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| Poètes, vos papiers | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Poètes, vos papiers Mar 25 Jan 2011 - 16:12 | |
| Brrrrrrrr....Je n'aime pas l'hiver. Mais Charles l'avait dit il y a bien longtemps : Yver, vous n'estes qu'un villainYver, vous n'estes qu'un villain(1),
Esté est plaisant et gentil, En tesmoing de May et d'Avril Qui l'acompaignent soir et main(2).
Esté revest champs, bois et fleurs,
De sa livrée de verdure,
Et de maintes autres couleurs,
Par l'ordonnance de Nature.
Mais vous, Yver, trop estes plain
De nege, vent pluye et grezil :
On vous deust banie en essil(3).
Sans point flater, je parle plain(4),
Yver, vous n'estes qu'un villain ! Charles d'Orléans (1394-1465). (1) Villain : A prendre dans le sens de rustre, grossier. (2) matin. (3) On vous doit bannir en exil. (4) Juste (droit). Dessiné et gravé par René Cottet (1965).
Dernière édition par mercattore le Mer 26 Jan 2011 - 19:24, édité 1 fois |
| | | Gaëtane Monsieur de Paris
Nombre de messages : 916 Age : 69 Localisation : Vosges Date d'inscription : 04/08/2010
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Mar 25 Jan 2011 - 21:06 | |
| Joli poème que je découvre, merci mercattore Pour rompre la morosité de l'hiver, voici un poème de Théophile Gautier. Le merleUn oiseau siffle dans les branches Et sautille, gai, plein d'espoir, Sur les herbes, de givre blanches, En bottes jaunes, en frac noir. C'est un merle, chanteur crédule, Ignorant du calendrier, Qui rêve de soleil, et module L'hymne d'avril en février. Lustrant son aile qu'il essuie, L'oiseau persiste en sa chanson ; Malgré neige, brouillard et pluie, Il croit à la jeune saison. Il gronde l'aube paresseuse De rester au lit si longtemps ; Et, gourmandant la fleur frileuse, Met en demeure le printemps. A la nature, il se confie, Car son instinct, pressent la loi, Qui rit de ta philosophie, Beau merle, est moins sage que toi ! | |
| | | Adelayde Admin
Nombre de messages : 5716 Localisation : Pays d'Arles Date d'inscription : 02/03/2009
| Sujet: Chant d'automne Mer 26 Jan 2011 - 19:02 | |
| Chant d'automne
I
Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ; Adieu, vive clarté de nos étés trop courts ! J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres Le bois retentissant sur le pavé des cours.
Tout l'hiver va rentrer dans mon être: colère, Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé, Et, comme le soleil dans son enfer polaire, Mon coeur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé.
J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd. Mon esprit est pareil à la tour qui succombe Sous les coups du bélier infatigable et lourd.
II me semble, bercé par ce choc monotone, Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part. Pour qui? - C'était hier l'été; voici l'automne ! Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.
II
J'aime de vos longs yeux la lumière verdâtre, Douce beauté, mais tout aujourd'hui m'est amer, Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre, Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer.
Et pourtant aimez-moi, tendre cœur ! soyez mère, Même pour un ingrat, même pour un méchant ; Amante ou sœur, soyez la douceur éphémère D'un glorieux automne ou d'un soleil couchant.
Courte tâche! La tombe attend - elle est avide ! Ah! laissez-moi, mon front posé sur vos genoux, Goûter, en regrettant l'été blanc et torride, De l'arrière-saison le rayon jaune et doux !
Charles Baudelaire - Les Fleurs du mal - Spleen et Idéal
Dernière édition par Adelayde le Jeu 17 Mar 2011 - 14:20, édité 1 fois | |
| | | Gaëtane Monsieur de Paris
Nombre de messages : 916 Age : 69 Localisation : Vosges Date d'inscription : 04/08/2010
| Sujet: Un sourire... Dim 30 Jan 2011 - 21:33 | |
| Un sourireUn sourire ne coûte rien et produit beaucoup, Il enrichit celui qui le reçoit sans appauvrir celui qui le donne, Il ne dure qu'un instant, mais son souvenir est parfois éternel. Personne n'est assez riche pour s'en passer, Personne n'est assez pauvre pour ne pas le mériter, Il crée le bonheur au foyer, soutient les affaires, Il est le signe sensible de l'amitié. Un sourire donne du repos à l'être fatigué, Donne du courage au plus découragé, Il ne peut ni s'acheter, ni se prêter, ni se voler, Car c'est une chose qui n'a de valeur qu'à partir du moment où il se donne. Et si toutefois, vous rencontrez quelqu'un qui ne sait plus sourire, Soyez généreux, donnez-lui le vôtre, Car nul n'a autant besoin d'un sourire Que celui qui ne peut en donner aux autres. Raoul FollereauLever de soleil et mer de nuages depuis les sommets vosgiens Photo Vosges/Alsace. Gaëtane | |
| | | Adelayde Admin
Nombre de messages : 5716 Localisation : Pays d'Arles Date d'inscription : 02/03/2009
| Sujet: Poètes, vos papiers Dim 30 Jan 2011 - 22:14 | |
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| | | jfbouquet Aide non qualifié
Nombre de messages : 20 Age : 70 Date d'inscription : 15/05/2010
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Dim 30 Jan 2011 - 22:44 | |
| Merci pour tous ces merveilleux poèmes | |
| | | jfbouquet Aide non qualifié
Nombre de messages : 20 Age : 70 Date d'inscription : 15/05/2010
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Lun 31 Jan 2011 - 14:49 | |
| L'amour et la mort
I
Regardez-les passer, ces couples éphémères ! Dans les bras l'un de l'autre enlacés un moment, Tous, avant de mêler à jamais leurs poussières, Font le même serment :
Toujours ! Un mot hardi que les cieux qui vieillissent Avec étonnement entendent prononcer, Et qu'osent répéter des lèvres qui pâlissent Et qui vont se glacer.
