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 La bande à Bonnot - 1912-1913

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Adelayde
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Adelayde


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MessageSujet: La sacoche de Bonnot - grand format   Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 EmptyVen 31 Mai 2013 - 11:43


Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 8900226614_28b07924e5_b

Une autre photo - grand format - de la sacoche de Bonnot

_________________
"L’art est le cordon ombilical qui nous rattache au divin" - Nikolaus Harnoncourt
(Note du forum:Adelayde, notre administratrice, est décédée le 1er mars 2018 Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 741545 )
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MessageSujet: Re: La bande à Bonnot - 1912-1913   Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 EmptyLun 3 Juin 2013 - 15:20

14 Juin 1910. Précurseurs de la bande à Bonnot. Les bandits en auto de la rue de Laborde.

Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 Vol-en-automobile-1-2
Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 Vol-en-automobile-2-2

(source : gallica.bnf.fr)
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Nemo
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MessageSujet: Re: La bande à Bonnot - 1912-1913   Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 EmptyLun 3 Juin 2013 - 15:32

Comparaissant devant les assises de la Seine le 08 décembre 1910, Legris fut condamné à six ans de réclusion. Le chauffeur fut acquitté.

_________________
"Les humains, pour la plupart, ne se doutent de rien, sans envie ni besoin de savoir, ça leur va comme ça, ils croient avoir de l'emprise sur les choses.
- Mh... pourquoi en avoir fait un secret ? Ils peuvent comprendre, ils sont intelligents...
- Une personne, sûrement, mais en foule, on est cons, on panique comme une horde d'animaux, et tu le sais."
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MessageSujet: Re: La bande à Bonnot - 1912-1913   Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 EmptySam 15 Juin 2013 - 17:48

                                                                                                                                                                                              
"HUMEURS DE QUOTIDIENS"  


Quotidien LE RAPPEL, du 20-05-1912.   
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                       
L'anarchie policière

Des sanctions 

I
l est inadmissible, il est impossible que l'anarchie policière qui stupéfie et qui écœure l'opinion publique et la presse unanimes bénéficie plus longtemps d'une impunité scandaleuse. 
Préfecture de police et Parquet se dressent l'une contre l'autre, suivant l'usage, rejetant l'une sur l'autre l'abominable responsabilité. 

Le ministre de l'Intérieur et le Garde des sceaux se regardent en chiens de faïence, laissant aux « tarots » le soin de décider si le Préfet de police, auteur de la mise en scène ignominieuse, agissait en qualité de fonctionnaire de l'ordre administratif ou d'officier de police judiciaire.

Le dégoût et l'inquiétude gagnent les honnêtes gens de tous les partis. De M. Guy de Cassagnac à M. Compère-Morel la huée monte et déferle contre l'incapacité sénile et l'impéritie effroyable du préfet de police, et la veulerie d'un Gouvernement prisonnier de ses fonctionnaires. Ce spectacle d'anarchie, autrement plus redoutable que les méfaits de la bande Bonnot, nous couvre à l'étranger d'opprobre et de ridicule. 

On lira plus loin le récit de cette nuit immonde, où les plus bas instincts de sauvagerie poussèrent une foule abjecte à une curée innommable qui rend presque pitoyables les plus odieux des malfaiteurs.
On lira le récit de ces soldats courageux qui s'emparent des bandits vivants, qui les désarment et qui sont — le péril passé — violemment expulsés par des argousins qui leur arrachent des prisonniers réduits à l'impuissance auxquels ils brûlent ensuite la cervelle. 

Après l'exécution sommaire, c'est l'enfouissement clandestin de corps qu'on ne veut pas laisser reconnaître, ou qu'on ne peut pas reconnaître, tellement on les a défigurés, hachés, déchiquetés. Une telle ruée de sauvagerie, un tel oubli des garanties légales, une telle violation de toutes les règles sacrées de la justice criminelle ne peuvent demeurer sans sanction. De toute celte anarchie policière, de tout ce cabotinage sanglant couronnant tant de fautes accumulées, un homme est assurément responsable. Il appartient au Gouvernement d'établir ses responsabilités et d'ordonner les châtiments encourue. 

Si d'aventure l'anarchie policière a gagné — par contagion ou par crainte — le Gouvernement tout entier, il appartiendra au Parlement de faire connaître si, lui aussi, se désintéresse du Bien public et de la Sécurité de la Nation, et s'il entend se rendre complice des laits déshonorants pour lesquels la Presse française toute entière et l'opinion réclament des sanctions exemplaires.

Les protestations de la presse 
 
De l'AUTORITE (M. Guy de Cassagnac) 

Plusieurs journaux, où le cliché est toujours en honneur, ont intitulé leurs articles sur la prise de Garnier et de Valet : Force reste à la Loi !
Ce serait drôle, s'il ne s'agissait d'une « affaire aussi tragique, car si la force a eu le dernier mot, la Loi, elle, a été bel et bien traitée à coups de fusil, de bombe et de revolver, comme si, au lieu d'être du côté des justiciers, elle était devenue l'alliée des criminels. 
Avez-vous remarqué, en effet, que le siège de Nogent s'est déroulé pendant toute la nuit, c'est-à-dire après et avant les délais légaux prescrits pour les violations de domicile ? 
Cela a peu d'importance, diront les gens passionnés et irréfléchis, cela a peu d'importance, car l'essentiel était que le repaire fût forcé et les criminels arrêtés. 

Eh bien si ! cela a une énorme importance : nous ne sommes, en aucune façon, formalistes, mais lorsque la police, c'est-à-dire l'organisation instituée en vue de faire respecter la Loi, donne elle-même l'exemple de l'anarchie et de l'outrage à la Loi, cela marque une époque, et il importe qu'on souligne cet attentat, non pas seulement parce qu'il a créé un précédent terrible, mais parce qu'il est un signe des temps. 

C'est, en effet, le plus formel aveu d'impuissance que l'anarchie régnante puisse arracher à la police, et nous espérons qu'un députée portera la question à la tribune. Celui-là fera, pour l'histoire, le récit de cette misérable aventure où deux hommes tinrent tête, de cinq heures du soir à deux heures du matin, à toutes les force policières réunies. Des croix de la Légion d'honneur vont marquer, sur la poitrine des agents, les blessures occasionnées par des balles ; ceux-là ont, en effet, mérité une récompense, qui rachetèrent par leur courage l'incapacité et la magnifique lâcheté de leurs chefs. 
Et M. Jouin ? me répondra-t-on. 
On sait ce que nous pensons de M. Jouin, mort par imprudence et nullement par héroïsme. 

