C'est une version écourtée que les frères Péguri et Damia donnent dans les années 1930 de la valse
Les Nocturnes créée par Paul Dalbret en 1914 :
https://www.youtube.com/watch?v=2K6vL3GrsHE
https://www.youtube.com/watch?v=jTj3q00l8mE
Où Damia et les Péguri s'arrêtent aux avant-dernières strophes de ce texte de Charles Cluny et Raoul Le Peltier orchestré par Gaston Gabaroche :
À Paris la grand’ville
Des ombres vont la nuit
Qui se faufilent
Le long des murs sans bruit.
Là, sous la lanterne aux feux rouges,
Faisant les cent pas,
Les braves agents
Surveillent les bouges;
Dans le service on ne blague pas,
D’autres sous leur capuchon,
Par deux, dans la nuit, s’en vont,
Ce sont les nocturnes,
Les papillons de nuit
Qui veillent pour qu’on ne fasse pas de bruit
Quand le bourgeois roupille dans sa turne;
S’ils vont, taciturnes,
Sous les plis d’leur manteau,
C’est qu’ils risquent souvent leur peau,
Les nocturnes.
Des fêtards en ribote
Rigolant d’un biffin
Qui, sous sa hotte,
S’en va l’crochet en main,
Le biffin, d’un air philosophe,
S’éloigne et s’en fout
Car ils craignent pas les catastrophes
Tous les ceusses qu’a pas le sou;
Fêtard, ne rigole donc pas
Tu n’sais pas ce que tu d'viendras.
Ce sont les nocturnes,
Les papillons de nuit,
Un métier qu’au jour d’aujourd’hui
On en crève de faim dans sa turne;
Ils pensent, taciturnes,
Devant les trous de leurs ribouis,
Qu’tout l’monde peut pas être verni,
Les nocturnes.
Le long des sombres berges
Où de pâles falots
Semblent des cierges
Reflétés par les flots,
Des ombres s’en vont, tête basse,
Si lasses de souffrir
Que, vers l’eau profonde qui passe,
Elles viennent en finir;
Quand on est trop las de lutter,
Un soir, on n’a qu’à sauter.
Ce sont les nocturnes,
Les papillons de nuit
Recélant les bonheurs détruits,
Leurs cœurs sont de funèbres urnes;
Ils vont, taciturnes,
Là-bas, vers les flots noirs
Où sombrent les grands désespoirs,
Les nocturnes,
Dalbret ajoutait encore en effet avant la Grande Guerre, par allusion à Anatole Deibler et son équipe :
Devant la porte sombre
De la vieille prison,
Des gens dans l’ombre
Descendent d’un fourgon;
Soudain la sinistre machine
Se dresse dans la nuit,
Deibler monte sa guillotine,
Lentement, sûrement, sans bruit;
Dans un silence profond
La foule observe ce qu’ils font.
Ce sont les nocturnes,
Les papillons de nuit,
Sous le couteau d’acier qui luit
Ils poussent une ombre taciturne;
Une tête, dans l’urne,
Tombe bientôt, sans un cri,
Ils opèrent sans faire de bruit,
Les nocturnes.
Hélas - trois fois hélas -, la version longue de ces
Nocturnes, la version Dalbret, n'est plus disponible de nos jours que dans l'interprétation sans aucun relief que Francis Lemarque en a faite en 1988 dans le cadre de son anthologie de 9 disques 33-tours
À la découverte de la chanson populaire commanditée par le Sélection du Reader's Digest :
Ici à 23:57 :
https://www.youtube.com/watch?v=AIz3Mc7dEBs