Nombre de messages : 89 Age : 75 Localisation : Lot et Garonne Emploi : Avocat Date d'inscription : 22/12/2007
Sujet: Les exécutions pendant l'Occupation Sam 22 Déc 2007 - 20:23
Bonjour à tous.
Je rejoins le site "Guillotine".
Première question : sommes-nous normaux de nous intéresser à cette machine qui a disparu ?
Est-ce de la morbidité ou de la curiosité pour une institution de notre histoire ?
Pour ma part, j'ai du mal à répondre à la question.
Deuxième question : un sujet qui m'intéresse plus particulièrement : toute documentation sur les exécutions pendant l'Occupation de résistants ou politiques (voir le film de Costa Gavras "Section Spéciale).
En particulier, il semblerait qu'il ya ait eu la plus grande multiple : 9 têtes. Du jamais vu depuis la Révolution.
Troisième question : l'exécution de Weidman aurait été filmée. Avez-vous vu le film. Il paraît que l'on voit Obrecht, qui était photographe, reculer au lieu de tenir la tête de Weidman.
J'ai vu il y a quelques années sur Arte le film d'une exécution devant la prison de Versailles. Mais deux choses m'intriguent : la corbeille était à gauche alors que sur les photos de l'exécution de Weidman, elle est à droite, comme toujours d'ailleurs, puisque c'est de ce côté que se trouve le plan incliné pour faire glisser le corps de la bascule.
Dans son ouvrage "Peine de mort" raconte qu'il a fallu s'y reprendre pour "finir" Weidman. Or, sur le film que j'ai vu, l'exécution est parfaite.
Merci pour vos info et à bientôt.
Invité Invité
Sujet: Re: Les exécutions pendant l'Occupation Sam 22 Déc 2007 - 20:35
Bonjour Marini et bienvenu sur ce site.
Des spécialistes vont vous répondre sur les questions que vous vous posez.
Vous verrez l'exécution de Weidmann, il existe un lien que l'on vous indiquera.
Bonne soirée.
bernard weis Bourreau départemental
Nombre de messages : 270 Age : 78 Localisation : chili Emploi : armurier... Date d'inscription : 04/06/2007
Sujet: Re: Les exécutions pendant l'Occupation Sam 22 Déc 2007 - 21:13
Hi, Bonjour, ami Marini.... ...Et bienvenue parmi nous.... --Bon Noel à tous!!! - Pour répondre à la question Nº 3....
- Il existe en effet un film de l'execution de Eugen, devant la "Maison St Pierre" de VERSAILLES... l'angle de vue est le même que celle de la photographie très connue (vue de haut), de l'execution... Il semble en effet que cette photo est directement extraite du film.... Les quelques "copies" ont été des fois recopiees avec le négatif positionné à l'envers.... ..D'ou la confusion.... Sur ce site même, je crois que l'on peut toujours voir cette execution à la rubrique "un petit film sur la guillotine" dans lequel il a été fait un montage avec photos reelles et "reconstituees" (Ex.: l'execution tirée du film "Papillon")... vers la minute 4.20, on y voit l'execution de WEIDMANN reproduite "à l'endroit"....
- L'execution, en fait est "très longue" plusieurs secondes s'ecoulent entre le moment ou "J.H.DESFOURNEAUX" abaisse la lunette et le moment ou il actionne le levier d'ouverture de la grenouillère (Ternaille, retenant la flèche du mouton).... ... Ce fut la dernière execution publique, suite à la legende selon laquelle se seraient déroulées des scènes d'hysterie de la part de femmes présentes... [Sur le film ou les photos, on ne voit seulement que des hommes (environ 200), qui se tiennent très calmement autour de l'aire d'execution].... --On distingue, juste qu'apres que DEFOURNEAUX ait abaissé le lunette, que A.OBRECHT, (qui était "photographe" à ce moment), s'eloigner d'environ deux mètres sur la gauche.... La tête est bien sûr tombée dans "la baignoire", pendant que le corps, lui, est allé très rapidement dans la corbeille!!....
- Il n'est pas sur que tous les adjoints de 1ºclasse (Photographes), aient eu la magnifique conscience professionnelle de Frenand MEYSSONNIER, laquelle, consistait a eviter que la tête du condamné, ne tombat dans la baignoire.....
