Louis-François Basile Henry et Marie-Marguerite Françoise Justine Rosalie Germond, épouse Henry (" COUPLE MAUDIT"), 12 septembre 1835Je m'excuse si les noms propres sont incorrectement reflétés dans le texte. A cet effet, j'indique les sources.Source, dans laquelle les circonstances sont énoncées plus en détail :https://alaindenizet.fr/1835-histoire-dun-couple-maudit-episode-1/
https://alaindenizet.fr/1835-couple-maudit-parricide-et-peine-capitale-acte-ii/
HISTOIRE DE LA TRAGÉDIE.Les deux époux sont issus d'une famille modeste. Le père de Basile, Henri, est boucher, sacristain et instituteur à Saint-Victor-de-Buthon. Très tôt, il apprend à lire, à écrire et l'oblige à assumer le rôle de chef de chœur avant de le mettre en apprentissage à 14 ans aux bourriers. Après ses études, il goûte l'air de la ville, émigre à Beauvais puis à Paris. De retour au pays, Henri rencontre Marie Germond en 1822 au " bal qui suivit les coups de feu au pavua ". Originaire de Champrond-en-Gâtine, une jeune fille, après deux ans de scolarité, vient de terminer son apprentissage d'ouvrier. Le mariage eut lieu le 7 août 1822. Il a 25 ans; elle a 15 ans, un âge très inhabituel, mais ses parents agriculteurs lui ont donné la bénédiction et mille francs de dot.
Les jeunes mariés s'installent à Montlandon. L'avenir s'annonce prometteur : une bonne dot, les revenus du maître burelle et de la couturière sont si importants que lorsqu'ils montent en puissance, ils investissent dans un « café billard ». Mais un ciel sans nuage est de courte durée. Bientôt, la vie conjugale et les relations d'affaires ont changé de plan. Le mari a appris que sa jeune femme "se livrait à la débauche dès l'âge de 14 ans". Alors quand il la soupçonne d'avoir une liaison avec son voisin, il la corrige par "des gifles et des coups de pied dans le cul".
Le couple se sépare en 1833. Henry fut pensionné à Saint-Victor-de-Button par son frère, qui l'engagea ; sa femme et sa fille, Marie-Antoinette, sont recueillies par les parents de Germond, qui se retirent à Saint-Elif. Henry rendait visite à sa femme les samedis et dimanches. Dépossédés et divisés, ils sont pourtant unis par une idée immuable : la haine des parents de Germont. Ses ressorts profonds, en plus d'un sentiment de déclin, ont été puisés dans de nombreuses années de jalousie à l'égard du dernier des enfants de Germond-René, âgé de 19 ans.
Ce "mauvais sujet" qui n'a jamais terminé ses études a été gâté par ses parents et a dépensé de l'argent sans compte. Ils ont prévu de payer un remplaçant pour le sortir du repêchage et ont prévu un beau mariage.
En particulier, en décembre 1834, ils s'endettent pour lui acheter une maison de commerce à Chartres pour 28 000 francs - une fortune - alors qu'on leur a refusé six ans plus tôt une promesse de rachat de café.
Des "scènes de scandale" ont éclaté entre mère et fille. À plusieurs reprises, des témoins ont affirmé avoir entendu la femme d'Henry crier "qu'elle abandonnerait son père pour que sa mère meure". L'insulte était d'autant plus choquante que ses parents lui ont offert un abri ainsi qu'à sa fille de 9 ans. De son côté, Henry a menacé son beau-père avec une arme à feu, le qualifiant de "vieil homme sans valeur".
(Une circonstance doit être mentionnée ici. J'ai omis les détails de la mort étrange des enfants des époux Henry décédés en bas âge, car il n'y a pas eu de poursuites pénales sur ces faits. Les détails sont indiqués dans les liens.)