Vous qui vivez si peu, pourquoi cette promesse Qu'un élan d'espérance arrache à votre coeur, Vain défi qu'au néant vous jetez, dans l'ivresse D'un instant de bonheur ?
Amants, autour de vous une voix inflexible Crie à tout ce qui naît : "Aime et meurs ici-bas ! " La mort est implacable et le ciel insensible ; Vous n'échapperez pas.
Eh bien ! puisqu'il le faut, sans trouble et sans murmure, Forts de ce même amour dont vous vous enivrez Et perdus dans le sein de l'immense Nature, Aimez donc, et mourez !
II
Non, non, tout n'est pas dit, vers la beauté fragile Quand un charme invincible emporte le désir, Sous le feu d'un baiser quand notre pauvre argile A frémi de plaisir.
Notre serment sacré part d'une âme immortelle ; C'est elle qui s'émeut quand frissonne le corps ; Nous entendons sa voix et le bruit de son aile Jusque dans nos transports.
Nous le répétons donc, ce mot qui fait d'envie Pâlir au firmament les astres radieux, Ce mot qui joint les coeurs et devient, dès la vie, Leur lien pour les cieux.
Dans le ravissement d'une éternelle étreinte Ils passent entraînés, ces couples amoureux, Et ne s'arrêtent pas pour jeter avec crainte Un regard autour d'eux.
Ils demeurent sereins quand tout s'écroule et tombe ; Leur espoir est leur joie et leur appui divin ; Ils ne trébuchent point lorsque contre une tombe Leur pied heurte en chemin.
Toi-même, quand tes bois abritent leur délire, Quand tu couvres de fleurs et d'ombre leurs sentiers, Nature, toi leur mère, aurais-tu ce sourire S'ils mouraient tout entiers ?
Sous le voile léger de la beauté mortelle Trouver l'âme qu'on cherche et qui pour nous éclôt, Le temps de l'entrevoir, de s'écrier : " C'est Elle ! " Et la perdre aussitôt,
Et la perdre à jamais ! Cette seule pensée Change en spectre à nos yeux l'image de l'amour. Quoi ! ces voeux infinis, cette ardeur insensée Pour un être d'un jour !
Et toi, serais-tu donc à ce point sans entrailles, Grand Dieu qui dois d'en haut tout entendre et tout voir, Que tant d'adieux navrants et tant de funérailles Ne puissent t'émouvoir,
Qu'à cette tombe obscure où tu nous fais descendre Tu dises : " Garde-les, leurs cris sont superflus. Amèrement en vain l'on pleure sur leur cendre ; Tu ne les rendras plus ! "
Mais non ! Dieu qu'on dit bon, tu permets qu'on espère ; Unir pour séparer, ce n'est point ton dessein. Tout ce qui s'est aimé, fût-ce un jour, sur la terre, Va s'aimer dans ton sein.
III
Eternité de l'homme, illusion ! chimère ! Mensonge de l'amour et de l'orgueil humain ! Il n'a point eu d'hier, ce fantôme éphémère, Il lui faut un demain !
Pour cet éclair de vie et pour cette étincelle Qui brûle une minute en vos coeurs étonnés, Vous oubliez soudain la fange maternelle Et vos destins bornés.
Vous échapperiez donc, ô rêveurs téméraires Seuls au Pouvoir fatal qui détruit en créant ? Quittez un tel espoir ; tous les limons sont frères En face du néant.
Vous dites à la Nuit qui passe dans ses voiles : " J'aime, et j'espère voir expirer tes flambeaux. " La Nuit ne répond rien, mais demain ses étoiles Luiront sur vos tombeaux.
Vous croyez que l'amour dont l'âpre feu vous presse A réservé pour vous sa flamme et ses rayons ; La fleur que vous brisez soupire avec ivresse : "Nous aussi nous aimons !"
Heureux, vous aspirez la grande âme invisible Qui remplit tout, les bois, les champs de ses ardeurs ; La Nature sourit, mais elle est insensible : Que lui font vos bonheurs ?
Elle n'a qu'un désir, la marâtre immortelle, C'est d'enfanter toujours, sans fin, sans trêve, encor. Mère avide, elle a pris l'éternité pour elle, Et vous laisse la mort.
Toute sa prévoyance est pour ce qui va naître ; Le reste est confondu dans un suprême oubli. Vous, vous avez aimé, vous pouvez disparaître : Son voeu s'est accompli.