Il y a eu, dans cette affaire, des bravoures incontestables : celle de l'officier qui posa la cartouche de dynamite et celle, plus obscure, mais non moins belle, du charretier qui sollicita l'honneur de conduire lui-même sa voiture sous le feu — et n'a obtenu pour récompense qu'une simple médaille d'agent. Pendant ce temps-là, Guichard, qui a appuyé glorieusement son revolver sur la tempe de Bonnot agonisant et qui l'a achevé par frayeur, comme le piqueur achève la bête à l'hallali où les chiens s'accrochent de tous leurs crocs aux chairs saignantes du cerf, Guichard, que l'on appelle déjà par ironie Guichard Cœur-de-Lion, Guichard fait la roue et secoue sur les appareils photographiques sa chevelure de poète romantique.

De l'HUMANITE (M. Compère-Morel) 

Enfin ! la France est sauvée : Garnier, et Valet sont morts. Tout comme Bonnot, ils ont payé leur dette à la société en passant de vie à trépas avec un nombre plus que respectable de balles dans le corps et Nogent-sur-Marne, qui les a vus périr, devient, tout comme Choisy-le-Roi, une ville des plus célèbres dont on parlera encore longtemps ! Et il est incontestable qu'au point de vue militaire et stratégique, le 14 mai 1912, fera époque dans notre histoire ; l'armée française a pris sa revanche de nos défaites passées : Sedan ne compte plus, puisque nous nous sommes emparés du Moulin-Rouge et avons réduit Garnier et Valet à l'impuissance ! 
Décidément, nous n'avons même plus la notion du ridicule et le crétinisme de nos dirigeants devient assurément très inquiétant pour notre bonne renommée dan le monde ! 

Avoir mis tout un pays en état de siège, mobilisé l'infanterie, la cavalerie, le génie, l'artillerie, les agents, la police secrète, les brigades centrales, la gendarmerie, les pompiers, les gardiens d'octroi, les gardes- champêtres — sans compter tous les citoyens valides capables de porter une arme qu'on réquisitionna — pour trois gredins, cela dépasse un peu la mesure ! Aussi, allons-nous devenir la risée des 'étrangers qui ne vont certainement pas hésiter à se payer copieusement notre tête. 
Oh ! ce n'est pas que j'éprouve la moindre sympathie pour les opérateurs de Thiais, de la rue Ordener, de Chantilly et de la place du Havre. 

Pourquoi cette mise en scène théâtrale, ces projecteurs, ces torches, ces boucliers, ces fusillades ? 
Pourquoi cette mobilisation générale, cet investissement militaire, ces conseils de guerre, ces sonneries de clairon, ces bombes, ces bidons d'essence ? 
Ne pouvait-on pas cerner, filer et arrêter les Bonnot, les Garnier et les Valet comme on l'avait fait pour les Carouy et Raymond la Science ? 
Ne pouvait-on pas agir silencieusement, discrètement, sans ce bluff impudent et ce débordement de sauvagerie inutile qui bientôt va transformer les assassins en victimes, et les bandits en héros ?

De la LIBRE PAROLE (M. Albert Monniot) : 

Je demandais avant-hier quel intérêt pouvait bien avoir la police à la mort immédiate et théâtrale de Garnier et Vallet : on pourrait demander en outre, aujourd'hui, quel intérêt elle avait à ce que leurs cadavres fussent méconnaissables. 
Il est bien certain qu'on n'eût pas agi autrement si on avait assiégé et exécuté deux chenapans quelconques aux lieu et place des deux bandits traqués, et n'était le témoignage de la femme Vuillemin, je ne vois pas ce qui autoriserait à penser que Garnier et Valet sont morts à Nogent. 

Garnier, désarmé, a la figure broyée d'un coup de revolver tiré à bout portant par un policier. Vallet a de même la tête mise en bouillie. Aussitôt les policiers font sortir en hâte les militaires et ils mettent tant de zèle dans l'expulsion des soldats qu'un officier a ses galons arrachés. 
Cela ne suffit pas : certains récits nous apprennent que les visages des deux bandits ont été écrasés à coups de talon, et que les corps, saisis par les pieds, ont été traînés à travers les ronces du jardin et les pierres des chemins où ils se sont déchiquetés. 
Non seulement, tout cela n'est pas très reluisant, mais c'est étrange. 

Il ne manquait plus qu'à refuser à la mère de Garnier, au père de Valet, l'autorisation de voir une dernière fois et de reconnaître leur enfant : c'est ce qu'on a fait. 
Nous savions déjà qu'à Choisy-le-Roi, Bonnot avait été abattu alors qu'on pouvait le prendre vivant, comme on aurait pu prendre vivants Garnier et Valet, qui allaient chaque jour prendre tranquillement leur apéritif dans un café voisin, qui avaient été surpris par M. Guichard en train de jardiner, et qu'on a laissés rentrer dans la maison pour organiser la défense. II est possible, quoique rien ne permette de l'affirmer, que ce soient Garnier et Valet qui ont été tués à Nogent : il est certain, pour eux comme pour Bonnot, qu'on n'a pas voulu qu'ils fussent jugés. C'est la seule explication qu'on trouve de la transformation de deux faits divers en drames à grand spectacle. 
Et ce n'est pas une explication satisfaisante. 
Quand on exécute un assassin, je pense toujours aux victimes, et c'est à elles que je réserve ma pitié : je n'en suis que plus à mon aise pour demander quel mystère recèlent, ces burlesques batailles rangées et cet atroce jeu de massacre ?

De l'ACTION

Maintenant que les esprits se calment, qu'on se prend à réfléchir de sang-froid, et que les témoignages se font entendre, on doit constater que cette nuit du 14 mai n'est pas à l'honneur de la police. Les auxiliaires de M. Guichard, au bout de six heures de siège, avaient perdu toute raison. Et c'est sans beauté ni bravoure, on peut le dire, qu'ils ont vengé leurs mort.