CRIME.Tôt le matin du samedi 10 janvier 1835, la femme de Lefebvre reçoit la visite de la jeune Marie-Antoinette, fille de la femme d'Heinrich. Sa mère, dit-elle, était malade. Comme elle (la femme Henry) était dans son septième mois de grossesse, le voisin croyait à une naissance prématurée. Il n'y avait rien de spécial à ce sujet. Arrivée sur les lieux, la femme d'Henry a annoncé publiquement que "tout est perdu chez son père et sa mère, qu'elle a entendu les cris du tueur, qu'à son avis, elle a entendu les coups de feu", mais qu'elle était malade, effrayée et seule - son mari n'était pas à la maison - elle n'a pas pu s'en empêcher et n'est pas intervenue. C'est l'adjoint au maire qui est entré le premier dans la chambre de ses parents.
D'après des témoignages oculaires et des documents : « Les deux époux étaient dans leur lit. La silhouette, le cou et la poitrine de la femme étaient couverts de sang. Sa tête, presque coupée de son corps, pendait. Deux balles ont traversé le corps. Le testament de son mari indique qu'il est mort rapidement d'une chevrotine à bout portant et d'un gros clou enfoncé dans son crâne. Le corps du jeune Germont gisait au milieu de la pièce, couvert de sang. Le poêle cassé et renversé, les meubles éparpillés, ses cheveux hérissés et ses traits comprimés témoignaient qu'il avait enduré une lutte terrible. La pièce suivante a été pillée.
illustration tirée de "L’Astrologue de la Beauce et du Perche", 1893 et plan de la scène d'après les matériaux de l'enquêteCONSÉQUENCE. Les époux d'Henry se retrouvent rapidement dans le champ de vision des enquêteurs et des gendarmes. On leur reproche non seulement un passé difficile rempli de menaces, d'insultes et de poursuites judiciaires, mais surtout des éléments bien précis qui s'accumulent de jour en jour. Alibis peu fiables, émotions excessives et col de chemise ensanglanté : le couple a été interpellé le soir du 10 janvier. Le lendemain, les recherches étaient écrasantes. Des escarpins, une cravate, un étui à rasoir, une paire de bottes ayant appartenu au jeune Germond et des vêtements couverts de sang ont été retrouvés dans la maison d'Henry; une somme de 1 500 francs a été retrouvée sous le bureau de sa femme, qui aurait été cachée par son père, ainsi qu'un mouchoir taché de sang. – à cause, explique-t-elle, des sangsues qu'elle a mises sur ses genoux… Le couple est arrêté. Le 11 janvier, Henry s'est échappé. Pris le soir même, il passe aux aveux et désigne sa femme comme le cerveau et complice du triple meurtre. Elle avoue avoir été témoin du massacre, mais a été forcée et contrainte sous la menace d'un mari armé. Une version qui s'effondre après que sa fille de neuf ans, Marie-Antoinette, a avoué à la femme de Lefebvre, sa voisine : « Papa est venu la nuit, a allumé une bougie et est allé chez grand-père. Maman y est allée et ils ont tiré quelques coups de fusil. Ils ont apporté des cartons, du tulle et des bonnets, et quand papa était sur le point de partir, il a embrassé maman. Maman m'a défendu en disant que papa est venu, qu'elle me donnerait de beaux vêtements.
Extrait de l’acte d’accusation contre les époux Henry. Archives départementales d’Eure-et-Loir, Dossier 2 U 2 239.Extrait de l’interrogatoire de Marie Germond, femme Henry le 28 janvier 1835. Archives départementales d’Eure-et-Loir, Dossier 2 U 2 239.Extrait de l’Interrogatoire de Marie Germond, épouse Henry, le 28 janvier 1835. La jalousie vis à vis de son frère. Archives départementales d’Eure-et-Loir, Dossier 2 U 2 239.RECHERCHER.Les 20 et 21 juin, une foule immense s'est rassemblée devant la petite salle du palais de justice de Chartres. Tout le monde veut apercevoir le couple maudit. Mais seules deux cents personnes peuvent assister à l'audience. Henry apparaît, abattu; elle, imperturbable, prétend qu'il a tout uni. Le public remarque qu'elle a perdu son gros ventre : le 19 mars, à la maison d'arrêt de Nogent-le-Rotrou, elle a donné naissance à une fille prénommée Marie-Gertrude, qu'Henry a refusé de reconnaître. Décidément, le couple est déchiré par tout. Sans contrainte, le parquet établit la culpabilité des époux Germont ; la défense cède sous un fardeau trop lourd, note Le Glaner : « Il était facile de prévoir que toutes les ruses possibles échoueraient malgré des preuves fatales. Les Henry sont condamnés à mort.