Quand un souffle d'amour traverse vos poitrines, Sur des flots de bonheur vous tenant suspendus, Aux pieds de la Beauté lorsque des mains divines Vous jettent éperdus ;
Quand, pressant sur ce coeur qui va bientôt s'éteindre Un autre objet souffrant, forme vaine ici-bas, Il vous semble, mortels, que vous allez étreindre L'Infini dans vos bras ;
Ces délires sacrés, ces désirs sans mesure Déchaînés dans vos flancs comme d'ardents essaims, Ces transports, c'est déjà l'Humanité future Qui s'agite en vos seins.
Elle se dissoudra, cette argile légère Qu'ont émue un instant la joie et la douleur ; Les vents vont disperser cette noble poussière Qui fut jadis un coeur.
Mais d'autres coeurs naîtront qui renoueront la trame De vos espoirs brisés, de vos amours éteints, Perpétuant vos pleurs, vos rêves, votre flamme, Dans les âges lointains.
Tous les êtres, formant une chaîne éternelle, Se passent, en courant, le flambeau de l'amour. Chacun rapidement prend la torche immortelle Et la rend à son tour.
Aveuglés par l'éclat de sa lumière errante, Vous jurez, dans la nuit où le sort vous plongea, De la tenir toujours : à votre main mourante Elle échappe déjà.
Du moins vous aurez vu luire un éclair sublime ; Il aura sillonné votre vie un moment ; En tombant vous pourrez emporter dans l'abîme Votre éblouissement.
Et quand il régnerait au fond du ciel paisible Un être sans pitié qui contemplât souffrir, Si son oeil éternel considère, impassible, Le naître et le mourir,
Sur le bord de la tombe, et sous ce regard même, Qu'un mouvement d'amour soit encor votre adieu ! Oui, faites voir combien l'homme est grand lorsqu'il aime, Et pardonnez à Dieu ! | |
| | | Gaëtane Monsieur de Paris
Nombre de messages : 916 Age : 69 Localisation : Vosges Date d'inscription : 04/08/2010
| Sujet: L'oiseleur... Lun 31 Jan 2011 - 20:17 | |
| L’oiseleurL’oiseleur Amour se promène Lorsque les coteaux sont fleuris, Fouillant les buissons et la plaine ; Et chaque soir sa cage est pleine Des petits oiseaux qu’il a pris. Aussitôt que la nuit s’efface Il vient, tend avec soin son fil, Jette la glu de place en place, Puis sème, pour cacher la trace, Quelques brins d’avoine ou de mil. Il s’embusque au coin d’une haie, Se couche aux berges des ruisseaux, Glisse en rampant sous la futaie, De crainte que son pied n’effraie Les rapides petits oiseaux. Sous le muguet et la pervenche L’enfant rusé cache ses rets, Ou bien sous l’aubépine blanche Où tombent, comme une avalanche, Linots, pinsons, chardonnerets. Parfois d’une souple baguette D’osier vert ou de romarin Il fait un piège, et puis il guette Les petits oiseaux en goguette Qui viennent becqueter son grain. Étourdi, joyeux et rapide, Bientôt approche un oiselet : Il regarde d’un air candide, S’enhardit, goûte au grain perfide, Et se prend la patte au filet. Et l’oiseleur Amour l’emmène Loin des coteaux frais et fleuris, Loin des buissons et de la plaine, Et chaque soir sa cage est pleine Des petits oiseaux qu’il a pris. Guy de MaupassantLe pinson
Dernière édition par Gaëtane le Lun 31 Jan 2011 - 20:24, édité 1 fois | |
| | | jfbouquet Aide non qualifié
Nombre de messages : 20 Age : 70 Date d'inscription : 15/05/2010
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Lun 31 Jan 2011 - 20:21 | |
| Un jour je vis le sang couler de toutes parts
Un jour je vis le sang couler de toutes parts ; Un immense massacre était dans l'ombre épars ; Et l'on tuait. Pourquoi ? Pour tuer. Ô misère ! Voyant cela, je crus qu'il était nécessaire Que quelqu'un élevât la voix, et je parlai. Je dis que Montrevel et Bâville et Harlay N'étaient point de ce siècle, et qu'en des jours de trouble Par la noirceur de tous l'obscurité redouble ; J'affirmai qu'il est bon d'examiner un peu Avant de dire En joue et de commander Feu ! Car épargner les fous, même les téméraires, A ceux qu'on a vaincus montrer qu'on est leurs frères, Est juste et sage ; il faut s'entendre, il faut s'unir ; Je rappelai qu'un Dieu nous voit, que l'avenir, Sombre lorsqu'on se hait, s'éclaire quand on s'aime, Et que le malheur croit pour celui qui le sème ; Je déclarai qu'on peut tout calmer par degrés ; Que des assassinats ne sont point réparés Par un crime nouveau que sur l'autre on enfonce ; Qu'on ne fait pas au meurtre une bonne réponse En mitraillant des tas de femmes et d'enfants ; Que changer en bourreaux des soldats triomphants, C'est leur faire une gloire où la honte surnage ; Et, pensif, je me mis en travers du carnage. Triste, n'approuvant pas la grandeur du linceul, Estimant que la peine est au coupable seul, Pensant qu'il ne faut point, hélas ! jeter le crime De quelques-uns sur tous, et punir par l'abîme Paris, un peuple, un monde, su hasard châtié, Je dis : Faites justice, oui, mais ayez pitié ! Alors je fus l'objet de la haine publique. L'église m'a lancé l'anathème biblique, Les rois l'expulsion, les passants des cailloux ; Quiconque a de la boue en a jeté ; les loups, Les chiens, ont aboyé derrière moi ; la foule M'a hué presque autant qu'un tyran qui s'écroule ; On m'a montré le poing dans la rue ; et j'ai dû Voir plus d'un vieil ami m'éviter éperdu. Les tueurs souriants et les viveurs féroces, Ceux qui d'un tombereau font suivre leurs carrosses, Les danseurs d'autrefois, égorgeurs d'à présent, Ceux qui boivent du vin de Champagne et du sang, Ceux qui sont élégants tout en étant farouches, Les Haynau, les Tavanne, ayant d'étranges mouches, Noires, que le charnier connaît, sur leur bâton, Les improvisateurs des feux de peloton, Le juge Lynch, le roi Bomba, Mingrat le prêtre, M'ont crié : Meurtrier ! et Judas m'a dit : Traître !
