|
| Poètes, vos papiers | |
|
+17Raoul CARNIFEX Boisdejustice Bill Javier jfbouquet poulain Gaëtane Adelayde Pibrac Emka Nemo piotr Jourdan coupe tête Olympe de Gouge konvoi Henri 21 participants | |
Auteur | Message |
---|
Adelayde Admin
Nombre de messages : 5716 Localisation : Pays d'Arles Date d'inscription : 02/03/2009
| Sujet: Demain dès l'aube... Sam 5 Fév 2011 - 22:36 | |
| | |
| | | Henri Bourreau départemental
Nombre de messages : 283 Age : 68 Localisation : Cambridge UK Emploi : vacataire/temporaire/artiste Date d'inscription : 05/10/2006
| Sujet: Demain des l'aube. Dim 6 Fév 2011 - 13:31 | |
| Bonjour.
Pour les amateurs et amoureux de poesie et de belle chanson, "Demain des l'aube" a ete mis en musique par Pierre Perret, sur son disque "La bete est revenue". Il a ete dit a l'epoque qu'il avait enregistre ce poeme, en hommage a Julie, l'une de ses filles, morte quelques temps auparavant de maladie. | |
| | | Adelayde Admin
Nombre de messages : 5716 Localisation : Pays d'Arles Date d'inscription : 02/03/2009
| Sujet: Demain dès l'aube... Dim 6 Fév 2011 - 13:49 | |
| Victor Hugo croyait au " retour de Léopold ", un fils aîné né le 16 juillet 1823 et décédé le 10 octobre quand Adèle donne naissance à une fille le 28 août 1824, Léopoldine, qui sera baptisée le 16 septembre. Sa famille l’appelle " Didine ", et très tôt, de nombreux peintres feront son portrait tels Achille Devéria, Louis Boulanger, Adèle et Julie Duvidal de Montferrier. Après Blois, et les Alpes en 1825, elle profite des étés passés en famille à Bièvres dès 1831, dans la propriété des Bertin. En octobre 1832, elle entre à L’Externat des Jeunes Demoiselles, à quelques numéros de l’habitation familiale parisienne, place Royale. En janvier 1838, elle suit en externe les cours d’émulation Boblet qui entretiennent ses croyances religieuses déjà très fortes. Depuis 1834, elle reçoit les lettres que son père lui envoie au cours de tous ses voyages ; un père qui écrira bientôt sur elle, tout séduit qu’il est par ce symbole de pureté. Il lui écrit en 1837, d’Étaples près de Boulogne-sur-Mer : " J’ai cueilli pour toi cette fleur dans la dune. C’est une pensée sauvage qu’a arrosée plus d’une fois l’écume de l’océan. (…) Et puis, mon ange, j’ai tracé ton nom sur le sable : DIDI. La vague de la haute mer l’effacera cette nuit, mais ce que rien n’effacera, c’est l’amour que ton père a pour toi (…) ". De nombreux prétendants se présentent, mais elle fait la connaissance en vacances près du Havre de Charles Vacquerie, frère d’Auguste Vacquerie. Elle se marie avec Charles en l’Église Saint-Paul le 15 février 1843. Ils emménagent près du Havre au domicile de la belle-famille. Avant que Victor et Adèle Hugo les rejoignent un moment en mai, son père écrit dès le 17 février à Juliette Drouet : " Elle me quitte. Je suis triste, triste de cette tristesse profonde que doit avoir, qu’a peut-être (qui le sait ?) le rosier au moment où la main d’un passant lui cueille sa rose. Tout à l’heure j’ai pleuré (…) ". Peu de temps après, le 4 septembre, c’est le drame : le jeune couple se noie lors d’une sortie en bateau sur la Seine, à Villequier. " M.Charles Vacquerie, habile et vigoureux nageur, plein de courage et de sang-froid, a plongé et replongé pendant plus de cinq minutes, et a été vu plusieurs fois ramenant à la surface de l’eau sa jeune femme. Mais, hélas ! ils ont fini par disparaître tous deux comme entrelacés !…(…) Et la famille Hugo quel va être son désespoir ! Quelle atroce blessure pour le cœur de la femme du poète et du poète lui-même ! (…) frappé au même endroit que naguère Lamartine (…)" lit-on dans le journal de Rouen du mercredi 6 septembre 1843. Hugo apprend la nouvelle de ce décès le 9 septembre dans un journal à Rochefort, sur le chemin de retour d’un voyage qu’il faisait avec Juliette Drouet en Espagne. Il écrit le 10 septembre à Louise Bertin : " J’ai lu. C’est ainsi que j’ai appris que la moitié de ma vie et de mon cœur était morte (…). O mon Dieu, que vous ai-je fait ! (…) Dieu ne veut pas qu’on ait le paradis sur la terre. Il l’a reprise. Oh ! mon pauvre ange, dire que je ne la reverrai plus ". Il ne se rendra sur sa tombe qu’en septembre 1846.