-Les executions ultérieures à celle de WEIDMANN, se passant dans les enceintes carcerales, ont du beaucoup faire plaisir à Jules-Henri, qui n'avait pas la réputation d'être un rapide!!!..... --Mais ceci est une autre histoire!........
--A SUIVRE!!.....
-Amitiés!! -Bernard.
Invité Invité
Sujet: Re: Les exécutions pendant l'Occupation Sam 22 Déc 2007 - 22:17
http://fr.youtube.com/watch?v=dXels5zsE_M
J'ai remis un lien (déja indiqué dans le site mais je ne sais plus où) pour Marini.
Nemo Fondateur
Nombre de messages : 2002 Age : 42 Date d'inscription : 27/01/2006
Sujet: Re: Les exécutions pendant l'Occupation Dim 23 Déc 2007 - 14:28
Bienvenue Marini.
Alors, pour ta première question, je dirais que c'est moit-moit. On est en effet un peu dingues, mais l'aspect historique de la machine n'échappe à aucun des membres du forum.
Pour les exécutions de l'Occupation, il semble avéré qu'il n'y ait pas eu de nonuple exécution par guillotine le 30 avril 1944. En effet, les condamnations à mort ont été prononcées en pleine nuit par Jocelyn Maret et ses miliciens, lesquels étaient armés de mitraillettes pour des supplices plus expéditifs, et de fait, sur le registre d'écrou de la Santé, on lit que les condamnés à mort ont été pris en charge par le chef du peloton d'exécution, pas par l'exécuteur des arrêts criminels...
Pour reprendre le sujet "Weidmann", la vidéo est presque toujours inversée (sans pouvoir expliquer pourquoi les gens n'y prêtent aucune attention), et oui, l'exécution est plus longue que ce qu'elle ne devrait être (encore que tout est relatif, on voit que cela reste quelque chose de rapide malgré tout).
Voilà.
SI plus de précisions, n'hésitez pas. Encore bienvenue.
Sylvain
_________________ "Les humains, pour la plupart, ne se doutent de rien, sans envie ni besoin de savoir, ça leur va comme ça, ils croient avoir de l'emprise sur les choses. - Mh... pourquoi en avoir fait un secret ? Ils peuvent comprendre, ils sont intelligents... - Une personne, sûrement, mais en foule, on est cons, on panique comme une horde d'animaux, et tu le sais."
itto aime ce message
marini Bourreau de village
Nombre de messages : 89 Age : 75 Localisation : Lot et Garonne Emploi : Avocat Date d'inscription : 22/12/2007
Sujet: Re: Les exécutions pendant l'Occupation Sam 29 Déc 2007 - 22:52
Chers amis,
Je vous remercie pour vos messages d'accueil.
Je ne suis vraiment pas doué pour utiliser le forum, car je viens seulement de les découvrir maintenant, alors que vous m'aviez répondu à la vitesse du .... couperet.
J'avais rédigé un long texte, mais au moment de l'envoyer, il a disparu ...
Trop tard pour recommencer. Je le ferai demain.
Salut à tous
marini Bourreau de village
Nombre de messages : 89 Age : 75 Localisation : Lot et Garonne Emploi : Avocat Date d'inscription : 22/12/2007
Sujet: Re: Les exécutions pendant l'Occupation Dim 30 Déc 2007 - 12:52
Chers amis,
Comme je vous l'ai indiqué hier soir, des petits problèmes techniques m'ont fait perdre mon message. Je le recommence donc.
1) Mon premier" contact" avec la guillotine remonte à mon premier livre d'histoire. Au chapitre de la Révolution, on voyait Sanson exhibant la tête sanguignolante de Louis XVI après la décapitation. Depuis, la guillotine m'a fasciné par l'horreur qu'elle provoquait, et je ne ratais pas une occasion d'en voir un dessin, une image ou, mieux, une photo.
Mon grand-père, qui avait repéré cette "déviation", me dit un jour : "Tu veux voir une guillotine. Hé bien je vais t'en montrer une".
Et nous voilà partis au Garage Dancourt (sis rue Dancourt dans le 18e à Paris, en face du théâtre de l'Atelier), là où où mon grand-père garait sa 2 pattes, et effectivement, adossée contre un mur, gisait une guillotine partiellement démontée. Nous étions en 55 ou 56 et j'avis donc 6 ou 7 ans.