Victor HUGO | |
| | | Gaëtane Monsieur de Paris
Nombre de messages : 916 Age : 69 Localisation : Vosges Date d'inscription : 04/08/2010
| Sujet: La lettre.... Mar 1 Fév 2011 - 8:16 | |
| La LettreA la lueur d’une bougie Je t’écris ces quelques mots Ces quelques mots pour dire qu’ici On monte au front c’est pour bientôt Mais ne t’inquiètes pas pour moi J’ai la santé juste de l’ennui Courage, confiance, priez pour moi Nous serons bientôt réunis C’est de la tranchée que j’écris Je n’ai pas une minute à moi Alors comment vont les petits Toujours sans nouvelles de toi Surtout écris moi tous les jours J’ai des heures de nostalgie Le danger m’effraye à mon tour Y’a t’il encore des jours des nuits Je joins quelques photographies Celle du soldat sous le pommier Pourrait faire oublier qu’ici Nos joies de gosse sont envolées J’espère quand même que mon étoile Me fera revenir au monde Que tout ne finira pas mal Dans cette boue, cette guerre immonde Didier VenturiniImages de guerre | |
| | | jfbouquet Aide non qualifié
Nombre de messages : 20 Age : 70 Date d'inscription : 15/05/2010
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Mar 1 Fév 2011 - 11:04 | |
| Le Corbeau et le Renard
Maître Corbeau, sur un arbre perché, Tenait en son bec un fromage. Maître Renard, par l'odeur alléché, Lui tint à peu près ce langage : "Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau. Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau ! Sans mentir, si votre ramage Se rapporte à votre plumage, Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. " A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ; Et pour montrer sa belle voix, Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie. Le Renard s'en saisit, et dit : "Mon bon Monsieur, Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l'écoute : Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. " Le Corbeau, honteux et confus, Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.
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| | | Gaëtane Monsieur de Paris
Nombre de messages : 916 Age : 69 Localisation : Vosges Date d'inscription : 04/08/2010
| Sujet: La Guillotine... Mar 1 Fév 2011 - 21:30 | |
| La guillotine
Une guillotine mal aiguisée, Sur ma tête est tombée, Mais elle ne l'a pas coupée, mais déchirée.
Je suis en train d'agoniser, La tête d'un côté, le corps de l'autre, Comment ai-je fait, pour arriver à un état de mort ?
Malgré la sentence, je reste zen, Mais en silence, je garde ma peine. Je ne sortirai pas de colère, Bien au contraire.
Je garderai tout à l'intérieur, Il n'y aura ni larme, ni pleur, Ni même de la douleur. Je m’interdirai d'avoir de tels sentiments, Car ils ne sont pas mérités, et c'est là mon châtiment.
Il faut rester fairplay, Et savoir accepter, Les choses de la vie qui font mal. Peut-être tendre l'autre joue, Et dire même pas mal, Et tenir jusqu'au bout.
Auteur anonyme
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| | | jfbouquet Aide non qualifié
Nombre de messages : 20 Age : 70 Date d'inscription : 15/05/2010
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Mar 1 Fév 2011 - 22:12 | |
| La Cigale et la Fourmi
La cigale , ayant chanté Tout l'été, Se trouva fort dépourvue Quand la bise fut venue. Pas un seul petit morceau De mouche ou de vermisseau Elle alla crier famine Chez la fourmi sa voisine, La priant de lui prêter Quelque grain pour subsister Jusqu'à la saison nouvelle «Je vous paierai, lui dit-elle, Avant l'oût , foi d'animal, Intérêt et principal .» La fourmi n'est pas prêteuse ; C'est là son moindre défaut. «Que faisiez-vous au temps chaud ? Dit-elle à cette emprunteuse. Nuit et jour à tout venant Je chantais, ne vous déplaise. - Vous chantiez ? j'en suis fort aise. Eh bien : dansez maintenant.»
Jean de La Fontaine | |
| | | Gaëtane Monsieur de Paris
Nombre de messages : 916 Age : 69 Localisation : Vosges Date d'inscription : 04/08/2010
| Sujet: Poètes, vos papiers Jeu 3 Fév 2011 - 20:07 | |
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Quand on est chat
Quand on est chat on n'est pas vache, On ne regarde pas passer les trains En mâchant des pâquerettes avec entrain On reste derrière ses moustaches.