http://www.victorhugo2002.culture.fr/culture/celebrations/hugo/fr/fampg6.htm
| |
| | | Gaëtane Monsieur de Paris
Nombre de messages : 916 Age : 69 Localisation : Vosges Date d'inscription : 04/08/2010
| Sujet: Quand ça marmite ! Mar 8 Fév 2011 - 10:01 | |
| Le poème qui suit a été écrit par le vosgien Henri MARTIN (1892-1983), maître d’école, botaniste, écrivain et poète. Lieutenant d’artillerie pendant la Grande Guerre, il a participé aux combats des sommets du massif vosgien, que l’ennemi occupait avec ténacité et acharnement. Quand ça marmite !Camp Barrier ou du Silberloch Mars 1915. A mon camarade ANDREOTAT du 13ème Bataillon de Chasseurs Alpins. Quand tout est calme, ça va, On reste dans sa cagna, Près du brasero de coke. La neige couvre les bois, Les balles sifflent parfois, Mais dans un trou l’on s’en moque. Le jour où ça ne va plus, C’est quand tombent les obus, Les 105, les 150. On entend leurs sifflements, Puis leurs brusques craquements Qui font trembler les charpentes. Quand les coups tombent plus près, Quand sautent dans les forêts, Comme des bouts d’allumettes, Les hêtres et les sapins. Quand on voit que les alpins, Se hâtent vers leurs cachettes, On se dit « c’est le moment » ! L’abri de bombardement N’est pas creusé pour la frime, Si ma cagna, sous les chocs, D’un de ces énormes blocs, S’effondrait, adieu la rime ! Vers son trou de rat, l’on court, Avec le journal du jour Ou bien de l’autre semaine, La nouveauté n’y fait rien. Et pour qu’on se trouve bien, En ce très obscur domaine, On emporte un lumignon, En plus d’un petit quignon, De pain pour notre fringale; Et de la gnôle, liqueur Qui vous redonne du coeur, Lorsque vous vous sentez pâle. On s’en envoie un bon quart, Et la marmite qui part, Passe presque inaperçue, Car certes, on ne va pas voir Sur la porte pour savoir, Quelle cagna l’a reçue. Plus d’un se trouve à l’étroit Mais on aime avoir un toit, De bons rondins et de terre, Et dès qu’il pleut sur le camp, Chaque petit trou vacant, Trouve plus d’un locataire. On demande quelquefois « ça tombe encore dans le bois ? » Craac répond une marmite. Et l’on chante tout de go : Sous les ponts, dernier tango, Au fond de nos trous d’ermite. Et quand l’averse a cessé, On va voir ce qu’ont cassé, Dans les hautes sapinières, Les gros obus percutants. On voit des trous épatants, Aussi grands que des ornières. Allons voir si la cagna, Dans cette tempête n’a Pas trop souffert de l’épreuve ! Intacte ! Cela va bien. La mienne, il n’en reste rien, J’en recommence une neuve. Henri MARTINTranchée du Linge - hier et aujourd'hui Publication : « l’Echo du Parmont », revue de mon association Cercle d’Histoire militaire de Remiremont. Photo hier et aujourd'hui : Mémorial du Linge - Champ de bataille du Lingekopf (Vosges/Alsace) | |
| | | Gaëtane Monsieur de Paris
Nombre de messages : 916 Age : 69 Localisation : Vosges Date d'inscription : 04/08/2010
| Sujet: Le coucher de soleil romantique Mer 9 Fév 2011 - 11:18 | |
| Bonjour à tous Bonjour Adelayde Le coucher du soleil romantiqueQue le soleil est beau quand tout frais il se lève, Comme une explosion nous lançant son bonjour ! - Bienheureux celui-là qui peut avec amour Saluer son coucher plus glorieux qu'un rêve ! Je me souviens ! J'ai vu tout, fleur, source, sillon, Se pâmer sous son oeil comme un coeur qui palpite... - Courons vers l'horizon, il est tard, courons vite, Pour attraper au moins un oblique rayon ! Mais je poursuis en vain le Dieu qui se retire ; L'irrésistible Nuit établit son empire, Noire, humide, funeste et pleine de frissons ; Une odeur de tombeau dans les ténèbres nage, Et mon pied peureux froisse, au bord du marécage, Des crapauds imprévus et de froids limaçons. Charles BAUDELAIRE Coucher de soleil sur le Lac de Gérardmer (Vosges) | |
| | | Adelayde Admin
Nombre de messages : 5716 Localisation : Pays d'Arles Date d'inscription : 02/03/2009