Garnier aurait pu être pris vivant ; un sergent de zouaves l'avait courageusement  désarmé et le tenait à sa merci : ce sont des inspecteurs de la Sûreté qui le tuèrent à bout portant. Regrettable aventure : elle clôt brutalement la tragédie, mais ainsi nous ignorons — et nous risquons de l' ignorer toujours — comment se forma la terrible association, sa discipline secrète, ses modes d'organisation. Les chefs ne sont plus mais leurs plans demeurent, et leurs idées ne sont pas, tout entières couchées dans la fosse commune du cimetière de Bagneux. 
La vengeance, la primitive et barbare, d'où qu'elle vienne, ne fut jamais preuve de courage. 

Parmi ceux qui, à deux heures vingt du matin, s'élancèrent, des plus hardis et des premiers, à l'assaut de la sinistre citadelle, figure le sergent Piette, du 1er régiment de zouaves. Son témoignage est irrécusable : il put désarmer Garnier et le tenait à sa merci : mais les policiers survenant écartèrent le brave soldat, et, à bout portant criblèrent le bandit. Voici le récit qu'il nous fait de ce tragique épisode : 
— Je suis très ennuyé, nous dit-il, du bruit fait autour de mon nom, car je n'ai fait que mon devoir en service commandé. Mais tout ce que vous me racontez est exact. 
« Avec mes hommes, nous nous trouvions dans le jardin avec la section de mon camarade Momille, je suis entré le premier dans la maison. Je vis tout de suite le bandit, debout contre le mur, je me précipitais sur lui et je parvins à lui arracher le browning qu'il tenait à la main. Je le maintenais solidement, lorsque les agents entrèrent, nous fûmes bousculés, presque mis à la' porte et plusieurs coups de feu partirent simultanément. Garnier tomba mort.
 
Ce témoignage est confirmé par les zouaves qui, sous les ordres du sergent, s'étaient précipités dans le repaire. 
L'exaspération, l'affolement des policiers sont encore démontrés par ce fait que le capitaine Blanchard de Lhéry, qui était en costume d'officier, pénétrant à la tête de la section de zouaves, fut bousculé et sorti si violemment qu'il en eut ses galons arrachés. 
De tels laits font l'objet d'un minutieux rapport, qui vient d'être envoyé à la place de Paris. 
La loi est la même pour tous, même pour le plus méprisable des assassins. Les policiers surtout, qui l'appliquent, la doivent d'abord respecter. 

Un autre incident se greffe, qui, cette fois, parait surtout imputable à l'anarchie des bureaux et à cette peur des responsabilités qui marque l'administration : c'est l'incident Valet père. 
La préfecture de police ayant répondu, hier matin, au communiqué envoyé à tous les journaux par M. Valet, nous sommes allé aussitôt demander au malheureux père du jeune bandit s'il maintenait ses déclarations. 

— Je viens de lire, nous dit M. Valet, la réponse de la préfecture de police. C'est un mensonge, et je suis heureux de pouvoir vous préciser les faits. 
« Le 15 au matin, quand j'appris la mort de mon fils, je me décidai immédiatement à aller trouver M. Guichard pour lui demander à voir le corps de mon enfant. 
« En route, avec ma fille, je décidai qu'il serait enterré à nos frais, malgré tout le chagrin qu'il venait de nous causer. 
« J'étais chez M. Guichard. à sept heures et demie. Mme Guichard vint m'ouvrir, elle me dit que son mari venait seulement de rentrer et qu'il se disposait à se coucher. La conversation avait lieu dans l'entrebâillement de la porte. Mme Guichard me conseilla d'aller à la Morgue. 

« A huit heures, nous étions, ma fille et moi, quai de l'Archevêché. Les portes de la Morgue étaient fermées, un gardien nous déclara que les bureaux n'ouvraient qu'à neuf heures. 
« A neuf heures dix, je me présentai à nouveau aux portes de la Morgue ; le greffier me reçut, et comme j'insistais pour voir le corps de mon enfant, il me répondit textuellement : 
« Je ne puis vous y autoriser, M. le juge d'instruction Gilbert peut seul le faire. 
Et — nous dit M. Valet — le greffier ajouta ? « Soyez tranquille, nous allons lui en parler, on vous préviendra. »
« Comme je manifestai ensuite l'intention de faire enterrer mon fils, le greffier ajouta qu'on ne pouvait pas me le refuser. Tranquillisé, je me décidai cependant à aller au palais de justice voir M. Gilbert. Toujours avec ma fille, nous nous présentons à son bureau. Un gardien nous déclare que le juge d'instruction n'est visible que de une heure à cinq heures. Lorsqu'à deux heures nous revînmes pour le voir, plus de quarante personnes attendent déjà. 

— Nous allons perdre un temps infini dis-je à ma fille. Il faut, pour voir le juge, faire, une demande d'audience. Le plus sage est de lui envoyer un télégramme pour lui demander l'autorisation d'entrer à la Morgue. A la poste, qui se trouve en face le Palais de justice, je demandai combien de temps mettrai un pneumatique pour, arriver à M. Gilbert. On me répondit un quart d'heure. 
« J'envoyai donc un pneu à deux heures et demie demandant, une réponse. 

A quatre heures, ma fille et moi retournions à la Morgue, espérant que des ordres avaient été donnés. Le greffier nous dit qu'il n'en avait aucun, que nous verrions le cadavre certainement, qu'on nous préviendrait. Désespéré de l'insuccès de toutes ces démarches, je rentrai chez moi, où ma femme, en pleurs, nous attendait. 
Hier matin jeudi, à huit heures et demie, le même greffier qui m'avait répondu la veille arrivait essoufflé chez moi et me déclarait que si je voulais réclamer mon fils, il fallait être au cimetière à neuf heures. 'Mais, demandai-je, pourrons-nous voir le cadavre, avant d'en prendre possession ? 
— Non, vous ne le verrez pas, répondit le greffier. 
« Un doute affreux s'empara de ma fille et de moi. 
« Si ce n'était pas mon fils, pourquoi ne pas me le laisser voir ? Il y a donc quelque chose que la police veut cacher ? 
« Il était neuf heures moins le quart lorsque le greffier sortit de chez moi, c'était trop tard pour aller à Bagneux. 