Quand on est chat, on est chat
Quand on est chat on n’est pas chien On ne lèche pas les vilains moches Parce qu'ils ont du sucre plein les poches On ne brûle pas d'amour pour son prochain
Quand on est chat, on n’est pas chien
On passe l'hiver sur le radiateur A se chauffer doucement la fourrure. Au printemps on monte sur les toits Pour faire taire les sales oiseaux. On est celui qui s'en va tout seul Et pour qui tous les chemins se valent.
Quand on est chat, on est chat. Jacques ROUBAUD
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| | | jfbouquet Aide non qualifié
Nombre de messages : 20 Age : 70 Date d'inscription : 15/05/2010
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Jeu 3 Fév 2011 - 20:50 | |
| Les Deux Chèvres
Dès que les Chèvres ont brouté, Certain esprit de liberté Leur fait chercher fortune ; elles vont en voyage Vers les endroits du pâturage Les moins fréquentés des humains. Là s'il est quelque lieu sans route et sans chemins, Un rocher, quelque mont pendant en précipices, C'est où ces Dames vont promener leurs caprices ; Rien ne peut arrêter cet animal grimpant. Deux Chèvres donc s'émancipant, Toutes deux ayant patte blanche, Quittèrent les bas prés, chacune de sa part. L'une vers l'autre allait pour quelque bon hasard. Un ruisseau se rencontre, et pour pont une planche. Deux Belettes à peine auraient passé de front Sur ce pont ; D'ailleurs, l'onde rapide et le ruisseau profond Devaient faire trembler de peur ces Amazones. Malgré tant de dangers, l'une de ces personnes Pose un pied sur la planche, et l'autre en fait autant. Je m'imagine voir avec Louis le Grand Philippe Quatre qui s'avance Dans l'île de la Conférence. Ainsi s'avançaient pas à pas, Nez à nez, nos Aventurières, Qui, toutes deux étant fort fières, Vers le milieu du pont ne se voulurent pas L'une à l'autre céder. Elles avaient la gloire De compter dans leur race (à ce que dit l'Histoire) L'une certaine Chèvre au mérite sans pair Dont Polyphème fit présent à Galatée, Et l'autre la chèvre Amalthée, Par qui fut nourri Jupiter. Faute de reculer, leur chute fut commune ; Toutes deux tombèrent dans l'eau. Cet accident n'est pas nouveau Dans le chemin de la Fortune. | |
| | | Javier Monsieur de Paris
Nombre de messages : 786 Localisation : Euskadi Emploi : Retraité Date d'inscription : 07/06/2007
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Jeu 3 Fév 2011 - 23:05 | |
| Auteur inconnu pour moi. | |
| | | jfbouquet Aide non qualifié
Nombre de messages : 20 Age : 70 Date d'inscription : 15/05/2010
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Ven 4 Fév 2011 - 10:07 | |
| Jean de LA FONTAINE (1621-1695)
La Tortue et les deux Canards
Une Tortue était, à la tête légère, Qui, lasse de son trou, voulut voir le pays, Volontiers on fait cas d'une terre étrangère : Volontiers gens boiteux haïssent le logis. Deux Canards à qui la commère Communiqua ce beau dessein, Lui dirent qu'ils avaient de quoi la satisfaire : Voyez-vous ce large chemin ? Nous vous voiturerons, par l'air, en Amérique, Vous verrez mainte République, Maint Royaume, maint peuple, et vous profiterez Des différentes moeurs que vous remarquerez. Ulysse en fit autant. On ne s'attendait guère De voir Ulysse en cette affaire. La Tortue écouta la proposition. Marché fait, les oiseaux forgent une machine Pour transporter la pèlerine. Dans la gueule en travers on lui passe un bâton. Serrez bien, dirent-ils ; gardez de lâcher prise. Puis chaque Canard prend ce bâton par un bout. La Tortue enlevée on s'étonne partout De voir aller en cette guise L'animal lent et sa maison, Justement au milieu de l'un et l'autre Oison. Miracle, criait-on. Venez voir dans les nues Passer la Reine des Tortues. - La Reine. Vraiment oui. Je la suis en effet ; Ne vous en moquez point. Elle eût beaucoup mieux fait De passer son chemin sans dire aucune chose ; Car lâchant le bâton en desserrant les dents, Elle tombe, elle crève aux pieds des regardants. Son indiscrétion de sa perte fut cause. Imprudence, babil, et sotte vanité, Et vaine curiosité, Ont ensemble étroit parentage. Ce sont enfants tous d'un lignage.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Ven 4 Fév 2011 - 10:18 | |
| Vous allez nous passer en revue TOUTES les fables de la Fontaine ! Je ne veux pas être médisant mais vous seriez un "CAMOUFLÉ" que cela ne m'étonnerait pas ! Vous voyez QUI je veux dire, non ? |
| | | jfbouquet Aide non qualifié
Nombre de messages : 20 Age : 70 Date d'inscription : 15/05/2010
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Ven 4 Fév 2011 - 10:21 | |
| Désolé, je croyais que Jean de La Fontaine était un poète. Toutes mes excuses | |
| | | Gaëtane Monsieur de Paris