Je ne doute pas que mes histoires de petit garçon ne vous passionnerons pas plus que çà et vous aurez bien raison, mais avouez que l'expérience n'est pas ordinaire.
J'en viens donc au sujet que cette anecdote introduit : j'ai bien entendu pensé plus tard qu'il pouvait s'agir d'un accessoire de cinéma, mais entre nous, drôle de lieu pour être entreposé.
Alors, rappelons-nous que jusqu'en 1870, il y avait un exécuteur par département et donc autant de guillotines.
Lorsque la fonction fut centralisée entre les mains d'un seul bourreau, on peut imaginer que ce dernier a utilisé au début les machines locales. Mais ces dernières n'ayant quand même que peu d'exercice devaient s'abimer. Probablement par ailleurs que certains bourreaux apportaient des petits aménagements à leur outil et que donc le maniement n'était pas "universel", d'où des risques d'erreurs.
Est-ce pourquoi finalement, notre bourreau itinérant préférât-il voyager avec sa veuve ?
En tout cas, restèrent sur le pavé une petite centaine de machines. Que sont-elles devenues et celle du garage Dancourt était-elle une rescapée ?
Qu'en pensez-vous ?
2) Je reviens à l'exéction de Weidman en remerciant pour le lien qui m'a permis de la visionner dans le bon sens.
Un mystère demeure sur l'écart que fait Obrecht. Soit, comme vous le dites, tous les photographes n'allaient pas jusqu'à tenir la tête du condamné (non pas d'ailleurs, à mon avis, pour éviter sa chute dans la bassine, mais pour empêcher le patient de la rentrer dans ses épaules).
Certains ont dit que Weidman avait voulu éviter le jet de sang sortant des carotides, mais cette explication n'est pas convaincante.
En effet, ce jet ne peut gicler qu'à droite de la machine, pendant le court instant où le corps glisse de la bascule vers la malle.
Or, Obrecht part à gauche et non à droite.
Le mystère reste donc entier, à moins que vous ayez une explication de votre côté.
3) Je reviens vers la question des exécutions pendant l'Occupation. Avez-vous consulté vous-même les registres du greffe de la prison, ou est-ce une information de "seconde main", car une brève biographie de Desfourneaux souligne qu'il aurait fait tomber 9 têtes dans la cour de la Santé le 1e mai 1944 ?
JHD fut d'ailleurs, semble-t-il, assez indifférent à ces exécutions de politiques, ce qui laisse supposer qu'il n'avait pas grand coeur. Il semblerait que d'autres distinguaient bien entre "droits communs" et "politiques" et fuirent la fonction d'aide à cette époque.
JHD avait-il des carnets d'exécution et si oui, que sont-ils devenus ?
Les ordres d'exécution ont-ils été conservés ? Comment peut-on les consulter ?
Je vous souhaite à tous de bonnes fêtes de fin d'année et une super année 2008, pleines d'info nouvelles.
Marini
Mox Aide confirmé
Nombre de messages : 36 Date d'inscription : 12/07/2006
Sujet: Re: Les exécutions pendant l'Occupation Dim 30 Déc 2007 - 13:29
Bonjour,
Effectivement, Obrecht s'écarte et ne reste pas pour maintenir la tête du condamné après l'avoir calée comme Meyssonnier affirme le faire à son époque (j'ai cru comprendre qu'à un moment un soucis de lunette obligea son équipe à décapiter sans ? et donc imposait le maintien de la tête de bout en bout). Cela ne me surprend pas : c'est le poste le plus dangereux, on a vite fait de perdre une main ou un doigt en cas de soucis, sans parler évidemment des projections de sang. Obrecht se comporte comme l'aide (Deville je crois) sur la série de clichés prises en 1909. C'est la même "lignée" professionnelle. Les années passent, les gestes restent.
Ce qui est notable dans la vidéo de Weidmann, c'est qu'on passe à deux doigts de la catastrophe : l'exécution se déroule mal. Il y a un soucis avec la bascule obligeant les deux aides à "placer" le comdamné à l'arrach avec l'aide de Desfournaux qui ne libère pas simultanément la lunette supérieure et le couperet mais distingue bien les deux actions. Tout est relatif mais l'exécution est longue si on se réfère à la célérité légendaire de son prédecesseur.
marini Bourreau de village
Nombre de messages : 89 Age : 75 Localisation : Lot et Garonne Emploi : Avocat Date d'inscription : 22/12/2007
Sujet: Re: Les exécutions pendant l'Occupation Dim 30 Déc 2007 - 14:25
C'est vrai que l'exécution est longue comparée au 3 à 4 secondes depuis le pied de la bascule qui était le temps des plus rapides.