« Je ne nie pas, monsieur, que ce soit bien mon malheureux fils qui ait été tué à Nogent, mais encore ai-je le droit de m'en assurer. 
« Un supplicié est rendu à sa famille sur sa demande. Pourquoi a-t- on refusé de me rendre' mon fils autrement qu'enterré déjà et sans que j'aie pu m'assurer que c'est bien lui ? »

De l'ACTION FRANÇAISE (M. Léon Daudet) : 

On lit dans la feuille de Jean Dupuy…Le Petit Parisien 
« Des militaires auraient été « passés à tabac ».— Notre interlocuteur — un gradé d'entre les zouaves qui menèrent l'attaque à la fin — nous révèle ensuite que le sergent Piette se ressent douloureusement des coups qu'il reçut, dit-il, dans le pavillon. 
Comme nous nous étonnons, il nous explique :
— C'est la vérité. Au moment où Piette venait de désarmer Garnier  un haut fonctionnaire de la préfecture de police cria aux gardiens de la paix qui s'étaient élancés après les zouaves dans la maisonnette : « Dehors, les « pékins ». 
Par « pékins » certains agents trop zélés comprirent qu'il fallait expulser tous ceux qui n'étaient pas des leurs. Et ce fut sur le malheureux Piette qu'ils tombèrent tout d'abord. A coups de poing, à coups de pied, ils eurent tôt fait de le chasser du local. Le capitaine Blanchard de Lhéry ne fut pas épargné non plus, les galons d'une de ses manches, arrachés par une poigne brutale, pendaient lamentablement quand il se retrouva dans le jardinet. 

Le juge lassé ne fut pas épargné lui-même. Il ne put — malgré qu'il eût crié sa qualité plus de trente fois — esquiver les bourrades que, de tous côtés à la fois, on lui décochait. » 
D'autre part, le sergent Piette en personne a déclaré à un de nos confrères de La Liberté :
« Avec mes hommes, car nous nous trouvions dans le jardin avec la section de mon camarde Momille je suis entré le premier dans la maison. Je vis tout de suite le bandit, debout contre le mur, je me jetais sur lui et je parvins à lui arracher le browning qu'il tenait à la main. Je le maintenais solidement, lorsque les agents entrèrent, nous fûmes bousculés, presque mis à la porte, et plusieurs coups de feu partirent simultanément. Garnier tomba mort ».

C'est bien clair. Les policiers avaient l'ordre de massacrer les assiégés, afin que le nom de l'agent indicateur devenu bandit, et qui avait trempé dans l'affaire Steinheil, ne fût pas prononcé par eux. Ils ont fermé la bouche à Garnier et à Valet, comme ils l'avaient fermée à Bonnot, à coups de revolver. Dans leur rage, dans leur peur, dans leur dédire, les policiers allèrent jusqu'à frapper et maltraiter les vaillants militaires qui avaient fait toute leur besogne, cependant qu'eux tremblotaient derrière leurs boucliers ou s'empiffraient sous les arches du viaduc. Ils les auraient plutôt tués eux aussi, que de prendre Garnier et Valet vivants. 

En dépit de Hennion, terré sous son rond de cuir, en dépit de Lépine, tapi entre ses dossiers, en dépit de Guichard, il faudra cependant que la vérité soit connue. 
Quand ces messieurs font annoncer à son de trompe que l'affaire des bandits est terminée, ils mentent effrontément, ils prennent leur désir et leur frousse pour la réalité. Certains sont encore vivants et savent le fond des choses qui, tôt ou tard, parleront.

De l'OPINION 

P
as plus que Bonnot, Garnier et Valet n'ont été pris vivants. Nous n'objecterions rien à ce résultat s'il n'avait fallu pour l'obtenir sacrifier tant de braves gens. Et qu'on nous entende bien. Nous ne marchandons pas à M. Lépine le tribut légitime que nous devons à son courage. Mais nous avons peine à croire que de telles opérations de police, sans doute anormales et difficiles, ne puissent être conduites avec des moyens plus rationnels. Si non, la répétition de ces spectacles que le cinéma enregistre pour l'éducation des apaches constitue un très grave danger. 

Du MATIN 
 
N
ous avons revu hier soir M. Valet et ses filles : 
— Plus que jamais nous sommes disposés, nous ont-ils confirmé, à demander qu'on nous rende le corps de notre fils et de notre frère, et surtout qu'on nous le montre. 
« Qui est responsable de l'inhumation si rapide, faite sans que nous fussions avertis à temps ? Nous l'ignorons. Nous nous sommes présentés à la Morgue mercredi matin à neuf heures, comme vous le savez. L'employé qui nous reçut nous ayant déclaré qu'il avertirait de notre démarche le parquet, nous avons été très étonnés de n'être pas encore fixés, à deux heures de l'après-midi, sur la possibilité de voir le corps. 
C'est alors que nous avons adressé un pneumatique à M. Gilbert, juge d'instruction. Ce dernier le reçut à quatre heures. 

Ayant signé le permis d'inhumer, il n'avait pas à s'occuper des détails de l'inhumation. C'était à la Morgue ou à la préfecture de police qu'incombait ce soin. 
« Notre cause est maintenant entre les mains d'un avocat. Demain, il fera des démarches et à la Morgue et à la préfecture de police, afin que nous obtenions satisfaction, puisque ce sont ces deux administrations qui, après entente, ont fait inhumer le corps ». 

De l'INTRANSIGEANT 
 
P
ourquoi n'a-t-on pas pris Garnier vivant ? Voilà la question qu'on a posée maintes fois depuis hier, aussi bien à M. Guichard qu'à M. Lépine. 
En réalité, le désordre qui a régné pendant toute la durée du siège n'a pas cessé au moment décisif. Les uns qui croyaient avoir le droit de commander ont été chassés par d'autres qui croyaient avoir ce droit à leur tour ; ce fut l'antagonisme entre l'armée et la police qui a créé cet extraordinaire état de choses.

(Source : gallica.bnf.fr]
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MessageSujet: Eugène Dieudonné.    Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 EmptyDim 16 Juin 2013 - 19:03

Un grand écrivain, même si ce ne fut que l'auteur d'un livre, de son livre... qu'il mit sept ans à écrire

La vie des forçats.

