Fernand Meyssonnier

brossman a écrit:

- le fait d’appuyer une échelle sur la partie haute des montants de la guillotine et de grimper dessus ne risque t’il pas de créer un moment important et des efforts importants dans les jambes de force métalliques ?

Voyez-vous un autre moyen de mettre en place et d'enlever le chapiteau ? Je pense que les montant sont conçus pour.
L'échelle fait partie du matériel et est bien souvent présente sur nombre de photos historiques.

Le dessous de la bascule avec les trois roulettes.



L'echelle en usage apres l'execution de Weidmann

Merci à tous pour ces réponses.

- Je croyais qu’on utilisait une échelle à 2 pans (en lambda) pour éviter de solliciter la structure de la guillotine, mais il est vrai que l’effort est surtout vertical du fait de l’inclinaison de l’échelle, et que les sections des montants et cornières sont surdimensionnées par rapport aux efforts en jeu.

- Le système de roulettes sous la bascule est ingénieux et discret (c’est très rare de pouvoir observer une bascule sous cet angle, merci Boisdejustice)


La découpe d’un secteur circulaire en haut de la bascule (qui a une longueur de 1,30 m si je me souviens bien) était t’elle prévue pour le confort des condamnés de petite taille ou bien pour une autre raison ?

Petit ou grand, le condamné étant bloqué par les épaules a la tête qui sort de façon uniforme. Il faut donc un espace pour un éventuel menton. Plutôt décoratif car le menton aussi doit nécessairement bien dépasser pour ne pas être tranché avec le reste et parce que la lunette le force à dépasser.

Pour l'échelle, ce qui me ferait le plus peur, c'est un déplacement de la machine vu le nombre de cales (chez Weidmann en particulier).
Par contre la photo montre qu'il y a bien moins de cales à gauche qu'à droite : il y avait une bonne pente à Versailles !

Boisdejustice a écrit:

Le dessous de la bascule avec les trois roulettes.

Les trois roulettes n'apparaissent pas sur la photo, Bois de justice.

On voit une roulette centrale sur le bloc avant (fixe) et deux roulettes sur le bloc arriere (pivotant) sur lequel s'attache la charniere de la bascule. La charniere n'etant evidemment pas visible sur la photo puisqu'elle est entre le bloc et la planche. Les roulettes sont enfoncees dans des cavites fraisees dans les deux blocs et ne depassent que legerement au dessus de la surface. Ce sont les objets clairs sur la photo. Sur les photos historiques on distingue parfois le bloc avant avec sa roulette mais jamais le bloc arriere qui coulisse dans les deux rainures qu'on voit sur la photo.

La guillotine de Meyssonnier ne comporte pas la decoupe semi-circulaire a l'avant de la bascule car elle est composee de pieces originales et de pieces reconstruites. Je pense que Meysonnier a copie la guillotine d'Algerie pour sa bascule. C'est la seule Berger qui n'avait pas cette decoupe. Les pieces d'origine proviennent - a mon avis - de la guillotine de Tahiti qui a ete partiellement cannibalisee pour construire celle ci. L'histoire est plus ou moins expliquee dans le livre "Paroles de bourreau". Monseigneur, qui connaissait Meyssonnier, en a parle sur ce forum.

Enfin, la decoupe semi-circulaire ne sert pas a accomoder le menton du condamne. C'est une ouverture entre la bascule et la lunette pour evacuer le sang. Une decoupe semi-circulaire se trouve aussi a l'avant du berceau de la bascule et une troisieme dans le support fixe sur la lunette. Ces trois ouvertures sont au dessus l'une de l'autre et surplombent la bassine qui se trouve sous la guillotine. La photo ci-dessous montre les deux ouvertures qui s'alignent sous celle de la planche sur la guillotine Berger de St Pierre et Miquelon.

Oui, les roulettes sont les trois carrés blancs ! Merci Bois de justice !

L'echelle comporte deux pitons en acier qui s'emboitent dans deux trous du patin (cadre de base) et une traverse avec une epaulure qui la bloque entre les montants. Elle ne peut pas facilement tomber....

C'est assez effrayant de constater que chaque détail de la machine à été soigneusement pensé et réalisé.
Surement le fruit de l'expérience successive de milliers de décapitations.

Sur la photo du démontage de la machine de Weidmann, je suppose que la tache sombre au sol, c'est le sang qui s'est largement rependu autours de la machine...

Sang et eau de rinçage.