| | | | Gaëtane Monsieur de Paris
Nombre de messages : 916 Age : 69 Localisation : Vosges Date d'inscription : 04/08/2010
| Sujet: Le Lac Lun 14 Fév 2011 - 22:14 | |
| Le lacAinsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages, Dans la nuit éternelle emportés sans retour, Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges Jeter l'ancre un seul jour ? Ô lac ! L'année à peine a fini sa carrière, Et près des flots chéris qu'elle devait revoir, Regarde ! Je viens seul m'asseoir sur cette pierre Où tu la vis s'asseoir ! Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes, Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés, Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes Sur ses pieds adorés. Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ; On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux, Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence Tes flots harmonieux. Tout à coup des accents inconnus à la terre Du rivage charmé frappèrent les échos ; Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère Laissa tomber ces mots : " Ô temps !suspends ton vol, et vous, heures propices ! Suspendez votre cours : Laissez-nous savourer les rapides délices Des plus beaux de nos jours ! " Assez de malheureux ici-bas vous implorent, Coulez, coulez pour eux ; Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ; Oubliez les heureux. " Mais je demande en vain quelques moments encore, Le temps m'échappe et fuit ; Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore Va dissiper la nuit. " Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive, Hâtons-nous, jouissons ! L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ; Il coule, et nous passons ! " Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse, Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur, S'envolent loin de nous de la même vitesse Que les jours de malheur ? Eh quoi ! n' en pourrons-nous fixer au moins la trace ? Quoi ! Passés pour jamais ! Quoi ! Tout entiers perdus ! Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface, Ne nous les rendra plus ! Éternité, néant, passé, sombres abîmes, Que faites-vous des jours que vous engloutissez ? Parlez : nous rendrez- vous ces extases sublimes Que vous nous ravissez ? Ô lac ! Rochers muets ! Grottes ! Forêt obscure ! Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir, Gardez de cette nuit, gardez, belle nature, Au moins le souvenir ! Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages, Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux, Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages Qui pendent sur tes eaux. Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe, Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés, Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface De ses molles clartés. Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire, Que les parfums légers de ton air embaumé, Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire, Tout dise : Ils ont aimé ! Alphonse de LAMARTINE (1790-1869) Au-dessus du Lac Blanc ( 1 100 mètres) Vosges | |
| | | Adelayde Admin
Nombre de messages : 5716 Localisation : Pays d'Arles Date d'inscription : 02/03/2009
| Sujet: Mon rêve familier Sam 19 Fév 2011 - 16:57 | |
| Mon rêve familier
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime, Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon cœur transparent Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême, Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore. Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues, Et pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
Paul Verlaine (1844 – 1896), Poèmes saturniens, 1866
| |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Mar 22 Fév 2011 - 18:20 | |
| Ah, Mon rêve familier ... C'est l'un de mes préférés de Paulo.