Une chose me fascine de façon générale et en particulier dans l'exécution de Weidman : l'extraordinaire docilité du condamné.
Tant que l'on a pas vu la vidéo ou obtenu de témoignages de premières mains, on a du mal à y croire. Mais là, c'est sous nos yeux : Weidman ne se débat pas. Il attend "calmement" la chute du couperet. Incroyable quand même!!
Un détail technique sur le site : actuellement je réponds à "Mox", mais Sywan ou Mercattor, par exemple, récupèrent-t-il aussi nos échanges ?
Invité Invité
Sujet: Re: Les exécutions pendant l'Occupation Dim 30 Déc 2007 - 14:56
Bonjour Marini,
Oui, nous lisons bien vos messages, tout va bien.
- Pour votre guillotine il m'étonnerait que ce soit une véritable. L'endroit me parait complètement inadapté pour le dépôt d'une guillotine. Etes-vous sûr qu'elle ne dépendait pas du théâtre de l'Atelier ? Si mes souvenirs sont exacts c'est un petit théâtre ( sur une petite place, charles Dullin, il me semble ). Il se peut que manquant de place pour entreposer des décors on ait placé cette guillotine dans ce garage, une piéce de théâtre comportant la Veuve venant peut être de finir sa saison ou bien allait-on commencer une pièce comportant la Veuve ?
D'autre explications sont possibles, mais pourquoi n'avez-vous pas demandé à votre grand-père le provenance de cette machine ? Il est vrai que vous étiez petit.
marini Bourreau de village
Nombre de messages : 89 Age : 75 Localisation : Lot et Garonne Emploi : Avocat Date d'inscription : 22/12/2007
Sujet: Re: Les exécutions pendant l'Occupation Dim 30 Déc 2007 - 16:49
J'étais effectivement petit et cette question ne me venait pas à l'esprit.
Plus tard, je suis revenu au Garage Dancourt pour voir si elle était toujours là.
Mais personne ne se souvenait de cet engin.
On pourrait peut-être interroger le directeur du théâtre pour savoir s'il y avait au répertoire une pièce avec une guillotine. Cà m'épaterait, car la scène du théâtre est minuscule. A moins qu'on y ait joué du grand guignol .....
Cela étant, quid de toutes ces Veuves esseulées, abandonnées ? Ont-elles toutes été détruites ? N'en resterait-il que 2 ou 3 dont celle de la Santé photographiée par KER en dernier lieu ?
A ce propos, pourrait-on formuler une demande collective auprès de la Chancellerie pour la voir ? Cette dernière peut-elle nous refuser l'accès à cette pièce de notre histoire si nous insistons un peu ?
Je serai assez partisan d'engager une démarche en ce sens, mais peut-être faudrait-il alors que nous soyons organisés sous forme d'une association ou quelque chose comme çà, car je pense que nous serions alors plus crédibles vis à vis d'une institution publique.
Qu'en pensez-vous ?
Marini
Invité Invité
Sujet: Re: Les exécutions pendant l'Occupation Dim 30 Déc 2007 - 18:55
Marini,
Sywann est au courant pour ce que vous demandez, il vous répondra.
Je ne crois pas que le théâtre de l'Atelier ait progammé du grand guignol. Il y avait un théâtre spécialisé pour cela, rue Chaptal, il s'appelait le théâtre du « Grand Guignol » puis ensuite théâtre « 347 », mais toujours avec de l'hémoglobine à la clef.
Peut-être que cette guillotine provenait de ce théâtre qui remisait à cet endroit une guillotine servant épisodiquement pour leurs spectacles.
Il semble me souvenir que ce théâtre a disparu au début des années 70.