Boisdejustice a écrit:

Sur ce modèle (maquette ?), il n'y a qu'une roulette sous la planche mais elle est très grosse.

Les deux autres sont sous la piéce de bois qui tient la charniére, Adélayde.

Cependant, comme le devine Adelayde, la roulette est bien un peu sur-dimensionee sur ce modele au 1/6eme, une concession necessaire quand on travaille a la petite echelle. Les deux autres roulettes sont cachees en dessous du chariot a charniere.
La photo qui montre les trois roulettes de dessous est aussi un modele au 1/6eme.

Boisdejustice a écrit:

L'echelle comporte deux pitons en acier qui s'emboitent dans deux trous du patin (cadre de base) et une traverse avec une epaulure qui la bloque entre les montants. Elle ne peut pas facilement tomber....

Pas bête.

Il est vrai que la chute (et la mort) d'un Sanson depuis l’échafaud (avant qu'il n'y ait des barrières) avait servi de leçon à la corporation.

Boisdejustice a écrit:

Cependant, comme le devine Adelayde, la roulette est bien un peu sur-dimensionee sur ce modele au 1/6eme, une concession necessaire quand on travaille a la petite echelle. Les deux autres roulettes sont cachees en dessous du chariot a charniere.
La photo qui montre les trois roulettes de dessous est aussi un modele au 1/6eme.

Merci Bois de justice : vos explications sont si claires que j'arrive à mieux comprendre les mécanismes de la guillotine.

Magnifiques photos de la guillotine CARNIFEX !!! (modèle Berger 1872) je viens de poster une photo aussi ....

un article du midi libre de ce jour concernant Meyssonnier et son "etrange collection"...

http://www.midilibre.fr/2012/03/07/vaucluse-la-collection-d-un-bourreau-aux-encheres-a-paris-guillotine-ecrase-mains,467496.php

Sans le moindre doute, j'y serai.

C'est malheureusement ce que je craignais: ce qui a été patiemment rassemblé va finir éparpillé entre les mains de collectionneurs privés.

J'imagine qu'il y aura le modèle réduit que Fernand avait fabriqué pour l'anniversaire de son père.

J'aurais bien aimé avoir eu le privilège de connaître Fernand Meyssonnier. Il avait un franc-parler (dans ses livres) qui me plaisait et me le rendait sympathique.

Au passage on apprend que la guillotine grandeur nature qu'il exposait était bien une commande.

Boisdejustice nous rappelait que certains éléments étaient très certainement authentiques.

Nemo avait eu le privilège de la voir chez Fernand Meyssonnier (à droite):

Petite correction, Carnifex : j'avais vu, mesuré - et même été basculé sur - non pas la copie, mais la "véritable", composée de pièces authentiques. La vidéo de chute du couperet était prise avec cette bécane séculière.

La copie, selon l'article de presse, est estimée entre 6000 et 8000 euros. J'aurais presque la tentation de l'acheter... et d'en faire une exposition itinérante, comme M.Meyssonnier me l'avait proposé autrefois.

Dommage, en effet, que cette collection soit ainsi disséminée, mais Mme Simone ne pouvait rester ainsi encombrée par les outils de feu son époux, et la somme que la vente représente n'est pas à négliger.

Je le répète, moi, j'irai voir.

Euh... je gage que j'aurais eu de sérieux problèmes si j'avais employé la guillotine ainsi...

Non, il me proposait de me la passer, et de circuler de ville en ville, un peu à la façon des forains, pour exposer cette pièce historique, raconter les crimes, le déroulement d'une exécution et tutti quanti... Le pusillanime que je suis a laissé passer cette chance, craignant les réactions houleuses qu'une telle exposition ne manquerait pas de provoquer. Il m'arrive souvent de le regretter, c'eut été une expérience hors du commun.

Mais alors, la guillotine authentique est-elle sur la liste du commissaire priseur?

Si non, où est-elle?

Cela me gêne d'imaginer que ces objets qui, qu'on le veuille ou non font partie de notre patrimoine, vont finir à l'étranger chez quelque riche collectionneur, disparaissant ainsi de la mémoire des hommes.

Vous savez Nemo, même si votre idée d'exposition itinérante intéresserait du monde, vous ne manqueriez pas d'attirer aussi une foule de journalistes et de "ligues" de vertu qui éditeraient ensuite de petits articles assassins certainement très désagréables...

Trés juste, Carnifex !