Le 26 juin, dans une lettre à Marie, Germond implore le roi de lui pardonner, citant les conséquences honteuses de sa condamnation sur ses deux filles. « Mes pauvres enfants ne sont-ils pas assez misérables, privés de l'héritage de leurs ancêtres, comme héritiers d'une mère indigne par la loi, faut-il encore que le sang de leur mère soit versé sur eux ? » Ce passage rapporte d'ailleurs que les parricides ont été tués d'une mort civile : les liens entre le coupable et sa famille sont légalement rompus. Par conséquent, les enfants sont déshérités par un père, une mère ou les deux, comme dans le cas du double patricide de Saint-Elif.
Extrait du témoignage du 30 janvier 1835, de la femme Pinceloup, une petite cousine d’Henry chez laquelle il se refugie après son évasion. Elle raconte son arrivée. [size=13]Archives départementales d’Eure-et-Loir, 2 U 229.[/size]
Première page du lourd dossier Henry-Germond. Archives départementales d’Eure-et-Loir, dossier 2 U 229.Extrait de l’acte d’accusation. Archives départementales d’Eure-et-Loir, 2 U 229.EXÉCUTION.
L'appel a été rejeté le 16 juillet et l'exécution était prévue pour le matin du 12 septembre. « Les deux victimes, écrit Le Glaneur, sont emmenées sur un chariot de prison jusqu'à la place du Marche-au-Vash. Ils sont accompagnés par la gendarmerie ; une partie de la garnison est cantonnée sur leur chemin et autour du lieu d'exécution. Dans ce passage du Percepteur, le lecteur notera que les Henry, puisqu'ils sont condamnés à se faire trancher le cou, reçoivent le statut de « victime ». Shaw, écrit le même journal : si, après la réforme de 1832, les parricides n'étaient plus coupés du poignet droit à la hache avant l'exécution, leur peine de mort est toujours précédée d'une mise en scène spéciale, prévue par le code pénal. Six mille personnes de Chartres et ses environs se sont rassemblées pour assister à l'exécution des « époux maudits ». (En 1836, moins de quinze mille habitants vivaient dans la ville.) Accompagnée de deux prêtres, la femme d'Henri, en chemise, pieds nus et la tête voilée, passe à deux pas de la forêt de la justice, où deux chaises les attendent. Là, l'ultime épreuve les attend : la lecture par l'huissier d'un long verdict de culpabilité.
Un événement inattendu - à la fois bouleversement théâtral et geste de rédemption - achève la "représentation" : Les paroles des prêtres ont conduit à une réconciliation entre ces deux malheureux qui s'accusaient mutuellement des meurtres. Ils se sont embrassés. Le baiser de la mort. Henry entendit le bruit sec d'une lame. La tête de sa femme a d'abord roulé dans le panier. Elle est la dernière femme condamnée à mort Eure-et- Loir.
illustration tirée de l'almanach ( L’Astrologue de la Beauce et du Perche, 1893) : l'exécution des « épouses maudites » des parricides sur l'échafaud
Mon commentaire : Cœurs terribles ! Pas d'amour, mais des sentiments fédérateurs uniquement de la haine. Sur l'échafaud, la repentance n'est pas pour un crime, mais pour la lâcheté et une tentative d'éviter la punition. Remords des voleurs.