Invité Invité
Sujet: Re: Les exécutions pendant l'Occupation Lun 31 Déc 2007 - 9:28
SYWANN AVAIT ÉCRIT LE TEXTE CI-DESSOUS : Pour les exécutions de l'occupation, il semble avéré qu'il n'y ait pas eu de nonuple exécution par guillotine le 30 avril 1944. En effet, les condamnations à mort ont été prononcées en pleine nuit par Jocelyn Maret et ses miliciens, lesquels étaient armés de mitraillettes pour des supplices plus expéditifs, et de fait, sur le registre d'écrou de la Santé, on lit que les condamnés à mort ont été pris en charge par le chef du peloton d'exécution, pas par l'exécuteur des arrêts criminels...
____________________________________
Sywann,
Alors Jacques Delarue se trompe en écrivant dans son livre LE MÉTIER DE BOURREAU, page 364 : « Le 1er mai 1944, neuf militants communistes qui avaient été condamnés la veille par une cour martiale furent guillotinés dans la cour de la Santé. Il faut remonter au début du XIXème siècle pour retrouver pareille hécatombe : neuf têtes à la suite dans le panier de M. Desfourneaux. Il n'a donc pas consulté le livre d'écrou !
Dernière édition par mercattore le Lun 30 Nov 2009 - 22:47, édité 4 fois
Nemo Fondateur
Nombre de messages : 2002 Age : 42 Date d'inscription : 27/01/2006
Sujet: Re: Les exécutions pendant l'Occupation Lun 31 Déc 2007 - 12:11
La mention des miliciens de Maret et la note sur le registre d'écrou sont mentionnés dans le livre "42, rue de la Santé"... Je ne suis pas encore allé vérifier qu'il dit vrai, mais s'il affirme avoir consulté le document... C'est, je crois bien, Albert Naud qui a mentionné le premier les neuf têtes du 30 avril 1944 (qu'il date de manière erronnée le 1er mai) dans "Tu ne tueras pas", et je le rappelle, le bon Me Naud était un farouche opposant à la peine capitale, décidé à en rajouter dans le sordide pour rendre la guillotine plus abominable qu'elle ne l'est déjà.
_________________ "Les humains, pour la plupart, ne se doutent de rien, sans envie ni besoin de savoir, ça leur va comme ça, ils croient avoir de l'emprise sur les choses. - Mh... pourquoi en avoir fait un secret ? Ils peuvent comprendre, ils sont intelligents... - Une personne, sûrement, mais en foule, on est cons, on panique comme une horde d'animaux, et tu le sais."
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Invité Invité
Sujet: les exécutions pendant l'occupation Lun 31 Déc 2007 - 13:37
Oh oui, Albert Naud, défenseur irréductible de l'abolition de la peine de mort était très habile pour employer des images, des mots forts, afin de fléchir le jury mais après tout, un avocat, qu'il soit de la partie civile ou de la défense, emploie les armes qu'il pense les plus efficaces pour faire gagner sa cause.
_______________________________________
- Le livre d'écrou ayant été consulté, on doit se rendre à l'évidence : H. Desfourneaux n'a rien à voir avec l'exécution de ces neufs personnes.
Nemo Fondateur
Nombre de messages : 2002 Age : 42 Date d'inscription : 27/01/2006
Sujet: Re: Les exécutions pendant l'Occupation Lun 31 Déc 2007 - 13:50
Je le rappelle, je n'ai rien contre les abolitionnistes, et je sais pertinemment que la guillotine est un outil horrible et sanglant. Mais de même que je m'applique à ne pas faire de "gore" dans mes livres, je pense qu'il n'est pas nécessaire de tirer sur l'ambulance comme a pu le faire Me Naud.
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marini Bourreau de village
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Sujet: Re: Les exécutions pendant l'Occupation Lun 31 Déc 2007 - 15:58
Sywan,
Mercattore me dit - si j'ai bien compris - que vous auriez déjà pensé à la question d'une démarche auprès de la Chancellerie pour voir la guillotine de la Santé. Qu'en est-il ?
Mercatorre,
Effectivement, je ne pense pas qu'il y ait eu du "grand guignol" à l'Atelier en raison de l'exiguité de la salle. D'ailleurs, comme vous le faites justement remarquer, ce spectacle était exclusivement "servi" dans certaines salles. Il me semble que dans les années 80 ou 90, il y a eu une tentative de remake du "grand guignol", mais çà n'a pas marché. Changement d'époque ... On a rien perdu, me semble-t-il.
