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 Catherine Bouhourt - 16 mai 1808

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Titange
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Titange


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MessageSujet: Catherine Bouhourt - 16 mai 1808   Catherine Bouhourt - 16 mai 1808 EmptyLun 7 Fév 2022 - 0:19

La fascination de Catherine Bouhourt qui au début de l’Empire profite des belles heures du Tivoli d’hiver ou du Tivoli d’été tantôt sous son surnom de Manette et tantôt sous son avatar masculin d’Auguste, ou du «petit Auguste», parce qu’elle ne mesurait que «cinq pieds trois pouces», continue de s’exercer jusqu’à Alexis Bouvier qui, dans son Auguste Manette paru en feuilleton dans Le Petit Journal en 1869 puis en volume chez Édouard Dentu et Jules Rouff, revient à maintes reprises sur l’élégance de son travesti composé d’une «redingote bleue de roi», d’un «gilet fond blanc moucheté», d’une «culotte grise», de «bottes à l’écuyère» et de «cheveux coupés à la Titus» et surmontés d’un «chapeau rond» posé «crânement sur l’oreille» - on pense au foudre Malcolm McDowell qui a la même signature dans l’Orange mécanique de Stanley Kubrick :


Catherine Bouhourt - 16 mai 1808 41nvr-15


Catherine Bouhourt donc, ou si l’on préfère Auguste Manette, «une capricieuse» aux «idées baroques», peut-être bisexuelle, guillotinée à 22 ans le 16 mai 1808 au terme de son procès pour les meurtres d’un ex-curé quinquagénaire en possession d’une modeste aisance, Gabriel Boysson, le 25 décembre 1806, à coups de marteau, puis d’un jeune étourdi sur le point d’hériter, François Prévost, le 27 septembre 1807, à coups de hachette, et finalement pour tentative de meurtre sur la personne de sa «bonne amie» la veuve Jeanne Mary ou Marye, sa rivale auprès du lieutenant du 15e régiment de ligne Léon Paillard, le 30 novembre 1807 :

«Interrogée sur les faits relatifs à l'attaque (...) de la femme Marye, elle a cherché à établir, dans sa défense, que cette femme Marye, emportée vers elle par des désirs effrénés, avait conçu une violente jalousie, et lui avait fait de vifs reproches, en l'accusant de lui préférer d'autres femmes avec lesquelles elle aurait été au Tivoli d'hiver; qu'elle fut d'abord insensible à ce reproche, et qu'elle se disposait même à se dépouiller de ses vêtemens pour entrer dans le lit de la femme Marye, lorsque celle-ci s'y opposa et proféra contre elle des injures qui la portèrent à donner un soufflet à ladite Marye, qui la prit aussitôt aux cheveux et la jeta par terre; que dans cette lutte, et pendant qu'elle était renversée, elle trouva sous des mottes à brûler, dans un coin, un marteau qu'elle jeta à la tête de la femme Marye, et se sauva ensuite» (Maurice Méjan, Recueil des causes célèbres et des arrêts qui les ont décidées, tome 2, Paris, P. Plisson, 1808, p. 389).

Comme il fallait s’y attendre, Alexis Bouvier ne manque pas de rattacher la carrière criminelle de son héroïne aux épisodes les plus sombres de la Révolution par le biais de ses parents fautifs : «À sept ans, pendue aux cotillons de ma mère, je riais avec elle lorsque mon père égorgeait à la porte des prisons en septembre. Toute petite, en haillons, marchant pieds nus dans le sang, devant le guichet de la Force (...), je suis là, toujours là (...), aidant ma mère à voler aux cadavres l'étoffe dont elle me fera des robes», et de même on ne s’étonne pas outre mesure que son factotum Duplaindois arbore une «chaîne de montre en acier, à gros anneaux», qui «pouvait passer pour une chaîne de forçat qu'un fantaisiste aurait fait polir».

Après «un mot» d’introduction abolitionniste se réclamant de Victor Hugo - «est-il utile de punir?... ne vaut-il pas mieux empêcher?» -, c’est un limier appelé Javal, par contraction sans doute des deux Javert et Valjean des Misérables, que Bouvier lance aux trousses de sa syrène également porté sur les «liqueurs spiritueuses» - pour ses clients -, et l’absinthe - pour elle-même, en guise de récompense : «absinthe pure et sucre (...), drôle de drogue» -, et qui après bien des péripéties finit par la faire traduire en justice où elle ne semble nullement regretter de s’être horriblement acharnée sur ses victimes : «La férocité de la fille Bouhourt, constatée par son attaque sur la veuve Marye, l'était encore par son attitude pendant les débats; car elle s'était conduite de la manière la plus indécente. Elle avait apostrophé les témoins, et on l'avait vue sourire lorsqu'on parlait de l'état du cadavre du jeune Prévost» (Maurice Méjan, ibid, p. 426).

À 16 heures le 16 mai 1808, sur une place de Grève aux fenêtres serties de têtes «comme la grenade éclatée laisse voir ses centaines de pépins rouges», aucun repentir chez Catherine Bouhourt qui crache en direction de quelques spectateurs particulièrement hostiles avant d’être châtiée par Henri Sanson.


Dernière édition par Titange le Ven 16 Sep 2022 - 16:42, édité 2 fois

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MessageSujet: Re: Catherine Bouhourt - 16 mai 1808   Catherine Bouhourt - 16 mai 1808 EmptyLun 7 Fév 2022 - 12:03




Merci beaucoup pour l'information. Je m'intéresse depuis longtemps aux faits liés à cette fille. En plus de la source littéraire, j'ai trouvé deux ou trois sources documentaires ou se prétendant documentaires. Mais ils sont vrais,
 désir de censure, entremêlé de fiction et de spéculation. Cependant, si le temps me le permet, je tiens aussi à préciser que j'en sais un peu plus que vous, cher collègue. Encore une fois, je vous remercie beaucoup.
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Titange
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MessageSujet: Re: Catherine Bouhourt - 16 mai 1808   Catherine Bouhourt - 16 mai 1808 EmptyMar 8 Fév 2022 - 13:19

Si vous en savez un peu plus que moi sur Catherine Bouhourt, serg14, vous le cachez bien.

Allons, déballez-nous votre petit bagage, pour voir.
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MessageSujet: Re: Catherine Bouhourt - 16 mai 1808   Catherine Bouhourt - 16 mai 1808 Empty

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