Dernière édition par mercattore le Mar 22 Fév 2011 - 18:55, édité 1 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Mar 22 Fév 2011 - 18:28 | |
| merci c'est mon poème qui me touche le plus.... |
| | | Adelayde Admin
Nombre de messages : 5716 Localisation : Pays d'Arles Date d'inscription : 02/03/2009
| Sujet: Verlaine Mar 22 Fév 2011 - 18:42 | |
| J'aime Verlaine, tout Verlaine, mais " Colloque sentimental " et " Mon rêve familier " sont, entre toutes ses poésies, celles qui me touchent le plus. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Ven 25 Fév 2011 - 16:35 | |
| C'est extra Une robe de cuir comme un fuseau Qu'aurait du chien sans l'faire exprès Et dedans comme un matelot Une fille qui tangue un air anglais C'est extra Un Moody Blues qui chante la nuit Comme un satin de blanc marié Et dans le port de cette nuit Une fille qui tangue et vient mouiller
C'est extra c'est extra C'est extra c'est extra
Des cheveux qui tombent comme le soir Et d'la musique en bas des reins Ce jazz qui d'jazze dans le noir Et ce mal qui nous fait du bien C'est extra Ces mains qui jouent de l'arc-en-ciel Sur la guitare de la vie Et puis ces cris qui montent au ciel Comme une cigarette qui prie
C'est extra c'est extra C'est extra c'est extra
Ces bas qui tiennent hauts perchés Comme les cordes d'un violon Et cette chair que vient troubler L'archet qui coule ma chanson C'est extra Et sous le voile à peine clos Cette touffe de noir jésus Qui ruisselle dans son berceau Comme un nageur qu'on n'attend plus
C'est extra c'est extra C'est extra c'est extra
Une robe de cuir comme un oubli Qu'aurait du chien sans l'faire exprès Et dedans comme un matin gris Une fille qui tangue et qui se tait C'est extra Les Moody Blues qui s'en balancent Cet ampli qui n'veut plus rien dire Et dans la musique du silence Une fille qui tangue et vient mourir
C'est extra C'est extra C'est extra C'est extra Léo Ferré (1969). En version live : https://www.youtube.com/watch?v=x0rMSHdi5Jw En version disque : https://www.youtube.com/watch?v=ABjif5N1uKE |
| | | CARNIFEX Monsieur de Paris
Nombre de messages : 1848 Age : 53 Localisation : Angers(Maine et Loire) Emploi : Justice Date d'inscription : 20/02/2006
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Ven 25 Fév 2011 - 18:52 | |
| Ah, celle-là je l'adore. Merci Mercattore. _________________ Potius mori quam foedari
| |
| | | Gaëtane Monsieur de Paris
Nombre de messages : 916 Age : 69 Localisation : Vosges Date d'inscription : 04/08/2010
| Sujet: Poètes, vos papiers Ven 25 Fév 2011 - 20:09 | |
| Léo Ferré est un de mes chanteurs préférés...C'est extra, merci mercattore ! | |
| | | Gaëtane Monsieur de Paris
Nombre de messages : 916 Age : 69 Localisation : Vosges Date d'inscription : 04/08/2010
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Mar 1 Mar 2011 - 17:07 | |