Quand aux 9 condamnés du 1e mai 1944, le débat n'est pas clos, puisque Sywan nous indique ne pas avoir vu le registre de levée d'écrou.
Costa Gavras, qui n'a pas non plus la réputation d'affectionner la peine de mort, met en scène la préparation d'une double exécution par décapitation. Je pense que s'il y en avait eu neuf, il n'aurait pas manqué de le souligner. A suivre ...
Bonne année.
Nemo Fondateur
Nombre de messages : 2002 Age : 42 Date d'inscription : 27/01/2006
Sujet: Re: Les exécutions pendant l'Occupation Lun 31 Déc 2007 - 16:12
Dans le film "Section Spéciale", c'est la mise à mort du 28 août 1941 qui est représentée, pas celle du 30 avril 1944. C'est vrai que je préférerais voir de mes propres yeux le registre d'écrou de la Santé, je pense que je le ferai un de ces prochains week-ends.
Par rapport à la guillotine, ou plutôt aux guillotines qui ont servi jusqu'il y a trente ans, elles se trouvent désormais non plus à Fontainebleau, mais à Marseille, dans les caves du musée des arts et des traditions populaires. Le directeur a fait publiquement savoir qu'il s'opposait à les exposer car il craint toujours que cela ravive des polémiques. Plus bandamol, tu meurs. Ca fait 26 ans qu'elle n'est plus d'actualité, la Veuve, ils devraient savoir qu'elle ferait frissonner le public passionné, et que personne n'aura l'idée saugrenue de s'auto-décapiter... Bref, non, je n'ai pas tenté de faire une démarche à la Chancellerie (ce serait inutile), et de toutes manières, j'ai eu la chance d'approcher, toucher, mesurer une vraie guillotine Berger (je doute qu'on m'aurait laissé en faire autant dans un musée).
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Boisdejustice Monsieur de Paris
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Sujet: Re: Les exécutions pendant l'Occupation Lun 31 Déc 2007 - 16:15
Dans "Section Speciale" de Costa Gavras je crois qu'il s'agit d'une triple execution, la premiere. Si je me souviens bien les tribunaux de la Section Speciale ont fonctionnes plusieurs annees durant l'occupation et il y a eu d'autres executions multiples.
Mais je crois que "LES NEUFS" ont ete fusilles par les Miliciens. Voici un lien qui semble indiquer qu'il y a eut 9 guillotines en 3 groupes de trois en 1941 et 1942 et neuf fusilles en 1944:
Sujet: Re: Les exécutions pendant l'Occupation Lun 31 Déc 2007 - 16:38
Pour moi la source qu'indique SYWANN ( Lecture du livre de levée d'écrou-pourquoi y aurait-il mensonge ) et la source de Boisdejustice (Incontestable celle-ci) indiquent, avec certitude, que les neuf condamnés ont été fusillés en non pas guillotinés.
Invité Invité
Sujet: Exécutions pendant la guerre à la Santé Lun 31 Déc 2007 - 17:44
Exécutions : 28 août 1941 : Andre Brechet - Jean Bastard - Abraham Trzébrucki -
L’un des carrés militaires du cimetière de Clichy Sud contient plusieurs tombes de martyrs de la Résistance. L’une des plaques interpelle le passant : « guillotiné ». Qui a bien pu être guillotiné sur ordre de Pétain ?
Une rue du 17ème arrondissement de Paris dans le quartier des Epinettes et une école dans ce même arrondissement, portent le nom d’André Brechet. Né en 1900, André Brechet est l’un des responsables communistes de Paris. Le remarquable site internet www.plaques-commémoratives.org donne des explications : « L’attentat qui, le 21 août 1941, coûte à Paris la vie à l’aspirant Moser déchaîne la fureur répressive de l’occupant et de l’Etat français. Menaçant de fusiller cinquante otages, le premier exige du second la condamnation à mort de six communistes. Vichy obtempère en créant le 23 août des les Sections spéciales. Le 27 août 1941, cinq magistrats français composent la Section spéciale de la Cour d’Appel de Paris. André Bréchet, condamné neuf jours plus tôt à quinze mois de prison figure parmi les neufs prévenus qui comparaissent ce jour-là ».