Édition originale préfacée par Albert Londres (qui ne se révèle pas sous son meilleur jour). Je n'aurais pas pu acheter la réédition chez Libertalia, à cause de la préface de Rouillan que je ne veux en aucune manière cautionner.
Des site du genre de Price Minister permettent d'acquérir une édition originale.

Pourquoi grand écrivain?

Parce que le style est d'une sobriété rare, d'une grande économie de mots, les phrases sont dépouillées à l'extrême, le refus du pathos est systématique.
Parce que Dieudonné synthétise à merveille la problématique de la politique carcérale qu'il subit, et je ne parle pas du premier chapitre, éblouissant: le condamné à mort qui attend des semaines durant de savoir s'il sera, ou non, grâcié. 

Parce que quand on est arrivé au bout, on se rend compte que les "spécialistes" (M. Pierre, Godfroy, etc.) ont tiré 95% des informations de ces deux cents pages (souvent en oubliant les guillemets)

Vous permettrez à un ancien enseignant de souligner qu'il y a un peu moins de cent ans, un ouvrier, fût-il très qualifié, s'exprimait dans un français impeccable, lisait Mercure de France dans son cachot, analysait les individus et la société avec une acuité rare. Les temps ont changé.

Question: comment savoir si le livre est libre de droits? parce que dans l'affirmative, je compte le mettre en ligne.
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http://www.bagnedeguyane.fr
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MessageSujet: Re: La bande à Bonnot - 1912-1913   Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 EmptyMer 19 Juin 2013 - 15:05

Les droits du livre doivent tomber en 2014. Normalement, le 22 août, 70 ans après le décès d'Eugène Dieudonné. Mais peut-être seulement au 1er janvier 2015. A vérifier.
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MessageSujet: Re: La bande à Bonnot - 1912-1913   Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 EmptyMer 19 Juin 2013 - 15:08

Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 Dieudonne-livre-rare

CCIP-Gobelins, 2012, Paris. 35 pages. Couverture souple. Certains documents sont peu connus (le livre était vendu exclusivement à librairie du Monde libertaire, 147 rue Amelot, Paris XIème, au prix de 8€. Il est proposé à 40 euros sur eBay ! )

La conception graphique de cet ouvrage a été réalisée par des élèves préparant un BTS de Communication et Industries Graphiques à l'école GOBELINS, à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis).

Petite animation sur les pages du livre : http://www.gobelins.fr/galerie/DES-ASSIETTES-AUX-DURS-...

* Franck Sénateur est enseignant en histoire sociale. Fondateur, en 1999, de l'association FATALITAS Association pour l'histoire et l'étude  des établissements pénitentiaires de métropole et d'Outre-mer.
Auteur de plusieurs ouvrages dont Mémoires du bagne

Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 Senateur-livre-memoires-bagne

Éditeur Manufacture de livres, 2011. 320p, 31 x 26cm, 300 documents.

Excellent petit blog : http://www.bagne-guyane.com/infos.htm
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MessageSujet: Re: La bande à Bonnot - 1912-1913   Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 EmptyMer 19 Juin 2013 - 15:08

Il n'y a pas le cas d'un descendant qui pourrait faire perdurer les droits?

Quel organisme pourrait me renseigner avec précision?
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MessageSujet: Re: La bande à Bonnot - 1912-1913   Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 EmptyMer 19 Juin 2013 - 15:13

Les descendants n'ont qu'un droit moral (respect de l'œuvre), pas sur la reproduction après 70ans. 
Au pire ce sera au 1er janvier 2015. Je vais chercher la date exacte.
Ce sera au 1er janvier 2015. Mais voyez l'ADAMI ou la SACEM si vous le souhaitez.

* Ces deux organismes sont au courant des droits mais le mieux pour les livres est de contacter la Société des gens de lettres, 38 rue du Faubourg Saint-Jacques, Paris XIVème (établi dans l'hôtel de Massa).


Dernière édition par mercattore le Mer 19 Juin 2013 - 22:52, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La bande à Bonnot - 1912-1913   Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 EmptyMer 19 Juin 2013 - 19:03

l'inconvénient c'est que Dieudonné n'a jamais rien dit , ni écrit sur ses complices ....

d'ailleurs il faudra bien mettre le sujet sur sa culpabilité ...
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MessageSujet: Re: La bande à Bonnot - 1912-1913   Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 EmptyMer 19 Juin 2013 - 19:25

Ah si, Dieudonné s'est parfaitement expliqué sur sa "culpabilité". Effectivement, on le croit ou non, mais dans le livre de Londres il a tout expliqué. 

Il connaissait Bonnot and Co, dans le milieu anar, on ne "donnait pas" à la maison poulaga (ce en quoi il était bien naïf: lui, on l'a donné!) donc tout en désapprouvant et la "récupération individuelle" (il gagnait sa vie comme ébéniste) et surtout le meurtre, il ne s'est pas érigé en juge. 
Ça a murmuré sec autour de Lorulot, accusé d'avoir été la balance qui a permis de serrer la bande.

En tout cas Dieudonné, au bagne, a toujours respecté sa ligne de vie, sa philosophie. Hygiène de vie parfaite, solidarité avce ses camarades  et avec des libérés miséreux, aucune violence, devoir d'évasion pour récupérer sa liberté mais sans aucune violence ni même vol (il a payé les deux passurs qui l'ont emmené au Brésil, pour lui et en partie pour ses camarades).

On comparera avec Metge, l'anar "pur et dur" qui s'est fait garçon de famille (c'est à dire larbin de surveillant, chapeau pour un libertaire! ) et qui a monté un sale petit trafic. Comme ses fonctions lui donnaient une certaine liberté en ville, il se faisait envoyer de l'argent par les familles de ses codétenus pour le leur repasser - mais en en gardant une bonne partie. Il a été trop gourmand et une de ses victimes l'a dénoncé, quitte à faire elle aussi de la prison (recevoir des fonds était interdit) et Metge a été envoyé en camp.

Je chercherai le libellé exact de la réponse de Dieudonné à la question nette d'Albert Londres: "que faisiez vous, au juste, dans la bande à Bonnot?"