| Voici une des poésies lyriques composées par le Duc Guillaume IX d’ Aquitaine (1071-1126), surnommé Guillaume le Troubadour, écrite en langue d’oc. (suivie de la traduction en français) Je n'adorerai qu'elle ! Farai chansoneta nueva, Ans que vent ni gel ni plueva: Ma dona m'assaya e-m prueva, Quossi de qual guiza l'am; E ja per plag que m'en mueva No-m solvera de son liam. Qu'ans mi rent a lieys e-m liure, Qu'en sa carta-m pot escriure. E no m'en tenguatz per yure, S'ieu ma bona dompna am! Quar senes lieys non puesc viure, Tant ai pres de s'amor gran fam. Per aquesta fri e tremble, Quar de tam bon'amor l'am, Qu'anc no cug qu'en nasques semble En semblan del gran linh n'Adam. Que plus es blanca qu'evori, Per qu'ieu autra non azori: Si-m breu non ai aiutori, Cum ma bona dompna m'am, Morrai, pel cap sanh Gregori, Si no-m bayza en cambr'o sotz ram. Qual pro-y auretz, dompna conja, Si vostr'amors mi deslonja Par que-us vulhatz metre monja! E sapchatz, quar tan vos am, Tem que la dolors me ponja, Si no-m faitz dreg dels tortz q'ie-us clam. Qual pro i auretz s'ieu m'enclostre E no-m retenetz per vostre Totz lo joys del mon es nostre, Dompna, s'amduy nos amam. Lay al mieu amic Daurostre, Dic e man que chan e bram. Ferai chansonnette nouvelle Avant qu'il vente, pleuve ou gèle Ma dame m'éprouve, tente De savoir combien je l'aime ; Mais elle a beau chercher querelle, Je ne renoncerai pas à son lien. Je me rends à elle, je me livre, Elle peut m'inscrire en sa charte ; Et ne me tenez pour ivre Si j'aime ma bonne dame, Car sans elle je ne puis vivre, Tant de son amour j'ai grand faim. Pour elle je frissonne et tremble, Je l'aime tant de si bon amour ! Je n'en crois jamais née de si belle En la lignée du seigneur Adam. Elle est plus blanche qu'ivoire, Je n'adorerai qu'elle ! Mais, si je n'ai prompt secours, Si ma bonne dame ne m'aime, Je mourrai, par la tête de Saint Grégoire, Un baiser en chambre ou sous l'arbre. Qu'y gagnerez-vous, belle dame, Si de votre amour vous m'éloignez ? Vous semblez vous mettre nonne, Mais sachez que je vous aime tant Que je crains la douleur blessante Si vous ne faites droit des torts dont je me plains. Que gagnerez-vous si je me cloître, Si vous ne me tenez pas pour vôtre ? Toute la joie du monde est nôtre, Dame, si nous nous aimons, Je demande à l'ami Daurostre De chanter, et non plus crier. Guillaume le Troubadour | |
| | | Adelayde Admin
Nombre de messages : 5716 Localisation : Pays d'Arles Date d'inscription : 02/03/2009
| Sujet: Ne chantez pas la Mort Ven 4 Mar 2011 - 15:55 | |
| Ne chantez pas la Mort Léo Ferré – Texte de Jean-Roger Caussimonhttps://www.youtube.com/watch?v=2RwTU3G4QZw Ne chantez pas la Mort, c'est un sujet morbide Le mot seul jette un froid, aussitôt qu'il est dit Les gens du show-business vous prédiront le bide C'est un sujet tabou pour poète maudit La Mort La Mort
Je la chante et, dès lors, miracle des voyelles Il semble que la Mort est la soeur de l'amour La Mort qui nous attend, l'amour que l'on appelle Et si lui ne vient pas, elle viendra toujours La Mort La Mort
La mienne n'aura pas, comme dans le Larousse Un squelette, un linceul, dans la main une faux Mais fille de vingt ans à chevelure rousse En voile de mariée, elle aura ce qu'il faut La Mort La Mort
De grands yeux d'océan, une voix d'ingénue Un sourire d'enfant sur des lèvres carmin Douce, elle apaisera sur sa poitrine nue Mes paupières brûlées, ma gueule en parchemin La Mort La Mort
Requiem de Mozart et non Danse Macabre Pauvre valse musette au musée de Saint-Saëns! La Mort c'est la beauté, c'est l'éclair vif du sabre C'est le doux penthotal de l'esprit et des sens La Mort La Mort
Et n'allez pas confondre et l'effet et la cause La Mort est délivrance, elle sait que le Temps Quotidiennement nous vole quelque chose La poignée de cheveux et l'ivoire des dents La Mort La Mort