Ainsi sans d’autres charges que celle de militant politique (le Parti communiste était alors interdit), André Brechet est guillotiné le 28 août 1941, dans la cour de la prison de Santé à Paris, la même journée que Jean Bastard et Abraham Trzebucki,
Jean Bastard, né le 18 août 1896, monteur, est arrêté par la Section spéciale du Gouvernement de Vichy pour avoir été en possession d’une machine à écrire de marque Ronéo. Il est soupçonné de résistance communiste active, tout comme Abraham Trzebucki. 2012-04-18 par Adelayde
Né le 18 août 1896 à Paris (XIIIe arr.), fils d'un forgeron, Émile Bastard, monteur, fut arrêté et condamné à mort par la section spéciale désignée par le gouvernement de Vichy pour avoir eu une ronéo à son domicile. Il fut guillotiné dans la cour de la prison de la Santé le 28 août 1941. La rue des Acacias a pris le nom d'Émile Bastard par décision du conseil municipal le 27 juillet 1945. 2012-04-18 par Adelayde
- Maurice Garnotel : Assassinats de femmes. - Fritz Erler : Espionnage (cinéaste allemand)
Les troupes allemandes ne sont pas encore arrivées à Paris.
__________________________________
SOURCE : Jaques DELARUE, LE MÉTIER DE BOURREAU. Pages 358 à 364.
__________________________________
J. DELARUE signale aussi GEORGETTE MONNERON, la femme de Émile, mais il écrit que le supplice eu lieu à la Roquette ( 6 février 1942 ) à moins qu'il ne se soit mal exprimé.
Dernière édition par mercattore le Lun 30 Nov 2009 - 23:01, édité 1 fois
marini Bourreau de village
Nombre de messages : 89 Age : 75 Localisation : Lot et Garonne Emploi : Avocat Date d'inscription : 22/12/2007
Sujet: Re: Les exécutions pendant l'Occupation Lun 31 Déc 2007 - 19:05
Sywan, Mercattore et les autres,
Quelle érudition ! Franchement, chapeau. Je ne pensais pas que le site atteignait ce niveau de connaissance et de recherche de la juste information.
Je veux, si vous le permettez revenir un instant sur l'une des raisons de l'intérêt que je porte au sujet.
Raison qui peut paraître aujourd'hui dépassée, puisque la peine de mort a été abolie dans notre pays. Mais elle existe encore dans de nombreux Etats.
Pour moi, le débat sur la peine de mort ne peut pas être totalement "déconnecté" de celui de l'exécution.
On ne peut dire "je suis pour la peine mort, mais je me fous de comment çà se passe", conférant ainsi à la peine capitale un statut abstrait. De la même façon, qu'on ne peut dire - toujours selon moi - "je suis pour la guerre, mais je me fous de ce qui se passe sur le terrain de bataille".
L'exécution est le maillon final d'une chaîne judiciaire qu'il n'y a pas lieu d'escamoter comme une chose sale que l'on fait en cachette. Il paraît que l'exemplarité de la peine n'avait que peu d'influence sur les criminels. Elle en aurait peut-être eu sur ceux qui donnent la mort, confortablement assis sur le velours des fauteuils des palais de justice.
Le débat sur l'injection létale montre d'ailleurs bien que peine de mort et exécution ne peuvent être dissociées.
Le discours pour la peine de mort ne peut donc, à mon sens être abordé en mettant de côté celui de l'exécution.
Le discours contre la peine de mort peut s'en exonérer, puisque pour les abolitionnistes, le non est en amont de tout.
Marini
Invité Invité
Sujet: Re: Les exécutions pendant l'Occupation Lun 31 Déc 2007 - 19:18
Marini,
Le débat pour ou contre la peine de mort peut durer longtemps. Ici, il y a des pour, il y a des contre.
marini Bourreau de village
Nombre de messages : 89 Age : 75 Localisation : Lot et Garonne Emploi : Avocat Date d'inscription : 22/12/2007
Sujet: Re: Les exécutions pendant l'Occupation Lun 31 Déc 2007 - 19:51
Mercattore,
Je ne voulais pas ouvrir, ni même entrouvrir le débat sur la peine de mort.
Je voulais simplement dire que l'exécution fait part entière dans ce débat.
C'est pourquoi, entres autres raisons, j'ai voulu savoir comment çà se passait.
A moins qu'hypocrite, y compris avec moi-même, je veuille en fait donner un peu de lustre à ma sinistre passion.