort par la cour d'assises de la Savoie en février de la même année pour avoir tué un codétenu,nommé Chanut, à la maison centrale d' Albertville,alors même que Spaggiari purgeait une peine d'emprisonnement de 5 ans pour avoir poignardé  mortellement ,en décembre 1888,un jeune homme nommé Gauthey à Annecy.Les assises de la Hte-Savoie avait estimé alors que ce geste n'était pas intentionnel et que de surcroit Spaggiari avait été victime de moqueries à caractère raciste de la part de Gauthey,ce qui explique la relative clémence du jury à son égard.
A part,ce que je viens d'énoncer,j'avoue connaitre très peu de choses sur ce Spaggiari.Je suppose,qu'à l'époque, cette exécution a fait du bruit en Savoie car c'est la seule,à ma connaissance,à avoir eu lieu dans ce département peu criminogène.
Peut-être,qu'un de nos brillants érudits du forum,en sait-il davantage à propos de cette affaire?J'attends avec curiosité un supplément d'infos........

Mitchou,

voilà ce que j'ai inscrit sur la liste des condamnés à mort et sur le palmarès des exécutions.

29 ans, Italien, détenu à la centrale d'Albertville. Tue à Annecy d'un coup de couteau en pleine poitrine Jules Gauthey, 17 ans, qui lui avait lancé des injures racistes le 02 décembre 1888. Condamné à 5 ans de prison pour ce meurtre par les assises de Haute-Savoie le 16 janvier 1889. Assassine d'un coup de tranchet de cordonnier dans la poitrine le nommé Chanut, un autre détenu de la centrale, qu'il avait pris en grippe sans raison, le 22 décembre 1890.
Condamnation prononcée le 20 février 1891.
Exécution le samedi 09 mai 1891, à 4h30.
Réveillé à 3h10. Stupéfait par la nouvelle, demande cigarettes et anisette, et fait mine de mordre le gardien qui vient le servir. Au procureur, donne une lettre destinée au vice-consul d'Italie, dans laquelle il dénonce les mauvais traitements que lui a infligé l'un de ses gardes. Il boit quatre verres d'anisette. La messe dure vingt minutes. Au sortir de la chapelle, agresse un gardien : "Qu'est-ce que tu fais là, salaud ?". Pendant la toilette, se débat et donne un coup de poing sur le nez du gardien Curtet. On doit le faire tomber par terre pour le hisser dans le fourgon. Durant le trajet, insulte tout le monde, et hurle : "Sale nation de Français !" Arrivé au lieu d'exécution - le Verney, une promenade située au bord de la rivière la Leysse -, il regarde les soldats, puis la guillotine, et demande à parler au moins un quart d'heure. On ne lui en laisse pas le temps. Cigare éteint aux lèvres, il est basculé. Un jet de sang touche quelques spectateurs trop près.

Voilà, c'est peu, mais c'est davantage que ce qu'Anatole Deibler, alors aide, n'a alors mentionné dans ses carnets.

Je vous conseille de vous procurer "Les Grandes Affaires criminelles de Savoie", d'Anne-Marie Bossy, aux éditions De Borée, qui relate cette affaire de façon plus détaillée.
Sinon, reportez vous à ce journal en ligne :
http://www.memoireetactualite.org/fr/presse_consultation.php?q=cat%3Apresse+AND+pr_dpub%3A[18910510+TO+18910513]+AND+%28pr_titre%3A%22Le+Courrier+des+Alpes%22+OR+pr_titre%3A%22Le+Journal+de+la+Savoie%22+OR+pr_titre%3A%22La+Gazette+de+Savoie%22%29&start=0&pdf_page=1&pr_titre=&searchtype=a&type_date=1&rs_kw=&rs_to=13/05/1891&rs_from=10/05/1891&rs_on=&rs_annee=&rs_mois=&rs_jour=&ra_titre_per[]=%22Le%20Courrier%20des%20Alpes%22&ra_titre_per[]=%22Le%20Journal%20de%20la%20Savoie%22&ra_titre_per[]=%22La%20Gazette%20de%20Savoie%22&ra_type_journal[]=&ra_zone_geo[]=

Si le lien ne marche pas, c'est un site qui s'appelle Mémoire et Actualité : l'exécution est relatée en pages 2 et 3 du "Courrier des Alpes" du 12 mai 1891.

C'est en effet la dernière et la seule fois que la guillotine fut employée après 1870 en Savoie.
La Haute-Savoie, elle, ne connut qu'un seul supplicié en 1868.
D'autres occasions auraient pu se présenter de revoir la "bécane" à Chambéry (en 1903, 1906, 1909, 1910, 1911, 1929 et 1950) mais tous ces condamnés furent graciés.

Après, je ne sais trop ce qu'on peut en dire : cela reste une affaire criminelles minime, même si "guillotiniquement" intéressante.

Merci Nemo pour ces précisions supplémentaires.Je vois,par ailleurs,que même pour une affaire mineure(façon de parler,car Spaggiari a tout de même été guillotiné) vous faites preuve d'une belle sagacité intellectuelle!

Némo est le créateur de ce forum et spécialiste de la guillotine
avec plusieurs livres à son actif...

En fouillant sur le forum,vous trouverez d'autres "surprises"..