Elle est Euthanasie, la suprême infirmière Elle survient à temps, pour arrêter ce jeu Près du soldat blessé dans la boue des rizières Chez le vieillard glacé dans la chambre sans feu La Mort La Mort
Le Temps, c'est le tic-tac monstrueux de la montre La Mort, c'est l'infini dans son éternité Mais qu'advient-il de ceux qui vont à sa rencontre ? Comme on gagne sa vie, nous faut-il mériter ? La Mort La Mort
La Mort ?Léo FerréJean-Roger Caussimon | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Sam 5 Mar 2011 - 22:02 | |
| On continue dans le sombre. La mort viendra et elle aura tes yeuxLa mort viendra et elle aura tes yeux cette mort qui est notre compagne du matin jusqu'au soir, sans sommeil, sourde, comme un vieux remords ou un vice absurde. Tes yeux seront une vaine parole, un cri réprimé, un silence. Ainsi les vois-tu le matin quand sur toi seule tu te penches au miroir. O chère espérance, ce jour-là nous saurons nous aussi que tu es la vie et que tu es le néant. La mort a pour tous un regard. La mort viendra et elle aura tes yeux. Ce sera comme cesser un vice, comme voir resurgir au miroir un visage défunt, comme écouter des lèvres closes. Nous descendrons dans le gouffre muets. Cesare Pavese, 1950 (1908-1950). VERSION ORIGINALE. Verrà la morte e avrà i tuoi occhi questa morte che ci accompagna dal mattino alla sera, insonne, sorda, come un vecchio rimorso o un vizio assurdo. I tuoi occhi saranno una vana parola, un grido taciuto, un silenzio. Cosí li vedi ogni mattina quando su te sola ti pieghi nello specchio. O cara speranza, quel giorno sapremo anche noi che sei la vita e sei il nulla.
Per tutti la morte ha uno sguardo. Verrà la morte e avrà i tuoi occhi. Sarà come smettere un vizio, come vedere nello specchio riemergere un viso morto, come ascoltare un labbro chiuso. Scenderemo nel gorgo muti. La mort viendra et elle aura tes yeux, est le dernier poème de Pavese écrit avant son suicide. |
| | | Raoul Aide non qualifié
Nombre de messages : 22 Age : 37 Date d'inscription : 06/03/2011
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Dim 6 Mar 2011 - 16:21 | |
| Je ne sais pas s'il y a ici des adeptes de Boris Vian (et peu importe, je l'admire assez pour vous tous ) Pour un premier poème de lui ici, je ne choisis pas un de ceux que je préfère, mais un qui évoque la veuve. Ils cassent le monde
Ils cassent le monde En petits morceaux Ils cassent le monde A coups de marteau Mais ça m'est égal Ca m'est bien égal Il en reste assez pour moi Il en reste assez Il suffit que j'aime Une plume bleue Un chemin de sable Un oiseau peureux Il suffit que j'aime Un brin d'herbe mince Une goutte de rosée Un grillon de bois Ils peuvent casser le monde En petits morceaux Il en reste assez pour moi Il en reste assez J'aurais toujours un peu d'air Un petit filet de vie Dans l'oeil un peu de lumière Et le vent dans les orties Et même, et même S'ils me mettent en prison Il en reste assez pour moi Il en reste assez Il suffit que j'aime Cette pierre corrodée Ces crochets de fer Où s'attarde un peu de sang Je l'aime, je l'aime La planche usée de mon lit La paillasse et le châlit La poussière de soleil J'aime le judas qui s'ouvre Les hommes qui sont entrés