Nombre de messages : 916 Age : 69 Localisation : Vosges Date d'inscription : 04/08/2010
| Sujet: Poème, poésie.... Ven 4 Fév 2011 - 10:22 | |
| Merci Javier pour cette poésie sur "l'impitoyable" couperet ! Bonne journée ! Un poèmeBien placés bien choisis Quelques mots font une poésie Les mots il suffit qu’on les aime Pour écrire un poème. On ne sait pas toujours ce qu’on dit Lorsque naît la poésie Faut ensuite rechercher le thème Pour intituler le poème. Mais d’autres fois on pleure on rit En écrivant la poésie Ca a toujours kékchose d’extrème Un poème. Raymond QUENEAU | |
| | | jfbouquet Aide non qualifié
Nombre de messages : 20 Age : 70 Date d'inscription : 15/05/2010
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Ven 4 Fév 2011 - 10:26 | |
| Alphonse de LAMARTINE (1790-1869)
Contre la peine de mort
(Au peuple du 19 octobre 1830)
Vains efforts ! périlleuse audace ! Me disent des amis au geste menaçant, Le lion même fait-il grâce Quand sa langue a léché du sang ? Taisez-vous ! ou chantez comme rugit la foule ? Attendez pour passer que le torrent s'écoule De sang et de lie écumant ! On peut braver Néron, cette hyène de Rome! Les brutes ont un coeur! le tyran est un homme : Mais le peuple est un élément ;
Elément qu'aucun frein ne dompte, Et qui roule semblable à la fatalité ; Pendant que sa colère monte, Jeter un cri d'humanité, C'est au sourd Océan qui blanchit son rivage Jeter dans la tempête un roseau de la plage, La feuille sèche à l'ouragan ! C'est aiguiser le fer pour soutirer la foudre, Ou poser pour l'éteindre un bras réduit en poudre Sur la bouche en feu du volcan !
Souviens-toi du jeune poète, Chénier ! dont sous tes pas le sang est encor chaud, Dont l'histoire en pleurant répète Le salut triste à l'échafaud . Il rêvait, comme toi, sur une terre libre Du pouvoir et des lois le sublime équilibre ; Dans ses bourreaux il avait foi ! Qu'importe ? il faut mourir, et mourir sans mémoire : Eh bien ! mourons, dit-il. Vous tuez de la gloire : J'en avais pour vous et pour moi !
Cache plutôt dans le silence Ton nom, qu'un peu d'éclat pourrait un jour trahir ! Conserve une lyre à la France, Et laisse-les s'entre-haïr ; De peur qu'un délateur à l'oreille attentive Sur sa table future en pourpre ne t'inscrive Et ne dise à son peuple-roi : C'est lui qui disputant ta proie à ta colère, Voulant sauver du sang ta robe populaire, Te crut généreux : venge-toi !
Non, le dieu qui trempa mon âme Dans des torrents de force et de virilité, N'eût pas mis dans un coeur de femme Cette soif d'immortalité. Que l'autel de la peur serve d'asile au lâche, Ce coeur ne tremble pas aux coups sourds d'une hache, Ce front levé ne pâlit pas ! La mort qui se trahit dans un signe farouche En vain, pour m'avertir, met un doigt sur sa bouche : La gloire sourit au trépas.
Il est beau de tomber victime Sous le regard vengeur de la postérité Dans l'holocauste magnanime De sa vie à la vérité ! L'échafaud pour le juste est le lit de sa gloire : Il est beau d'y mourir au soleil de l'histoire, Au milieu d'un peuple éperdu ! De léguer un remords à la foule insensée, Et de lui dire en face une mâle pensée, Au prix de son sang répandu.
Peuple, dirais-je ; écoute ! et juge ! Oui, tu fus grand, le jour où du bronze affronté Tu le couvris comme un déluge Du reflux de la liberté ! Tu fus fort, quand pareil à la mer écumante, Au nuage qui gronde, au volcan qui fermente, Noyant les gueules du canon, Tu bouillonnais semblable au plomb dans la fournaise, Et roulais furieux sur une plage anglaise Trois couronnes dans ton limon !
Tu fus beau, tu fus magnanime, Le jour où, recevant les balles sur ton sein, Tu marchais d'un pas unanime, Sans autre chef que ton tocsin ; Où, n'ayant que ton coeur et tes mains pour combattre, Relevant le vaincu que tu venais d'abattre Et l'emportant, tu lui disais : Avant d'être ennemis, le pays nous fit frères ; Livrons au même lit les blessés des deux guerres : La France couvre le Français !
Quand dans ta chétive demeure, Le soir, noirci du feu, tu rentrais triomphant Près de l'épouse qui te pleure, Du berceau nu de ton enfant ! Tu ne leur présentais pour unique dépouille Que la goutte de sang, la poudre qui te souille, Un tronçon d'arme dans ta main ; En vain l'or des palais dans la boue étincelle, Fils de la liberté, tu ne rapportais qu'elle : Seule elle assaisonnait ton pain !
Un cri de stupeur et de gloire Sorti de tous les coeurs monta sous chaque ciel, Et l'écho de cette victoire Devint un hymne universel. Moi-même dont le coeur date d'une autre France, Moi, dont la liberté n'allaita pas l'enfance, Rougissant et fier à la fois, Je ne pus retenir mes bravos à tes armes, Et j'applaudis des mains, en suivant de mes larmes L'innocent orphelin des rois !