Je ne pense pas, depuis des années que j'étudie la question, qu'il y ait eu beaucoup d'innocents au bagne contrairement à la légende (s'il y eut beaucoup de pauvres types trop sévèrement condamnés) mais mon "intime conviction" est que Dieudonné en était un.

Tout au plus et en chargeant au maximum la barque aurait-on pu l'inculper pour association de malfaiteurs (pour les avoir hébergés) avec un maximum de circonstances atténuantes. En gros, la même peine que Kilbachiche.

Dieudonné ne fut condamné que sur le témoignage de Caby, qui après tout n'a changé que cinq fois d'avis et qui l'a formellement reconnu alors qu'il était droitier et que dans un précédent PV il était catégorique: celui qui lui avait tiré dessus était gaucher. 

Incrédule, le Président lui a posé trois fois la question. "faites attention, Mr Caby, cet homme joue sa tête!" dans un procès où pourtant on ne badinait pas avec ceux qui avaient terrorisé la France.
Et que dire de Poincaré qui graciait si peu... et qui gracia Dieudonné? Il fallait bien qu'il ait été incrédule parce que convaincu qu'il aurait tiré pour tuer un encaisseur, il n'aurait certainement pas gracié!
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MessageSujet: Re: La bande à Bonnot - 1912-1913   Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 EmptyMer 19 Juin 2013 - 20:03

Je suis de votre avis, Benjamin, je ne crois pas à la culpabilité de Dieudonné. Caby s'est décrédibilisé en changeant d'avis plusieurs fois.
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MessageSujet: Re: La bande à Bonnot - 1912-1913   Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 EmptyJeu 20 Juin 2013 - 0:18

les arguments sont insuffisants et les sources doivent être précisées

écrire que les dires de Lorulot ont permis de serrer "la bande" ne veut pas dire grand chose.

jules , "donné" par Lorulot ??? je ne comprends pas. 

donc précisez les sources +++ , je n'ai vu ça nulle part .je suis donc impatient de les connaitre

pour Eugène Dieudonné , il en est de même: être persuadé qu'il était innocent ne suffit pas

et dans son livre que je suis prêt à relire il n'a rien prouvé du tout
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MessageSujet: Re: La bande à Bonnot - 1912-1913   Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 EmptyJeu 20 Juin 2013 - 7:24

je me demande si vous ne confondez pas avec un autre président pour ce qui est de ceux qui graciaient

difficilement ....

il me semble , mais , il faut vérifier le chiffre exact qu'il a en 7 ans utilisé son droit de grâce 70 fois environ                    

je ne me rappelle plus le nombre de guillotinés pendant son septennat , mais il y a des experts de la chose ici

Adelayde ???au secours !!!!Very Happy


une stat existe sûrement sur le site....
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MessageSujet: Re: La bande à Bonnot - 1912-1913   Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 EmptyJeu 20 Juin 2013 - 9:07

Effectivement dire que Dieudonné est innocent ne suffit pas à le prouver mais... Je vous retourne l'argument.
Contre lui on n'a que le "témoignage" de Caby et on sait ce qu'il valait. Ce malheureux sans aucun doute traumatisé par ce qui lui est arrivé s'est déconsidéré comme la dernière des girouettes. Je rappelle aussi que tous les protagonistes, y compris Bonnot, par écrit, au moment de sa mort ont innocenté Dieudonné et n'ont fait cette démarche que pour lui. Quand on va mourir, on pense à bien des choses et rarement à de l'altruisme quand on est un Bonnot pour qui la vie ne vaut rien.
Je ne fais qu'appliquer la règle qui veut que le doute doit profiter à l'accusé et dans ces conditions décrites plus haut qui font naître plus qu'un doute, en mon âme et conscience, je pense Dieudonné innocent.
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MessageSujet: Re: La bande à Bonnot - 1912-1913   Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 EmptyJeu 20 Juin 2013 - 10:46

testou a écrit:

je ne me rappelle plus le nombre de guillotinés pendant son septennat , mais il y a des experts de la chose ici
Adelayde ???au secours !!!!Very Happy
une stat existe sûrement sur le site....
Le septennat de Raymond Poincaré s'est déroulé du 18 février 1913 au 18 février 1920.

Suite aux condamnations à mort prononcées sur cette période, le nombre de guillotinés et de graciés apparait sur le site de Nemo, rubrique "condamnations" :

http://guillotine.voila.net/Condamnations.html

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MessageSujet: Re: La bande à Bonnot - 1912-1913   Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 EmptyJeu 20 Juin 2013 - 16:17

Concernant la France métropolitaine, le premier dossier qui fut soumis à Raymond Poincaré concernait Léon Ferrari, condamné par les assises des Bouches-du-Rhône. Le président le gracia le 07 mars 1913.

A l'inverse, l'ultime décision date du 17 février 1920, veille de l'élection : Albert Fournier, condamné par les assises d'Indre-et-Loire, ne bénéficia d'aucune clémence, et fut guillotiné le 25 février suivant.

Le chiffre des condamnations de droit commun prononcées à cette époque est d'environ 134. En retranchant ceux condamnés deux fois, on arrive à peu près à 120 condamnés. Sur ces 120, 43 furent guillotinés, donc 77 graciés.

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MessageSujet: Re: La bande à Bonnot - 1912-1913   Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 EmptyJeu 20 Juin 2013 - 22:57

si quelqu'un a le temps de faire un tableau des présidents coupeurs de tête et ceux qui n'aimaient pas voir les hommes

 coupés en deux...

pour ce qui est de me "retourner l'argument" j'ai envoyé un post sur Dieudonné .

et j'ai demandé de commenter les faits ( et rien qu'eux)
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MessageSujet: Re: La bande à Bonnot - 1912-1913   Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 EmptyVen 21 Juin 2013 - 18:06

Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 Etoile-d-or-entree-gf

Après son retour en métropole, en octobre 1927, Eugène Dieudonné — établi son atelier de menuiserie-ébénisterie-décoration au Faubourg Saint-Antoine, Cour de l'Étoile d'Or. Excellent artisan, inventif, entouré de compagnons de qualité, il fidélise une clientèle recherchant de l'ameublement original.                                                                                                                                                                      
* Cour de l'Étoile d'Or, 75 rue du Faubourg Saint-Antoine (Paris XIème - Quartier Sainte-Marguerite).
Les ateliers de travail du bois ont commencé à être installés dans cette cour vers 1750.


Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 Etoile-d-or-porte-d-entree-anc

L'ancienne porte avant sa réfection. L'indication  " Cour de l'Étoile d'Or " était alors plus lisible.

LES COURS

Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 Etoile-d-or-grande-cour


Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 Cour-de-l-etoile-d-or----
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MessageSujet: L'innocence de Dieudonné.   Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 EmptyMer 26 Juin 2013 - 18:57

Dans un autre sujet (bande à Bonnot) on m'a "sommé" de prouver l'innocence de Dieudonné et j'avais répondu que puisqu'il était établi par tous les gens de bonne foi que Caby - son seul accusateur - était un témoin pas du tout crédible, on revenait à la base-  à savoir qu'il fallait prouver la culpabilité de Dieudonné et pas l'inverse.

Si on lisait le principal intéressé? Entretien avec Albert Londres.


http://www.bagnedeguyane.fr/archives/2013/05/25/27239682.html (avec de l'iconographie et des compléments)

sinon, le texte brut

Des années après, Dieudonné s'explique avec Albert Londres sur son rôle dans "la bande à Bonnot"...

Avant ça, je voudrais vous demander quelque chose. Que faisiez-vous, enfin, dans la bande à Bonnot ?

Là, je dois vous présenter Dieudonné. Il n’est pas très grand. Comme il a été engraissé au bagne, il est un peu maigre. Brun. Sa tête est carrée et ses yeux, qui sont noirs, prennent par moments une fixité inébranlable. Ce sont ces yeux-là que, sous le coup de ma question, il tourna brusquement vers moi, mais, de même que pendant la guerre on sucrait son café avec de la saccharine, il adoucit son regard d’une profonde amertume.

Vous aussi ? Vous qui connaissez mon affaire, vous me posez cette question ?

Il balançait la tête à coups francs, comme pour dire : « Je ne l’aurais pas cru, je ne l’aurais pas cru... »

Vous me posez cette question, vieille de quinze ans ? L’éternelle demande qui me fait bondir ? Abel et qui, toute sa vie, entendrait derrière lui : « Qu’as-tu fait de ton frère ? » Il se défendra, il se démènera, il s’expliquera. On l’écoutera un moment d’une oreille sceptique, puis l’on s’en ira, alors qu’il continuera de se défendre dans le vide, tout seul. Et l’homme qui lui jette un regard de mépris ? Et les timides qui détournent la tête ? Et ceux qui, dès qu’ils vous aperçoivent, passent sur le trottoir opposé ? Et tous les autres qui vous croisent sans vous voir ? Et les meilleurs ? Les meilleurs qui restent indécis. Oh ! cette prudence des meilleurs ! Cette hésitation ! Cette main qui se tend mollement et comme dans l’ombre ! Ce regard qu’ils promènent autour d’eux, comme si ce regard avait la puissance de vous faire disparaître, cette peur qu’on ne les voit avec le bagnard !

- Quinze ans que cela dure, monsieur !

« Ce que je faisais dans la bande à Bonnot ? Laissez-moi me rappeler...

Il passa sa main, lentement, sur son front.

Je n’ai connu la « bande à Bonnot » que par les rumeurs, alors que j’étais déjà incarcéré à la Santé. Ceux que j’ai connus, moi, s’appelaient Callemin, Garnier, Bonnot, mais ils n’étaient pas en bande quand je les voyais. Des centaines les connaissaient comme moi ; c’étaient, à cette époque, de simples mortels qui fréquentaient les milieux anarchistes où l’on me trouvait parfois.

Ils étaient comme tous les autres. On ne pouvait rien lire sur leur front...


– Et que faisiez-vous dans les milieux anarchistes ?

– Nous reconstruisions la société, pardi ! Je l’ai dit et écrit : il y a quinze ans, je croyais à l’anarchie, c’était ma religion. Entre anarchistes, on s’entraidait. L’un était-il traqué ? Il avait droit à l’asile de notre maison, à l’argent de notre bourse.

– Alors, vous avez caché Bonnot ?

– Moi ? j’ai caché Bonnot ?

– Je vous demande.

– Mais non ! Je veux dire qu’en serrant la main à Callemin, à Garnier ou à Bonnot, je ne savais pas plus que vous ce qu’ils feraient ou ce qu’ils avaient fait déjà. On n’exige ni papiers ni confidences de quelqu’un à qui l’on tend une chaise ou un morceau de pain. Voilà mon crime. Il m’a conduit devant la guillotine.


Dieudonné baissa la voix ; nous étions sur une terrasse de l’hôtel, et des gens qui sortaient de table passaient derrière nous.

– Alors, vous vous rendez compte de ce que je ressentis quand je fus accusé de l’assassinat de la rue Ordener. Je me rappelle nettement cette seconde-là. Tout ce que j’avais en moi s’effondra, tout ! Il me sembla que, seule, mon enveloppe de peau restait debout.

Le premier choc passé, je nourris un peu d’espoir. Je me disais : « Caby a reconnu Garnier pour son assassin, ensuite il en a désigné un second. Moi, je suis le troisième, dans quelques jours il en reconnaîtra un quatrième ; alors, le juge comprendra que cet homme n’est pas solidement équilibré. Bref, les déclarations de Garnier, de Bonnot m’innocentant, à l’heure de leur mort, celles de Callemin après le verdict, mes protestations angoissées, mes témoins, la défense passionnée de Moro-Giafferri, toute ma vie honnête, le cri de Me Michon : « Mais, messieurs les jurés, sa concierge même est pour lui ! » rien n’y fit : « Dieudonné aura la tête tranchée sur une place publique. »

J’ai encore les mots dans l’oreille. Tenez : je l’avoue, je n’ai pas le courage de la guillotine. Être décapité comme une bête de boucherie, mourir par sentence pour un crime que l’on n’a pas commis. Léguer à son fils le nom d’un misérable. Ah ! laissez-moi respirer...

– Et que pensez-vous de Caby ?

– Je pense qu’un homme doit avoir une haute conscience ou une belle intelligence pour oser déclarer : « Je me suis trompé ».

– Il l’a déclaré, puisqu’il s’est démenti lui même deux fois.

– Justement ! Il faut savoir s’arrêter ! Mais qu’il vive en paix, je ne veux plus penser à lui.


Dieudonné reprend :

J’ai connu des heures effrayantes dans ma cellule de condamné à mort. Moro-Giafferri me réconfortait. Sans lui, je me serais suicidé. Ce n’est pas la mort qui me faisait peur, c’est le genre de mort. Le 21 avril 1913, à 4 heures du matin, on ouvrit cette cellule. On ouvrait en même temps celles de Callemin, de Monnier et de Soudy. À moi, in extremis, on annonça la grâce. J’entendais les autres qui se hâtaient pour aller à la mort. J’avais vécu si longtemps en pensant à cette minute que, sur le mur de mon cachot, j’aperçus comme sur un écran, leurs têtes qui tombaient. Les gardiens revinrent de l’exécution.

Quelques-uns pleuraient. Dehors, il pleuvait. J’entrevis le bagne. Une faiblesse me prit. Un inspecteur me soutint. J’étais forçat pour la vie. Voilà ce que j’ai fait dans la bande à Bonnot. J’ai été condamné à mort pour un crime commis par Garnier. C’est toujours un immense malheur d’être condamné sans motif ; c’en est un plus grand de l’avoir été dans le procès dit des « bandits tragiques ». Depuis quinze ans, je l’expérimente. Vous pourrez l’écrire autant que vous le voudrez, le doute demeurera toujours dans les esprits. Les quarante-trois ans de ma vie honnête et souffrante n’effaceront pas la honte de la fausse condamnation. Les regards timides me fuiront toujours, les portes se fermeront.

Demain, un autre homme que vous me demandera : « Que faisiez-vous dans la bande à Bonnot ? »

Qu’il aille au diable !


Un aviateur sortant de table vint me rejoindre sur la terrasse. Je lui présentai Dieudonné. On parla de l’histoire, bien entendu. Un moment plus tard, l’aviateur se pencha vers l’évadé :

Enfin, lui demanda-t-il, que faisiez-vous dans la bande à Bonnot ?

C'est ce que je disais. Un délit d'opinion, comme Kilbachiche, au pire. Pour cela, dans le contexte, on distribuait normalement quelques années de prison, pas davantage et c'était déjà beaucoup

*****************

Extrait de "l'homme qui s'évada" (Albert Londres) parfois titré "Adieu Cayenne"

Cordialement
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MessageSujet: Re: La bande à Bonnot - 1912-1913   Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 EmptyVen 28 Juin 2013 - 21:22


Je ne peux pas affirmer que Dieudonné était innocent mais une chose est sûre : la preuve de sa participation  - active ou passive - aux crimes de la Bande ne semble pas avoir été apportée. Sa condamnation à mort est à mes yeux une aberration. Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 534715 

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MessageSujet: Re: La bande à Bonnot - 1912-1913   Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 EmptyVen 28 Juin 2013 - 21:30

Nous sommes d'accord... le doute profitant à l'accusé et là il est si grand, ce doute... (un seul témoignage très peu fiable...)
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MessageSujet: Re: La bande à Bonnot - 1912-1913   Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 EmptySam 29 Juin 2013 - 8:41

je pense que "puisqu'on me somme..." est pour moi ???

l'article sur Dieudonné qui est en lien est court...

je pense que partir d'un postulat " Dieudonné est innocent " ou "Dieudonné est coupable" n'est pas le bon choix .

ce d'autant plus que ce sont plutôt des affirmations type :  "Dieudonné est sûrement coupable "  et l'inverse.

c'est un peu comme les discussions entre partisans farouches de la chasse (ou de la tauromachie) et les opposants tout aussi

persuadés d'avoir raison.

rien ne sort de ces débats , stériles annoncés qu'ils sont .

l'exemple type , évidemment , qui va l'amble avec celui d'Eugène est de Ranucci : et il a été préférable de fermer ce post ,

c'est dire !!!;

il y a toujours des dérapages , parfois malsains, et qui surtout n'apportent rien dans un sens ( culpabilité) ou l'autre

(innocence).

donc ouvrir ce "dossier" ne me tente pas du tout dans ces conditions .
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Adelayde
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MessageSujet: Re: La bande à Bonnot - 1912-1913   Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 EmptySam 29 Juin 2013 - 11:23

Je suis d'accord avec toi, Testou : les discussion stérile ne mènent à rien et dégénèrent souvent. Cependant, force est de constater que la condamnation à mort de Dieudonné est parfaitement injuste puisque injustifiée.

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MessageSujet: Re: La bande à Bonnot - 1912-1913   Bonnot - La bande à Bonnot - 1912-1913 - Page 31 EmptySam 29 Juin 2013 - 12:14

Attention, je place la discussion sur le plan purement judiciaire, bien que l'attitude de Dieudonné, d'une très grande noblesse au bagne, me le rende sympathique**.
Sur le plan judiciaire on ne doit pas prouver une innocence, mais une culpabilité.
Le doute, aussi infime soit-il, doit profiter à l'accusé.

Le seul élément qui accuse Dieudonné, c'est un témoin d'une fiabilité lamentable. Pour moi, le débat sur sa participation à l'agression s'arrête là.

Pour le reste: a-t-il hébergé des truands en connaissance de cause?

Il y a débat. Ceux qui penseront que "oui, il l'a fait" le condamneront à quelques années de prison, comme Kilbachiche et Rirette Maitrejean (et pourquoi pas, Lorulot)

Ceux qui penseront qu'il a hébergé des hommes en ignorant leur qualité d'assassins diront: "acquitté"

Je reconnais volontiers que la question reste posée sur cette seconde question. Mais pas sur la première et par principe, je ne retiens pas l'argument : "prouver une innocence".

** A contrario Seznec m'est profondément antipathique, je pense qu'il y a suffisamment d'éléments pour l'accuser de tripatouillages louches (faux témoignages sollicités, c'est avéré, mensonges sur les alibis, idem, promesse de vente du manoir contrefaite, idem) mais pas assez pour l'accuser d'assassinat.
Tout antipathique soit-il (ce n'est pas un délit) j'aurais penché pour une peine partielle, relevant de la correctionnelle, au vu de ce qui précède. Dans le doute, j'aurais rejeté l'assassinat

Cordialement
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