Qui s'avancent, qui m'emmènent Retrouver la vie du monde Et retrouver la couleur J'aime ces deux longs montants Ce couteau triangulaire Ces messieurs vêtus de noir C'est ma fête et je suis fier Je l'aime, je l'aime Ce panier rempli de son Où je vais poser ma tête Oh, je l'aime pour de bon Il suffit que j'aime Un petit brin d'herbe bleue Une goutte de rosée Un amour d'oiseau peureux Ils cassent le monde Avec leurs marteaux pesants Il en reste assez pour moi Il en reste assez, mon cœur Boris Vian, Recueil Je voudrais pas crever paru en 1962. | |
| | | Gaëtane Monsieur de Paris
Nombre de messages : 916 Age : 69 Localisation : Vosges Date d'inscription : 04/08/2010
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Lun 7 Mar 2011 - 13:41 | |
| L'albatros
Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à côté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule ! Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid ! L'un agace son bec avec un brûle-gueule, L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !
Le Poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l'archer ; Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
Charles BAUDELAIRE
Spleen et idéal - Les fleurs du Mal
Poème interprété par Léo Ferré
https://www.youtube.com/watch?v=jB8fNp-V5uk
| |
| | | Adelayde Admin
Nombre de messages : 5716 Localisation : Pays d'Arles Date d'inscription : 02/03/2009
| Sujet: m**de à Vauban Mer 9 Mar 2011 - 15:16 | |
| M... à VaubanPour écouter la chansonhttps://www.youtube.com/watch?v=HwHpjJfN7cw Les paroles sont de Pierre Seghers - merci Mercattore - , la musique de Léo Ferré
Bagnard, au bagne de Vauban Dans l'îl' de Ré J'mang' du pain noir et des murs blancs Dans l'îl' de Ré A la vill' m'attend ma mignonn' Mais dans vingt ans Pour ell' je n'serai plus personn' M... à Vauban
Bagnard, je suis, chaîne et boulet Tout ça pour rien, Ils m'ont serré dans l'îl' de Ré C'est pour mon bien On y voit passer les nuages Qui vont crevant Moi j'vois s'faner la fleur de l'âge M... à Vauban
Bagnard, ici les demoiselles Dans l'îl' de Ré S'approch'nt pour voir rogner nos ailes Dans l'îl' de Ré Ah ! Que jamais ne vienne celle Que j'aimais tant Pour elle j'ai manqué la belle M... à Vauban
Bagnard, la belle elle est là-haut Dans le ciel gris Ell' s'en va derrière les barreaux Jusqu'à Paris Moi j'suis au mitard avec elle Tout en rêvant A mon amour qu'est la plus belle M... à Vauban
Bagnard, le temps qui tant s'allonge Dans l'îl' de Ré Avec ses poux le temps te ronge Dans l'îl' de Ré Où sont ses yeux où est sa bouche Avec le vent On dirait parfois que j'les touche M... à Vauban
C'est un p'tit corbillard tout noir Etroit et vieux Qui m'sortira d'ici un soir Et ce s'ra mieux Je reverrai la route blanche Les pieds devant Mais je chant'rai d'en d'ssous mes planch's M... à Vauban
Léo Ferré – Paname, 1960
Léo FerréSébastien Le Prestre, marquis de VaubanSaint-Martin-de-Ré
Escalier d’accès pour les bagnardAnse pour l'embarquement en direction du bagneGravure de prisonniers
Dernière édition par Adelayde le Mer 23 Mar 2011 - 14:11, édité 1 fois | |
| | | Adelayde Admin
Nombre de messages : 5716 Localisation : Pays d'Arles Date d'inscription : 02/03/2009
| Sujet: Le ciel est, par-dessus le toit Sam 19 Mar 2011 - 17:21 | |
| Le ciel est par-dessus le toit...