Tu reposais dans ta justice Sur la foi des serments conquis, donnés, reçus ; Un jour brise dans un caprice Les noeuds par deux règnes tissus ! Tu t'élances bouillant de honte et de délire : Le lambeau mutilé du gage qu'on déchire Reste dans les dents du lion. On en appelle au fer; il t'absout ! Qu'il se lève Celui qui jetterait ou la pierre, ou le glaive A ton jour d'indignation !
Mais tout pouvoir a des salaires A jeter aux flatteurs qui lèchent ses genoux, Et les courtisans populaires Sont les plus serviles de tous ! Ceux-là des rois honteux pour corrompre les âmes Offrent les pleurs du peuple ou son or, ou ses femmes, Aux désirs d'un maître puissant ; Les tiens, pour caresser des penchants plus sinistres, Te font sous l'échafaud, dont ils sont les ministres, Respirer des vapeurs de sang !
Dans un aveuglement funeste, Ils te poussent de l'oeil vers un but odieux, Comme l'enfer poussait Oreste, En cachant le crime à ses yeux ! La soif de ta vengeance, ils l'appellent justice : Et bien, justice soit ! Est-ce un droit de supplice Qui par tes morts fut acheté ? Que feras-tu, réponds, du sang qu'on te demande ? Quatre têtes sans tronc, est-ce donc là l'offrande D'un grand peuple à sa liberté ?
N'en ont-ils pas fauché sans nombre ? N'en ont-ils pas jeté des monceaux, sans combler Le sac insatiable et sombre Où tu les entendais rouler ? Depuis que la mort même, inventant ses machines, Eut ajouté la roue aux faux des guillotines Pour hâter son char gémissant, Tu comptais par centaine, et tu comptas par mille ! Quand on presse du pied le pavé de ta ville, On craint d'en voir jaillir du sang !
- Oui, mais ils ont joué leur tête. - Je le sais; et le sort les livre et te les doit! C'est ton gage, c'est ta conquête ; Prends, ô peuple! use de ton droit. Mais alors jette au vent l'honneur de ta victoire; Ne demande plus rien à l'Europe, à la gloire, Plus rien à la postérité ! En donnant cette joie à ta libre colère, Va-t'en; tu t'es payé toi-même ton salaire : Du sang, au lieu de liberté !
Songe au passé, songe à l'aurore De ce jour orageux levé sur nos berceaux ; Son ombre te rougit encore Du reflet pourpré des ruisseaux ! Il t'a fallu dix ans de fortune et de gloire Pour effacer l'horreur de deux pages d'histoire. Songe à l'Europe qui te suit Et qui dans le sentier que ton pied fort lui creuse Voit marcher tantôt sombre et tantôt lumineuse Ta colonne qui la conduit !
Veux-tu que sa liberté feinte Du carnage civique arbore aussi la faux ? Et que partout sa main soit teinte De la fange des échafauds ? Veux-tu que le drapeau qui la porte aux deux mondes, Veux-tu que les degrés du trône que tu fondes, Pour piédestal aient un remords ? Et que ton Roi, fermant sa main pleine de grâces, Ne puisse à son réveil descendre sur tes places, Sans entendre hurler la mort ?
Aux jours de fer de tes annales Quels dieux n'ont pas été fabriqués par tes mains ? Des divinités infernales Reçurent l'encens des humains ! Tu dressas des autels à la terreur publique, A la peur, à la mort, Dieux de ta République ; Ton grand prêtre fut ton bourreau ! De tous ces dieux vengeurs qu'adora ta démence, Tu n'en oublias qu'un, ô peuple ! la Clémence ! Essayons d'un culte nouveau.
Le jour qu'oubliant ta colère, Comme un lutteur grandi qui sent son bras plus fort, De l'héroïsme populaire Tu feras le dernier effort ; Le jour où tu diras : Je triomphe et pardonne !... Ta vertu montera plus haut que ta colonne Au-dessus des exploits humains ; Dans des temples voués à ta miséricorde Ton génie unira la force et la concorde, Et les siècles battront des mains !
" Peuple, diront-ils, ouvre une ère " Que dans ses rêves seuls l'humanité tenta, " Proscris des codes de la terre " La mort que le crime inventa ! " Remplis de ta vertu l'histoire qui la nie, " Réponds par tant de gloire à tant de calomnie ! " Laisse la pitié respirer! " Jette à tes ennemis des lois plus magnanimes, " Ou si tu veux punir, inflige à tes victimes " Le supplice de t'admirer !
" Quitte enfin la sanglante ornière " Où se traîne le char des révolutions, " Que ta halte soit la dernière " Dans ce désert des nations ; " Que le genre humain dise en bénissant tes pages : " C'est ici que la France a de ses lois sauvages " Fermé le livre ensanglanté ; " C'est ici qu'un grand peuple, au jour de la justice, " Dans la balance humaine, au lieu d'un vil supplice, " Jeta sa magnanimité."
Mais le jour où le long des fleuves Tu reviendras, les yeux baissés sur tes chemins, Suivi, maudit par quatre veuves, Et par des groupes d'orphelins, De ton morne triomphe en vain cherchant la fête, Les passants se diront, en détournant la tête : Marchons, ce n'est rien de nouveau ! C'est, après la victoire, un peuple qui se venge ; Le siècle en a menti ; jamais l'homme ne change : Toujours, ou victime, ou bourreau !
Dernière édition par jfbouquet le Ven 4 Fév 2011 - 10:38, édité 2 fois | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Ven 4 Fév 2011 - 10:28 | |
| - jfbouquet a écrit:
- Désolé, je croyais que Jean de La Fontaine était un poète. Toutes mes excuses
Ouais, vous ne me convainquez pas, vous savez, loin de là. Très loin, même. |
| | | jfbouquet Aide non qualifié
Nombre de messages : 20 Age : 70 Date d'inscription : 15/05/2010
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Ven 4 Fév 2011 - 10:37 | |
| L'échafaud
- Oeil pour oeil ! Dent pour dent ! Tête pour tête ! A mort ! Justice ! L'échafaud vaut mieux que le remord. Talion ! talion !
- Silence aux cris sauvages ! Non ! assez de malheur, de meurtre et de ravages ! Assez d'égorgements ! assez de deuil ! assez De fantômes sans tête et d'affreux trépassés ! Assez de visions funèbres dans la brume ! Assez de doigts hideux ; montrant le sang qui fume, Noirs, et comptant les trous des linceuls dans la nuit ! Pas de suppliciés dont le cri nous poursuit ! Pas de spectres jetant leur ombre sur nos têtes ! Nous sommes ruisselants de toutes les tempêtes ; Il n'est plus qu'un devoir et qu'une vérité, C'est, après tant d'angoisse et de calamité, Homme, d'ouvrir son coeur, oiseau, d'ouvrir son aile Vers ce ciel que remplit la grande âme éternelle ! Le peuple, que les rois broyaient sous leurs talons, Est la pierre promise au temple, et nous voulons Que la pierre bâtisse et non qu'elle lapide ! Pas de sang ! pas de mort ! C'est un reflux stupide Que la férocité sur la férocité. Un pilier d'échafaud soutient mal la cité. Tu veux faire mourir ! Moi je veux faire naître ! Je mure le sépulcre et j'ouvre la fenêtre. Dieu n'a pas fait le sang, à l'amour réservé, Pour qu'on le donne à boire aux fentes du pavé. S'agit-il d'égorger ? Peuples, il s'agit d'être. Quoi ! tu veux te venger, passant ? de qui ? du maître ? Si tu ne vaux pas mieux, que viens-tu faire ici ?
Tout mystère où l'on jette un meurtre est obscurci ; L'énigme ensanglantée est plus âpre à résoudre ; L'ombre s'ouvre terrible après le coup de foudre ; Tuer n'est pas créer, et l'on se tromperait Si fon croyait que tout finit au couperet ; C'est là qu'inattendue, impénétrable, immense, Pleine d'éclairs subits, la question commence ; C'est du bien et du mal ; mais le mal est plus grand. Satan rit à travers l'échafaud transparent. Le bourreau, quel qu'il soit, a le pied dans l'abîme ; Quoi qu'elle fasse, hélas ! la hache fait un crime ; Une lugubre nuit fume sur ce tranchant ; Quand il vient de tuer, comme, en s'en approchant, On frémit de le voir tout ruisselant, et comme On sent qu'il a frappé dans l'ombre plus qu'un homme ! Sitôt qu'a disparu le coupable immolé, Hors du panier tragique où la tête a roulé, Le principe innocent, divin, inviolable, Avec son regard d'astre à l'aurore semblable, Se dresse, spectre auguste, un cercle rouge au cou.
L'homme est impitoyable, hélas, sans savoir où. Comment ne voit-il pas qu'il vit dans un problème, Que l'homme est solidaire avec ses monstres même, Et qu'il ne peut tuer autre chose qu'Abel ! Lorsqu'une tête tombe, on sent trembler le ciel. Décapitez Néron, cette hyène insensée, La vie universelle est dans Néron blessée ; Faites monter Tibère à l'échafaud demain, Tibère saignera le sang du genre humain. Nous sommes tous mêlés à ce que fait la Grève ; Quand un homme, en public, nous voyant comme un rêve, Meurt, implorant en vain nos lâches abandons, Ce meurtre est notre meurtre et nous en répondons ; C'est avec un morceau de notre insouciance, C'est avec un haillon de notre conscience, Avec notre âme à tous, que l'exécuteur las Essuie en s'en allant son hideux coutelas.
Victor Hugo | |
| | | jfbouquet Aide non qualifié
Nombre de messages : 20 Age : 70 Date d'inscription : 15/05/2010
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Ven 4 Fév 2011 - 10:43 | |
| - mercattore a écrit:
- jfbouquet a écrit:
- Désolé, je croyais que Jean de La Fontaine était un poète. Toutes mes excuses
Ouais, vous ne me convainquez pas, vous savez, loin de là. Très loin, même. Il faudrait essayer de se détendre un peu sur ce forum Je ne vois pas en quoi La Fontaine n' aurait pas sa place ici, au même titre que d'autres poètes. Libre à vous de ne pas aimer son oeuvre, mais ce n'est pas mon cas. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Poètes, vos papiers Ven 4 Fév 2011 - 10:54 | |
| Ouais, des poèmes à rallonge, humm... J'aime La Fontaine mais la façon dont vous les présentez est bizarre, copier-coller à la va-vite... Enfin, on verra à l'usage, n'est-ce pas, monsieur ? |
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| Sujet: Re: Poètes, vos papiers | |
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| | | | Poètes, vos papiers | |
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