Le ciel est, par-dessus le toit, Si bleu, si calme ! Un arbre, par-dessus le toit Berce sa palme.
La cloche dans le ciel qu'on voit Doucement tinte. Un oiseau sur l'arbre qu'on voit Chante sa plainte. Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là, Simple et tranquille. Cette paisible rumeur-là Vient de la ville. - Qu'as-tu fait, ô toi que voilà Pleurant sans cesse, Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà, De ta jeunesse ?
Paul Verlaine - Sagesse, 1881
Dernière édition par Adelayde le Sam 19 Mar 2011 - 17:27, édité 2 fois | |
| | | Adelayde Admin
Nombre de messages : 5716 Localisation : Pays d'Arles Date d'inscription : 02/03/2009
| | | | Nemo Fondateur
Nombre de messages : 2002 Age : 42 Date d'inscription : 27/01/2006
| Sujet: Le serpent qui danse Sam 19 Mar 2011 - 17:29 | |
| Que j'aime voir, chère indolente, De ton corps si beau, Comme une étoffe vacillante, Miroiter la peau!
Sur ta chevelure profonde Aux âcres parfums, Mer odorante et vagabonde Aux flots bleus et bruns,
Comme un navire qui s'éveille Au vent du matin, Mon âme rêveuse appareille Pour un ciel lointain.
Tes yeux où rien ne se révèle De doux ni d'amer, Sont deux bijoux froids où se mêlent L’or avec le fer.
A te voir marcher en cadence, Belle d'abandon, On dirait un serpent qui danse Au bout d'un bâton.
Sous le fardeau de ta paresse Ta tête d'enfant Se balance avec la mollesse D’un jeune éléphant,
Et ton corps se penche et s'allonge Comme un fin vaisseau Qui roule bord sur bord et plonge Ses vergues dans l'eau.
Comme un flot grossi par la fonte Des glaciers grondants, Quand l'eau de ta bouche remonte Au bord de tes dents,
Je crois boire un vin de bohême, Amer et vainqueur, Un ciel liquide qui parsème D’étoiles mon coeur!
Charles Baudelaire
Mis en musique par Serge Gainsbourg dans les années 60. Je viens de découvrir ce texte dans le film-conte-biographie de Joann Sfar. _________________ "Les humains, pour la plupart, ne se doutent de rien, sans envie ni besoin de savoir, ça leur va comme ça, ils croient avoir de l'emprise sur les choses. - Mh... pourquoi en avoir fait un secret ? Ils peuvent comprendre, ils sont intelligents... - Une personne, sûrement, mais en foule, on est cons, on panique comme une horde d'animaux, et tu le sais."
| |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Sam 19 Mar 2011 - 20:01 | |
| - Adelayde a écrit:
- M... à Vauban
Pour écouter la chanson
https://www.youtube.com/watch?v=HwHpjJfN7cw On peut préciser que les paroles sont du poète et éditeur Pierre Seghers . Léo n'a fait que la musique, mais c'est déjà pas mal |
| | | Gaëtane Monsieur de Paris
Nombre de messages : 916 Age : 69 Localisation : Vosges Date d'inscription : 04/08/2010
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Sam 19 Mar 2011 - 20:05 | |
| Bonsoir et merci Sylvain pour ce joli poème de Charles Baudelaire "Le serpent qui danse" mis en musique par Serge Gainsbourg https://www.youtube.com/watch?v=otqQayOacUg | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers | |
| |
| | | | Poètes, vos papiers | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |